Titre mythique de la Gameboy, Gargoyle's Quest est réputé pour sa difficulté mais aussi sa grande qualité.
Spin off de la série Ghosts'N Goblins/Ghouls'N Ghosts (d'où le sous-titre sur l'écran titre), le jeu vit le jour en 1990 et reprenait le célèbre personnage de Firebrand (Red Arremer).
Près de 20 ans après sa sortie, j'ai décidé de me replonger dans un jeu qui m'avait résisté à l'époque, pour enfin rejoindre fièrement tous ces joueurs qui peuvent dire "oui, moi je l'ai fini", ce qui n'a aucun intérêt, sinon flatter son égo de petit gamer.
Les goules en péril
"Il y a très longtemps, le royaume des goules a évité un très grand péril.
L'armée des destructeurs est venue d'un univers voisin.
La victoire a été facile pour les puissants destructeurs.
Mais alors que plus personne n'y croyait plus, un grand feu s'embrasa sur le royaume, brulant l'armée ennemie.
Près de cent ans ont passé et le royaume est encore une fois menacé..."
Le royaume des goules est donc une nouvelle fois en proie à une terrible menace, des ennemis inconnus d'une grande puissance ont attaqué, et ont réussi à atteindre le roi. Avec leurs dernières forces, quelques goules parviennent à prévenir Firebrand, la gargouille à la peau rouge si particulière (comme ne le montre pas la pochette américaine), qui devient le dernier espoir d'un royaume au bord de la destruction...
A la croisée des chemins
Gargoyle's Quest est indéniablement un jeu assez atypique.
Si son déroulement - fait d'alternances de villages, de déplacements sur la carte et de donjons - est très classique et ne surprendra personne, il en va tout autrement pour les lieux eux-mêmes.
Alors que les villages et la carte du monde ont adopté une vue de haut, les lieux sont eux en scrolling horizontal, et sont très proches d'un Castlevania ou d'un Megaman. Firebrand tire sur tout ce qui bouge, peut planer, doit s'accrocher aux parois et réaliser des sauts au millimètre près pour avancer sans encombre, à la manière d'un pur jeu de plates-formes.
Au départ, Firebrand ne possède qu'une façon d'attaquer et ne peut planer que quelques secondes. Mais plus on avance dans le jeu, plus la gargouille exploite son potentiel, pouvant au final planer indéfiniment et possédant quatre attaques différentes, qu'il faudra apprendre à bien exploiter.
Le gain de nouveaux pouvoirs et de stats (Vol, HP...) est scripté et débloqué par l'histoire.
Les lieux ne sont pas les seuls endroits où il faudra vaincre des ennemis. Sur la carte, on a droit à deil nombreux combats aléatoires, comme dans tout RPG bien classique. Ceux-ci consistent en une petite arène dans laquelle se trouvent quelques ennemis et plates-formes, le but étant de vaincre tous les ennemis présents. A la fin de chaque affrontement, on récupère des fioles, qui peuvent être échangées en ville contre des talismans, indispensables.
Les villes, parlons-en justement. Réunissant uniquement nos amis les goules et gargouilles, elles sont un passage obligé pour savoir où aller en discutant avec la populace, échanger ses fioles, et surtout sauvegarder... par mot de passe.
Oui, comme de coutume à l'époque, il fallait penser à toujours avoir un petit crayon et un petit bout de papier pour pouvoir noter le code correspondant à sa progression.
Dur dur d'être une gargouille
Le jeu est dur, exigeant, presque élitiste, comme beaucoup de jeux en ce temps, mais celui-ci fait clairement partie du haut du panier.
Pas difficile dans son exploration, non, on avance sans grande difficulté, les indications étant toujours assez claires, et hormis un petit aller-retour à faire, il suffit souvent juste d'aller au lieu suivant. Cela ne signifie nullement qu'il n'y a pas d'énigme et qu'aller au lieu suivant est trivial, mais on ne passe pas des heures à se demander où se rendre.
Non, le jeu est incroyablement dur dans les lieux, chaque petite erreur de saut, d'appréciation est très vite sanctionnée. Et les pièges et monstres ne font pas de cadeaux, on est expédié au royaume des morts en quelques secondes.
Un exemple qui donne la mesure de la minutie avec laquelle il faut avancer : il faut régulièrement s'agripper aux parois pour récupérer du temps de "vol". Souvent, on s'accroche au premier mur venu et... Au moment de repartir, on se rend compte qu'il y a une petite famille de pics juste au-dessus de sa tête, impossible à esquiver dans sa position actuelle.
Il faut donc toujours avancer avec précaution, faire de petits repérages et bien préparer ses sauts, ses attaques, sachant que les ennemis vaincus réapparaissent dès que l'on s'éloigne un peu ! Heureusement que l'on peut embarquer un objet de soin avec soi, mais croyez-moi, ce sera rarement suffisant.
Comment ne pas évoquer le stress provoqué par certains passages ?
Poursuivi par un ennemi invincible, le vent freinant notre progression (mais pas celle de l'ennemi, évidemment), il faut avancer en réussissant chacun de ses sauts, tout en explosant des blocs de pierre pour pouvoir continuer, sur fond de tempêtes apocalyptiques... Crispant, mais finalement tellement bon !
Les boss ne dérogent pas à la règle, il sera rare de les vaincre du premier coup, il faudra souvent s'y reprendre à plusieurs fois pour trouver la bonne stratégie, exception faite du boss final, étonnamment facile, allez comprendre.
Le contrecoup de la beauté
1990/2009, le jeu va fêter cette année ses 19 ans. Il est étonnant de voir comme les graphismes ont bien vieilli. Exploitant à merveille la petite palette de 4 niveaux de gris, le jeu étonnait surtout par ses décors fouillés, ses sprites assez énormes et un style très classe. Aujourd'hui, ça peut paraitre exagéré, mais en 1990, c'était vraiment impressionnant, à l'époque des Tetris ou Super Mario Land.
Mais ces graphismes léchés et ces personnages énormes avaient un coût, et il arrive souvent que l'ensemble clignote et que des bouts de décors disparaissent lors d'écrans trop chargés, et, plus gênant, lors des affrontements contre les boss.
La bande sonore reste une des meilleures sur la console, malgré une qualité de son loin de ce qu'on a pu trouver par la suite, le jeu datant à peine de l'année suivant la sortie de la console. Mais les mélodies sont vraiment bonnes, et la musique de la carte est vraiment marquante.
Au final, malgré son système de sauvegarde lourd, son ergonomie pas toujours bien pensée (il faut choisir chaque action via un menu pour parler, chercher... C'est un peu pénible) et ses petits bugs graphiques, Gargoyle's Quest reste encore un jeu intéressant, qui occupera bien une grosse dizaine d'heures, à moins d'être un surdoué de la manette, le temps de jeu "utile" pouvant être estimé à quatre heures.
Gargoyle's Quest est un titre mythique de la Gameboy, original, beau et proposant un challenge plus que relevé, qui a très bien vieilli malgré l'emprise du temps.
Preuve qu'en 2009, même en 160×144 avec 4 nuances de gris, on peut prendre du plaisir sur un RPG qui est bon, tout simplement.
25/01/2009
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- Mélange original de plates-formes et RPG
- Graphismes plutôt réussis
- Musiques vraiment sympas
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- Pas mal de clignotements
- Système de sauvegarde
- Ergonomie générale
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GRAPHICS 3/5
SOUND/MUSIC 3.5/5
STORY 2/5
LENGTH 2.5/5
GAMEPLAY 3.5/5
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