Tentaculaire série que Super Robot Taisen. Née il y a 20 ans de cela sur la petite Game Boy, la saga de Banpresto - dont la particularité est de proposer crossovers de personnages, scénarios et unités tirés d'animés ou de mangas dédiés aux mechas (Gundam, Mazinger/Goldorak anyone ?) - est devenue depuis une véritable institution au Japon, et la sortie de chaque nouveau volet est un petit évènement. Pourtant, 20 ans après et plus d'une cinquantaine de jeux au compteur, SRT s'est autant risqué à sortir hors des frontières nippones (principalement pour des problèmes de droit) qu'à dévier du carcan du Tactical-RPG qui est sa marque de fabrique, c'est à dire extrêmement peu. Chose que Monolith Software, maintenant sous la coupe de Nintendo, décide de chambouler un peu lorsqu'on lui demande de produire un jeu DS basé sur la licence, et fait copain-copain avec Banpresto pour proposer sa recette bien à lui du monde des robots géants.
"Welcome to Lost Herencia. Let me run the welcome wagon right over your ugly ass!"
Bienvenue dans le monde de Endless Frontier !
- Particularité : Gigantesque univers composé de multiples mondes de différentes époques, reliés entre eux par des portails appelés
Cross Gates.
- Population : impossible à définir ; ça va, ça vient, un bon gros bordel.
- Lieu important : Lost Herencia, a.k.a. la poubelle inter-dimensionnelle, seul monde possédant la fâcheuse particularité d'accueillir les crashs de vaisseaux et les ennuis de tous poils.
Et c'est dans ce monde qu'évolue Haken Browning, grande gueule chevaleresque accessoirement chasseur de primes, accompagné d'Aschen Brodel, sa partenaire androïde souffrant de quelques problèmes de personnalité. C'est en étant à la recherche de trésors dans la carcasse d'un vaisseau qu'ils trouvent alors... une jeune femme qui dort comme seule récompense. Et c'est un peu l'avalanche d'interrogations (exception faite du tour de poitrine de l'invitée,
première question que Haken se pose) en plus la douche froide devant un tel...butin. Douche froide de courte durée puisque la donzelle, Kaguya Nanbu de son nom, est légèrement princesse du monde voisin, Kagura Amahara, et a une prime placée sur sa tête. Jackpot ! La seule ombre au tableau, c'est que la princesse n'est pas décidée à rentrer, mais à continuer la mission "pour l’intérêt du monde" dont elle est chargée. Haken ne pouvant laisser la propriétaire
d'une poitrine si généreuse d'un but si noble seule, décide donc en 2,5 secondes d'accompagner la belle jusqu'à résolution de la-dite mission - et aussi histoire d’empocher son pactole - chose qui va donc passer par l'accomplissement de quelques petites tâches qui impliqueraient éventuellement le destin de l'univers si elles ne sont pas résolues. Au trio se greffera très vite Suzuka, princesse du peuple Oni et amie de Kaguya, Reiji et Xiaomu (les héros de
Namco X Capcom) bossant dans le coin, ainsi que
KOS-MOS, temporairement perdue en Endless Frontier, tout ce petit monde ayant ses propres objectifs dans ce bazar dimensionnel.
Une toute première chose pour commencer : il n'est absolument pas nécessaire d'être un aficionado des
Super Robot Taisen pour pouvoir jouer à ce soft, il n'y a aucun lien direct avec la saga, les robots étant même au second plan dans l'histoire. On passe certes à côté de 2-3 références, mais qui n'auront aucun impact sur la compréhension de l'histoire, dont le seul intérêt sera au final de faire tiquer le fanboy attentif sur certains points de la chronologie SRT. la même pour les caméos en provenance de
Xenosaga et
Namco X Capcom. Aucun impact donc, et c'est tant mieux ! L'histoire reste classique mais suffisamment prenante pour toujours donne envier d'aller plus loin, malgré la confusion engendrée par le chassé-croisé constant d'un nombre important de personnages, et l'emploi de grands mots pour se donner un air intelligent. Un scénario qui va vite passer au second plan d'ailleurs, totalement éclipsé par le boulot des scripteurs et des traducteurs qui s'en sont donnés à cœur joie. Car
SRTOG Saga: Endless Frontier est un véritable concentré tuant de surréalisme et d'humour : il n'y a pas un seul dialogue, une seule ligne, une seule situation ou calembours, quiproquos, répliques cultes, métaphores idiotes, blagues graveleuses et misogynes (majoritairement sur le physique de ces dames, toujours très dénudées) ne tombent pas, le tout renforcé par des personnages rayonnant de charisme dans ces moments. Même les situations dramatiques ou les boss fight ne stoppent pas les vannes, délires et
répliques cools, qui fusent et font mouche à chaque fois. Et c'est juste excellentissime ! Hautement déconseillé à toute personne dénuée d'humour, à la gente 101 % féminine et aux partisans de la gente féminine.
Texas Hold 'em, High Low Draw, Best Flush, Five-Card Stud, JACKPOT !
Et à histoire classique progression classique, le jeu respectant scrupuleusement le cheminement informations > donjon > boss et bis repeta. La bande à Haken va valdinguer d'un monde à l'autre via les
Cross Gates, multipliant ainsi les rencontres et les mondes les plus hétéroclites qui soient, un peu à la manière d'un
SaGa : monde sous-marin, désert avec sphinx géant motorisé, univers western ou à forte inspiration asiatique, peuples divers et variés (surtout variés), bestiaire absurde ou bien terrible, c'est un plaisir de découverte constant, faute de dépaysement à cause d'une technique bien austère mais assurément bien rétro. On ne peut pas en dire autant de l'exploration, vraiment réduite à peau de chagrin. Les nombreux donjons du jeu sont d'une monotonie affligeante, demanderont rarement plus de quelques interrupteurs et pierres à casser pour progresser à l'intérieur, et sont par dessus tout parfois très longs sans que le jeu ne fournisse à un seul moment la possibilité de revenir à l'entrée. Et n'oublions pas les villes, villages ou autres lieux à concentration de NPC, tous réduits à une fenêtre avec un menu. De plus, le jeu ne propose aucunes quêtes annexes à côté, et le NG+ consiste juste en un bête report de l'inventaire. Toute cette partie du jeu donne vraiment l'impression qu'elle n'a pas été la préoccupation première de l'équipe, chose qui est fort dommage à la vue de l'univers proposé par Endless Frontier.
À la place, elle a plutôt préférer bichonner le système de combat, prenant la base d'un tour à tour classique mixée avec certaines mécaniques héritées de
Namco X Capcom. On entame un affrontement, on voit un menu tout aussi classique (garde, objet, magie - appelées Spirits, fuite) : on se dit au fond que les combats seront à la hauteur des graphismes ou de la qualité de l'exploration, jusqu'à ce qu'on appuie sur la première fois sur le bouton A et que l'on réalise son erreur.
Une pression sur A et on entre en phase d'attaque. Une seconde et c'est parti : le premier coup est donné, qui va cogner et balancer l’ennemi dans les airs ou contre les murs, et commencer à faire grimper le compteurs de hits et de dégâts, en veillant bien à ce que l'ennemi ne touche pas le sol, sous peine de quoi tout retombe à 0. Une autre pression sur A va déclencher la seconde attaque (chaque personnage ayant un maximum de 5 coups, dont l'utilisation est limitée par une barre appelée COM, que chaque attaque ronge un peu et qui doit se recharger) et ainsi de suite, un bon timing est nécessaire pour cueillir l'ennemi à son retour et continuer à le faire danser pour faire grimper les compteurs. Et ce n'est pas tout : pour peu qu'un allié ait son tour juste derrière l'attaquant, il est alors possible d'effectuer une
Chain Attack, où il va prendre le relais et continuer la chaine, auquel cas il ne disposera pas de son tour de jeu. Et comme si ça ne suffisait pas, on dispose également au fil de l'aventure de la possibilité de faire appel à des unités de soutien en plus de personnages en réserve (4 personnages en combat, 3 en réserve), et ainsi continuer à faire exploser les compteurs, une chose aussi jouissive que primordiale. Plus le compteur de hits grimpe, plus la possibilité de faire des coups critiques augmente, manière la plus rapide de descendre les ennemis. Le clou du spectacle reste la
Frontier Gauge, barre de furie commune à tout l'équipe qui se remplit soit en fonction des coups donnés / reçus, soit avec la maitrise du
Cancel Attack (on peut annuler ses attaques, et avec un bon timing ainsi augmenter la
Frontier Gauge), et qui permet de lancer une attaque dévastatrice et imblocable, accompagnée par une séquence animée du plus bel effet propre à chaque membre. Tout ça aboutit à des affrontements jubilatoires, speed et nerveux, qui donnent
une impression de puissance vraiment gratifiante. Et le boulot des doubleurs, insufflant une pêche d'enfer aux personnages qui hurlent et jacassent à tout bout de champ, contribue grandement au dynamisme de l'ensemble.
Un système vraiment aguicheur mais qui va, malheureusement, très vite afficher de grosses lacunes. La première, c'est le manque de renouvellement, la mécanique de jeu montrant très vite ses limites, car passé le cap des dix premières heures, on se retrouve à marteler sans cesse les mêmes skills de la même manière et ce jusqu'à la fin. Le fait que les personnages en dispose de très peu limite encore plus la chose. Pas glop. Et après vient le souci d'équilibrage, un énorme souci d'équilibrage. Les affrontements aléatoires sont bien trop faciles ou bien trop durs, ce à n'importe quel stade de l'aventure. On se retrouve à fuir presque par réflexe ne serait-ce que pour préserver son stock d'objets dont le nombre est limité. Le point d'orgue de ce souci d'équilibre restant les boss. De véritables barriques à points de vie capables des pires saloperies : tuer en un coup, bloquer les attaques (ce qui demandera de d'abord casser son bouclier en foutant 1/3 de sa combo dedans, bouclier qui évidemment se régénèrera à chaque tour), éviter les attaques (ce qui se traduit par arrêt du tour du personnage joueur !), se régénérer. Boss qui paradoxalement disposent d'un skillset tout aussi limité que les héros, les rendant du coup facilement prévisibles et contrables. Ces rixes sont des épreuves d'endurance plus qu'autre chose, et peuvent parfois être très longues. Très très longues. Trèèèèèèèèèèès trèèèèèèèèès trèèèèèèès looooonnnnnguuuues. La cerise sur le gâteau, c'est qu'on ré-affronte régulièrement les mêmes têtes, et cela marque encore plus la répétitivité grandissante du jeu. Fort dommage...
Good ol' times
Un peu comme pour appuyer les tendances du jeu, les graphismes se mettent au diapason de ce que propose le soft. Ainsi l'exploration se fera dans une bonne 2D des familles digne de la grande époque des 16-bits, colorée sans être exceptionnelle pour accompagner un hors combat pas très brillant. Heureusement, à côté le jeu offre un design typé manga flamboyant pour donner vie - et grande classe - à ses personnages, et surtout une 2D éclatante pour illustrer ses combats. Un souci du détail tout particulier a été apporté aux sprites des personnages, et c'est un véritable régal pour les yeux de voir les protagonistes se mouvoir dans tous les sens lorsqu'ils balancent des enchainements de folie, accompagnés de séquences animées qui soutiennent un rythme déjà bien frénétique (Newton se retournerait d'ailleurs dans sa tombe une énième fois s'il voyait les attributs de ces dames insulter ainsi les lois de la physique).
Une énergie que l'on retrouve dans le grand melting-pot qu'est l'OST, ultra-punchy et entrainante (écoutez -
moi -
ça -
tiens !), ou remix de pistes existantes (certaines
pistes cultes de l'
Original Generation de SRT, ou des thèmes de
Xenosaga ou
Namco X Capcom) se mêlent aux nouveaux morceaux, le tout avec avec un fort penchant electro-rock qui dépote bien, marque de fabrique de
Naofumi Tsuruya (grand amateur
d'Electone et membre du groupe
Salamander Factory), qui mène très bien sa barque seul. Le tout se renouvelle constamment au fil de l'aventure pour accompagner comme il se doit chaque nouveau lieu ou chaque nouveau rebondissement, et celles de combat - plus d'une quinzaine de pistes (boss inclus) - ont d'ailleurs la particularité de tourner régulièrement pour ne jamais proposer la même d'un affrontement à l'autre. Un petit bémol cependant : ne pas pouvoir choisir ou "bloquer" certaines pistes, qu'on aimerait entendre plus souvent.
Super Robot Taisen OG Saga: Endless Frontier est un soft vraiment unique qui se la joue cool et ou tout va à 100 à l'heure, surfant à mort et avec brio sur un côté tendancieux et fanservice qui s'assume totalement. Malheureusement, tout n'est pas parfait en Endless Frontier et le jeu accuse de bien des lacunes, que le dynamisme du jeu, son script excellent et son casting foufou ne peuvent totalement masquer.
EXCEED, sa suite, semble corriger nombre de ces défauts, malheureusement à ce jour aucune nouvelle concernant une éventuelle traduction n'existe, et les ventes modestes du premier opus n'encouragent pas vraiment... Il reste néanmoins un trip qui mérite franchement le détour et qui ne laisse pas indifférent, que ce soit l'espace de quelques minutes pour le tester ou d'environ 35 heures pour le finir.
25/07/2011
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- Un casting qui arrache
- Le script et son humour
- Le système de combat
- La bande-son
- Artworks et sprites magnifiques
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- LES BOSS
- Linéaire
- Très vite répétitif
- Exploration ratée, annexes absentes
- Un humour particulier qui ne plaira pas à tous
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GRAPHICS 3/5
SOUND/MUSIC 4/5
STORY 3/5
LENGTH 3/5
GAMEPLAY 3.5/5
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