Legend of Mana est le quatrième épisode de la série Seiken Densetsu qui a accouché de trois épisodes cultes, dont le célèbre Secret of Mana. Très différent de ses prédécesseurs et s'éloignant légèrement de l'Action-RPG classique, Legend of Mana est surtout un hymne à la poésie et à la contemplation.
Après une introduction plutôt floue, on est lancé dans le grand bain... Et le moins que l'on puisse dire, c'est que les premiers moments du jeu sont déroutants. En effet, après avoir choisi son personnage (fille ou garçon) et une arme, les premières actions demandées sont le choix d'une région pour commencer et, ceci fait, d'installer sur le terrain vierge une boite à lettres. Cette dernière se transforme aussitôt en votre maison. Puis plus tard, on nous demande d'installer un autre objet sur la carte qui deviendra une ville...
Le but du jeu est le suivant : afin de ressusciter l'arbre Mana - synonyme de vie dans le monde - il faut retrouver des objets, appelés " artefacts ", où est scellée la force Mana. A chaque artefact retrouvé, on doit le placer sur la carte de la région et il se transformera en lieu, ville ou donjon. D'ailleurs, sur la carte du monde, il y a une case où l'on peut suivre l'évolution de l'arbre Mana, de la graine à l'énorme tronc. A chaque artefact placé, l'arbre pousse, représentant la renaissance des forces de la vie dans ce monde. Il y en a 27 en tout.
Pour retrouver ces fameux artefacts, il faut accomplir une multitude de minis-scénarios ayant des objectifs pour le moins variés : retrouver une charmante jeune fille, vendre des lampes, arrêter des jeunes sorciers, empêcher la conquête du monde par les fées... Il faut rencontrer, au bon endroit et au bon moment, certains personnages pour pouvoir les débloquer. D'ailleurs, quelques-uns se joindront aux héros le temps d'une aventure. C'est en suivant les destins et les histoires parfois tragiques mais souvent magnifiques des différents personnages - qui n'ont pour quelques-uns rien à voir avec les autres - que l'on avance dans le jeu. Ils en sont l'essence même.
Pourtant, beaucoup de ces " missions " (au nombre impressionnant de 68 !) n'aboutissent pas sur l'obtention d'un artefact. Il faudra donc en faire le plus possible pour être sûr de tous les retrouver. Heureusement pour nous, il est possible de consulter à tout moment l'objectif des intrigues, il n'est pas rare, en effet, d'en entamer plusieurs en même temps !
La plupart des missions proposées donneront la part belle aussi bien à l'exploration de souterrains humides qu'aux combats. Le jeu étant entièrement en 2D, l'exploration reste classique pour la série. Le système de combat, par contre, a été retouché. Contrairement aux précédents Seiken Densetsu où on avait affaire à de l'Action-RPG traditionnel, Squaresoft nous propose ici une sorte de compromis entre l'Action-RPG, le Classical et le jeu de baston. Si la progression dans un niveau ne surprendra personne (hormis l'absence visuelle de l'arme du héros et de ses compagnons), le jeu passe à une vue de profil quand l'escouade arrive près d'un endroit infesté de monstres, puis l'espace de mouvement devient limitée. Puis les ennemis apparaissent tout d'un coup à l'écran et la bataille commence...
Alors comment expliquer ces combats ? Déjà, même avec la vue de profil, les différents protagonistes peuvent se promener un peu partout dans la zone de combat et slasher comme bon leur semble les ennemis. C'est un bon point. Ensuite, ils peuvent en dehors de l'attaque et ses deux style - des coups rapides mais faibles ou un coup fort mais lent - effectuer d'autres actions basiques en combat : sauter, feinter, contre-attaquer.... Le joueur ne peut utiliser que deux de ces commandes qu'il devra assigner à des touches. De même, les héros peuvent jeter des sorts et réaliser des attaques spéciales.
Les attaques spéciales d'abord : le héros doit s'habituer à l'arme qu'il manie ; à force de combattre, il apprendra quelques techniques mortelles. Mais comme chaque arme a un maniement particulier, il devra réapprendre de nouveaux coups s'il s'équipe d'un nouveau type d'arme. Pour utiliser ces techniques, il devra de la même manière que les autres actions les programmer sur les touches de sa manette. Pour déclencher ces attaques foudroyantes, le héros devra remplir la barre se situant en dessous de celle des HP et appuyer sur le bouton assigné a l'attaque désirée. La barre se remplit à chaque coup que le personnage porte à un adversaire. Concernant les sorts, c'est assez particulier. Dans ce jeu, pas de question de points de magie. Tout d'abord, il faudra trouver ou créer des objets magiques, qu'il faudra assigner comme les coups spéciaux à une touche. Dans un combat, il faudra maintenir appuyé le bouton le temps que la barre de magie se remplisse puis le relâcher. La magie agit dans son propre champ d'action, que l'on peut voir juste quand on commence l'invocation. Le nombre de fois qu'un sort peut être jeté est infini.
A chaque ennemi vaincu - et non pas quand le combat est terminé - apparaît au sol soit un objet, soit de l'argent, soit un remède (utilisable uniquement au cours de ce même combat), soit des points d'expériences représentés sous forme de diamants. Tous ces bonus disparaissent après un certain laps de temps si on ne les prend pas, même les points d'expériences ! Drôle de système quand même, mais on s'y fait. Il faut donc repartir équitablement les points d'expériences entre les alliés... ou tous les prendre pour avoir un personnage surpuissant !
Comme les deux épisodes précédents, on peut jouer à plusieurs, ici deux joueurs, le second incarnant un allié. Mais il n'a que peu d'influence sur le jeu, en dehors des phases de combat. En parlant des combats, il faut admettre qu'ils ne sont pas exempts de défauts : on ne peut pas, par exemple, fuir un combat dès lors qu'il est engagé. Il n'y a pas non plus d'écran de statut accessible en combat ; on doit donc s'équiper en armes, armures et objets avant... Cela enlève un peu de stratégie aux confrontations.
Mais plus important et dommageable encore : les combats sont beaucoup trop simples, il n'y a aucun défi, et en dehors des affrontements contre les boss (et encore), on ne se préoccupera que peu de sa façon de combattre.
Il est possible de faire encore plein d'autres choses comme élever des monstres. Pour cela, il faut trouver un œuf et le capturer, puis ceci étant fait, il faut lui donner un régime spéciale jusqu'à qu'il éclose. C'est un moment important car c'est là que se définit le type de créature engendrée. Un fois né, cet animal pourra servir de compagnon et combattre aux cotés de son maître. La création de golems est aussi possible et, comme les monstres, ils pourront servir au combat. Il faut cependant beaucoup d'objets pour en fabriquer et, par conséquent, être riche (comme toujours !). Faire pousser des fruits à ses heures perdues en donnant des graines à un arbre à coté de la maison est aussi une possibilité pour avoir des fruits rares, et ainsi pouvoir les donner au œufs de monstres. Mais le plus intéressant est sans conteste la création d'objets magiques, qui n'est pas évidente au début... Pour résumer, il faut trouver des esprits élémentaires et leur jouer un air de musique ; on a le choix entre tous les instruments possédés, quatre types de musiques et deux lignes musicales différentes. Si l'esprit aime bien, il s'approchera et ce sera à ce moment-là qu'il faudra lui parler. Il lâchera des pièces magiques, que l'on on associera avec un objet banal pour obtenir un instrument magique.
En ce qui concerne l'aspect graphique, c'est simple, je crois que c'est le plus beau jeu en 2D jamais sorti. Les paysages, les personnages, sont tous fins, colorés, beaux. Les personnes ayant déjà joué à Saga Frontier 2 (Squaresoft aussi) retrouveront quelque chose d'assez similaire, en un peu moins pastel et plus détaillé.
De plus, l'ensemble est parfaitement animé, rapide et sans saccade. Compte tenu de la taille des boss, parfois gigantesque et ayant du mal à tenir dans l'écran, c'est une sacrée prouesse.
Et que dire des musiques... Quel mot les décrirait mieux que "magnifiques" ? Honnêtement, c'est dur de faire mieux et elles contribuent grandement à l'ambiance féerique et parfois même romantique de Legend Of Mana. Aucune fausse note concernant l'univers sonore du jeu, les bruitages étant eux aussi d'une grande justesse.
La durée de vie peut être très longue comme très courte. Personnellement, la première fois que je l'ai fini, ma sauvegarde affichait environ 16 heures... mais je suis passé à coté de l'essentiel. En effet, le jeu offre une véritable liberté et le joueur n'est pas obligé de remplir tous les scénarios pour le finir. C'est là finalement tout son intérêt, car il propose d'avancer dans l'aventure à son rythme, sans contrainte. N'importe qui - après une période d'adaptation bien nécessaire, surtout que le jeu est en anglais - peut y jouer. Et ce, malgré toutes les innovations et un système de jeu particulier qui ne nuisent cependant en aucun cas au gameplay.
Squaresoft nous propose avec ce quatrième Seiken Densetsu un jeu riche, profond, innovant, qui est empreint de poésie et de mélancolie... Assurément l'un des meilleurs Action-RPG sur Playstation.
Ne reste qu'une seule question : pourquoi n'est-il pas sorti en Europe?
08/02/2004
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- Les graphismes excellents
- Les musiques magnifiques
- Les personnages attachants
- L'ambiance féerique
- L'élevage de monstres
- La création de golems et d'objets magiques
- 68 scénarios !
- Une grande liberté dans déroulement du jeu
- Des innovations qui ne nuisent pas au gameplay
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- Un concept qui ne plaira pas à tous
- Pas de fuite possible ni de véritable stratégie en combat
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GRAPHICS 4.5/5
SOUND/MUSIC 5/5
STORY 4/5
LENGTH 4.5/5
GAMEPLAY 4/5
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