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Peut-on dire que Lost Odyssey respire la vielle sagesse de Sakaguchi quand Clair Obscur trahit la jeune fougue de ses développeurs ? Quoi qu'il en soit, le premier tend vers l'éternité et célèbre la mémoire, tandis que le second, à toute allure, présente un casting de jeunes (très jeunes... enfin, si l'on oublie les canons du RPG japonais pour lesquels un vieux loup de mer expérimenté atteint difficilement la trentaine) pressés de vivre.

Il semblerait, dans les deux cas, que le scénario ait été bâti autour de cette caractéristique. Cependant, il a bien fallu, ensuite, articuler tout une histoire, et surtout donner une substance particulière au monde qui puisse justifier cet état de fait. Comment justifier, expliquer que Kaïm soit immortel, l'essentiel restant d'explorer sa mémoire, et de mettre en évidence le décalage qui existe avec les mortels ? La solution apportée par Sakaguchi, qui s'effondre en quelque sorte avec un Gongora toujours aussi peu convaincant deux décennies plus tard, consiste en deux mondes parallèles. Mais nous n'en saurons jamais vraiment plus : un type venu d'une autre dimension a découvert qu'il était ici immortel et refuse de repartir. La solution, qui consiste plus à botter en touche, à le mérite de ne pas nuire à la substance des personnages principaux - Gongora lui-même apparaissant comme une sorte de faire-valoir.

Pour Clair Obscur, il en va autrement : l'intuition (géniale) de cette Peintresse qui plonge Lumière dans une éternelle fragilité doit bien trouver son explication à un moment ou à un autre, même si le principe se suffit à lui-même et permet toute la dramaturgie, mais aussi toute la singularité esthétique. La solution des deux mondes intervient là encore... avec des conséquences diverses. Nous disposons, cette fois, de davantage de détails sur les raisons d'existence du tableau et de ses règles mais... mais... mais... là où Sakaguchi avait réussi à préserver la densité de ses personnages, la solution des Peintres anéantit notre équipe, au propre comme au point de vue narratif.

Nous pouvons espérer qu'une suite donne un peu plus de substance au monde "réel" et permette enfin de donner quelque nécessité à cette histoire de tableau, laquelle reste, quoique mignonne, une suture nécessaire à la justification d'une idée narrative par ailleurs excellente.

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