Enclave : n.f. (du latin "clavis"=clé) Petit territoire isolé dans une région relevant d'une autre souveraineté. (dictionnaire Hachette)
Enclave est un A-RPG qui tire fortement dans le Hack'n Slash, mais qui sait conserver une identité rôliste, de par son univers, son histoire, et son système d'équipement. Développé par les suédois de Starbreeze Studios, dont c'est le premier jeu, et édité par Swing ! Entertainment Media, à qui l'on doit l'adaptation de Record Of Lodoss War en Europe sur Dreamcast, il vous place dans la peau de différents guerriers aux aptitudes variées et séparés en deux camps, nous verrons pourquoi.
Je vais comme d'habitude commencer par relater ma prise de contact avec le packaging du jeu. La boîte verte est bien entendu fidèle à elle-même, totalement inadaptée aux illustrations qui se veulent médiévales, mais bon, rien n'y changera, alors autant s'y faire... L'illustration qui orne la jaquette est sobre et a le mérite de retranscrire efficacement le propos du jeu : ici, il sera bien question d'occire le plus grand nombre de créatures possibles, dans une ambiance heroïc-fantasy. La gravure du DVD est identique à la jaquette, mise à part une couleur qui tire davantage dans les tons or. J'en viens maintenant à la réelle satisfaction de ce packaging. : le manuel. Ce dernier est le plus esthétiquement réussi que j'ai jamais eu l'occasion de contempler (même l'avertissement sur l'épilepsie a été soigné). Dans une présentation élégante aux couleurs très bien choisies, ce booklet divinement illustré nous pose les bases de l'histoire, du système de jeu, et des différents écrans qu'on pourra rencontrer au cours de la partie.
Je vais maintenant brièvement planter le décor dans lequel le joueur aura le privilège d'évoluer. Très élégamment contée par le manuel, l'histoire prend place autour de la ville fortifiée de Celenheim. Ce lieu est situé au coeur d'une plaine extraordinairement fertile, suscitant la convoitise de tous les peuples. Ce furent les humains et les elfes qui les premiers prirent possession de ces terres si précieuses. Ils fondèrent Celenheim, et élevèrent tout autour des remparts pour se protéger de tous ceux qui convoitaient leur sol. Tous les assauts successifs furent repoussés, jusqu'au moment où le démon Vatar unifia toutes ces pauplades mécontentes et jalouses et lança un assaut de grande ampleur sur Celenheim. Les humains s'apprêtaient à plier sous le poids du nombre, lorsqu'un sorcier puissant apparut au sommet d'une proche colline et libéra son courroux, frappant le sol de son bâton et déchaîna ainsi la Nature elle-même. Durant une nuit entière, tout ne fut plus que chaos, le feu et le sang se mêlant en des volutes rouges qui seules coloraient l'obscurité qui venait de s'abattre. De la colère du sorcier naquit une faille gigantesque entourant tout Celenheim, qui devint ainsi une enclave au milieu de terres sombres et ravagées peuplées de créatures sombres peinant à survivre mais avides de vengeance. A ces créatures fut donnée le nom d'Extérieurs. Pendant ce temps, Celenheim et ses habitants connurent prospérité et croissance. Les rares créatures qui parvenaient à traverser la faille étaient aussitôt abattues par la puissante armée de l'Enclave. Cependant la Terre guérissait, et de jour en jour, d'année en année, la faille devint de plus en plus étroite, permettant à un nombre croisant de créatures de franchir la faille. Ce qui n'est pour l'instant que des raids isolés d'Extérieurs aveuglés par le désir de vengeance risque de devenir bientôt la renaissance de la puissante armée des ombres. Le jeu débute alors que les premières vagues de l'assaut s'abattent sur Celenheim Pour faire face aux dépenses de guerre considérable, la reine lève des impôts énormes. Le personnage incarné au début par le joueur ne peut plus payer ses impôts et il est jeté en prison. C'est à ce moment que l'on prend son contrôle.
Le premier niveau est à la fois un tutoriel et une introduction à l'univers superbe du soft. Les murs s'écroulent autour de vous, victimes des catapultes ennemies, la forteresse subit sous vos yeux un début d'invasion, et la garnison a toutes les peines du monde à retenir les Extérieurs. Après avoir assisté à ce carnage lors de la première mission, la deuxième vous impose d'aller prêter main forte aux soldats et repousser l'ennemi. ... Et ainsi de suite : le jeu est une suite de "missions", chacune d'entre elles étant liée aux autres par des cut scenes utilisant l'incroyable moteur du jeu. La scénario a beau être classique, il n'en reste pas moins très bien mené et les événements scriptés apportent vraiment un plus à l'action.
Deux campagnes sont proposées dans Enclave : celle de la lumière et celle des ténèbres. Chacune d'entre elles possède ses propres personnages et missions. Seule la première est accessible au début. Environ douze missions vous seront proposées dans chacune des campagnes. Dans chaque campagne seront disponibles 6 personnages (hors persos cachés), qui se débloqueront dans l'écran de sélection au fur et à mesure qu'ils seront rencontrés par le joueur. Chacun dispose de capacités propres, et il arrivera qu'une mission soit quasiment impossible à compléter avec tous les personnages sauf un. Il faut donc bien évaluer les capacités de chacun. La campagne de la lumière vous proposera d'incarner : un chevalier, une chasseresse, une druide, un halfling, un ingénieur, et un mage. Du côté des ténèbres seront disponibles : un berserker, un assassin, une ensorceleuse, une liche, un bombardier, et un gobelin.
Le système de jeu est assez particulier. Sauf rares exceptions, il est impossible de sauvegarder à l'intérieur d'une mission, obligeant le joueur à tout recommencer en cas de mort prématurée. La gestion de l'équipement est quant à elle totalement inédite : le joueur dispose en début de mission d'une somme avec laquelle il pourra s'équiper. Cette somme grandira bien sûr au fur et à mesure des missions, plus ou moins suivant l'aptitude du joueur à ramasser les chaudrons e pièces d'or dissimulés un peu partout. Il est inutile d'économiser de l'argent : l'équipement est "loué", et l'argent qui reste n'est pas rajouté à la mission suivante. Un autre avantage est que l'on peut tout essayer, étant donné qu'on peut revendre un objet au même prix que celui de son acquisition Si on n'est pas satisfait de l'équipement qu'on vient de choisir, on peut ainsi le changer sans pénalité.
Le point noir du jeu vient de sa jouabilité. Non seulement les contrôles demandent un temps d'adaptation assez long, mais la difficulté intrinsèque du jeu est tout simplement colossale. L'absence quasi-totale de checkpoints pendant les missions n'arrange bien entendu rien à l'affaire. On note cependant une bonne idée qui consiste à permettre au joueur de passer rapidement de la première à la troisième personne, ce qui est très utile en fonction du type d'arme utilisé.
Graphiquement, le jeu s'avère être tout simplement l'un des plus beaux jeux jamais sortis sur console. Le moteur du jeu est impérial, et le travail sur les textures est titanesque : il suffit de voir par exemple les tableaux accrochés au mur dans la maison que le joueur traverse au début de la deuxième mission. Le seul reproche qu'on pourra faire est le manque relatif d'interactivité avec les décors : seules quelques chaises et tables peuvent être brisées, de même que quelques fenêtres.
L'univers est quant à lui tout simplement génial, tant dans son fond que dans sa forme. Dans son fond, tout d'abord, on notera une originalité fort appréciable. Les "méchants" ne sont en fait qu'un peuple malheureux et condamné à une vie de misère alors que de l'autre côté de la faille vivent richement d'autres êtres qui n'ont rien de plus qu'eux. On éprouve ainsi une certaine pitié pour eux, ce qui n'est pas courant dans les univers d'heroïc-fantasy pure et donne tout son sens à la campagnes des Ténèbres incluse par les développeurs. Mais c'est surtout dans la forme qu'Enclave propose une atmosphère formidable. Les architectures sont démentielles, tant par leur élégance que par leur variété, tant par leur conception intelligente que par la recherche artistique dont ils ont fait l'objet. Les personnages sont également très réussis esthétiquement, mon préféré restant l'Assassin.
Les musiques s'inscrivent parfaitement dans le contexte, avec des sonorités celtico-médiévales, et une inspiration "elfique" assez marquée. On peut cependant leur reprocher d'être trop discrètes, couvertes par les cris de douleur des créatures exterminées. Les voix françaises sont tout à fait correctes, même si ce ne sont pas les meilleures que j'ai entendues jusqu'à maintenant.
Au niveau de la durée de vie, Enclave est très long, mais cela est avant tout dû à la difficulté énorme que nous imposent les développeurs.
Ce jeu ne conviendra qu'aux plus patients, à ceux qui comme moi font passer l'atmosphère avant le gameplay. Il faut bien dire qu'une fois surmonté ce frein qu'est la difficulté, la récompense est énorme, tant les contrées que l'on visite sont belles et esthétiquement parfaites.
07/10/2002
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- Des graphismes hallucinants
- Un univers très riche et recherché, aussi bien dans la forme que dans le fond
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- Une difficulté inhumaine
- Une jouabilité qui demande un long temps d'adaptation
- Peu d'interactivité avec les décors.
- C'est TROP dur (Comment? Je l'ai déjà dit?)
- C'est VRAIMENT TROP dur (J'insiste encore)
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GRAPHICS 5/5
SOUND/MUSIC 5/5
STORY 4.5/5
LENGTH 4/5
GAMEPLAY 3.5/5
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