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Dossier

Love-De-Lic

Mother 2 ou le début du meta-gaming

Si Mother 1 ne fut pas un coup d’éclat, n’étant en effet qu’une adaptation anecdotique d’un roman trivial, qui plus est un clone de Dragon Quest avec une difficulté abracadabrante, la fraîcheur et la liberté qu’offrait le titre reste encore aujourd’hui fort plaisante. Mais c’est Mother 2 qui ouvrit véritablement le débat sur le jeu vidéo en tant que culture qui se réfère à elle-même et donc en tant qu’Art. Il y avait déjà eu quelques essais : Takeshi no Chousenjou en 1986 entre autres, est essentiel. Créé par Takeshi Kitano, le fameux cinéaste, Chousenjou n’est rien d’autre qu’une vaste blague, un jeu créé par quelqu’un qui n’aime pas les jeux vidéos. Un jeu créé pour et de telle manière que le joueur ressort frustré de sa partie, dégoûté d’un jeu qu’il ne finira jamais.

En 1994, Shigesato Itoi fait parti de ces artistes du jeu vidéo, touche à tout et ouvert à l’art moderne et à sa dérision. A cette époque, un autre studio expérimente le même chemin : ChunSoft et son Kamaitachi no Yoru (sur Super Famicom), œuvre indispensable pour l’avancée du jeu vidéo japonais. Ce premier « sound novel » (roman interactif), dont la désignation appartenait alors à ChunSoft, ouvrira le débat sur le jeu vidéo vu comme un danger. Ce soft adulte qui connaîtra de nombreuses suites servira d’influence principale pour le genre du Survival Horror.
Shigesato Itoi écrit Mother 2 comme un roman, mais un roman pensé pour une adaptation de jeu vidéo. La nuance est importante, car c’est à partir de cette base qu’il écrira volontairement les nombreux clichés parodiques qui ponctuent le soft. La notion d’ « Idiotie » assumée était une vision importante des artistes de cette époque, Itoi n’est évidemment pas passé à côté, et cet esprit se reflète dans la construction globale du jeu. Les scènes sont souvent absurdes, certains objets ou passages ne servent à rien, et la morale qui ressort de Mother 2 déstabilise. Après tout, détruire les aliens avec une batte de baseball, n’est-ce pas déjà suffisamment ubuesque ? Naît alors la notion de meta-gaming, cette idée du jeu vidéo qui se réfère à lui-même pour s’auto-parodier dans des softs légers (Mother 2) ou pour réfléchir autour de lui même tel que le fait Hideo Kojima avec Metal Gear Solid 2. Un meta-game, c’est un jeu qui ne cherche pas à émuler la réalité, mais qui sait qu’il n’est que pixels sur un écran. La brèche ouverte, il ne fallut pas longtemps aux futurs membres de Love-de-Lic (admirateurs de Mother 2 dont la bande-son fait office de référence absolue dans leurs biographies) pour reprendre les rennes du meta-gaming. Malheureusement, là où Mother 2 fut démocratisé grâce à une sortie aux USA sous le nom d’Earthbound, les œuvres de Love-de-Lic restèrent majoritairement confinées au Japon.



31/01/2009
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