Wuchang est une fiction qui mélange des aspects historiques et légendaires, pour conter l’histoire d’une jeune femme atteinte d’une étrange malédiction : l’ornithropie, qui la transforme peu à peu en oiseau. Il faut le dire tout de suite : l’histoire est tellement énigmatique qu’elle devient vite incompréhensible, et surtout prétexte à développer l’ambiance générale du jeu. Wuchang a malheureusement été censuré à cause de son scénario qui mettait en scène des personnages historiques. Ces enjeux sont anecdotiques pour nous qui n’y connaissons rien à l’histoire de la Chine, mais il est toujours dommage de voir encore des jeux tomber sous la coupe de la censure, quelle qu’elle soit.

En tout cas, vous en aurez pour votre argent en ce qui concerne l’univers médiéval chinois. Les décors sont magnifiques, hyper bien modélisés et texturés. Si le jeu est un poil en-dessous de Wukong techniquement, il le dépasse esthétiquement. Les temples, la nature, les coups de lumière, tout est tellement percutant. Mention spéciale au level design labyrinthique, dans lequel on emprunte des voies pour en retrouver d’autres, toujours avec surprise et satisfaction. Pas de carte du monde non plus, à l’instar de Wukong avant ses dernières mises à jour ; une mode qui me plait beaucoup car elle prend le contrepied de ces dernières productions pour assistés, qui notent les moindres détails, ou affichent des chemins automatisés en appuyant sur R3. Résultat: on a les yeux rivés sur des maps, sans jamais faire attention aux décors. Ici, c’est tout l’inverse et l’univers s’imprègne tout entier sur nos rétines émerveillées.

L’héroïne est également super belle. Moins « sexy » qu’Eve dans Stellar Blade, elle est plus fine, féminine et délicate. Cette fragilité est intéressante à jouer dans un Soul-like, où l’on a plutôt l’habitude d’incarner de gros chevaliers. Tous les équipements de Wuchang changent son apparence, avec beaucoup de goût et de logique. En effet, vous pourrez toujours vous amuser à promener votre héroïne en petite tenue dans des contrées glacées, mais votre aventure risque d’être brève, vu les dégâts que lui infligera le froid. Chaque équipement doit donc s’adapter au climat, mais aussi au type d’ennemi - ce qui est plus classique cette fois. Dommage qu’il n’y ait pas de bestiaire dans le jeu pour étudier les stats et choisir les équipements en fonction. On est obligé pour cela d’avoir recours à des guides sur internet.

Le jeu est dur. Très dur même. Moins dur qu’un Sekiro, mais plus dur qu’un Wukong. En même temps, plus technique et moins frustrant. Je me souviens dans Wukong être mort parfois injustement et avoir eu du mal à maîtriser les mécaniques du jeu. Wuchang est plus précis, plus logique, peut-être plus systématique aussi. Certains patterns ou builds vont très bien fonctionner devant tel type d’ennemi (humains, avec des coups violents par derrière, gros monstres avec des effets sur les armes, de l’esquive circulaire et du bourrinage) et j’avoue avoir été surpris dans les dernières heures de jeu, de réussir à battre quelques boss bien hard sans trop mourir. Personnellement, j’aime beaucoup les mécaniques d’esquive et de contre-attaque présentées en début de jeu, et je me suis contenté d’utiliser la première arme, l’épée longue que je trouve trop stylée, tout au long de l’aventure. Mais il existe une infinité de cheminements et de types d’armes que certains préféreront. Il existe même tout un gameplay basé sur la parade, qui peut s'avérer génial. Je vous laisse essayer. Dans tous les cas, les possibilités sont presque infinies, et le jeu n’impose jamais aucun style au joueur.

Pour ce qui est de l’accumulation des points d’expérience à répartir dans un sphérier, très classique, on est sur le terrain très glissant de Demon Soul : lorsqu’on meurt, les points restent sur le lieu du combat. Si l’on meurt une seconde fois, on perd tout. Petite surprise sympathique qui fait mal la première fois : si votre niveau de folie était à son max au moment de la mort, il faudra en plus combattre un démon puissant pour récupérer son XP. Et comble du comble, c’est en faisant augmenter ce niveau de folie que l’on peut vraiment gagner rapidement de l’XP. Bref, pour gagner plus, il faut prendre plus de risques, et quand on perd tout ça d’un coup… il y a de fortes chances pour que de vilains mots sortent de votre bouche.

Dernier point concernant les bruitages, la bande son et les doublages. Wuchang propose une expérience audio juste grandiose. Dans aucun Soul-like jusque là, je n’avais entendu de musiques aussi belles. On peut d’ailleurs télécharger l’OST gratuitement sur Steam si l’on possède le jeu. Les doublages chinois sont superbes, et les bruitages excellents. L’héroïne crie, respire difficilement après une perte de souffle (endurance), ses chaussures émettent des sons différents si elle marche sur de la pierre ou du sable, les armes font des étincelles. L’immersion en est ainsi renforcée, et le jeu vraiment agréable à parcourir.