Inutile de présenter Mario, le plombier moustachu et mascotte de
Nintendo. Depuis 1983, il a su traverser les époques avec une régularité et une constance dans la qualité dont nul autre ne peut se targuer. À partir de 1996, on a régulièrement pu le retrouver dans des RPG, dont la mini série
Mario & Luigi RPG. Après un
Partners in Time placé sous le signe du voyage temporel,
ce Voyage au centre de Bowser, le troisième épisode, ne représente rien de moins que l'improbable rencontre entre
Voyage au centre de la Terre et
Le voyage fantastique.
Avec au bout, de nouveau, une franche réussite.
Rouliboulite et aspiration(s)
Le royaume Champignon semble condamné à vivre d'éternels tourments !
Cette fois-ci, c'est une maladie bien étrange qui se propage et vient perturber la vie paisible du royaume : la rouliboulite. Chaque habitant touché gonfle inexorablement et roule alors de façon incontrôlable, devenant un vrai danger public.
Afin de trouver une solution, la princesse Peach a convoqué les experts du royaume, mais c'était sans compter sur une nouvelle tentative de Bowser pour enlever la belle. Vite expédié loin du château par Mario et Luigi, Bowser va se voir proposer par un étrange inconnu, un champignon à même de lui permettre de prendre sa revanche sur les deux plombiers. Mais le roi des Koopas ne se doute pas qu'il vient de croiser le chemin de Gracowitz (ou lord Fawful/Faffreux), de retour pour se venger de sa défaite cuisante dans Superstar Saga et de son rôle anodin et humiliant de vendeur de badges dans Partners in Time. Et le voila à son tour incontrôlable dans le château de Peach, aspirant tous les membres présents au conseil, dont Mario, Luigi, et bien sûr Peach ! Débute alors une quête dans le corps de Bowser pour retrouver la princesse (to be Mario or not to be), pendant que celui-ci va chercher à contrecarrer les plans de Gracowitz, qui lui fait de l'ombre dans son rêve de conquête. Une dualité au cœur de l'histoire et du jeu.
Si le scénario de fond ne sort jamais des sentiers battus, le jeu mise comme toujours avant tout sur ses situations burlesques, et s'en sort encore magistralement à ce niveau, avec des dialogues parfaitement écrits. Malgré une trame initiale totalement loufoque, la suite du jeu est un peu moins tarée et décalée que ce que l'on trouvait dans Partners in Time, malgré quelques passages cultes - faire maigrir Bowser qui n'a pu résister à un buffet bien garni - qui mettent en avant l'humour du jeu. On sera comme toujours amené à sauver la princesse Peach, et non pas une fois, mais deux, la belle se faisant enlever par Gracowitz, obligeant ainsi Mario, Luigi et... Bowser à partir à sa rescousse, l'imposant reptile ne goutant que très peu au fait de s'être ainsi fait voler la vedette.
Du très bon Mario, en somme.
Dual Savior Destiny
Voyage au centre de Bowser est, comme son nom l'indique si justement, une aventure qui se déroule au sein même du corps de Bowser... pour nos deux plombiers du moins. Car la caractéristique principale de cet opus, c'est que l'on dirige également Bowser, son aventure prenant même le pas sur le reste, ce qui peut dérouter compte tenu du titre, mais la référence au film était surement trop tentante. Bowser est la vraie star de cet opus, et le diriger est tout simplement jouissif. On se surprend même à se prendre de compassion pour lui devant sa stupidité et sa solitude, malgré le traitement ignoble qu'il réserve à ses troupes. Ce "duo" inattendu de sauveurs du royaume est forcément savoureux, d'autant que le pauvre Bowser ne se doute pas que ses pires ennemis se trouvent en son sein.
Le jeu alterne donc naturellement les phases au commande du roi des Koopas et celles en compagnie des deux moustachus, et elles sont singulièrement différentes.
Dans la digne lignée des RPG précédents, les phases avec Bowser invitent à explorer le monde et à utiliser ses différentes capacités - qu'il obtiendra avec l'avancée dans le jeu - pour se frayer un chemin dans un monde qu'il ne comprend pas toujours. Jet de flammes, coup de poing ravageur, grosse presse ou encore utilisation des pics de la carapace pour accrocher des surfaces poreuses, Bowser est fidèle à lui-même, et ne cherche jamais à faire dans la finesse pour atteindre son but. Quelques énigmes viennent accompagner la progression, mais jamais trop complexes, il faut savoir ménager les neurones pas bien nombreux de la bête. En chemin, Bowser ne rencontrera pas grand monde d'amical ; quelques-unes de ses troupes enfermées par Gracowitz à délivrer, un étrange marchand au délicieux accent français (dans la version américaine, du moins), le pauvre Bowser ne peut compter que sur lui-même dans ce monde qui le rejette... Enfin, presque.
Car depuis ses entrailles, Mario et Luigi lui viendront souvent en aide : retrouver un mot de passe dans sa mémoire, lui insuffler de la force ou encore lui bruler quelques calories superflues, les mini-jeux ne manquent pas pour sortir l'ennemi juré des mauvais pas, et vont du petit jeu de shoot au puzzle à résoudre à l'aide du stylet. Ils en seraient même presque trop présents, tant cette partie prend le pas sur l'exploration, notamment dans la première moitié du jeu, où les mini jeux s'enchainent et ne se renouvellent peut-être pas suffisamment. C'est bien dommage, car les phases d'exploration font un joli retour aux sources avec un scrolling horizontal à l'ancienne et pas mal de passages de plateforme, pour un résultat excellent. Contrairement à Bowser, les deux frères croiseront du monde ; tout d'abord dans le corps de Bowser, afin de retrouver toutes les pauvres victimes, puis dans la ville principale du royaume. Car oui, même Mario et Luigi seront amenés à explorer la monde extérieur, en quittant le corps à l'aide de tuyaux, et ainsi faire leurs emplettes en toute quiétude.
La grande idée du jeu est de proposer une certaine interaction entre les deux groupes, avec des donjons qui obligent à passer de l'un à l'autre pour avancer, de façon très bien pensée. Certains endroits en hauteur sont inaccessibles ? Il suffit de faire boire Bowser pour remplir le "niveau" d'eau et nager jusqu'à eux. Certains détails ne sont pas visibles ? Il suffit de le placer derrière des rayons X. On pourra tout de même regretter que ces séquences soient assez rares et soient surtout totalement guidées, le jeu donne toutes les clés au joueur, qui n'a alors pas beaucoup à réfléchir pour s'en sortir.
Action, réaction
Mais que serait un
RPG Mario & Luigi sans ses combats, véritables hymnes au ludisme et au plaisir.
La formule de base reste la même, tout est question de timing et d'attention. Quel que soit le groupe concerné, on possède toujours deux actions de base que l'on optimise en appuyant sur le bouton d'action au moment opportun, tandis que les attaques spéciales requièrent elles une stratégie propre à chacune (pointer au stylet, mémoriser ou encore faire preuve de dextérité avec la croix). À noter que la plupart des attaques spéciales de Bowser utilisent ses mignons, faisant ainsi participer les Goombas et autres Koopas à l'effort de guerre.
Les phases défensives ne sont pas en reste, et il sera tout autant question de timing pour parer ou éviter les attaques que de sens du détail, chaque ennemi ayant une petite animation particulière pour indiquer quel personnage il va attaquer (dans le cas de Mario et Luigi) et comment. À noter que les ennemis sont visibles à l'écran, et que l'on peut donc les prendre par surprise en utilisation l'action adéquate pour lancer le combat, et ainsi les toucher avant même de débuter.
Au final, les combats sont extrêmement dynamiques et obligent à être constamment attentif, évitant ainsi l'appui du bouton d'attaque machinalement en regardant
L'amour est aveugle.
Comme tout est prétexte au jeu et à l'interaction dans les
Mario & Luigi, les passages de niveau présentent toujours la petite roulette qui permet d'essayer d'optimiser au maximum le gain sur une compétence en l'arrêtant sur une valeur élevée.
Mais si tout cela est déjà bien connu des fans, le jeu ne se repose pas sur ses acquis et intègre de la nouveauté. Dualité oblige, il ne sera pas rare de pouvoir faire intervenir Mario et Luigi lors des combats de Bowser, lorsque ce dernier aspire des ennemis, qui deviendront les opposants des plombiers, avant que le roi des Koopas ne finisse le travail. Une excellente idée qui renforce d'autant plus le sentiment d'avoir une seule et même équipe séparée.
La gestion des badges a aussi été revue, et désormais on combine deux badges - un pour Mario, un pour Luigi - pour obtenir différents effets. À chaque action réussie parfaitement, une jauge se remplit qui permet de lancer l'effet associé par simple pression au stylet. Une bonne façon d'inciter encore plus le joueur à bien se concentrer lors de chaque attaque, afin de récupérer gratuitement quelques HP ou SP, par exemple.
Mais la plus grosse nouveauté concerne les duels que Bowser sera amené à effectuer lors de moments-clés de l'aventure, alors que sa taille a été surmultipliée. Il faut alors oublier les combats classiques, tenir la DS à l'horizontal, et utiliser le stylet et le micro pour attaquer ou contrer. Pas très nombreux et très simples, ces combats donnent dans la démesure totale et sont vraiment un régal à jouer.
Pour quelques heures de bonheur en plus...
Hélas, le jeu est bien court. Une très petite vingtaine d'heures suffit pour en voir le bout en ligne droite, ce qui en fait un RPG encore plus rapide à finir que son prédécesseur. Sachant que le jeu est très simple, le leveling n'est pas nécessaire, et on peut donc toujours avancer sans souci.
Heureusement, le jeu n'est pas avare en annexes diverses, et il faudra presque compter une dizaine d'heures supplémentaires pour faire tout ce qui est possible. Mini jeux de puzzle au stylet chronométrés pour remeubler une maison, récupération de petit haricots enterrés sous terre en revisitant tous les lieux extérieurs avec Mario et Luigi afin de monter ses stats, ou encore collecte de petits Chabloc (petits chats en forme de...blocs) par Bowser pour contenter son marchand et pouvoir utiliser son chien en combat, il y aura de quoi occuper le joueur qui souhaite prolonger un peu l'aventure. C'est vraiment amusant de se frotter aux mêmes ennemis avec les deux groupes, pour des combats bien différents.
Il est d'ailleurs à noter que le stylet est globalement bien plus sollicité que par le passé, ce qui pourra plaire ou déplaire...
Mario paint
Techniquement, on retrouve la patte
Alphadreams. Les environnements sont très soignés, fins et détaillés, mais il faut tout de même adhérer au style très cartoon et coloré de l'ensemble. Les divers protagonistes sont parfaitement rendus, et l'animation est sans faille, même pour les boss qui ont du mal à tenir dans le petit écran de la DS. Les combats de géants pixelisent légèrement, mais ce n'est qu'un détail, tant ils sont réussis visuellement. Le nombre de postures créées pour Mario, Luigi et Bowser est assez impressionnant, et on ne manquera pas d'être amusé, même de rire, devant la plupart d'entre elles, rendues à la perfection.
Sans folie, la réalisation impressionne vraiment par sa grande qualité et l'absence totale de problème.
On ne peut pas en dire autant de la bande son. Si
Yoko Shimomura a réalisé de jolis thèmes qui collent parfaitement à l'ambiance du monde et l'esprit de la série, on ne peut en ressortir que très peu du lot. Une bande son de qualité, certes, mais pas mémorable, on l'oubliera aussitôt le jeu fini.
On retrouve toujours les onomatopées ("patipatatapatato") dans un italien incompréhensible du côté des deux plombiers qui amusent au début, beaucoup moins à la fin, mais surtout, on a cette fois également droit aux râles de Bowser, absolument inimitables.
Du solide, en somme.
Dans la droite lignée de ses prédécesseurs, Voyage au centre de Bowser est une nouvelle fois un concentré d'idées géniales, de dynamisme et de plaisir pur, que tout possesseur de la console se doit d'essayer. Et comment ne pas succomber au charme du rustre Bowser, que l'on dirige enfin ? Tout juste regrettera-t-on un certain manque de challenge et un jeu un poil mal équilibré sur le début, mais cela s'efface vite devant tant d'intelligence et d'humour.
Vivement le prochain !
14/05/2010
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- Réalisation impeccable
- Intelligence du système de jeu
- Humour poignant
- Les combats de titans
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GRAPHICS 4/5
SOUND/MUSIC 3.5/5
STORY 3/5
LENGTH 3.5/5
GAMEPLAY 4.5/5
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