[Anime] ~ayakashi~ Japanese Classic Horror & Mononoke
Par Iwant, le 31/03/2011 à 15h24 (1627 vues)
Catégorie : Animation/manga


Rhymester - HEAT ISLAND
(~ayakashi~ Japanese Classic Horror OP)


~ayakashi~ Japanese Classic Horror, produit par la Toei et diffusé au courant de l'année 2006, est un anime de 11 épisodes construit selon le principe d'une anthologie. En fait, ~ayakashi~ est divisé en trois arcs complètement indépendants les uns des autres, tant au point de vue du scénario que de la réalisation : Du coup, les histoires abordées sont véritablement distinctes, et il s'agit en réalité plutôt de trois animes rassemblés sous un même nom ... Cela dit, ils partagent naturellement un genre commun : Le surnaturel issu du folklore japonais. D'ailleurs, c'est bien simple : Deux des trois arcs sont en fait repris de pièces de kabuki, la forme la plus répandue de théâtre japonais traditionnel. Le troisième, lui, est original par contre, et nous reviendrons dessus par après ... En attendant, commençons donc à passer ces histoires en revue !


Yotsuya Kaidan

Ce premier arc suit l'histoire de Iemon Tamiya, un bushi devenu rônin. Qu'est-ce que ça veut dire ? Hé bien, lorsqu'un samurai se retrouvait sans maître (si celui-ci meurt ou perd ses privilèges), le strict code moral du Bushidô devait l'amener à se faire seppuku ; c'est-à-dire à pratiquer un suicide rituel où il s'ouvrait le ventre à l'aide d'une dague. S'il ne le faisait pas, il perdait alors tout honneur et devenait un "rônin" : Un samurai sans maître, véritable paria condamné au mépris et souvent, aussi, à la pauvreté ... C'est le cas de Iemon, qui tente tant bien que mal de vivre avec sa femme Oiwa qui vient d'accoucher. Exaspéré par sa situation, il finit par accepter la proposition du riche Kihei Itô d'épouser sa petite-fille et décide de se débarrasser de son ancienne femme. De retour chez lui, il se rend compte que celle-ci a été empoisonnée par un sois-disant médicament qui lui a été envoyé par les Itô, ce qui ne l'a pas tuée mais l'a sévèrement défigurée. Il confie alors à son domestique la tâche du meurtre, mais Oiwa se tuera elle-même quand elle apprendra la trahison de son époux ... Une fois débarrassé du corps, Iemon pense enfin pouvoir reprendre une vie digne. C'est en fait là que ses ennuis commencent : Oiwa est devenue un onryô (esprit vengeur) et il devra subir sa malédiction ...
Yotsuya Kaidan est sans aucun doute l'une des pièces de kabuki les plus connues au Japon. Écrite à l'origine en 1825 par un certain Tsuruya Nanboku, cette pièces a fait l'objet de pas moins de trente adaptations cinématographiques et ses représentations théâtrales continuent de faire salle pleine aujourd'hui. Il s'est même construit tout une histoire de malédiction autour de l'œuvre ... malgré que son histoire ne soit qu'une pure invention, n'incorporant que quelque faits réels issus des faits divers de l'époque. Mais l'anime vous en parlera mieux que moi, vu qu'il contient un petit documentaire expliquant certains détails de la pièce originale !
Bon, concrètement, c'est l'arc le moins intéressant de l'anime. Il est EXTRÊMEMENT classique. Si la vengeance, les instruments à corde, les sabres et les titres honorifiques ne sont pas votre tassé de thé, vous allez même sûrement vous emmerder grave. Cela dit, ça reste intéressant de justement découvrir un classique sous forme d'anime, surtout d'une façon aussi documentée et quand on sait qu'Amano (oui, celui des Final Fantasy) a participé au charadesign !



Passons désormais au deuxième arc, qui est déjà plus original et moins barbant.



Tenshu Monogatari

Ce deuxième arc s'intéresse à l'histoire de Himekawa Zusho-no-suke, fauconnier. Le tono Harima fait appel à ses services et Zusho-no-suke décide d'emmener son faucon entraîné Kojirô, mais l'oiseau s'échappe lors d'une séance de chasse. En partant à sa recherche, il tombe sur une mystérieuse femme nue se baignant dans un étang, mais aucune trace du faucon ... C'est par après qu'il apprend qu'il s'est en fait envolé vers le fort de Shirasagi-jô, et reçoit l'ordre de la récupérer au plus vite. Accompagné de deux sympathiques démons, il entreprend son périple vers le château, qui n'a d'ailleurs pas très bonne réputation ... mais quel n'est pas son étonnement lorsqu'il y rencontre à nouveau la femme qu'il avait aperçue dans la forêt ! Il apprend son nom, Tomi-hime, comme sa place ... à la tête de ce fort, où habitent les wasuregami, des "dieux oubliés". Bien évidemment, ce qui devait arriver arriva : Ils tombent amoureux. Un amour, entre un homme et un dieu, supposément impossible ...
Tenshu Monogatari est en fait à la base une nouvelle, écrite par Izumi Kyôka, auteur souvent considéré comme "romantique" relativement populaire au Japon mais toujours virtuellement inconnu en dehors de l'archipel. Cette histoire est beaucoup plus récente que Yotsuya Kaidan : Elle a été écrite en 1917 et sera représentée en pièce de kabuki pour la première fois en 1951. Elle se démarquait pour son approche particulière de l'amour "interdit", désacralisant l'image du dieu et le ramenant à un état de "faiblesse" humaine ...
Cette arc est déjà plus intéressant. La trame est moins ennuyeuse et plus originale, et le thème moins classique. Il y a même une petite touche d'humour, et la psychologie des personnages surtout est beaucoup moins traditionnelle. Ici, on a vraiment l'impression de découvrir un truc, pas simplement de regarder un Dragon Quest du kabuki !



Et pour finir, le troisième arc ... C'est en fait là que ça devient réellement intéressant.



Bake Neko

Ce troisième et dernier arc raconte l'histoire d'un apothicaire itinérant taciturne, dont on ne connait d'ailleurs pas le nom. Lors d'un de ses passages dans un village, alors qu'il est occupé à parler avec une servante de la cérémonie de mariage qui s'y déroule, celle-ci tourne mal : La mariée s'écroule soudainement au sol, assassinée par une force mystérieuse. C'est là que l'apothicaire entre en jeu, car il se trouve aussi être ... shaman (?), avec les pouvoirs et les connaissances que cela implique. Après avoir mené sa petite enquête, il en déduit que le coupable de ce méfait est un mononoke, et plus précisément un bake neko. Qu'est-ce que c'est ? Hé bien, "mononoke" est synonyme de "yôkai" (et d'ailleurs aussi de "ayakashi"), des termes qui sont utilisés pour simplement désigner des créatures surnaturelles. Le bake neko en est une : Il s'agit tout simplement d'un chat avec des pouvoirs surnaturels ... et dans le cas présent, il compte bien les utiliser : Le monstre semble vouer une profonde rancune envers la famille de la victime et bien décidé à la décimer pour satisfaire son appétit de vengeance. Le shaman va devoir cerner le katachi ("forme"), le makoto ("raison") et le yuwari ("vérité") du mononoke afin de l'éliminer ... mais un démon n'entretient pas de rancœur sans raison, et comprendre ce qui se cache derrière le bake neko nous en dira beaucoup sur le sombre passé de la famille concernée.
Bien qu'il puise son imaginaire dans le folklore japonais, Bake Neko est une œuvre complètement originale contrairement aux deux autres arcs basés sur des pièces de kabuki. C'est complètement différent des deux autres histoires, même (et surtout) au niveau visuel ... Aidé de Michiko Yokote, scénariste sur divers animes (ayant dans son registre Cowboy Bebop comme Naruto ...), le directeur de cet arc, Kenji Nakamura - qui a aussi bossé sur des animes atypiques comme Kemonozume ou Kûchû Buranko - s'est vraiment donné à fond. Et ça se ressent !
Oui, ça se ressent ... C'est même une PUTAIN de MASTERPIECE ! Cet arc est tout simplement génial, tant d'un point de vue scénaristique qu'esthétique ! L'histoire est beaucoup plus prenante, profonde et compliquée ; L'esthétique, qui n'est pas sans rappeler Ôkami, est absolument bluffante ; Les personnages sont beaucoup plus particuliers, le héros est hyper badass et la servante est super cute ; La narration et la progression, très floues et bizarroïdes, font un peu penser à Mushishi pour le côté "occult detective" mais s'emballent à un point où ça devient carrément du Surréalisme. Bake Neko parvient à relever le défi ultime : Conjuguer une ambiance explosante de couleurs et d'expressions comiques avec un background très sombre voire carrément malsain. Une véritable estampe sous acide !



Et voilà qui clôt mon article sur ~ayakashi~ Japanese Classic Horror. En résumé, on peut dire que c'est une anthologie réussie, quoique assez inégale, mais qui a su rassembler en trois arcs des styles complètement différents. Cela dit, il est évident que l'arc Bake Neko ressort par rapport aux autres, mais on ne peut pas lui reprocher d'être excellent ! D'ailleurs, c'est lui qui a reçu le plus de faveurs, amplement méritées, de la critique comme du public. L'équipe de cet arc a de quoi être fière. À un point tel qu'ils ont carrément décidé de dédier un anime à l'apothicaire itinérant ! Un succès qui aura porté ses fruits ...

Voilà, en espérant que mon article v-

Attendez deux secondes.

"À un point tel qu'ils ont carrément décidé de dédier un anime à l'apothicaire itinérant !"

...

YEAAAAAAAAAAAAAAAAAAA-





Komatsu Ryota - Kage no Tsuki
(Mononoke OP)


Nous voilà donc devant Mononoke. Diffusé dès l'année suivante, en 2007, c'est tout naturellement l'équipe qui avait bossé sur l'arc Bake Neko qui se charge de ce nouvel anime. Techniquement, il s'agit d'un spin-off de ~ayakashi~ ; mais dans les faits, il s'agit d'un anime complètement distinct qui n'est évidemment lié qu'au troisième arc de la série d'origine ... qui est au fond le premier arc de Mononoke. Oui, car Mononoke est lui aussi découpé en arcs, même s'il est évident que le héros et l'environnement restent ici les mêmes au long des 12 épisodes. Et c'est tant mieux, car cela leur laisse l'opportunité de se développer et de donner le meilleur d'eux-mêmes. Alors, le pari est-il remporté ? Ce nouvel anime s'est-il montré à la hauteur de l'arc Bake Neko ? HELL YEAH HE DID. Et pas qu'un peu putain. Allez, on y va !

On retrouve donc l'apothicaire itinérant, dont on ne connaît toujours pas le nom, dans son périple à travers un Japon de la période Edo infesté de mononoke. On traversera avec lui cinq arcs, chacun étant dédié à une créature en particulier : Le zashiki-warashi (esprit d'enfant), l'umibôzu (monstre des mers), le noppera-bô (fantôme sans visage), le nue (chimère à tête de singe) et le bake neko (encore lui !). Le scénario suit plus-ou-moins une ligne directrice : L'apothicaire se retrouve au milieu d'une situation étrange, déduit qu'il s'agit là de l'œuvre d'un mononoke et mène sa petite enquête auprès des personnes piégées avec lui pour déterminer le katachi, le makoto et le yuwari de la créature afin de l'éliminer. Cela peut sembler un peu rigide à première vue, mais je peux vous assurer que les histoires ne vous lasseront jamais. Parce que les histoires ... Oui, les histoires ...







Le scénario est encore plus profond, original, créatif et glauque que dans la série d'origine, et ce malgré (ou peut-être grâce à) une narration encore plus floue, effrénée et décousue qu'auparavant. Le résultat obtenu est véritablement hallucinant, dans tous les sens du terme : Nombreux sont les passages qui tiennent clairement plus du délire surréaliste que de la légende folklorique. Ce manque de constance dans le déroulement des évènements est loin d'être un défaut, il permet même à chacun des arcs de posséder son univers bien à lui. Et l'anime ne se contente pas de raconter une histoire de fantômes : Il s'agit véritablement d'une expérience philosophique, ne fut-ce que par l'ambiance spirituelle qu'il dégage. La maturité des différentes histoires est renforcée par la sévérité des thèmes qu'elles abordent, comme la prostitution, l'inceste ou le rôle social de la femme par exemple ... Cela dit, ces thèmes sont amenés de manière relativement subtile et il faudra véritablement décortiquer l'intrigue afin de pouvoir trouver des pistes. La psychologie des personnages n'est pas en reste, et l'enquête de l'apothicaire fait ressurgir progressivement chacune des facettes de la personnalité des protagonistes ... mais ces révélations évoluent toujours de manière instable, si bien qu'il est pour ainsi dire impossible de parler en termes objectifs pour décrire l'issue de l'histoire des différents arcs. Puis bon, faut bien se le dire : Les persos sont pas seulement intéressants, ils puent aussi le STYLE. Ils ont tous une personnalité bien individuelle, et y a pas de perso inutile qui gâche le décor. Puis y a la p'tite servante de retour de l'arc Bake Neko, donc tout va bien (<3). Mais bien évidemment, qui est le plus classe dans le lot ? Le héros, bien évidemment. Le mec, il parle pratiquement jamais, mais quand il ouvre la bouche, c'est pas des mots qui en sortent, c'est du style. Il est pas mal doué pour ignorer les autres aussi : Ça arrive quelques fois qu'un perso lui dise un truc, qu'il y ait un gros blanc de 5 secondes et qu'au final il lui réponde même pas. Mais, parlant de persos badass, qu'en est-il de leur design ? Et de l'esthétique de l'anime en général ?







Je vais vais aller droit au but : C'est du putain de génie. J'en suis encore émerveillé. L'esthétique de Mononoke est absolument É-POU-STOU-FLANTE. C'est même sans doute sa plus grande qualité. Les personnages ont des traits fins très soignés, un design super attachant, l'aspect "estampe" déjà présent à l'origine est encore mieux maîtrisé ici avec des décors d'une diversité ahurissante, les couleurs explosent dans tous les sens, les plans s'enchaînent à une vitesse phénoménale, et chaque screenshot de cet anime est une œuvre d'art à lui tout seul. Je pense qu'il surpasse même Sayonara, Zetsubô-sensei en termes d'expérimentation visuelle. Là, c'est plus des estampes sous acide, c'est genre Klimt en kimono avec un chapeau haut de forme qui teste du LSD dans des montagnes russes, enfin au minimum quoi. Mais le plus incroyable dans tout ça, c'est que les mecs ont réussi à intégrer de la 3D dans l'environnement de l'anime ! Ouais, de la 3D ! Vous savez, les CGI qui arrivent comme un cheveu dans la soupe même dans les anime de haute volée ? Bah dans Mononoke, c'est pas le cas : La 3D se mélange tellement bien avec le reste que vous vous rendrez peut-être même pas compte tout de suite de combien elle est présente. Je vous assure, l'esthétique de cet anime, c'est impossible de la décrire avec des mots, il faut la voir pour le croire ... Les décors montagneux comme les scènes gores sont d'une beauté à couper la souffle, chacun bien à sa façon. Le tout est renforcé par une OST efficace, qui est surtout composée de musiques d'ambiances traditionnelles même si elle effectivement parsemées de quelques morceaux instrumentaux qui viennent joliment accompagner certaines scènes.







Bref, vous l'aurez compris : Mononoke est une masterpiece de l'animation japonaise. Scénario de malade, esthétique de malade, tout dans cet anime va vous donner envie de gerber des démons de toutes les couleurs. Alors, n'attendez plus, et regardez ce truc de ouf : Vous aller voir que vous allez tout vous faire d'une traite. Et puis pleurer. Du sang. ROUGE PÉTANT.



Copyleft (>) Iwant
ArtCore Kirbies

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