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Alan Wake (critique)
Par Elincia, le 28/12/2011 à 19h56 (984 vues)
Catégorie : Jeux vidéo


Alan Wake ose. Il ose rire au nez des romanciers, absolument tous. Pour la simple et bonne raison qu'après l'avoir fini on se demande, très sincèrement, à quoi bon lire un roman à suspens ? A quoi bon parcourir des dizaines de pages de description ennuyeuses quand Alan Wake vous met en situation en quelques secondes ? A quoi bon essayer de retranscrire une intrigue fantastique sur papier quand Alan Wake vous la fait vivre de la façon la plus excitante qui soit ? Vous l'aurez compris, le titre de Remedy empiète largement sur les platebandes des Stephen King et consorts, pour notre plus grand plaisir.

Si le jeu vidéo se veut vecteur de l'interactivité entre la fiction et le réel depuis un certain nombre d'années maintenant, cela n'a jamais été aussi vrai que dans Alan Wake. Pas parce qu'il use de procédés de gameplay ingénieux, non, mais parce qu'il vous happe, vous immerge et hante jusqu'à la dernière de vos pensées. Pas de méprise cela dit, les mécaniques de jeu sont exemplaires - quoi qu'un peu répétitives - mais Alan Wake possède surtout l'art noble de raconter une histoire, comme peu ont su le faire dans le jeu vidéo avant lui. Et c'est par une sorte de plagiat que le titre trouve sa voie. En retranscrivant de nombreux codes de la littérature romancière et quelques uns de la série télévisée, Alan Wake détonne de crédibilité. Qu'il s'agisse du narrateur en voix-off à la première personne, du séquençage en chapitre-épisodes, du point de vue omniscient parfaitement retranscris par des jeux de caméra géniaux ou encore de l'usage maitrisé du flashback et de l'ellipse, chaque nouvelle trouvaille de mise en scène vient nous rappeler que l'on se trouve dans l'univers d'un écrivain.

Car si Alan Wake se fait l'instigateur d'une (r)évolution dans la façon de conter une histoire, c'est avant tout au profit de la sienne. Elle nous place dans dans la peau du héros éponyme de l’œuvre, auteur de best-sellers en panne d'inspiration qui part se relaxer avec sa femme dans une petite bourgade reculée du nom de Bright Falls, aux Etats-Unis. La particularité de la ville, outre ses habitants atypiques, est que les œuvres qui y sont composées prennent littéralement vie. Le terreau idéal pour un thriller fantastique teinté d'horreur n'est-ce pas ? Ainsi loin de son nid douillet new-yorkais, Alan écrit son histoire, qui prend vie sous ses yeux à son plus grand damne. Une sorte de schizophrénie s'installe alors dans la narration. Plus on s'enfonce dans les ténèbres du jeu, plus le brouillard scénaristique sera dense, l'intrigue ambigüe, pour la simple et bonne raison que l'auteur lui-même ignore ce qu'il a couché sur le papier de sa machine à écrire. On s'identifie ainsi très vite à cet homme perdu, seul, prisonnier de lui-même, de son imaginaire dangereusement prolifique.

On pouvait craindre un éparpillement non contrôlé, mais que nenni, la relative linéarité du soft et la visible totale maîtrise de Sam Lake aux manettes de ce scénario font de ce thriller psychologique une réussite de tous les instants. On est absorbé par cette ambiance glauque, malsaine, ténébreuse, animée par des personnages aux visages souvent graves et ternes, rarement jovials, mais qui bénéficient toujours d'une justesse d'écriture et de doublage impressionnante.
On tient à découvrir le secret d'Alan autant que lui, du début, jusqu'à la fin - quelque peu brouillonne par ailleurs.

Pour cela il devra toutefois affronter les ténèbres. Si le fonctionnement global du gameplay repose principalement sur des acquis du survival-horror et demeure assez conventionnel, Alan Wake instaure sa touche perso', comme un axe mécanique auquel viendrait se greffer les différentes pièces du gameplay qui vont graviter autour. Cette particularité il s'agit de la gestion de la lumière et de l'obscurité. Si la motivation d'un tel choix trouve évidemment ses racines dans des considérations scénaristiques (Alan doit chasser les ténèbres qui le poursuivent), il n'en demeure pas moins que les développeurs ont su le modeler, se l'approprier et en faire un outil à la fois d'ambiance et de gameplay rudement efficace. D'une part de gameplay car les sources de lumières sont synonymes d'invulnérabilité, de checkpoint-sauvegarde et de régénération de vie ; d'autre part d'ambiance car ces sources régissent grandement, de par ses propriétés de gameplay, votre attitude vis à vis de la situation présente et la tension qui en découle. Il suffit qu'une lampe sous laquelle vous vous abritiez impunément depuis quelques secondes en attendant que l'orage de coups passe, se casse, et votre état psychologique passe du tout au tout. Vous passez de l'immunité à la vulnérabilité totale, de la lumière rassurante aux ténèbres inquiétants et surtout imprévisibles. La force d'Alan Wake est de jouer intensément sur ce créneau en faisant du yoyo avec vos peurs et vos angoisses. A un tel point qu'en fin de compte ce qu'on croyait dur comme fer être nos repères ne le sont plus et la confusion émotionnelle l'emporte sur la rationalité. Tout cela semble fleurer bon le suspens façon Agatha Christie. Mais Alan Wake fait en réalité bien mieux.

S'il ne cache pas ses inspirations littéraires, jusqu'à les citer dans les dialogues du jeu (Lovecraft, Tolkien ou encore Stephen King sont expressément mentionnés), Alan Wake dépasse le simple roman, il le transcende. Cette double mise en abîme - la première par la mise en scène inspirée de la littérature, la seconde par l'histoire d'un écrivain qui rédige son histoire - confère au soft une dimension tout à fait inédite. La décence m'oblige à ne pas dévoiler les aspects clés, et je m'en garderai, mais les innombrables complexes subtilités dans la narration ne peuvent que surprendre par leur originalité et leur pertinence. Qui plus est, on pourrait considérer Alan Wake comme un roman à ciel ouvert, une œuvre libre dont on imaginerait presque les phrases s'inscrire une à une sur une feuille blanche au fil de notre avancée. Bien que dirigiste, on se sent plus que jamais héros dans le titre de Remedy Entertainment.

Alan Wake est un funambule. Il joue sur de multiples tableaux et cela aurait pu provoquer sa chute. Il parvient malgré cela à conserver un équilibre quasi-parfait et assume ses prétentions. Une franche réussite, qui ne manque pas de culot, tout comme sa bande-son d'ailleurs.

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3 commentaires
Zak Blayde

le 29/12/2011
Edité le 00/00/0000
Rien de tel pour y répondre que de se replonger dans un bon roman d'horreur moderne. So... MORTE SAISON.
Elincia

le 29/12/2011
Edité le 00/00/0000
Je suis pas fâché. Juste qu'avec Alan Wake, on se pose vraiment la question.
Zak Blayde

le 29/12/2011
Edité le 00/00/0000
Je me le ferai l'an prochain celui-là.

Allez pour te réconcilier avec la littérature d'horreur je te conseille le très bon Morte Saison de Jack Ketchum, un auteur encensé par King himself.
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