Level-5 a depuis quelques années le vent en poupe, après avoir excellé sur Playstation 2 grâce à des titres comme
Rogue Galaxy ou
Dark Chronicle, le développeur a pu obtenir le droit de travailler sur des projets bien plus importants comme la grande série phare du Japon,
Dragon Quest, ou collaborer avec Ghibli pour nous pondre les très attendus
Ni No Kuni sur différents supports. A côté de ça, le studio désormais célèbre n’hésite pas à innover principalement sur Nintendo DS, comme avec le jeu dont je vais vous parler aujourd’hui,
Inazuma Eleven. Mélange hybride d'un RPG footballistique à la sauce Captain Tsubasa, combiné à un côté
Pokemon assumé, la série est arrivée au Japon en 2008 et depuis, chaque épisode provoque un petit raz-de-marée. A l’heure où j’écris ces quelques lignes, un quatrième opus est en développement sur 3DS, ainsi qu’une adaptation sur Wii.
Grand père, quand je serai grand, j’aurai une belle moustache comme toi…
Inazuma Eleven narre l’histoire du collégien Mark Evans, passionné de football depuis de nombreuses années grâce à son grand père qu’il n’a jamais eu l’occasion de connaitre mais qui lui a transmis sa passion du ballon rond en lui léguant ses gants, ainsi que deux étranges carnets qui semblent expliquer de mystérieuses techniques. Malheureusement pour notre jeune héros, la situation de son club de foot est tout simplement calamiteuse : seulement 7 joueurs complètement démotivés, un terrain d’entrainement impraticable à cause des autres clubs et la menace de la dissolution du club en cas de défaite contre la meilleure équipe du moment, la Royal Academy. Tout ceci n’avait vraiment rien d’engageant et effectivement ce que l’on pouvait supputer arriva, malgré de nouvelles recrues et de nombreuses heures d’entrainement. A la mi-temps, le score était sans appel, notre pauvre équipe au bord du gouffre se retrouve menée 20-0, qui plus est, pour éviter d’être davantage humilié, un de nos joueurs décide d’abandonner, on se demande alors comment va-t-on bien pouvoir s’en sortir ? Le salut viendra finalement d’un nouvel élève Axel Blaze qui ne supportant plus de voir ce qui se passe décide de remplacer le lâche qui nous a abandonné. Dans le même temps, notre jeune héros percera le secret de la Main Divine de son grand père et bloquera un tir puissant, pour passer la balle à notre énigmatique nouveau camarade, qui marquera un but superbe et redonnera espoir un court instant à notre valeureuse équipe. Contre toute attente la terrible Royal Academy décide subitement d'abandonner le match, l'honneur est presque sauf et l'avenir du club aussi.
Sauver in extremis, nous ne sommes pourtant qu’aux prémices de notre aventure et les difficultés ne font que commencer, car le but final est tout de même assez ambitieux, il s’agit de remporter le tournoi national. Pour cela, il faudra remporter tous les matchs qui remplaceront le traditionnel boss final dans un RPG classique durant les 10 chapitres du jeu.
Le jeu offre une liberté de déplacement vraiment agréable, les graphismes très réussis aidant grandement à l'immersion dans l'univers du jeu. Pour les adeptes d'animés, vous reconnaitrez aisément la structure d'un collège Japonais ou des quartiers plus calmes, et plus vous avancerez dans l'histoire principale, plus vous débloquerez de zones à visiter comme la gare ou la rue commerçante.
C'est donc durant ces différentes sections que le scénario se développera tranquillement, assez léger au final, la faute à des personnages bien trop stéréotypés. On aura tout de même droit à quelques révélations au fur et à mesure que l’on avance dans l‘histoire. Et on en apprendra plus sur l’Inazuma Eleven, l’équipe imbattable du collège Raimon qui n’a pas donné signe de vie après un abandon mystérieux lors de la finale du tournoi national 40 années auparavant.
Et 1 et 2 et 3 et 4 et 5...
Venons en maintenant à la structure principale du jeu, c’est à dire les matchs. Jouables à 11 contre 11 comme le veut la tradition, vous y retrouverez également toutes les règles classiques du football comme le hors jeu, la touche ou les coups francs. Agrémenté par 2 mi-temps fictives de 30 minutes chacune, vous imaginez bien que les rencontres ne durent pas une heure, un match ne dépasse en effet que rarement les 5 minutes. Seulement jouable au stylet mais très facile d'accès, on comprend très rapidement le principe, l'écran du haut sert à indiquer le score et le le temps, celui du bas là ou se déroulera l'action, et pour effectuer une passe, il suffira d'une simple pression vers un autre joueur et pour tirer, tracer un trait vers la cage. Si vous vous souvenez bien, au préalable je parlais d’une inspiration à la Captain Tsubasa. Et bien sachez qu’Inazuma Eleven va bien plus loin dans les techniques loufoques et farfelues, toutes très bien animées et bien pensées, elles donneront lieu à des matchs spectaculaires, sur le papier du moins. Car si au départ on est très emballé de voir des Tornades de feu, des Mains divines, ou encore des Dribbles Rafales, on se rend compte que beaucoup de techniques reviennent régulièrement chez nos adversaires. Et ce n’est pas le gameplay qui va rendre les matchs moins redondants, loin d’être alambiqués, pour ne pas dire d’une facilité déconcertante, vous finirez par adopter un schéma identique lors de chaque rencontre. Il suffira simplement de se retrouver dans une bonne position pour frapper au but, fier d'envoyer au pauvre gardien adverse le tir spécial que vous venez de débloquer, censé être la clé pour vaincre l’équipe adverse et le tour est joué. Voilà comment vous remporterez tous vos matchs 5-0 sans le moindre problème annihilant du même coup les nombreuses subtilités de gameplay que le jeu essaie d’introduire.
Parce que l'intention était bel et bien là, et on peut vraiment regretter que tout cela ne serve quasiment à rien à cause du niveau pathétique de nos adversaires. Pour commencer, faire intervenir les éléments aurait pu être quelque chose d'intéressant si bien maitrisé, chaque joueur possède en effet son propre élément feu, terre, air et bois fonctionnant sur les bases du Jan-ken-pon. Malheureusement, je n’ai jamais senti que ce paramètre entrait en compte lors de duels. Lors de ces même confrontations en défense par exemple, on nous annonce que l'on devra faire un choix parmi 2 possibilités, le blocage a moins de chance de réussir mais vous garanti de conserver le ballon contrairement au tacle qui marchera quasiment à tous les coups, là non plus je dois avouer que le ballon m'a rarement échappé des pieds et que je n'ai pas remarqué la nuance annoncée dans les options qui s'offrent à nous. Il faut également savoir que nous avons la possibilité une fois par match de passer en mode frénésie tout comme l'équipe adverse, et durant une poignée de secondes vous bénéficierez de divers effets positifs, un meilleur ratio de réussite lors des confrontations et des tirs, et une augmentation de puissance de 15% pour les techniques spéciales. Et pour une énième fois, je n'ai jamais eu à utiliser ce bonus, tant les adversaires n'opposent aucune résistance. En revanche, ne croyez pas que vous pouvez faire ce que vous voulez sans vous épuiser. Chaque geste que vous effectuerez consommeront des points, le plus anodin comme un dribble ou un tir iront puiser dans vos PT, et les techniques spéciales viendront directement prélevés vos PE. Les matchs étant relativement courts, à peu près 5 minutes vous ne devriez rencontrer aucun problème si vous avez pris la peine de vous restaurer avant chaque rencontre.
Enfin, vous pourrez également débloquer de nouvelles formations pour votre équipe en fouillant dans les coffres et surtout en vainquant vos adversaires. C'est à dire que vous copierez honteusement leur façon de jouer mais sachant que ce n'est pas du tout l'esprit "Inazuma Eleven", je suis évidemment resté en formation basique durant tout le long du jeu.
Tu deviendras fort mon fils ou mon petit fils...
Outre les matchs, durant vos déplacements, pour remplacer les combats aléatoires sur les maps, vous serez régulièrement défiés par des joueurs d'autres clubs, ces phases là se jouent à 4 contre 4 durant une trentaine de secondes et proposeront différents challenge comme, marquer le premier but, intercepter le ballon ou défendre son propre but. Cela vous permettra d'engranger de l'expérience, des points d'amitiés et de motivations, ne vous inquiétez pas, je reviendrais plus tard sur leur utilité, encore une fois, ces petits affrontement deviennent rapidement rébarbatifs mais ont le mérite d'être heureusement assez courts.
Sachez que vous pourrez profiter d'une ribambelle de possibilités pour développer les stats de vos joueurs. En plus des défis dont je viens de parler, vous aurez la possibilité de rejouer contre toutes les équipes que vous avez battu autant de fois qu'il vous plaira dans des matchs amicaux. Vous aurez également à votre disposition de nombreuses lueurs symbolisées par le fameux éclair "Inazuma Eleven" distillés un peu partout, vous ne manquerez pas de les voir lors de vos promenades. Nous pouvons donc revenir sur ces points de motivations que l'on pouvait remporter dans les défis, et bien voilà comment les utiliser, chaque éclair correspond à une compétence propre comme la défense, la puissance ou la précision. Au départ cela ne vous coûtera qu'une cinquantaine de points, pour augmenter petit à petit à chaque fois que vous ferez faire le même entrainement à un même joueur. Rassurez vous, vous disposerez toujours d'une multitude de points pour booster vos personnages, il vous faudra seulement accepter les défis qu'on vous lancera pour obtenir un capital satisfaisant.
Mais si vous souhaitez aller encore plus loin, vous pourrez alors profiter du centre d'entraînement mythique Inabikari, utilisé par la légendaire équipe Inazuma Eleven. Vous aurez la possibilité d'augmenter toute l'équipe dans un seul domaine, choix qui devra s'effectuer avant d'entamer la série d'épreuves. Au programme, une série de défis (oui encore) qui vous ouvrira des portes au fur et à mesure pour atteindre le Saint Graal, un match contre l'équipe Inabikari, et il faudra venir à bout de ces valeureux adversaires pour valider vos compétences.
Enfin, n'oublions pas que nous sommes dans un RPG, les traditionnels armures ou épées sont cette fois ci remplacées par des crampons ou des maillots qui bien entendu boosteront différentes stats de vos joueurs. Vous pourrez en trouver dans les nombreux coffres ou en acheter en boutique en vous délestant à nouveau de quelques points de motivations.
Marcel, Raymond et Robert en avant !
Parlons maintenant de l'un des points importants du jeu, obtenir de nouvelles recrues. Au départ seulement 11, vous aurez la possibilité de recruter une pléiade de joueurs par différents biais.
En revanche, n'espérez pas vous en occuper vous même en discutant au hasard avec les PNJs, il faudra à chaque fois passer par l'une de vos 2 manageuses du club qui possèdent deux méthodes différentes.
La première, Célia Hills, vous proposera d'effectuer vos recherches par critères de sélections, comme le poste, le nom, son club, son élément ou ses stats de prédilection. À côté de ça, vous aurez un arbre de relation qui s'étoffera à chaque fois que vous avancerez dans le scénario principal. Le principe est toujours le même et devient juste imbuvable à longueur de temps et ces 1000 joueurs qui nous faisaient envie vont devenir votre pire cauchemar. Voilà le terrible rituel qui vous attend encore et encore, lorsque vous avez décidé qui prendre, vous prévenez Célia qui vous indiquera sa position et vous délestera de quelques points d'amitié. Vous pensez qu'il suffit juste de lui parler et bien non, il va encore falloir réaliser un défi à 4 pour prouver à cette insolente recrue que notre club de foot mérite qu'on s'y intéresse.
La seconde méthode se déroule avec l'antipathique
Nelly Raimon, la fille du directeur qui vous permettra de transférer les joueurs des équipes vaincues préalablement, et là aussi, la méthode est fastidieuse. Il vous faudra parler à Nelly qui enverra son homme à tout faire effectuer une sélection de 5 joueurs, sachant que vous ne pourrez pas choisir le poste, c'est au petit bonheur la chance. L'attente est longue avant d'être rappelé et une fois la liste établie, Nelly nous enverra trouver la personne adéquate pour l'engager, pourquoi faire simple quand on peut faire compliquer.
Au niveau de la bande son, quand on voit le nom de
Yasunori Mitsuda, on s'attend forcément à du lourd, et pour un jeu plus léger, il s'en tire plutôt bien en proposant des thèmes sympathiques mais probablement pas mémorables.
En revanche, pour notre version française, nous avons le droit à un
immonde générique que même
Bernard Minet aurait refusé de chanter. Quant aux comédiens de doublage qui tentent de donner vie aux protagonistes dans les scènes animées, sans être exécrable, ils font le strict minimum, et on ressent un petit effet "s'adresse au moins de 12 ans".
Enfin pour terminer sur la page localisation française, exit les Mamoru Endō, Gouenji Shuuya, place aux Mark Evans et
Axel Blaze. Des noms à connotation bien plus occidentale comme l'a si bien réalisé à son époque, son illustre ainé "Olive et Tom".
Dernière chose à savoir, après avoir terrassé la dernière équipe, vous sauvegarderez en fait juste avant le match final ce qui vous permettra de continuer à recruter des tonnes de joueurs. Et par la même occasion de débloquer une nouvelle épreuve qui vous confrontera à des équipes plus puissantes dans lesquels des petits scénarios entreront en jeu pour espérer la victoire.
On peut donc saluer la durée de vie très élevée du jeu qui vous scotchera à votre DS très longtemps si vous passez outre les nombreux défauts.
Au final, je ressors de cette expérience assez mitigé. Inazuma Eleven est plein de bonnes intentions et regorge de bonnes idées en proposant de surcroît un contenu riche, malheureusement effacé par une maladresse certaine et une probable envie de casualiser le jeu. On se retrouve du coup avec un titre qui rate son ambition première, à savoir amuser le joueur. Il devrait néanmoins ravir les plus jeunes, mais plaira moins aux joueurs plus aguerris qui risquent d'y trouver une certaine monotonie et un agacement pour ces matchs clonés et son système de recrutement laborieux et frustrant.
07/02/2011
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- Des techniques spéciales visuellement plaisantes
- Liberté de déplacement appréciable
- La patte Level-5 qui offre de très jolies scènes animées
- Durée de vie colossale
- Contenu riche et varié...
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- malheureusement mal exploité
- Matchs et défis ultra répétitifs
- Pas le moindre challenge
- Système de recrutement indigeste
- Générique Français atroce
- Un mode multi seulement local
- Personnages niais
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GRAPHICS 3.5/5
SOUND/MUSIC 3.5/5
STORY 3/5
LENGTH 4.5/5
GAMEPLAY 3/5
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