La saga
Farland fait partie de ces grandes séries qui ont compté au Japon et en Corée, mais qui n'évoquent rien à la plupart des joueurs occidentaux. Entamée avec
Farland Story: Tooi Kuni no Monogatari puis
Farland Story Denki: Arc Ou no Ensei sur PC-98, la série a vu tous ses épisodes principaux sortir sur le support, à l'exception du huitième opus, sorti uniquement sur PC.
En dehors de la branche principale, de nombreux "gaiden" ou remakes ont vu le jour sur d'autres consoles aux consonances moins exotiques, dont ce
Farland Story: Yottsu no Fuuin. Derrière ce nom se cache en réalité la compilation des deux premiers épisodes, réunis en une cartouche et une seule histoire commune.
Mais le moins que l'on puisse dire, c'est que le jeu est assez léger pour une Super Nintendo qui brillait encore de mille feux lors de la sortie du jeu en 1995.
Sauver sa promise, trouver l'épée sacrée, lointaine originalité
Bien que la cartouche contienne deux jeux, les deux scénarios initiaux tiendraient eux sur un demi grain de riz japonais ou coréen. Jugez donc !
La première partie conte l'histoire d'Arc, jeune et preux chevalier qui, alors qu'il arpentait paisiblement la campagne en compagnie de son amie, voit sa promise Ferio kidnappée par un mystérieux chevalier noir. Arc part donc avec ses fidèles compagnons à la poursuite du chevalier, et devra se défaire de nombreux adversaires dans tout le royaume pour atteindre le château de son désormais ennemi juré.
Après avoir vaincu le chevalier noir et sauvé sa dulcinée, Arc doit faire face au vol de l'épée sacrée par un démon dans la seconde partie du jeu (qui correspond donc au second Farland Story original, pour ceux qui n'ont pas suivi). Encore une fois, ne faisant appel qu'à son héroïsme sans faille, Arc s'en va traverser du pays afin de faire régner la paix sur sa patrie.
Vous l'aurez noté, il est difficile de faire plus banal, surtout pour un jeu original qui date tout de même de 1994. Heureusement, le scénario s'étoffe peu à peu pour finalement proposer un contenu assez intéressant, avec quelques retournements de situation bien sentis. Mais le jeu utilise toutes les ficelles déjà entrevues dans les jeux et animes de l'époque, et accumule les clichés, sans que cela ne gêne forcément. Le jeu prend juste le parti de l'heroic fantasy stéréotypée, et le fait plutôt bien.
En somme,
Farland Story ne joue pas exactement dans la même cour que
Tactics Ogre,
Shining Force ou
Final Fantasy Tactics, scénaristiquement parlant.
The succession wars? No... The succession of wars...
C'est un fait, la majorité des Tactical-RPG s'articulent presque exclusivement autour de leurs batailles. mais Farland Story pousse le concept dans ses derniers retranchements en ne proposant que des combats. Comprenez par là qu'il n'y a pas de carte, il n'y a pas d'interludes, et encore moins de séances de gestion de troupe. Tout, absolument tout, se concentre dans les batailles, entrecoupées de quelques dialogues qui font avancer le scénario.
Les objectifs sont assez sommaires : vaincre tous les ennemis et/ou prendre possession d'un fort.
On dispose donc de nos troupes (jusqu'à une grosse douzaine) pour vaincre les ennemis, et les phases d'attaque sont alternées. Inutile de chercher à tirer le meilleur parti d'une action, l'angle d'attaque, l'arme équipée ou le terrain ne jouent aucun rôle, on fonce joyeusement dans le paquet. Le système de niveau ressemble à celui des Shining Force : on gagne plus ou moins d'expérience selon son niveau, et une fois les 100 points atteints, on passe au niveau suivant. Au niveau 10, on peut promouvoir le personnage avec l'objet adéquat. Rassurez-vous, ces objets sont fournis tout au long du jeu.
La mort n'est pas une fatalité dans le joyeux monde de Farland. Un guerrier tombé au combat sera à nouveau disponible lors du combat suivant. On peut ressusciter également durant le combat, même avec un banal sort de soin. La présentation laisse en revanche à désirer, le vaincu restant à 0HP jusqu'au tour suivant.
Les "villages" se trouvent sur la carte, et il faudra placer un équipier dessus pour faire ses emplettes, seule interaction possible. Et comme il n'y a pas de phase de gestion et que chaque personnage ne peut posséder que quatre objets sur lui, il faudra se les passer d'un personnage à un autre, ce qui peut prendre de longues secondes. Si acheter nécessite de se trouver sur une ville, la vente d'objets peut elle se réaliser à tout moment, de façon assez étonnante. Les villages ne sont pas les seuls points remarquables d'une carte, les châteaux et forts permettent aussi de se régénérer un peu en passant un tour sur la case associée.
Enfin, cachés sous des buissons ou sous de la neige se trouvent des coffres, disséminés un peu partout sur la carte, contenant souvent des objets intéressants.
In the loop
Le problème majeur du jeu, c'est qu'on se lasse vite. Enchainer une succession de batailles sans coupure n'est déjà pas bien passionnant de base. Mais lorsque celles-ci ne proposent rien d'original pour se distinguer, on commence à sentir l'ennui poindre. Et puis, on découvre que chaque membre de l'équipe ne dispose que d'une commande d'attaque, et on comprend à ce moment que ce Farland Story est bien basique. On aborde donc chacun des 25 chapitres presque toujours de la même façon, et le coté stratégique du jeu consiste juste à faire attention à bien se guérir pour ne pas mourir et à ne pas envoyer quelques faibles compagnons vers une mort certaine. Les boss sont à peine plus techniques, mais sont plus difficiles et exigeants. Mais comme ils signifient la fin du combat, l'envoi de toutes les troupes sur lui sans se soucier de mourir suffit généralement à le vaincre en un petit tour de jeu. "Généralement", car le boss final est à part et procure le genre de combat stressant dont on sort épuisé mais fier du travail accompli.
25 chapitres, c'est beaucoup, surtout quand les cartes sont grandes et que les héros possèdent un faible déplacement. Il ne sera pas rare de passer deux ou trois tours d'affilée uniquement pour se rapprocher des ennemis, sans rien faire. Avec une bonne grosse douzaine de guerriers, l'idée n'est guère réjouissante, n'est ce pas ?
On peut également regretter que certaines unités soient génériques, et se confondent facilement entre elles ou avec les troupes ennemis. On peut aussi se demander pourquoi on a assez d'objets pour promouvoir une quarantaine de personnages.
Le défaut principal de Farland Story: Yottsu no Fuuin est donc son manque de diversité, alors même qu'il compile les deux épisodes originaux, sur plus de trente heures de jeu.
Farlaid Story
Farland Story: Yottsu no Fuuin n'est pas très beau, c'est un euphémisme, et il faut le concéder, il ne soutient pas la comparaison avec les originaux sur PC-98, pourtant pas ce qui se fait de plus beau sur ce support méconnu. La carte est minimaliste, les sprites minuscules, et les décors peu variés. Les scènes de combat relèvent un peu le niveau avec de gros sprites, même si l'on peut déplorer le fait que les magies soient si peu impressionnantes. Mais l'animation de l'ensemble en scrolling horizontal est efficace, et les postures des personnages lorsqu'ils encaissent un coup sont tout simplement drôles et cultes.
Globalement, le design est plutôt réussi, et les avatars sont bien rendus, dans le plus pur style manga du début des années 90. Le bestiaire visite tous les clichés de l'heroic fantasy, mais le fait bien. On obtient donc au final une ambiance qui ne laissera pas insensible les amateurs d'heroic fantasy traditionnelle.
La bande son propose quelques thèmes entrainants, mais l'ensemble manque encore une fois de variété, et la qualité sonore est assez faible. Le plus surprenant, c'est que les scènes d'attaque ne basculent pas vers une musique spécifique, ce qui aurait permis de trancher quelque peu celle de la mission qui tourne constamment en boucle.
Quand on voit les versions PC-98 et surtout PC-FX, la comparaison fait assez mal, à tous les niveaux, le jeu ne tire absolument pas parti des capacités du support.
Farland Story: Yottsu no Fuuin représente l'occasion idéale pour tous les curieux de découvrir la grande Saga qu'est Farland sans avoir à dénicher un PC-98 ou une PC-FX, au travers de cette compilation de deux premiers épisodes. Rudimentaire tant dans ses mécanismes que dans son scénario, le jeu se laisse tout de même jouer et pourra convaincre les fans du genre, notamment par sa petite pointe d'humour.
Mais sur Super Nintendo, en 1995 de surcroît, l'ensemble fait un peu léger... Et cette version est de loin la plus mauvaise.
31/10/2009
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- Les postures des personnages lorsqu'ils encaissent un coup
- Le bestiaire
- Quelques missions bien techniques
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- Limité et répétitif
- Le scénario...
- Techniquement faible
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GRAPHICS 2/5
SOUND/MUSIC 2.5/5
STORY 2.5/5
LENGTH 3.5/5
GAMEPLAY 1.5/5
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