La Nintendo 64 a accueilli bon nombre de grandes séries qui ont dû quitter leurs petites habitudes pour se mettre à la 3D. Si Mario et Zelda ont parfaitement réussi ce passage délicat, en est-t-il de même pour le jeu dont je vais vous parler aujourd’hui ? Mystical Ninja Starring Goemon est le cinquième épisode d’une saga culte au Japon, mais relativement méconnue des occidentaux puisque c’est seulement la seconde fois qu'un volet réussit à franchir les frontières tant convoitées du pays du soleil levant. Sachant à quel point la culture nippone est ancrée dans chaque épisode de cette série, c'est déjà un petit miracle d'avoir pu y goûter à deux reprises. Reste à savoir si le résultat est à la hauteur, c'est ce que je vous propose de découvrir dans cette review.
Cruelles intentions !
Ganbare Goemon - traduisons ça par "courage Goemon" ou "fais de ton mieux" - est loin d'être une série récente puisqu'elle fit ses premiers pas sur Famicom en 1986. Par la suite, la série n’a cessé de s’étoffer durant une quinzaine d'années à travers différents supports, comme la Super Famicom, la Playstation ou encore la DS.
Revenons maintenant à l’opus qui nous intéresse. Cette version N64 sorti en 1997 est en fait le premier et unique épisode à inclure des éléments RPG, de coutume la saga nous a habitué à des jeux axés action plates formes, bien qu’elle n’hésite pas à se décliner en puzzle game à l’occasion.
Mystical Ninja narre les aventures de Goemon, un jeune ninja téméraire et droit à la coiffure qui n’a rien à envier aux Saiyens de Toriyama, accompagné par son fidèle compagnon Ebisumaru, ninja également mais dans un tout autre registre. Rondouillard, pervers et un tantinet exhibitionniste mais néanmoins très drôle, il suit notre héros depuis de nombreuses années.
Ensemble, ils devront lutter pour empêcher le gang des Shoguns de la Montagne Pêche de transformer le Japon en un théâtre de beaux-arts. Oui cette fois-ci, pas de domination du monde, pas de recherche de pouvoir absolu, de meurtres ou de massacre d'innocents, il s'agit bien de faire danser l'archipel entier en transformant les lieux cultes pour l'occasion. Le plan diabolique commence par ridiculiser l'architecture du château d'Oedo, un acte reçu comme un blasphème par nos amis ninjas qui n'hésitent pas une seule seconde à intervenir.
Décrit comme ça, le scénario du jeu peut faire penser à une médiocre série B ou un résumé d'un prochain épisode des Power Rangers. Il n’en est rien, le traitement efficace apporté à l’histoire, l’auto-dérision totalement assumée, l’humour omniprésent nous embarque littéralement dans cette aventure originale et désopilante.
Le Japon comme vous ne l'avez jamais vu...
Vous voilà donc plongé dans un Japon médiéval folklorique, l’époque Edo pour être plus précis. Les femmes sont vêtues de kimono ou de yukata, les hommes arborent fièrement une coiffure à la mode qui ne les met pas en valeur sauf si vous êtes adeptes de cranes dégarnis.
En déambulant dans les nombreux villages, vous découvrirez également que tous les lieux traditionnels sont présents. Les coffee shop pour vous délecter d’une bonne tasse de thé chaud, les Ryokan pour vous reposer et les restaurants pour déguster de succulents sushis, des takoyaki, ou du tofu si vous avez mauvais goût. À l’entrée de ces échoppes, une porte coulissante ou un simple rideau, l’intérieur est agrémenté de tatamis et vous êtes toujours reçu par un chaleureux "Irasshaimase"
Cette ambiance typiquement nippone vous suivra durant tout votre périple que ce soit au travers des dialogues, de multiples clins d'œil ou de références en tout genre, les amoureux du pays du soleil levant seront sous le charme.
Malgré tout, derrière cette façade des plus classique, vous allez être surpris de découvrir de nombreux anachronismes distillés un peu partout, une des marques de fabrique de cette saga.
Ainsi, lors d’une conversation banale avec un villageois, ne soyez pas surpris s'il se fait met subitement à aborder le sujet des avions, de pizzas ou encore de robots géants, ajouté à cela que les chiens discutent avec vous comme si de rien n'était. Si cela peut surprendre de prime abord, ça ne fait que renforcer le côté décalé du titre, et débouche ainsi sur une multitude de scènes abracadabrantes.
Supā Saiyajin Goemon !
Venons en au gameplay maintenant, très simple d'utilisation et plutôt fun. Vous aurez un panel d'armes absurdes assez conséquent, les ennemis tous très étranges sont visibles lors de vos déplacement et sont pour la plupart relativement faibles. Ils ne rapportent pas d’expérience, qui n'existe pas, mais seulement de manière aléatoire des Ryo (la monnaie dans le jeu) et de l'énergie. De votre côté, bien qu’Ebisumaru soit constamment avec vous, vous ne contrôlez qu’un seul personnage à la fois mais la pression d’une simple touche permet de changer à tout moment. D'ailleurs, en plus de notre duo légendaire, une jeune fille du nom de Yae qui travaille pour les services secrets et qui vous apportera son aide au vu de vos objectifs similaires, et un petit ninja mécanique fonctionnant avec des batteries viendront compléter l'équipe.
Chaque personnage développera ses propres techniques et pouvoirs magiques au fil du temps, vous pourrez entre autres vous transformer en sirène pour découvrir le secret des océans, en Super Saiyen pour devenir un surhomme, ou encore réussir à flotter dans les airs un court instant pour atteindre des lieux inaccessibles.
Le jeu laisse une liberté totale au joueur pour visiter les nombreuses contrées japonaises, même si vous risquez d'être rapidement bloqué, ne disposant pas du bon objet pour libérer la route. Durant votre voyage vous aurez l'occasion de voir les cerisiers en fleur, vous engager dans un escalier sans fin pour trouver l'entrée d'un sanctuaire où vous pour pourrez acquérir un talisman porte bonheur. Pour savoir quoi faire, il faut en général interroger les habitants ou tout simplement consulter une diseuse de bonne aventure qui vous donne directement l'information qui vous intéresse pour la modique somme de 10 Ryo.
Vous vous souvenez que précédemment, j'avais abordé le sujet d'un mystérieux robot géant, sachez qu'à de nombreuses reprises, vous aurez des phases de gameplay assez délirantes durant lesquelles vous prendrez le contrôle d'un monstre de la taille de Goldorak nettement moins impressionnant, la faute à une sorte de tête de poupée, le tout saupoudré par un générique typiquement j-pop digne d'un animé kitsh.
Dans ces circonstances, vous devrez détruire tous les obstacles sur votre passage, sauter au dessus de nombreux pièges pour enfin en arriver à combattre de puissants boss, l'utilisation de votre votre grappin pour capturer votre opposant et l'assaillir de coups de poings est l'apogée de ce petit intermède.
Link-Sensei !
Hormis ces phases spectaculaires, le jeu s'inspire pas mal d'Ocarina of time, d'une part, dans la taille de l'univers et son aspect totalement ouvert, mais aussi dans la recherche de chats porte bonheur, qui n'est pas sans rappeler la quête des quarts de cœurs. Quatre petits chats trouvés rapporteront un cœur d'énergie supplémentaire, les chats dorés vous en octroieront un directement. Du côté des donjons, s'ils sont aux prémices du jeu, linéaires et d'une facilité déconcertante, au fur et à mesure que vous avancerez, il faudra accroître votre concentration et utiliser correctement les nombreuses aptitudes de votre équipe. Malgré tout, le schéma reste relativement identique, trouver des clefs en argent, en or ou en diamant pour progresser à l'intérieur. Pour vous repérer plus aisément, il va falloir débusquer la carte du lieu dans lequel vous venez de pénétrez puis mettre la main sur un objet indiquant l'emplacement du boss.
La bande son est un vrai régal, sublimant les différents moments du jeu, elle ne fait que vous happer davantage dans l'aventure. Les quelques voix japonaises ont toutes été conservées, Goemon durant les combats s'égosillera régulièrement d'un "Kurae !!!"ou d'un "Ike !!!" , la majorité des thèmes sont en adéquations parfaites avec l'univers du titre, il est très probable que vous en fredonniez régulièrement quelques uns durant la vingtaine d'heures de jeu du titre.
Au niveau des défauts, pour peu qu'on ne soit pas hermétique au Japon et à sa culture, le jeu n'a rien de réellement désagréable, si ce n'est un problème de caméra qui à tendance à agacer légèrement durant les quelques passages de plateformes. Il faut également souligner qu'il n'y a pas la moindre quête annexe et que la durée de vie du soft est de ce fait peu élevée.
Drôle et savoureux, ce Mystical Ninja est un vrai concentré de bonne humeur. Grâce à sa liberté d'action qui vous entrainera dans une très jolie traversée sur les terres japonaises de l'époque Edo, et ses musiques inoubliables qui égaieront votre aventure de la plus belle des manières. Vous aurez dû mal à vous défaire de Goemon et sa bande de joyeux lurons, les bons RPG sont une denrée rare sur la regrettée Nintendo 64, et il serait vraiment dommage de passer à côté de ce titre atypique et attachant.
13/12/2010
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- Une aventure bourée d'humour
- Des personnages haut en couleur
- Une ambiance japonaise d'époque génialement retranscrite
- Une bande son superbe
- Un gameplay fun
- Des donjons variés
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- Des problèmes de caméra dans les phases de plates formes
- Aucune quête annexe
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GRAPHICS 3.5/5
SOUND/MUSIC 5/5
STORY 3/5
LENGTH 4/5
GAMEPLAY 4/5
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