Atlus est l'un des éditeurs les plus controversés de l'histoire des jeux vidéo. Reine des paradoxes, cette société produit essentiellement des jeux moyens/faibles sauf en quelques occasions où elle déploie ses ailes d'ange et nous offre d'une main céleste l'ambroisie que nous vénérons tant. C'est dans l'un de ces moments de béatitude qu'Atlus a décidé d'acquérir en 1997 les droits de la série des Ogre Battle/Tactics Ogre pour une sortie occidentale de ces joyaux, tout du moins ceux qui sont sortis à partir de la Playstation. Étant donné qu'ils ne font pas les choses à moitié, ils ont énormément peaufiné les différentes traductions, toutes plus réussies les unes que les autres. Nous nous penchons ici sur le cas de Tactics Ogre: The Knight of Lodis. C'est une "side story" (ou "gaiden"), donc ceux qui ne connaissent pas la trame posée dans les premiers épisodes ne seront pas largués.
Parlons aussi un peu du développeur, Quest, qui vient hélas d'être racheté par Square. Cette équipe très talentueuse a notamment vu passer ce créateur de génie qu'est Matsuno, parti il y a quelques années chez Square, qui a été le principal instigateur du rachat de Quest, et qui est à la tête de l'équipe qui développe FFXII (le premier FF qui m'attire depuis quelques temps déjà : rien qu'aux noms qui composent le staff, je sens que ça va être grand et tactique). Allez, trêve de bavardages et passons à l'objet de mon article, à savoir la critique de la version US de Tactics Ogre: The Knight of Lodis sur Game Boy Advance.
Premier contact
Comme toujours, mon premier contact avec le jeu est son packaging. Celui-ci est assez incroyable, tant par l'illustration de couverture (la même que pour la version japonaise, mais avec un zoom plus important) que par l'esthétique du manuel. Tant que nous y sommes, parlons justement de ce manuel. Il est tout à fait complet, bien présenté et suffisamment clair pour faire comprendre à chacun les mécanismes du jeu.
Scénario
Comme je l'ai dit précédemment, cette histoire est en marge du reste de la série. L'action prend place sur l'île d'Ovis, où les White Fang Troops sèment la terreur. Étant sous le protectorat de l'église de Lodis, l'île fait appel à une force armée de Lodis pour résoudre le conflit. Alphonse fait partie de ce groupe. En tant que fils d'aristocrate, il est appelé à de grandes responsabilités, mais fait pour l'instant son apprentissage aux côtés de Rictor. Bien entendu, derrière tout cela se cachent embûches, trahisons, rencontres décisives... Cependant, je ne peux pas tout vous dévoiler pour 2 raisons: la première est que je ne veux bien entendu pas vous gâcher le plaisir de la découverte; la seconde est qu'il existe en fait plusieurs scénarios, que je ne peux pas décrire dans leur totalité puisque je n'en suis qu'à ma première partie. D'ailleurs, sitôt celle-ci terminée, ce qui ne devrait pas tarder, j'en relancerai une autre. Chaque partie dure en moyenne 30 heures, ce qui est respectable. Cependant, quand on multiplie la durée de vie par le nombre de scénarios, on obtient le jeu à la durée de vie la plus longue sur GBA.
Graphismes
On est dans le plus que correct, avec une 3D isométrique bien plus colorée que celle de la SNES. Par rapport aux versions 16 bits, d'autres améliorations ont également été apportées, notamment dans l'animation des personnages et de leurs différentes attaques, qui varient avec chaque arme. Les effets climatiques sont très bien rendus, que ce soit la pluie, la neige, le crépuscule... En ce qui concerne les magies, si les premières ne sont que très peu impressionnantes, les suivantes sont de plus en plus réussies au fur et à mesure de leur acquisition, l'apogée étant atteinte avec les différentes invocations. Les artworks des différents persos sont également très élégants, et bien retranscrits par l'écran de la GBA.
L'un des points les plus intéressants du jeu, outre son scénario, est sa richesse, tant pour les combats que pour les différents objets et emblèmes. Par rapport à l'ancien système, le principal apport est l'introduction du système d'emblèmes. Les personnages gagnent lorsqu'ils effectuent certaines actions, bonnes ou mauvaises, des emblèmes, qui vont modifier leurs caractéristiques ou leur donner accès à de nouvelles classes. Je prendrai deux exemples : un "bon" et un "mauvais". Le premier est le Knight's Certificate. Il s'obtient en attaquant régulièrement l'ennemi de front et non de côté ou de l'arrière. Cette marque de courtoisie est indispensable pour qu'un soldat se voie promu en chevalier. Le second est l'emblème Don Quichotte (vous savez, celui qui combattait des moulins..lisez Cervantes). Il s'obtient en se prenant un contre monstrueux, c'est à dire quand un personnage très faible s'obstine à attaquer un ennemi qui lui est bien supérieur. Un personnage à qui cet emblème est attribué sera à l'avenir moins résistant aux contres ennemis. Les effets des emblèmes et la manière de les obtenir laissent transparaître une très grande variété.
Combats
L'aspect stratégique est très intéressant, notamment avec le rôle très important de la météo. Le niveau de l'eau peut même monter quand il pleut beaucoup. Certaines classes de personnages peuvent même contrôler le temps (la météo, pas la durée).
Le positionnement des personnages est aussi très important : un personnage situé à une plus haute altitude fera plus de dommages que s'il est plus bas ; un personnage placé sur un carré correspondant à son élément de prédilection fera plus de dommages que s'il est sur un carré de l'élément opposé ; une attaque par derrière empêche tout contre, une attaque par le côté diminue la précision du contre, et une attaque de face expose à un contre quasi-certain. D'autres paramètres interviennent, comme le moral, mais je ne vais pas rentrer dans les détails. Dernière remarque, le nombre maximal de personnages simultanément présents sur le champ de bataille est de 12, alors qu'on peut avoir jusqu'à 32 personnages en réserve.
Musique
C'est très inégal: on va du saoulant au grandiose, mais hélas le premier adjectif revient plus souvent que le deuxième pour décrire ce qu'on entend. De toute manière, une option sur l'écran-titre permet de couper le son, ce qui économise un peu les batteries, contrairement au simple fait de baisser le son jusqu'au minimum, qui ne change pas la consommation. La musique est donc l'un des deux points négatifs de ce jeu.
Deux ? Oui, deux, puisqu'à la musique vient s'ajouter le fait de ne pas pouvoir contrôler ses persos hors des batailles. On passe directement de la carte du monde à une zone de combat ou de dialogue. Alors je sais que c'est quelque peu la norme dans les jeux de ce genre, mais avec Shining Force III, j'ai pris quelques habitudes, et c'est dur de les perdre.
Maintenant, revenons à un aspect très positif: la durée de vie. Comme je l'ai dit précédemment, il existe plusieurs scénarios, et chacun d'entre eux a une bonne durée de vie. De plus, il existe un Quest Mode, qui permet au joueur de partir à la chasse au trésor (et à l'expérience) dans des batailles à 5 contre 5 sur des maps spéciales, acquises en trouvant des grimoires dans le jeu principal. C'est au joueur de définir certaines des règles (un peu comme dans MSR sur Dream, si certains connaissent, même si c'était pas du tout un RPG), à savoir le nombre de tours maximal, et les conditions de victoire. Plus le pari est audacieux, plus la récompense est importante. Cette récompense consiste en des objets très rares, et pas mal d'argent. Cependant, il faut noter qu'à l'exception de la première quête, la participation à chacune des missions est payante. En contrepartie, un personnage qui meurt dans ce mode n'est pas perdu définitivement, contrairement à ce qui se passe dans le jeu principal. Enfin vient s'ajouter à tout cela un mode VS, qui permet à deux joueurs de s'affronter dans la même configuration de bataille que le mode Quest (maps spéciales, à 5 contre 5). On peut aussi s'échanger des objets via le câble de lien.
Je considère donc Tactics Ogre: Knight of Lodis comme une petite merveille, étant donné qu'on n'a jamais retrouvé autant de richesse dans un RPG sur console portable, que ce soit au niveau du scénario, des quêtes, des objets, des batailles, des persos,... Je vous conseille vraiment l'achat de cette version US, puisqu'Atlus a déclaré qu'il ne sortirait pas Tactics Ogre en Europe.
03/07/2002
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- Des graphismes agréables et colorés
- Un système de bataille à la fois complexe et accessible
- Une richesse phénoménale (énormément d’objets, de classes, d’emblèmes)
- Une durée de vie énorme (jeu principal très long, quêtes annexes, mode versus)
- Une atmosphère extrêmement réussie et travaillée (persos, décors, histoire : il y a même un calendrier local)
- Plein de noms français (je sais, c’est un détail, mais ça fait plaisir)
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- Des musiques assez peu satisfaisantes pour la plupart
- On ne peut pas se promener à sa guise!
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GRAPHICS 4/5
SOUND/MUSIC 3/5
STORY 4/5
LENGTH 4/5
GAMEPLAY 4/5
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