Depuis qu'il existe, le jeu vidéo a toujours eu des liens plus ou moins ténus avec le cinéma et très tôt, les films populaires se sont vus adaptés sur nos machines et ce, dès 1976 avec Death Race en arcade. Le plus souvent, ces adaptations font l'objet de jeux de plateformes ou d'action et très très rarement de RPG : à part Willow de Capcom sur NES et King Kong 2 de Konami sur MSX2, difficile d'en trouver des représentants. S'il est facile de comprendre le choix de Capcom (l'univers de Willow se prête très bien au genre), celui de Konami intrigue davantage ! Mais que vient donc faire King Kong dans un A-RPG ?
Mais d'où vient ce Kong ?
King Kong, c'est d'abord un film de 1933, qui décrit la découverte d'un gorille gigantesque sur une île mystérieuse et son expatriation forcée aux États-Unis, en tant que phénomène de foire. Profondément attaché à une jeune femme, le gorille s'échappe et part à sa recherche dans les rues de New York, non sans y semer le chaos, bien entendu. En découlent la célèbre scène de l'Empire State Building et l'émouvante mort du grand singe.
Après quelques incursions de King Kong au Japon dans des films de kaiju, aux côtés de Godzilla, ce premier film fut remaké en 1976, remake qui donna naissance au Donkey Kong de Nintendo au début des années 80. Il faudra ensuite attendre 2005 pour voir un nouveau remake par Peter 'LotR' Jackson, puis 2017 avec Kong: Skull Island, quatrième réécriture de l'histoire de King Kong.
Mais alors, quid de ce King Kong 2 ? Serait-ce une suite au film de 76 par Konami, en jeu vidéo uniquement à l'instar de The Goonies II ? Non, en réalité, les deux premières versions de l'histoire ont connu chacune une suite – Son of Kong en 1933 et King Kong lives en 1986 – et le jeu qui nous intéresse ici est l'adaptation, tout ce qu'il y a de plus officielle, de King Kong lives.
Quand 2 min 30 de film suffisent
L'histoire de King Kong 2 suit celle du film dont il est l'adaptation : Kong a été terrassé à la fin du premier film, toutefois il a été maintenu en vie, plongé dans le coma pendant 10 ans. Son cœur fatigué et défaillant doit être remplacé par un cœur artificiel mais cette opération nécessite une grande quantité de sang à transfuser. Le seul donneur potentiel est un gorille de la même espèce : une femelle qu'un dénommé Hank Mitchel doit aller chercher et ramener à New York. Cette expédition dans la jungle dure 2 minutes 30 dans le film… 150 secondes.
Qu'à cela ne tienne, Konami a choisi ce passage pour construire tout son jeu ! Vous guidez donc Mitchel qui doit résoudre l'énigme de la légende de Kong pour localiser Lady Kong et l'expatrier par hélicoptère. Mais auparavant, il faudra explorer la jungle et affronter ses dangers, rencontrer les autochtones et pénétrer dans de sombres souterrains.
Une segmentation classique de l'écran
Comme dans nombre de RPGs Famicom ou micros des années 80 (Hydlide, Eiyuu Densetsu Dragon Slayer, Brandish, Xanadu…), l'écran de jeu est partagé en deux : à gauche, une classique vue du dessus où se déroule l'action principale et à droite, diverses statistiques (les HP, les MP, le niveau du personnage, son expérience, son argent). L'une d'elles est peu commune : il est affiché en effet le nombre de jours écoulés in-game depuis l'arrivée sur l'île ; Hank a un an pour retrouver Lady Kong, passé ce délai, le jeu se conclura par la mauvaise fin.
Il existe aussi un écran d'inventaire (en appuyant sur F2) où l'on choisit son arme principale et un item transporté, qui peut être un pouvoir magique, un artefact, une clé… On y règle aussi la vitesse du personnage, qui peut être augmentée d'un point tous les dix niveaux pris. Dommage que les premiers niveaux soient si longs à obtenir, le personnage reste du coup lent une bonne partie du temps de jeu.
Un déroulement classique, parfois hasardeux et sans sauvegarde ?!
L'essentiel du début du jeu consiste à essayer de survivre (le jeu est assez dur au début) et à glaner des objets çà et là. Il faut découvrir ensuite à quoi ils servent, soit par l'expérimentation, soit en écoutant les quelques NPCs présents. Par exemple, certaines armes ne sont efficaces que sur un type d'ennemis, ou certains objets n'ont qu'une unique utilisation dans tout le jeu. En cela, King Kong 2 souffre du "syndrome Simon's Quest" : il y a pléthore d'objets et on ne sait pas toujours à quoi, où et quand ils servent. Sur la dernière partie de l'aventure, cela peut devenir vraiment gênant, en particulier quand on ignore qu'un item permet de libérer un passage secret à un emplacement inconnu !
Les combats sont dans le plus pur style de l'A-RPG, avec des armes de mêlée et d'autres à distance (aux munitions limitées). Certains ennemis sont assez lents, d'autres plutôt coriaces et la lenteur du personnage n'aide pas beaucoup. Il faudra aussi remarquer que seuls certains ennemis lâchent de l'or à leur mort, et comme il est parfois nécessaire de récolter plusieurs centaines de pièces, mieux vaut être au courant.
Un point à noter : le jeu n'a pas de sauvegarde ! Enfin, pas tout à fait. En fait, le jeu n'avait pas de sauvegarde à sa sortie, elle est devenue accessible via le deuxième port cartouche du MSX2, en y insérant le jeu Hi no Tori. Autrement, on dispose de continus infinis, qui restaurent la vie à un tiers environ ; mais il ne faudra pas en utiliser plus de 32 si on veut avoir la meilleure fin.
Enfin, une fois que l'on sait où aller et quoi faire, le jeu peut se boucler en une heure environ.
Une technique honnête pour l'époque
Pour bien progresser dans le jeu, il faudra bien retenir (ou cartographier) les différents environnements traversés. Ils sont assez variés (jungle, marais, temple, souterrain, plage) et bien représentés mais sans éclats particuliers. Les graphismes sont donc honnêtes pour la machine mais on a déjà vu bien mieux.
La musique est plutôt bonne et heureusement car c'est surtout une seule piste qui nous accompagne dans 90 % du jeu. L'animation reste très sommaire ; il n'y a pas de scrolling (le point faible du MSX) et on déplorera quelques clignotements (sans gravité).
Enfin, la jouabilité est correcte malgré la lenteur du personnage, on n'a pas à se plaindre de commandes approximatives ou mal pensées, même si évidemment, on fera beaucoup d'aller-retours entre l'écran principal et l'inventaire.
King Kong 2: Yomigaeru Densetsu n'est pas parfait : l'aspect technique s'en sort bien mais ne fait pas de prouesses et on aurait aimé se dispenser de cette part de hasard quant à la fonction et l'utilisation de certains items. Cela mis à part, le jeu est une vraie curiosité dépaysante, qui prouve qu'avec de la bonne volonté, à peu près n'importe quoi peut être adapté en RPG.
10/09/2019
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- Le dépaysement
- La musique sympa
- La construction du jeu
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- Le manque de précision sur les items ramassés
- La montée en niveaux un peu lente
- L'absence de sauvegarde
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GRAPHICS 3/5
SOUND/MUSIC 3.5/5
STORY 3/5
LENGTH 3/5
GAMEPLAY 3.5/5
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