Des T-RPG sortis uniquement au Japon sur Saturn, il y en a plein, dont le nom n'évoque souvent rien à l'amateur européen. Terra Phantastica est l'un deux. Pourtant, ce n'est pas un T-RPG de plus, c'est même plus qu'un simple T-RPG. Un coup de maitre de SEGA, qui signe ici l'un des T-RPG les plus originaux de la génération.
Une amnésique pour sauver le royaume
On incarne le rôle de Deene, une jeune guerrière amnésique qui est chargée de commander les troupes de sa patrie, Mais (c'est le nom, ça se prononce "Maïce"), contre les nombreuses troupes ennemies qui veulent envahir le pays. Après l'assaut avorté d'un démon tentant de s'infiltrer dans le château principal, Deene part avec son armée bouter les démons hors des terres de Mais, jusque dans les plus profondes terres maudites infestées de démons.
Mais Deene possède une autre mission d'envergure, elle est aussi chargée de l'éducation du jeune prince du pays, à qui elle doit tout apprendre sur l'art de la guerre.
Ainsi démarre une quête à travers le continent pour ramener la paix, et retrouver la mémoire. Une quête identitaire en pleine guerre, Deene aime le défi.
Un système demandant beaucoup d'élan
Après une introduction en image de synthèse plutôt bien mise en scène mais de qualité moyenne (c'est assez pixéllisé, comme de coutume), on aborde la première bataille. Au niveau du système de jeu général, on est face à un Tactical pur et dur, sans village. Les déplacements se font de manière classique: on sélectionne le personnage à jouer, et on lui donne des instructions. Comme dans Final Fantasy Tactics et Legend of Kartia entre autre, les tours d'attaque des ennemis et le notre sont bien séparés et alternés. Première originalité, on possède une barre une barre "d'élan". Cette barre détermine le nombre de fois que l'on peut se déplacer et attaquer, et l'on peut la recharger grâce à une commande qui cnsomme un tour. Il faut donc bien doser les attaques, les déplacements pour ne jamais être à cours de points. Une fois à proximité d'un ennemi, on peut l'attaquer et une scène de combat se déclenche. Celles-ci sont très originales : vous avez au maximum trois tours d'attaque (le nombre de tours est déterminé par vos points d'élan), et si personne ne meurt au cours de cet affrontement, l'équipe ayant essuyé le plus de dégâts est déclarée vaincue et recule d'une case sur le terrain (un peu à la manière d'Ogre Battle, dans un genre résolument différent). Vous pouvez changer la nature de votre formation à tout instant, sachant qu'une formation puissante possèdera moins de mouvement, et inversement.
A noter que les aires de combat sont immenses et que les combats sont très stratégiques, inutiles de chercher à foncer dans le tas tête baissée. Tous les personnages n'ont pas accès aux magies et il faut prévoir plusieurs magiciens dans l'équipe (au moins deux minimum). Les magies sont très bien rendues et font très mal mais sont en nombre limité, il vaut ainsi mieux les réserver pour les boss. Détail important, il n'y a pas d'objet. Les régénérations se font à l'aide d'une case spéciale sur les terrains, et si vous vous trouvez dessus à la fin du tour, vous reprendrez un certain nombre d'HP. Ce système est déroutant et pas forcément bien pensé, car lorsque l'on possède blessés graves, il faudra un grand nombre de tour pour les remettre aptes au combat. Sachant que les guerriers tombés au combat sont impossibles à ressusciter (sauf exceptions rares), et qu'il est impossible de sauvegarder pendant les missions (pouvant facilement excéder une à deux heures de jeu), il convient d'évoluer avec la plus grande prudence.
A noter que de nombreuse interactions avec la carte sont possibles, permettant de débloquer des actions spécifiques influençant le combat (tel un barrage détruit, libérant un puissant torrent qui emporte tout sur son passage) ou encore de récupérer des personnages cachés.
Il y a en tout une grosse vingtaine de personnages différents, ayant chacun leur spécificité (par exemple être tout pourri pour certains).
Un petit coté SLG
Entre chaque chapitre, on peut gérer les affaires domestiques de l'armée, avec comme aspect majeur l'éducation du prince du royaume. A vous de voir si vous voulez amener le prince à être un preux et vaillant roi, ou une lopette raillée par tous. On peut également dialoguer avec tout un tas de personnages formant l'armée de Deene.
Sans être poussées, ces phases permettent de couper le succession de combats en mettant plus en valeur les relations entre les personnages.
Le scénario est très travaillé et assez mature, avec une très bonne mise en scène, soutenue par de très beaux artworks. Il ne sera pas rare que les horreurs de la guerre soit traitées sans légèreté, et il arrive de se battre au milieu de villes mises à feu et à sang par les forces ennemies.
Le jeu propose également quelques embranchements, avec le choix entre plusieurs missions sur la carte, ce qui influence directement le scénario du jeu !
Pour le reste, la carte sert juste à choisir sa future destination, et reste simpliste.
Une finesse admirable
Les graphismes sont en 3D isométrique, très colorés et détaillés, avec un style heroïc-fantasy classique, mais assez sombre. Le design est particulier, à mi chemin entre le style européen et celui des manga, c'est atypique mais le résultat vaut vraiment le coup d'œil. Mention spéciale aux démons, réellement imposants. Les aires de combats sont d'une finesse rare, ça regorge de détails, et de nombreux jeux de lumière mettent en valeur la période de la journée ou l'évolution du temps. Les scènes d'attaque ne sont pas en reste, et font intervenir des sprites superbes, grands et bien animés. Sans être le plus beau jeu de la machine, Terra Phantastica régale.
Musicalement, c'est très réussi, avec des thèmes épiques accompagnant à merveille les différentes situations. Hélas, la variété n'est pas vraiment de mise, et l'on entend toujours les mêmes thèmes, ce qui finit par lasser quelque peu. Les bruitages sont assez convaincants, et l'on note même quelques doublages.
Enfin, sachez que le jeu est assez long, environ 45 heures pour tout boucler.
Terra Phantastica n'est pas exempt de défaut, mais il s'impose comme un incontournable du genre grâce à l'originalité de son système de jeu. Très beau, parfaitement équilibré dans sa difficulté et passionnant, il se révèle en outre très accessible malgré la barrière de la langue.
Un T-RPG incontournable de l'ère 32 bits.
04/12/2001
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- Le système de combat excellent!
- L'ambiance générale et le design
- Des combats dans des grandes cartes avec plein de persos c'est la classe!
- Long et passionnant
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- On peut pas sauver pendant les batailles (parfois très très longues)
- On peut pas ressusciter les morts c'est très chiant
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GRAPHICS 4/5
SOUND/MUSIC 3.5/5
STORY 4/5
LENGTH 4/5
GAMEPLAY 4/5
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