En 2006,
The Elder scrolls IV: Oblivion m'avait déçu. Misant le succès du quatrième épisode sur sa grande accessibilité, les game designers de chez
Bethesda Softworks avaient, pour moi, perdu une partie de leur imagination. En proposant des environnements convenus, bien que graphiquement impeccables, et un bestiaire pas extraordinaire, ils avaient rendu l'exploration de Cyrodil beaucoup moins attrayante qu'à Vvardenfell, lieu du troisième jeu de la série,
Morrowind. Ce défaut associé à une quête principale démotivante m'avait un peu plombé le plaisir de jeu, mais le jeu restait tout de même bon notamment grâce à d'excellentes quêtes annexes et à un système de combat résolument plus agréable que dans l'épisode précédent.
Le 29 mars 2007,
Bethesda Softworks sort le premier et le dernier vrai addon pour
Oblivion :
The Elder Scrolls IV:Shivering Isles. Au début, je ne m'étais absolument pas intéressé à cette extension. Ce n'est que cette année que quelques screenshots sont venus "m'aguicher" et m'ont donné envie d'essayer. Malgré cela, je ressentais quand même une certaine appréhension en insérant le DVD.
"Dieu seul sait comment les fous auraient pu ne pas l'être"
Une fois l'extension fraichement installée, on charge notre sauvegarde et on attend 24 heures dans le jeu. Une quête se présente alors à notre héros, qui lui signale la présence d'un étrange portail sur un îlot non loin de Bravil, et comme tout bon aventurier, il y jettera un œil.
Étrange porte que voila ! Des personnes en sortent et semblent toutes avoir perdu totalement la raison, elles se mettent même à attaquer le garde ayant pour tâche de la surveiller, c'est fou ! Une voix retentit depuis le portail et ordonne qu'un champion mortel se présente et passe à travers la porte. Encore une fois, fort d'un courage sans borne, notre héros traverse le portail et se retrouve dans une sorte de bureau où l'attend un étrange personnage.
C'est donc la personne d'Haskill qui accueillera le joueur et qui lui signalera qu'il se trouve sur l'archipel des Shivering Isles, le royaume de l'altesse daedrique de la folie : Shéogorath. Celui-ci a fait appel à un champion mortel car il a définitivement besoin d'aide pour stopper la Marche Grise, une terrible invasion causée par Jyggalag, l'altesse daedrique de l'ordre. Ce sera donc le sujet de la quête principale de l'extension, et ne vous fiez pas au bref synopsis, le scénario de celle-ci n'est pas si classique que ça. Même si la trame n'est, en effet, pas un modèle d'originalité, elle gardera quelques agréables petites surprises.
Le joueur pérégrinera donc dans les Shivering Isles tout au long de cette extension. Cependant, celles-ci sont divisées en deux parties : Mania au nord et Dementia au sud. Ces deux contrées sont rivales et possèdent chacune une maison noble à côté du palais de Shéogorath, le souverain suprême du royaume. Ces "institutions" sont basées à la capitale des Shivering Isles, New Sheoth, située en plein sur la frontière entre Mania et Dementia. La ville se retrouve donc divisée en deux parties : Euphoria et Creuset. Mais au delà d'une différence géopolitique, Mania et Dementia sont des opposés parfaits en particulier dans l'apparence.
Malgré les différents entre Mania et Dementia, toutes deux sont fidèles à Shéogorath, le Dieu fou.
Le background de cet épisode n'est, comme dans tous les autres opus de la série, absolument pas en reste. Que ce soit via les dialogues, ou via les livres trouvés dans l'archipel, des éléments de background seront en permanence fournis au joueur pour peu qu'il prenne le temps de s'y intéresser.
Les personnages sont également une grande force de cet addon. Tous les PNJ sont plus ou moins atteints mentalement : cela ira de la paranoïa à la schizophrénie, de l'hypocondrie à l'obsession pour les animaux, ou tout simplement au débilisme profond. Les dialogues avec presque tous les personnages de l'archipel sont hilarants et passionnants, mêlant parfois le malsain au bouffon en passant par des phrases totalement incohérentes. C'est une ambiance extraordinaire et poignante qui est posée, et ce dès le début. Mentions spéciales à Haskill, à la duchesse de Dementia et au duc de Mania, ainsi qu'au sublime Shéogorath qui possède des répliques proches du culte et qui est doublé avec brio.
Au final, Shivering Isles tranche totalement avec Oblivion sur ce point. Le scénario principal est intéressant, les personnages mémorables, l'ambiance démesurée, certains moments de la quête principale sont tous simplement excellents et rappellent certains grands moments de Morrowind. Bref, c'est l'immersion totale et il devient extrêmement difficile de lâcher le jeu.
De l'art de retrouver l'imagination
Je pense ne pas médire en affirmant que beaucoup de joueurs ayant apprécié Morrowind ont déploré le manque d'inspiration dans le design global d'Oblivion. Je me suis longtemps dit que c'était pour des raisons de background, que Cyrodil était une région, somme toute, très européenne. Malgré cela, en tant que fan absolu du précédent épisode, je ne pouvais m'empêcher de regretter le plaisir que je prenais à explorer Vvardenfell, et le peu de plaisir que j'avais pris à explorer Cyrodil.
Shivering Isles tranche, encore une fois, totalement avec le jeu d'origine : le design est tout simplement redevenu inspiré, ingénieux. Mania et Dementia possèdent des paysages très différents, le premier étant un royaume très vif et coloré, le second plus sombre et marécageux. On retrouve d'ailleurs les "champignons géants" qui dominaient majestueusement de nombreux paysages de Vvardenfell.
On retrouve alors tout le plaisir de se balader à travers la cambrousse, de massacrer tout un bestiaire, renouvelé et plutôt original, sur le chemin d'une quête, puis de découvrir un fortin abandonné au milieu d'une vallée. Enfin, on retrouve le plaisir de se détourner de notre objectif initial pour parcourir ce donjon à peine découvert, pour reprendre ensuite le droit chemin.
Graphiquement, The Elder Scrolls IV n'a presque pas vieilli et cela quatre ans après sa sortie, on est toujours émerveillé devant les effets d'ombre et de lumière, devant les paysages à tomber par terre, devant le vent qui anime la flore. On remarquera seulement quelques modélisations anguleuses parfois, notamment au niveau des courbes de certains troncs d'arbre. Mais ce détail est infime et on reviendra très vite à la contemplation de l'univers et de sa qualité graphique qui impressionnait déjà dans Oblivion.
Les ajouts matériels des Shivering Isles
Le nouveau continent à explorer est plutôt grand, d'environ 1/4 de la taille de Cyrodil, il y a donc de quoi faire. Le soft rajoute évidemment la quête principale qui vous prendra globalement une vingtaine d'heures si vous prenez le temps de lire les dialogues et les quelques livres que vous trouverez.
Le titre ajoute également des quêtes annexes. Malheureusement, elles sont moins intéressantes que dans Oblivion au niveau de leur déroulement, mais ont présenté pour moi un intérêt : les dialogues avec les PNJ donneurs. Toujours en accord avec l'ambiance, ce seront les véritables récompenses de ces quêtes annexes, qui ne sont, en dehors de ça, pas indispensables. Il vous faudra globalement une trentaine d'heures pour voir le bout de votre expérience sur les Shivering Isles, ce qui est - je trouve - honorable pour un addon.
L'extension ajoute également des forgerons Maniens et Démentiens qui fabriqueront une armure complète et une arme de tous les types chacun, à partir de minerais que vous trouverez dans les donjons. Celles-ci ont d'ailleurs bénéficié d'un design soigné. De plus, vous aurez la possibilité d'ajouter un moule à ce minerai qui donnera un enchantement à l'arme ou à la pièce d'armure que fabriquera le PNJ. Si on ajoute les nombreuses récompenses de la quête principale, on obtient une garde robe assez remplie et qui suffit largement à une extension de ce type.
On pourra regretter le fait qu'aucune musique n'ait été ajoutée et que ce soient les mêmes mélodies planantes qui animaient les ballades dans Cyrodil que l'on retrouve dans les Shivering Isles. Mais, la bande son d'origine étant très bonne, on ne fera pas vraiment attention à ce détail, au final.
Pour finir, ce sera un petit coup de gueule, il est proprement scandaleux qu'après tous les retours négatifs sur la traduction d'Oblivion, celle-ci n'ait pas été plus soignée. Si ça reste moins grave que dans Oblivion, c'est parfois un peu énervant...
Aux Shivering Isles, les mentalités changent ... pas le gameplay
Le gameplay reste bien évidemment le même : la liberté est, à nouveau, totale, vous pouvez faire ce que vous voulez, de l'assassinat au vol à l'étalage, le tout est de ne pas se faire prendre par les gardes. Le système de combat est inchangé, c'est de l'Action-RPG à la première personne. Les attaques se font d'un clic, les parades d'un autre et les magies s'activent via une touche du clavier. Rien de nouveau sous le soleil donc, pour plus d'informations, reportez vous à la
review d'Oblivion.
Je répète, encore une fois, que le jeu pousse beaucoup plus à l'exploration, en effet que ce soit la capitale ou les petits hameaux, les villes ne sont pas directement accessibles via le fast travel. Mais selon comment vous avez apprécié
Oblivion, cela vous marquera ou ne changera pas vraiment.
La seule différence qui se ressent un peu au niveau du gameplay est la gestion de la "difficulté adaptive" qui était devenu un gros mot avec
Oblivion. Ici, c'est totalement différent. Déjà, l'aventure est accessible à tous les personnages qu'ils viennent d'être créés ou qu'ils soient déjà vétérans d'
Oblivion, de plus, dites adieu au bestiaire qui disparait tous les 5 niveaux. Ici, ce sont réellement les monstres qui deviennent un peu plus difficiles à battre. Enfin, dans cette extension,
Bethesda Softworks a eu la bonne idée d'inclure très peu de PNJ agressifs possédant des armures, pour éviter de remplir les poches des personnages haut niveau trop facilement. Ces armements ne se trouvent que rarement dans les "coffres" des donjons, un peu à la manière des sacs daedriques dans les plans d'
Oblivion.
Shivering Isles est un excellent addon. En Alliant un design plus inspiré et une quête principale passionnante aux mécanismes et atouts d'Oblivion - tel son système de combat (plus agréable que dans Morrowind par exemple) ou ses graphismes - on obtient un jeu vraiment excellent qui pour moi surpasse aisément le jeu de base. Les fans de Morrowind seront comblés de retrouver des aspects qui leur plaisaient dans ce dernier et seront assurément conquis par l'ambiance qui se dégage du titre. Ceux qui n'ont pas fait le troisième épisode de la série trouveront toujours The Elder Scrolls IV aussi bon dans cette extension, pour peu qu'ils adhèrent à l'atmosphère générale du soft.
N'hésitez plus ! Évadez-vous de nouveau des prisons de la cité impériale ou ressortez votre bonne vieille armure daedrique (récupérée sur un pauvre bandit) devenue poussiéreuse, et plongez vous dans l'incroyable ambiance qui règne au royaume où les plus fous sont rois.
02/02/2010
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- Le design !
- Le nouveau bestiaire
- La quête principale vraiment bonne
- Les personnages
- L'humour
- L'ambiance complêtement démente
- Le background encore...
- Le gameplay d'Oblivion agréable et accessible
- Le plaisir d'explorer est de retour
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- Les quêtes secondaires dispensables
- Pas de nouvelles musiques
- Traduction peu améliorée par rapport à Oblivion
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GRAPHICS 4.5/5
SOUND/MUSIC 3.5/5
STORY 4/5
LENGTH 4.5/5
GAMEPLAY 4.5/5
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