Voila le topo : dans Infinite Undiscovery on a 2 healers dans notre équipe (dans tout le jeu) sans compter les personnages secondaires qui ne servent qu'à décorer (par chance ils le font bien).
Ces 2 healers sont Eugène et Michelle. Par réflexe, on aura tendance à privilégier Michelle pour l'équipe et ce pour plusieurs raisons :
Bref on prend Michelle. Normal. En plus c'est la seule fille du jeu qui n'est pas cuisinière ça se fête !
Du coup quand on pense à ce pauvre Eugène on peut se demander pourquoi diable doit-il avoir ce sac à dos de malheur ?
D'autant qu'aucun des autres personnages ne porte de sac...
Eh oui ! La vérité est cruelle mais c'est bien ça : Eugène est tellement gentil (ou con au choix) que c'est lui qui se retrouve à porter les affaires de toute l'équipe quand ils voyagent ! L'âne de l'équipe c'est lui !!
Ah Muramasa... Ce jeu là, il fallait que j'en parle ! Même si Allesthar et Mikaya ont déjà bien traité le sujet. Et oui, je l'attendais à bloc, parce que les graphismes 2D aujourd'hui c'est rare, surtout sur les consoles de salon, et parce que quand un jeu si beau débarque, ça se fête (vraiment !). Alors c'est parti...
Comment ne pas tomber sous le charme de ces décors sublimes peignant un Japon médiéval onirique fort en couleur et en lumière ? Chaque endroit est une merveille absolue, les effets de lumières sont sublimes, on a l'impression de parcourir des peintures. La sensation existait déjà dans Odin Sphere, mais cette fois on passe au 16 : 9 et ça change. La notion de paysage est beaucoup plus présente, Muramasa a une ambiance très lumineuse (Odin Sphere était lui, plutôt sombre), on a souvent des soleils couchant en fond créant des effets de lumières toujours particuliers.
Le chara design frôle encore une fois la perfection (merci Vanillaware pour tous ces persos sublimes inventés depuis Princess Crown) avec un sacré coup de coeur pour l'héroïne la plus mignonne jamais inventée dans un jeu vidéo, la jolie Momohime.
En plus de ça, nos copains de chez Vanillaware se payent le luxe de donner une superbe fluidité aux mouvements des persos, ennemis, boss... Ces "sprite qui respirent" dont ils ont l'habitude me laissent toujours autant ébahie.
Pourtant on se sent moins happé par l'univers que dans Odin sphere... la raison ? J'ai trouvé la mise en scène moins fouillée que dans ce dernier, les personnages sont moins gros et les zooms plutôt léger... Mais l'ambiance aidée par les doublages et les musiques compensent tout ça plutôt efficacement et on n'est heureusement pas dans un jeu dénué de toute immersion. Seulement elle n'arrive pas tout de suite mais au fur et à mesure qu'on joue.
L'univers est cohérent et limité en un seul lieu, ce qui résulte un petit manque de variété global gênant pour certains peut-être.
Autre claque, les combats. On en prend encore une fois plein la vue grâce à nos 2 maîtres du style Oboro, ça vole dans tous les sens, c'est nerveux et jouissif, on tranche à tours de bras et avec classe en plus ! Comment résister à l'envie de balancer nos ennemis en l'air pour les enchaîner avec style et de les achever sur un finish splendide ?
Si on a pu regretter le manque de variété des ennemis, les boss eux, ne manquent pas à l'appel. Tous différents, tous impressionnants, les combats sont épiques, grandioses ou tout simplement ultra bourrins.
Les styles de boss diffèrent selon le personnage qu'on joue : Momohime a droit à des combats insolites et incroyables dans lesquels bourriner n'est pas vraiment la meilleure option tandis que Kisuke a plus souvent droit à du martelage de bouton intensif et la seule réflexion qu'il s'octroie est "comment éviter les coups". Les 2 styles sont appréciables et renouvellent les combats qui du coup, ne perdent jamais leur fun, au contraire !
Même si, contrairement à Odin Sphere, les 2 personnages ne changent pas de style de combat, les 2 différents types de sabres nous font changer notre façon de jouer, sans compter l'assez grande variété de techniques spéciales.
Nous voila devant un scénario bien complexe de Vanillaware.
Même si, au premier abord, il donne l'impression d'être laissé de côté, de nous laisser en face d'un jeu privilégiant plutôt l'ambiance et le gameplay, et si quelque part ce n'est pas complètement faux, l'histoire... enfin les histoires (puisque chaque personnage a la sienne) prend de l'ampleur au fur et à mesure. Les dramas entre chaque niveau deviennent de plus en plus intéressantes et prenantes. Les personnages évoluent et sont bien travaillés (mention spéciale à Jinkuro) et on refait avec grand plaisir les 3 fins de chaque personnage parce qu'on ne s'en lasse pas, au contraire !
Mais voila, ce jeu est étrange parce qu'on débarque quand même d'on ne sait où, sans introduction, directement dans l'action. Le début est assez perturbant pour ça, on doit découvrir qui on joue au fur et à mesure et ce n'est pas toujours très clair. On arrive dans l'histoire... alors qu'elle a déjà commencé !
À cause de ça il est plus difficile de rentrer dans le jeu quand on le commence. Il s'agit de comprendre tout ce qu'on a loupé, tout ce qui s'est passé avant, qu'est-ce qu'on doit faire et pourquoi. Toutes ces choses on les comprend heureusement à mesure qu'on joue, et c'est beaucoup plus passionnant passé les premiers chapitres de confusion.
C'est d'autant plus rageant que le plaisir de jouer est toujours présent, que l'histoire aurait pu être encore plus prenante et que les 3èmes fins de chaque personnage laissent même présager de ce que ç'aurait pu être.
Le nom du vent, de Patrick Rothfuss a été un énorme coup de coeur pour moi dans le monde la Fantasy. Du genre plus rien ne me paraît à la hauteur après, les livres que je lis en ce moment me semblent fades et bien moins maîtrisés, il me faut le temps de m'en remettre et tout. Ça m'était déjà arrivé il y a quelques années pour L'Assassin Royal de Robin Hobb, et ça faisait vraiment bien longtemps que je n'étais pas tombé sur un livre aussi classe et prenant ! Il fallait que j'en parle, nous y voila donc, Le nom du vent de Patrick Rothfuss. C'est parti :
La couverture française du livre
Bon j'ai une sale manie : j'aime faire des comparaisons. Tout le temps, pour tout. Que ce soit un film, une série, un jeu, une image, un livre...
Du coup logiquement, quand j’ai commencé ce livre la première chose qui m’est venue à l’esprit est une comparaison. J’ai trouvé ce livre proche de Terremer d’Ursula Le Guin et ce pour plusieurs raisons. La première est l’importance des noms, du vrai nom des choses ou des gens qui peut donner aux personnes qui les connaissent un pouvoir sur eux. La deuxième est tout simplement le personnage principal, Kvothe que j’ai trouvé proche de Ged (le personnage principal de Terremer).
Après il y a tout le passage à l’université, qui rappelle immanquablement l’école de magie dans le premier tome de Terremer, l’arrogance d’un jeune homme trop doué pour son propre bien, ce qui va lui attirer de graves ennuis.
Et si on prend Ged au troisième tome de Terremer, on peut aussi faire une comparaison avec Kvothe au tout début du livre avant qu’il ne commence à raconter son histoire :
Tous les deux réservés, on sent qu’ils ont beaucoup vécu et qu’ils ont accompli de grandes choses très impressionnantes par le passé. Ils font tous deux à présent partie des légendes du peuple mais sont pourtant bien réels et très humains. On sent la sensibilité derrière les personnages, même s’ils font leur possible pour la cacher.
Mais Kvothe a beau avoir un passé important, il n’a pas un « présent important ».
La couverture anglaise du livre
On sent bien que notre héros est déprimé. On sent qu’il n’est pas étranger à ce qui se passe dans le monde et qu’il cache des choses dès le début. Il n’est pas tout seul, son apprenti et ami Bast cache aussi son identité et beaucoup de mystère se dégage de ces deux personnages, même si Bast semble plus avenant et beaucoup moins renfermé que son professeur avec leur entourage.
Un écrivain de renom surnommé Chroniqueur va « tomber » par quelque malchance sur Kvothe à un moment quelque peu dangereux et plus tard, il le reconnaîtra. Enfin, disons plutôt qu’il reconnaîtra le personnage important qu’il était avant et va tenter de le convaincre de lui raconter son histoire pour qu’il puisse écrire sa biographie.
Kvothe se lance alors dans le récit de sa vie depuis l’enfance et nous voila transporté dans une toute autre histoire, racontée cette fois à la première personne.
On change alors vite d’ambiance, l’enfance de Kvothe étant assez joyeuse (au début du moins). Notre jeune Kvothe est un Edema Ruth, un artiste ambulant qui voyage avec sa famille et toute une troupe d’artistes très réputés (chanteurs, jongleurs, conteurs, acteurs et tout et tout). Il a des parents idylliques, très amoureux l’un de l’autres, très ouverts d’esprit, intelligents, doués (on se croirait dans Mirror mask... d'ailleurs l'auteur est fan de Neil Gaiman). Bref, ils ont énormément apporté à l’éducation du petit Kvothe. Leur charmant quotidien va évoluer quand ils rencontreront un arcaniste, Abenthy qui ne va pas tarder à repérer à quel point Kvothe est intelligent et sera son professeur pendant un petit moment.
Et l’histoire démarre. Le héros devient de plus en plus attachant et puis, un évènement décisif va avoir lieu, un évènement qui va changer la vie de notre jeune garçon.
Alors on est happé par cette histoire, découvrant peu à peu comment Kvothe est devenu un personnage important. Le rythme n’est pas particulièrement soutenu dans ce livre et pourtant on ne peut pas vraiment parler de « longueurs » en le lisant. On le lit finalement comme on lirait une biographie, découvrant petit à petit la vie de ce personnage attachant, tellement humain, faisant, malgré son intelligence les mêmes erreurs que n’importe qui pourrait faire. Des erreurs peut-être, mais surtout de la malchance, malchance qui lui attirera souvent beaucoup d’ennuis… plus l’histoire avance et plus on se sent proche de Kvothe. D’ailleurs j’ai rarement vu un héros qui avait autant de problèmes d’argents (à par peut-être Peter Parker).
Kvothe est intelligent, dégourdi, il ment avec un talent sans faille (ah ces acteurs !) et est toujours pressé.
Tout cela contribue à rendre le personnage très réel à nos yeux et c’est une des raisons qui fait que je préfère mille fois l’écriture de Rothfuss à celle de Le Guin. Je me suis sentie beaucoup plus proche de Kvothe que je ne l’étais à l’époque de Ged. Est-ce du à l’emploi de la première personne quand Kvothe raconte son histoire ? Je ne pense pas que ce soit uniquement ça. Terremer manquait pour moi « d’implication », j’ai lu ce livre d’une façon détachée même si j’aimais bien. Là avec Le nom du vent on se sent tout de suite saisi dans cet univers, il y a un aspect plus sensible dans l’écriture de Rothfuss que dans celle de Le Guin qui m’a fait beaucoup plus apprécier l’histoire de Kvothe.
L’univers n’est jamais expliqué, on comprend par nous-même comment il fonctionne petit à petit. Il y a un vrai mystère mais ça rend le tout plus réaliste aussi, nous plongeant au cœur de l’histoire sans préliminaire.
La magie aussi contribue à rendre l’univers plus concret, plus réel. Ca a l’air bizarre dit comme ça mais c’est parce qu’elle est abordée toujours d’un point de vue très scientifique. Et ça donne au tout un aspect plausible vraiment bien conçu.
Bref un Roman à ne surtout pas manquer, un petit bijou de la fantasy vraiment agréable à lire. On aimerait en fait ne jamais en venir à bout et l’attente sera dure pour la suite, vraiment dure !
Ça arrive on ne sait pas trop comment... mais des fois, quand on joue aux jeux vidéos on tombe sur des OVNI ! Des vrais en plus ! Comme ça :