Fin 2008 sortait
Mount & Blade, premier jeu de
TaleWorlds Entertainment, une société turque. Le jeu eut droit à un petit succès d'estime, mais de sévères lacunes l'empêchèrent de plaire au grand public. Le studio développa donc une extension sous forme de stand-alone :
Mount & Blade: Warband.
Qu'en est-il ?
Lord of War
Warband vous met dans la peau d'un personnage, et non d'un héros, et c'est l'un des points majeurs du titre, nous verrons pourquoi. Il mélange jeu de rôle et gestion, vous permettant d'évoluer dans Caldaria, un continent d'un monde fictif d'inspiration médiévale, comprenant six factions en constante évolution. En effet, au cours du jeu, l'économie de chaque faction, sa puissance militaire, l'étendue de son territoire et la vie de ses différents protagonistes s'altèreront, sans beaucoup se préoccuper de vous et de vos décisions, tout du moins au début.
À la manière d'un RPG occidental traditionnel, vous déciderez du nom, des caractéristiques, des habiletés au combat et des compétences de votre avatar. Celles-ci se divisent en compétences personnelles et en compétences de groupe, et touchent à un grand nombre de domaines : de l'athlétisme à la gestion d'inventaire. Chacune de ces aptitudes dépend d'une caractéristique et ne peut augmenter si cette dernière n'est pas assez élevée. Les habiletés quant à elles sont le degré de maîtrise des différents types d'armes que comprend le jeu. Le personnage gagne donc au cours du jeu de l'expérience qui lui permet de passer des niveaux qui, chacun, donnent droit à un point d'attribut, un point de compétence et plusieurs points d'habiletés à partager où le joueur le souhaite. D'autre part, la création du personnage au début du jeu donne lieu à une série de questions dont les réponses détermineront le passé du protagoniste, qui conditionnera la partie dans une certaine mesure. En effet, on ne part pas avec les même chances dans la vie d'une société médiévale lorsque l'on est fils de noble que lorsque l'on est rejeton de paysan.
Ainsi, débarquant fraichement dans Caldaria, votre personnage aura la mauvaise surprise de découvrir les mœurs de l'endroit. En parcourant la cité vous accueillant en début de partie, un coupe-jarret vous attaque. Que vous vous fassiez rosser ou non, un citadin accourra auprès de vous, voyant en cet étranger une possible solution aux problèmes de la ville. En effet, des bandits attaquent régulièrement les caravanes des alentours. L'homme est prêt à vous payer une petite somme pour aller régler leur compte à ces brigands dans leur repaire, et à secourir du même coup son jeune frère kidnappé.
Mais débarquer dans un repaire de bandits seul serait tout simplement suicidaire dans un jeu relativement réaliste comme Mount & Blade: Warband, où un simple coup peut être fatal. Vous êtes donc rapidement amenés à découvrir une des mécaniques principales du jeu, à savoir le recrutement de troupes qui constitueront votre armée.
Où va t-il, que fait-il ?
Les villes du jeu sont composées de quelques endroits à visiter : le bourg, la taverne, la "salle du trône" du seigneur local, le marché, et l'arène. On accède à ces endroits comme on accède à un grand nombre d'éléments du jeu : via une simple page de menu composée d'une illustration et d'un texte fleurant bon les tables de jeu de rôles. Ce procédé en déroutera malgré tout quelques-uns de par sa pauvreté. La première sortie est d'ailleurs l'occasion de découvrir Caldaria dans son ensemble. En effet, en dehors des villes et des zones de combat, le joueur évolue sur une grande carte, où circulent non seulement notre personnage mais aussi tous les autres personnages du jeu : fermiers, caravanes, seigneurs, bandits... Lorsque le joueur n'agit pas, ladite carte passe en mode pause. Le reste du temps, il est possible de se déplacer librement, d'aller d'une ville à l'autre, d'interagir avec les autres personnages circulant, d'attendre ou de se reposer.
Les possibilités de jeu proposées par
Warband sont légion, à tel point qu'on se surprend à découvrir de nouveaux éléments même après de nombreuses heures de jeu. Le début impose de commencer comme aventurier, mais à partir de là, tout est possible, notamment effectuer des tâches pour les villageois ou seigneurs locaux, telles qu'amener du bétail à une ville, assaillir une bande de hors-la-loi, libérer un village du joug des pilleurs, délivrer des ressources, apporter une rançon, libérer un seigneur ou même convaincre deux autres de faire la paix. Il est également envisageable de s'engager comme leader d'une troupe de mercenaires auprès d'une faction, de devenir vassal d'un roi et d'obtenir un ou plusieurs fiefs, ou même plus tard de fonder son propre royaume.
Chacune de ces possibilités implique malgré tout une logique de gameplay récurrente, à savoir recruter des guerriers, les entrainer et les mener au combat. Mais les objectifs que feront naître ces différents choix modifieront la manière de jouer, et les possibilités de gestion à mettre en œuvre. Devenir souverain de son propre royaume notamment, impliquera de le gérer. Cela passera par attribuer des cités à des seigneurs, de choisir un premier ministre, de prélever des impôts, de développer les villes en construisant des bâtiments (école, moulin, manoir...) et bien d'autres choses encore.
Mount & Blade: Warband dispose aussi d'une économie bien travaillée et d'un système de commerce rappelant certains épisodes de
Suikoden. Chaque ville produit des ressources en différentes quantités, et leur prix va donc varier dans chaque cité. En conséquence, il sera profitable d'acheter et revendre au meilleur prix des ressources d'une ville à l'autre. D'un autre côté, des caravanes parcourent régulièrement Caldaria et si vous décidez d'emprunter le "côté obscur de la force", vous pourrez choisir de les attaquer et les voler. Vous pouvez également piller les villages et prendre d'assaut les villes et châteaux, mais toutes ces actions ont des conséquences, que ce soit dans vos rangs ou même à l'échelle du monde entier si vous avez rejoint une faction.
Dans tous les cas encore une fois, rien ne se fera sans hommes à vos côtés pour vous soutenir, et votre groupe pourra rapidement passer de quelques recrues à plusieurs centaines. Ceux-ci peuvent être de la simple chair à canon ou bien des compagnons fidèles possédant une histoire et un inventaire à eux, ainsi que des compétences tout comme vous. Votre groupe a un moral, dépendant de différents facteurs, allant de l'alimentation aux issues des derniers évènements, et ce moral aura différents effets à son tour, rendant plus ou moins efficace votre armée. Celle-ci doit également être payée chaque semaine, sa solde dépendant évidemment du nombre et de la qualité des hommes. Et pour payer ces hommes, il faut de l'argent. Cet argent peut s'obtenir via la complétion de quêtes, le marchandage, la revente de butins amassés après des combats réussis, la rançon de prisonniers et la vente d'esclaves. Être mercenaire pour un roi vous donnera également un salaire, et disposer d'un fief des rentes.
Politique, coups-bas et dessous de table
Un autre aspect brillant de Warband est sa partie politique. Une fois devenu seigneur, vous côtoierez d'autres seigneurs et d'autres membres de la noblesse. On n'obtient pas du pouvoir que par les exploits militaires et Warband vous donne la possibilité de séduire une personne de la noblesse (en respectant le protocole, ou pas !) et d'en tirer des bénéfices. Oui, épouser la fille du roi n'est pas donné à tout le monde, mais les avantages existent.
Et dans ces relations avec la noblesse et le reste du monde, vos actions passées auront beaucoup d'influence. Vous disposez en effet d'une réputation et d'affinités chiffrées avec les autres ainsi qu'avec les villes, en perpétuelle évolution. Gagner une bataille qui n'était pourtant pas à votre avantage, remporter un tournoi dans une arène, trahir, aider... Rien n'est anodin dans Caldaria. Cette réputation affectera grandement vos relations avec les autres, sans parler de votre affinité avec eux. Être mal considéré dans une ville risque aussi de vous mener à votre perte, tandis qu'y être vu comme le défenseur de la veuve et de l'orphelin vous évitera bien des écueils.
La cape et l'épée
L'un des grands plaisirs de Mount & Blade: Warband est bien sûr le combat. Que ce soit en arène, sur un champ de bataille ou dans une forteresse assaillie, vous aurez à vous battre seul ou avec des centaines d'hommes contre autant, et Warband se montre épique à souhait dans ce domaine.
Premièrement, votre personnage et les autres peuvent s'équiper d'un éventail non négligeable de pièces d'armure (du casque aux bottes) et d'un arsenal impressionnant de faiseurs de morts. Armes à une main, à deux mains, armes d'hast, armes de jet, arcs, arbalètes, boucliers, tout y passe, et le joueur se fait vite des préférences tellement le maniement diffère d'un type d'arme à l'autre. Chaque coup au corps à corps peut être donné et paré dans quatre directions. La difficulté du jeu dépend d'ailleurs en partie de la mise en manuel du placement de la parade, automatique par défaut. Et non seulement vous pourrez vous battre à pied, mais aussi à cheval, avec chacune des armes précédemment citées. À cheval, la façon de se battre change encore, puisque l'on contrôle indépendamment le cheval et le personnage. Bien se placer pour donner un coup devient ainsi essentiel.
Une fois sur le champ de bataille, vous ne vous battez pas seul puisque vous pouvez vous retrouver jusqu'à 250, voire 1000 si vous installez le bon mod et si votre ordinateur tient la charge. Vous pouvez donner différents ordres à vos hommes, et même si vous n'êtes plus en état de vous battre, ils continueront sans vous si vous le décidez, mais sans vos précieux "conseils" cette fois. En effet, dès que vous êtes mis à terre, vous pouvez envoyer vos hommes se battre mais plus être présent sur le terrain et donner des ordres, rendant la bataille bien moins intéressante, surtout qu'elle devient "textuelle" et non plus animée.
Un air de carte postale
L'une des mises à jour importantes de Warband par rapport à Mount & Blade premier du nom est graphique. Le soft s'offre des graphismes plus fins, que ce soit sur la carte (encore assez à la ramasse) ou dans les phases d'exploration et de combat. Les décors de Warband sont très jolis, et c'est son point fort. Les villes et châteaux offrent de superbes panoramas, surtout avec l'évolution de la journée. Hormis cela, les animations sont correctes mais les modèles de personnages un peu en retard par rapport à leur époque. On est bien loin de la finesse de détail des visages d'un Half-Life 2 par exemple, pourtant bien plus vieux.
Côté ambiance sonore, les effets sont... du plus bel effet, notamment durant les batailles avec le choc des armes et les cris des guerriers. Musicalement, c'est très joli et en accord avec l'univers, mais les pistes s'avèrent courtes et ne sont déclenchées que par certains évènements. On se retrouve donc souvent sans musique, un peu dommage. Les pistes sont également peu nombreuses, empêchant la bande-son d'être vraiment marquante.
Mais encore ?
Je n'ai pas encore évoqué le scénario du jeu et pour cause, il n'y en a pas de prédéfini hormis son introduction. C'est à vous de vous fixer des objectifs, de vous immerger dans cet univers (on est bien aidé, je vous rassure) et de profiter des très nombreuses possibilités de gameplay. Il est d'un côté un peu triste qu'il n'y ait pas de réelle trame scénaristique, mais cela aboutit à une liberté décuplée et un style de jeu unique. Le jeu n'a donc également pas de réelle fin, à vous de continuer tant que le cœur vous en dira. Si vous pouvez le faire pendant des centaines d'heures, la lassitude risque malgré tout de pointer le bout de son nez car on est quand même amené à faire régulièrement les même choses, repartir souvent de zéro avec son armée lorsqu'elle se fait massacrer, répéter les même quêtes et multiplier les voyages à but commerciaux pour renflouer les caisses...
Le jeu dispose en plus, contrairement au premier épisode, d'un mode multijoueurs permettant uniquement d'organiser des batailles, sous la forme de Deathmatch, batailles rangées, prises de forteresses (en défense ou en attaque), captures de drapeau... Cette partie s'avère en fait réellement jouissive et essentielle, permettant de se frotter à de vrais joueurs dans des batailles épiques et réjouissantes. Un mode "escarmouche" permet au final de reconstituer des batailles avec des PNJ, mais il s'avère rapidement limité, trop facile et servira plutôt à vous tenir en forme entre la partie solo et le multijoueur.
Mount & Blade: Warband se révèle être un jeu rafraichissant, immersif et très complet. Ses batailles vous feront frémir et la soif du pouvoir se fera sentir. On regrettera néanmoins que la multitude des possibilités réduise la complexité de certaines, et on attend fébrilement l'annonce d'un véritable Mount & Blade 2 qui saurait rendre le tout encore plus complet et riche.
14/05/2010
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- Un système de combat réussi
- Des batailles épiques
- Un panel de possibilités impressionant
- Immersif à souhait
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- A vouloir trop en faire...
- Musiques peu nombreuses
- Pas réellement de trame scénaristique
- Les visages moins crédibles que le reste
- Manque de finition dans les dialogues et la localisation
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GRAPHICS 3/5
SOUND/MUSIC 3/5
STORY 1/5
LENGTH 4.5/5
GAMEPLAY 5/5
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