Dans la jungle des RPG à caractère hentai il y a certains studios qui se démarquent plus que d'autres, Leaf en fait partie. Déjà connu pour son travail sur Utawarerumono, le studio revient en 2005 avec Tears to Tiara, qu'en est-il exactement ?
La résurrection du Roi Démon
Tout commence dans un village de l'Ile d'Erin, où la jeune prêtresse Riannon regarde l'étoile gardienne dans le ciel, en espérant que son vœu, sauver les gens de son village, soit exaucé. Seule, elle attend le danger imminent qu'elle prédit quelques temps plus tôt, et pour cela, elle a convié le village tout entier à quitter les lieux et partir le plus loin possible.
Il faudra un bref moment avant que ses craintes ne se vérifient puisque arrive dans son village un grand prêtre de l'Empire et tout un bataillon de soldats, visiblement venus avec de mauvaises intentions. Le prêtre cherche à questionner la jeune fille sur la situation, mais impassible elle répond avec tact et calme, essayant de comprendre pourquoi l'Empire voudrait user de la violence sur un de ses territoires dévoués. C'est alors que le prêtre lance un discours sur des informations capitales et perce le secret de Riannon, elle est la grande prêtresse d'Albion, un royaume qui fut jadis très puissant et respecté, et dont l'existence est incertaine depuis. L'Empire dévoile rapidement son but de réveiller le Roi Démon pour détruire le monde, et pour cela il a besoin de sacrifier un successeur du royaume d'Albion. Bien évidemment, tout ceci n'est qu'un stratagème pour gouverner le monde par la force et l'oppression, en feintant l'utilisation d'un pouvoir démoniaque à quiconque résiste. Riannon tente de s'opposer au prêtre mais ce dernier a profité que deux enfants du village se soient perdus pour les prendre en otage. La jeune fille finie par céder.
Peu de temps après, alors qu'au sein de l'Empire le rituel pour réveiller le roi démon Arawn est imminent, les membres du village rassemblés autour d'Arthur, le frère de Riannon s'unissent pour la sauver des griffes de l'Empire. Arawn se réveille dans son cercueil après mille ans de sommeil et constate qu'il s'est passé bien des choses chez les humains, surtout depuis cet âge lointain où il se battait aux côtés de son ami Pwyll, le roi des Elfes. Entre temps, le prêtre de l'Empire essaye de s'attirer la sympathie d'Arawn en offrant Riannon en sacrifice, mais Arthur ne l'entend pas ainsi et s'y oppose. Le roi démon décide alors de faire une escapade dans l'esprit de la jeune fille pour la libérer du sort qui la détient esclave du prêtre. Riannon est libérée, mais à la stupeur de son frère, elle décide de devenir l'épouse de son sauveur. C'est alors que le roi démon et les descendants du royaume d'Albion commencent une longue quête contre l'Empire et ses sombres desseins, en apparence du moins, car il se peut que l'affaire soit plus compliquée qu'elle n'en a l'air.
Vieilles légendes, mysticisme, héroïsme... tous les ingrédients sont réunis pour le parfait récit d'heroic-fantasy. En cela nous constatons une trame assez classique mais néanmoins bien écrite, avec son lot de révélations. Malheureusement, on constate aussi pas mal de contrastes discutables, notamment dans le casting avec une bonne moitié de personnages particulièrement stupides qui heureusement sont couverts par d'autres plus intéressants. Ce facteur va plomber le rythme de l'histoire en le couplant avec une de ses lignes directrices, la partie dating qui non contente d'apporter des scènes hentai insignifiantes, va aussi proposer des dialogues insipides et des scènes insupportables de naïveté. Si on exclue ces passages sans importances (qu'on peut zapper), le scénario offre un bon moment malgré tout, à condition d’aimer la lecture.
Traditionnel
Comme la plupart des productions du genre, un soin tout particulier est apporté à la présentation du soft, de l'introduction animée en passant par la partie aventure, composée presque essentiellement d'artworks aux diverses expressions, mais sur écran fixes et sans animation. Le chara design assez particulier du jeu reste plutôt séduisant et certaines CG sont superbes.
Les habitudes restent également pour la partie Tactical, avec l'emploi d'une 2D isométrique de bonne facture, sans plus. On dénombre avant toute chose une cohérence dans l'univers plus que dans le level design ou le niveau de détail. Le constat est d'ailleurs identique dans les différents effets visuels, qui sont réussis mais particulièrement simples, à part peut être les skills spéciaux avec les arts à l'écran. Non, le vrai bon point concerne les sprites des personnages ou ennemis, tous très soignés, détaillés et offrant une palette d'animations satisfaisante, malgré pas mal de doublons. Tout ce petit monde garde fière allure si on évite de zoomer trop près, cela dit.
Dans l'ensemble la réalisation du jeu est dans la norme du studio donc, modeste mais soignée avec les moyens du bord.
La petite épopée
La partie sonore garde le même cachet que la réalisation, du classique. On a quelques chansons sympathiques, des mélodies douces et d'autres plus épiques ou en adéquation avec le background. Par contre on reste un peu sur notre faim au niveau du nombre de pistes disponibles, ce qui peut agacer sur le long terme à force d'entendre souvent les mêmes musiques.
Concernant les doublages, il n'y a pas grand chose à reprocher, la plupart des acteurs ont fait du bon travail, que ce soit pour les héros ou ennemis, mis à part les séquences hentai légèrement surjouées. Il est juste un peu dommage qu'il n'y est pas le moindre doublage lors des combats, cela aurait donné un peu plus d'énergie et favorisé l'immersion. Les bruitages sont diversifiés dans l'ensemble, mais rien de transcendant.
De la lecture et du Tactical très STR
Le concept de Tears to Tiara est donc un jeu d'aventure textuel agrémenté de phases de Tactical-RPG, plus proche d'un jeu de stratégie en temps réel à mon goût, je m'explique plus bas.
Pour faire simple, vous allez passer une grande partie de votre temps dans les dialogues, puisque la partie scénario est prépondérante. Vous passerez donc les textes les uns après les autres avant d'aller sur la world map où vous verrez différents lieux correspondants aux cartes, celles qui sont libres et celles qui feront avancer l'histoire. Faites un choix pour entamer un combat.
Combats :
Ici le système fait penser plutôt STR que Tactical car vos unités, au préalable placées sur un damier factice, vont se déplacer en temps réel sur le champ de bataille. Vous êtes donc surtout dans une position de stratège, donnant priorité aux ordres, surveillant la bonne tenue de l'AI particulièrement performante. Ceci est viable jusqu'en difficulté normale, mais dès lors que vous jouez un niveau de challenge supérieur (le plus haut si possible), le système offre ses véritables possibilités. En fait vous pourrez avoir au maximum huit combattants, et au début d'une carte vous placez ce petit monde sur un damier. Ensuite deux possibilités s'offrent à vous, soit vous décidez de donner un ordre global par l'intermédiaire du menu accessible par un clic droit de la souris (4 possibilités, de l'attaque à la guérison...), soit vous sélectionnez une unité seule pour ouvrir un menu qui fige l'action. Dans celui-ci on retrouve les fonctions suivantes : move, attaque, magic, skill, item, auto et wait. "Move" permet d'orienter un personnage dans une zone bien spécifique, idem pour l’attaque, les autres ne nécessitent pas d’explications spécifiques hormis auto, qui permet de placer le personnage sous le contrôle de la machine. A ce titre le jeu permet de choisir si après chaque ordre votre héros doit attendre le suivant ou alors faire ce qu'il souhaite, auquel cas il suivra l'ordre global à l'équipe.
L'intérêt à un stade avancé vient de l'utilisation de vos capacités, au regard du statut de chaque personnage, en particulier son élément. En effet ceci devient primordial en difficulté maximale car à chaque héros son type d'ennemi, et les MP se consommant rapidement il ne faudra pas oublier qu'ils se régénèrent si vous êtes en mode Wait. Ça parait simple comme ça mais une fois dans le feu de l'action on se rend compte qu'il faut faire très attention à ne pas se jeter bêtement dans la gueule du loup.
Pour profiter au mieux des combats, et pour reposer vos troupes vous aurez accès assez vite dans le jeu à Avalon, votre quartier général. Dans celui-ci vous pourrez faire avancer le scénario, faire les deux boutiques pour l'équipement (composé d'une arme, armure et deux accessoires) mais aussi une fonction un peu particulière, celle de recruter. Pour être plus précis, vous pouvez choisir de recruter des personnages comme vous le souhaitez, il faut choisir le sexe et la classe (archer, mage...). Après coup plusieurs options sont possibles, comme les faire s'entraîner pendant qu'ils sont de réserve (ils montent d'expérience), ou changer leurs classes. Le principal reproche que je ferais c'est le pourquoi de l'existence de cette option ? Car il faut savoir que nous n'avons jamais vraiment besoin de ces unités et que celles du scénario font très bien l'affaire. Un peu surprenant.
La dernière option vient des phases "dating". Passage obligatoire pour faire avancer l'histoire, ces séquences à l'intérêt pathétique sont marquées par des scènes hentai, de faible intérêt soyons honnêtes, souvent ennuyeuses et qui n'apportent rien au jeu, à part casser le rythme. Précisons pour finir l'existence sur la toile d'un patch anglais pour profiter pleinement du jeu si vous ne comprenez pas le japonais.
Sous-quêtes
Comptez environ une trentaine d'heures pour finir le jeu, un peu plus avec les phases optionnelles.
Free maps : chaque carte du jeu peut être refaite par la suite. L'intérêt vient des items ou équipements glanés, sans oublier l'expérience acquise, puisqu'à chaque fois les ennemis s'adaptent à votre level.
Donjon optionnel / New game + : une fois le jeu fini, vous êtes redirigé juste avant la zone finale. En fouillant un peu, vous trouvez une petite séquence qui parle des déboires d'un des développeurs prêt à troquer sa vie contre du virtuel. Tout ce délire misant la part belle à la parodie vous amènera à la Leaf Tower, un endroit où les ennemis sont tous les développeurs du jeu, devenus esclaves d'un grand méchant inconnu. Très drôle, ce donjon enchaîne les cartes avec des ennemis toujours plus forts et des boss originaux. Au cours de votre ascension, vous glanerez des gains uniques qui seront réutilisables en New game +.
D'apparence modeste avec visiblement assez peu de moyens, Leaf est parvenu à proposer une histoire intéressante et un système de jeu assez bien pensé. Sans toutefois faire oublier ses lacunes, Tears to Tiara se présente comme une petite occasion pour les amateurs du genre, s'ils ne sont pas trop exigeants.
26/04/2009
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- L'histoire
- Une ambiance sympa
- Système de jeu qui tient la route
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- Certains personnages navrants
- Les scènes hentai cassent le rythme
- Obligation de jouer en Very hard pour en profiter pleinement
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GRAPHICS 2.5/5
SOUND/MUSIC 3/5
STORY 3/5
LENGTH 3.5/5
GAMEPLAY 3/5
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