Nous sommes en 1989 et le J-RPG est en pleine expansion.
Dragon Quest envahit l’Amérique quand
Final Fantasy se prépare à y débarquer l’année suivante. La Nintendo est au sommet de sa gloire et le dernier rejeton de la famille frémit d’impatience à l’idée de plonger dans sa prochaine grande aventure virtuelle. Manque de bol, ce qu’il tient entre les mains n’est autre que
Legend of the Ghost Lion.
Once upon a time
« Une légende raconte que dans des temps anciens, un magnifique lion blanc attaqua le village. Les soldats semblaient impuissants à son acharnement et seul le courage d’un jeune homme en vint à bout : il lui décocha une lance qui fit fuir le monstre. Ce dernier se réfugia dans une grotte située non loin du village. Nous partons résoudre ce mystère. » Expliquèrent les parents de Maria.
Ils ne revinrent jamais.
Armée de la lance du jeune soldat de la légende, Maria décida elle aussi de partir à la recherche de la bête légendaire. Une grande aventure est sur le point de démarrer…
Grande aventure… Grande aventure… Tout dépend du référentiel de départ.
L’histoire d’une jeune fille délaissée par ses propres parents n’ayant rien trouvé de mieux que d’aller servir de repas au grand méchant lion, en pleine Afrique, n’est pas des plus réjouissantes.
Heureusement, et malgré le jeune âge de la donzelle, le sage du village nous offre bien généreusement la lance du héros sacré de la légende. Et c’est parti pour explorer de sombres grottes à la recherche d’un félin faisant quinze fois notre taille afin qu’il recrache nos parents. Et puis pif, paf, pouf, on se retrouve emportée par une rivière déchaînée, direction un tout nouveau monde avec des esprits et tout le fourbi habituel.
Avec le recul, le pitch initial peut sembler facile. À vrai dire, il le restera jusqu’au bout… On navigue entre clichés et raccourcis scénaristiques histoire de nous faire visiter du pays, des caves et des forêts. Quelques passages sortiront du lot, mais ne seront pas suffisants pour faire rêvasser le bambin avide de grande aventure. C’est classique, relativement pauvre et seule la satisfaction de jouer une héroïne permet au titre de sortir quelque peu du lot.
C’est mignon mais ça fait mal aux oreilles
Visuellement, le titre est plutôt agréable. Quelques écrans fixes de bonne facture alimentent les scènes scénaristiques, l’ensemble du jeu se veut très coloré et l’aspect global bon enfant fait mouche. Prenez un
Dragon Quest, améliorez quelques détails par-ci, par-là et vous obtenez un mignon petit
Ghost Lion.
Attention cependant aux combats, très tristes, uniquement sur fond noir, sans aucune animation autre que la fumée lors de l’apparition d’un esprit. Seul le sprite du personnage attaquant (joueur ou ennemi) n’est visible.
En revanche, au niveau de la bande sonore… Vous vous en souviendrez ! Ce jeu possède sûrement une des pires – si ce n’est LA pire - musiques de combat jamais composées ! Une horreur indescriptible qui renverrait la musique de
Justice,
Stress, au rang de chansonnette pour bonne sœur. À écouter d’urgence avant de se lancer dans l’aventure. Il vaut mieux être prévenu…
Pour les cinq autres pistes qui se battent en duel dans l’OST, on nage en terrain connu sur le support. Deux ou trois mélodies tout ce qu’il y a de plus banal et deux thèmes de donjon. Cela suffit amplement puisque le joueur faisant attention à sa santé aura tôt fait de couper le son dès le premier combat.
L’art d’aller tuer du gibier en Afrique
Catalogué dans les titres pour débutants (la faute à un slogan trompeur sur la jaquette arrière du jeu américain),
Legend of the Ghost Lion n’est cependant pas une véritable promenade de santé.
Il s’avère pourtant que le bougre est allégé de bien d’éléments propres au genre, histoire d’être abordable. Explications.
Pas d’expérience. À l’image d’un
Paper Mario: Sticker Star, les combats ne rapportent rien, si ce n’est un peu d’argent. Le principe d’évolution est alors très basique : trouver les Fragments of Hope disséminés dans les différents donjons du jeu. L’équivalent des réceptacles de cœur de la série des
Zelda. Vous gagnez quelques PV (COURAGE) et puis c’est tout.
Néanmoins, comme c’est la statistique la plus importante du jeu, cela engendre une mécanique de jeu pour le moins… spéciale. En effet, dès que vous vous pointez dans un nouveau donjon, votre unique intérêt va être de retrouver au plus vite le coffre contenant ce fameux fragment, quitte à fuir tous les combats. Sans lui, vous n’aurez que très peu de chances de sortir indemne du dédale.
Résultat : tous les donjons du jeu ressemblent à un épisode de
Benny Hill avec au bout du fil de la manette un joueur crispé au possible. Chaque combat devient un vrai supplice tant il est inutile et abîme votre jeune héroïne. Vous courrez, vous fuyez et essayez de trouver ce foutu coffre. Une fois celui-ci déniché, la course reprend de plus belle jusqu’au boss de fin de niveau. Concept de génie.
L’arme comme seul équipement.Non, vous n’avez pas à vous occuper de votre défense, il n’y en a juste pas. Pratique pour les plus fainéants, ils n’auront qu’à penser qu’à s’équiper d’une arme. C’est d’ailleurs la seule méthode pour augmenter votre puissance d’attaque soit dit en passant… Même topo que pour les
Fragments of Hope, vous allez courir sans cesse pour dénicher les bons coffres. Quelle belle idée ! Avec des combats tous les trois ou quatre pas, ne vous attendez pas à ce que ces recherches soient une partie de plaisir… Passons.
Pas de magie, mais des esprits.Maria peut frapper le méchant, peut utiliser des objets, mais peut aussi invoquer des esprits grâce à sa jauge de DREAM (équivalent aux MP) ! Une fois apparus, ces derniers combattent alors à ses côtés et permettent ainsi (et principalement) de prendre des dégâts. Chaque esprit possède bien évidemment ses spécialités et son élément. La seule once de stratégie viendra donc au début du combat, lorsque vous déciderez quel esprit invoquer face au démon ennemi.
Utiles contre les boss, ces esprits ne servent malheureusement que de bouclier pendant la majeure partie des explorations, quand la commande « fuir » ne fonctionne pas.
Bref, nous avons fait le tour des combats.
Et pour le reste ?L’ensemble du jeu ne se résume qu’à enchaîner donjons et villes jusqu’à dénicher le gros lion qui roupille au fond de son temple. Le processus est relativement linéaire et aucune difficulté n’est à signaler si ce n’est le nombre de combats abusif. Même les derniers donjons se veulent eux aussi très faciles à explorer et jamais le joueur ne se sent perdu ou désœuvré.
Attention cependant, quelques énigmes viennent pimenter certains lieux et il faudra sortir de votre état comateux pour les résoudre. Quelques mécanismes à activer, quelques fois dans un ordre précis !
Vous l’aurez compris, le joueur aguerri ne fera qu’une bouchée de ce jeu. L’aventure se termine en une quinzaine d’heures à peine. Aucune quête annexe ne viendra égayer votre périple et seul le plaisir de partir à la chasse au lion en pleine Afrique, armé d’esprits en tout genre, peut motiver votre âme d’explorateur virtuel.
Notons tout de même, pour finir, que
Legend of the Ghost Lion proposait à l’époque une sauvegarde sur trois slots via une pile de sauvegarde. De quoi faire rougir un certain
The Legend of Zelda ! Non, quand même pas.
Legend of the Ghost Lion est un titre facile d’accès. Beaucoup d’éléments propres au genre ont été simplifiés afin de convenir à la majorité des joueurs. Cependant, si techniquement il s’en sort avec les honneurs, son avancée ultra linéaire couplée à un intérêt scénaristique proche de zéro pourrait avoir raison de bon nombre de joueurs. Sans compter l’horreur musicale et l’inutilité des combats qui induit une fuite perpétuelle en avant. Pas vraiment désagréable, mais franchement sans intérêt.
18/06/2013
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- Une fille en héroïne !
- Visuellement sympathique
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- La musique des combats !
- L'inutilité des combats
- La linéarité
- L'absence d'intérêt
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TECHNIQUE 3.5/5
BANDE SON 1/5
SCENARIO 1.5/5
DUREE DE VIE 2.5/5
GAMEPLAY 2.5/5
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