Sorti chez nous en 2007,
Two Worlds n'avait pas fait l'unanimité. Catalogué très vite comme un mauvais clone d'
Oblivion par la grande majorité des joueurs, le rejeton de
Reality Pump avait tout de même su trouver une petite communauté d'aficionados qui avaient aimé la grande diversité des paysages et la richesse globale qu'il proposait.
C'est avec un second opus que le studio allemand essaie donc de s'acheter une place définitive dans le paysage magnifique - mais malheureusement encore trop restreint - du RPG openworld.
Et c'est reparti
Two Worlds II commence cinq ans après la fin du premier opus. Il s'est surement passé beaucoup de choses en Anthalor depuis que vous avez désinstallé Two Worlds, car Gandohar est de retour, et maintient prisonnier le héros ainsi que sa sœur Kyra. En tout bon antagoniste bien de sa personne, Gandohar tente d'acquérir un immense pouvoir en s'appropriant celui du dieu Aziraal, qui se trouve être véhiculé par l'innocente sœur du valeureux héros.
Toujours est-il que vous reprenez le contrôle de ce fameux personnage qui se trouve jeté au cachot. Mais un petit groupe d'orcs accompagnée de l'avenante Dar Pha vous aide à sortir de cette misérable cellule. On comprend bien vite leur motivation : Gandohar a éliminé presque tous les orcs durant une grande bataille et ceux-ci cherchent leur revanche. Ils pensent cependant que vous êtes le seul à pouvoir le vaincre, comme vous l'avez déjà fait cinq années auparavant.
S'ensuit une petite heure de tutoriel très linéaire qui vous apprendra les bases du gameplay et celles du scénario. Cette séquence est d'ailleurs particulièrement riche en mise en scène, ce qui constitue un véritable progrès par rapport à l’épisode précédent et même par rapport au genre en lui-même. Malgré ces efforts, l'histoire du jeu n'est pas folichonne. Très classique et très convenue, elle se laissera suivre mais sans réelle implication, malgré la présence de quelques personnages sympathiques et des dialogues bien écrits en dépit du peu d’interactivité qu'ils proposent. En effet, ils proposeront parfois des possibilités de choix entre plusieurs actions, ou plusieurs camps, mais la plupart du temps, même après avoir dit à un interlocuteur que vous alliez le tuer, le jeu vous ramène dans le droit chemin via ces dialogues. Et si d'aventure ce n'était pas le cas, et que votre choix a réellement une conséquence immédiate, il n'aura absolument aucun impact significatif au niveau de la trame principale.
Promenons-nous dans les bois !
Après avoir fait connaissance avec vos nouveaux alliés, vous êtes bien vite envoyé dans la petite ville de Bayan, en bordure de la savane, sur l'île d'Erimos dans le but de vous rendre dans la riche cité d'Hatmandor et enquêter sur la mystérieuse Tower of Fang, ancien repère de Gandohar. A partir de ce moment du jeu, vous êtes lâchés dans la nature pour y faire un peu ce que vous souhaitez. Ce
Two Worlds vous fera visiter une autre partie d'Anthaloor composée de quatre îles principales : Erimos, à l'ambiance orientale, Alsorna, très océanique et Eollas typée asiatique. La quatrième île, Eikronas, ne peut être visitée qu'en certains points. C'est d'ailleurs un peu outrageant étant donné que cette île représente facilement la moitié du territoire sur la carte. Bref, il est fort probable que
Reality Pump prévoit de débloquer les autres zones dans de futurs DLC, ou extensions éventuelles... Ce qui réjouira une bonne partie des joueurs, j'en suis sûr.
Malgré la taille de la map finalement un peu juste, le paysages sont suffisamment divers, l'ambiance qui se dégage du titre est vraiment accrocheuse, la liberté de déplacement est totale et les zones sont riches en annexes, villes, grottes et personnages, mettant l'exploration bien en valeur.
Mais
Two Worlds II ne se contenterait pas d'une qualité sans lui associer un défaut. A l'exploration réellement agréable des différentes îles s'associent de cruelles erreurs concernant l'immersion. Si les villes sont bien peuplées et assez vivantes, on déplorera que 90 % des PNJs soient des habitants génériques avec qui il est impossible d’interagir de quelque manière que ce soit ; on regrettera aussi le fait que les interfaces de marchandage s'ouvrent directement en s'adressant à un marchand sans toutefois fournir le petit dialogue préliminaire, anecdotique mais indispensable à l'immersion. Le héros a également la faculté de ramasser les différentes herbes à dix mètres de lui sans même se baisser, de forger des renforcements d'armure et d'arme sans outils au beau milieu de la nature, là où les
Gothic incluaient par exemple des animations contextuelles, ou des exigences d’équipement dans ce genre de cas. Mais ce n'est pas tout car parfois, animé d'une bonne volonté certaine,
Reality Pump a voulu accentuer le sentiment d'immersion en créant des systèmes réalistes mais qui se révèlent juste extrêmement lourds. Lors des voyages en compagnie d'un fidèle destrier, il faudra maintenir en permanence la vitesse du cheval en lui donnant des coups de talon grâce au bouton droit de la souris ce qui se révèle particulièrement agaçant.
Autant le dire tout de suite, c'est ici que l'on s'attaque au gros point fort de Two Worlds II : son gameplay. Classiquement le personnage gagnera de l'expérience à chaque bestiole vaincue et à chaque quête réussie dans le but de monter de niveau.
Chaque niveau vous donnera accès à quatre points de caractéristique à répartir entre l'endurance (qui augmente aussi la jauge de sprint en plus de la vie), la force (qui augmente aussi le poids maximal d'objets transportables), la précision et la volonté. Les trois dernières sont liées aux trois styles de combat principaux disponibles dans Two Worlds II : le corps à corps, le tir à l'arc et la magie. Ces trois styles possèdent chacun un skilltree à compléter avec des skillbooks qui permettent l'ajout de compétences auparavant indisponibles. Les compétences acquises pourront toutes être améliorées grâce aux skillpoints incrémentés de deux par niveau et qui peuvent être gagnés par la réalisation de petits succès (comme le beastslaying, c'est à dire tuer un certain nombre de monstres de la même espèce, ou les cascades, c'est à dire réaliser un certain nombre de sauts impressionnants). A ces trois principaux styles de combat viennent s'ajouter les compétences de voleur allant du crochetage à l'assassinat, les compétences d'artisanat (alchimie, upgrade d'armes et d'armures) et les compétences générales (résistance physique, magique, régénération etc...). Cependant, le jeu ne vous impose aucun archétype. Il est tout a fait possible de se monter un personnage guerrier adepte des boules de feu ou un archer qui invoquerait des serviteurs mort-vivants. Cependant, il faut quand même préciser que ce sera au dépend de l'efficacité brute car l'utilisation de la magie vous imposera d'utiliser un bâton : il faudra donc changer d'arme dans le feu de l'action ce qui pourra se révéler fastidieux.
Il n'empêche que les possibilités sont innombrables. Le corps à corps permet de combattre à deux armes, ou au style "arme plus bouclier", ou d'associer arme et torche pour enflammer ses attaques, ou encore jouter avec une arme à deux main, tout en incluant des différences de caractéristiques et de compétences entre les masses, les épées et les haches. Ceci est accompagné d'un système de magie très agréable qui permet de créer ses propres sorts en combinant des cartes trouvées dans la nature ou chez les marchands. Et l'archerie possède également ses subtilités, comme les flèches élémentaires ou le mode "sniper".
Le système de combat se base, assez classiquement, sur l'alternance attaque, parade, contre-attaque et se révèle très agréable d'autant que les animations des coups sont assez réussies. Cependant, il ne se borne évidemment pas à ça grâce aux multiples possibilités apportées par le gameplay.
Dans Two Worlds II, c'est également la fête aux mini-jeux. Le crochetage en déclenche un basé sur l'adresse plutôt réussi, un mini-jeu musical typé "Guitar Hero du pauvre" pourra se révéler amusant et la présence d'un poker aux dés propulsera certains initiés dans leurs souvenirs à propos d'un grand jeu qu'on ne nommera point.
Associé à une gestion de la difficulté très réussie proposant des débuts difficiles (sans être toutefois aussi fastidieux que dans un Gothic) suivi d'une montée en puissance vraiment significative du héros, le gameplay en ressort encore grandi, pour devenir le plus gros intérêt du jeu.
NB: Le jeu propose également un mode multijoueur qui pourra séduire les amateurs de nouveaux challenges.
Rendons grâce au Grace engine
Le nouveau moteur de Reality Pump est vraiment très efficace. Les paysages modélisés sont somptueux, et contrastent d'ailleurs avec les modèles de personnage tout juste corrects et animés grossièrement lors des dialogues. Les textures et la direction artistique des différentes régions sont très satisfaisantes même si l'ensemble parait un peu statique. En effet si l'absence des effets météo n'a rien de bien grave en soi, le fait de se retrouver avec des champs de hautes herbes droites comme des piquets sans même une toute petite animation pour simuler le vent freine un peu l'immersion. Mais ce n'est que pour trouver quelque chose à redire, car même si les graphismes de ce Two Worlds II sont loin d'être ce qu'il se fait de mieux en ce moment, ils restent très largement convaincants et contribuent à l'ambiance particulière qui se dégage de l'opus. Et pourtant, Reality Pump réussit encore à gâcher un peu le plaisir car il a affublé le jeu d'un Motion Blur, non désactivable dans l'interface du jeu, censé renforcer l'immersion, mais qui n'arrive qu'à rendre malade. On signalera également quelques bugs de collision et d'IA.
Sur le plan sonore, le titre s'en sort tout aussi allègrement même si l'on pourra regretter quelques petites faiblesses, par exemple au niveau des bruitages. Les thèmes musicaux, réussis et toujours en accord, jouent leur rôle et les doublages anglais sont très agréables (Attention : la traduction et les doublages français sont à éviter absolument !).
Et pour finir, il faut aborder le plus gros défaut du jeu qui est sa prise en main globale et son interface. C'est tout simplement le cas typique d'une maniabilité et d'une interface console portées sur PC sans aucun remaniement. L'inventaire est disgracieux et les icônes représentant les objets sont beaucoup trop grosses. Ceci oblige à scroller longuement pour aller rechercher un objet particulier dans le fatras qui l'envahit la plupart du temps (merci au système de loot automatique de tous les objets détenus par un ennemi tué qui oblige du coup à faire le ménage dans son inventaire en permanence) d'autant plus qu'il n'inclue aucun système de "pile" pour les armes et amures. Mais le tout empire encore lors d'un marchandage puisqu'à chaque objet que l'on désire vendre il faudra répondre à la stupide question "êtes vous sûr ?". Évidemment le marchandage ne gère pas les piles et il faudra donc vendre chaque objet un par un : imaginez un peu ce qu'il se passera lorsque vous ramènerez quinze épées, autant de boucliers, d'amulettes et de pièces d'armures, en plus de cinquante crocs de guépards qui résultent de votre dernière chasse... Bref, il est fort probable que le jeu soit bien plus agréable sur console.
Vous terminerez le jeu en une trentaine d'heures si vous vous concentrez sur la quête principale. On pourrait imaginer une durée de vie colossale au regard des nombreuses annexes proposées par Two Worlds II et c'est le cas, mais leur intérêt intrinsèque m'a semblé vraiment limité et ne justifie pas tant d'heures de jeu. Bref au final, la durée de vie s'en ressent, on est finalement assez pressé d'en terminer en particulier à partir de l’arrivée sur Eollas qui est beaucoup moins riche qu'Erimos. Et même une quarantaine d'heure, c'est un peu juste pour un openworld.
Two Worlds II réussit. Et cela que ce soit au regard du nouveau moteur de Reality Pump qui livre des paysages aussi jolis que divers, au regard de son gameplay qui fourmille de possibilités, ou encore au regard de l'ambiance assez exceptionnelle qui s'en dégage.
Mais finalement Two Worlds II échoue. Et il est presque triste de voir qu'un jeu avec un tel potentiel trébuche finalement dans les ornières béantes, mais qu'il faut absolument éviter : maniabilité ratée, interface disgracieuse et inadaptée au support, quêtes annexes à l'intérêt limité et scénario convenu.
En résulte un titre ambivalent qui pourra enchanter totalement son homme une trentaine de minutes et le révulser la trentaine suivante, pour l'enchanter à nouveau par la suite. Mais étrangement, on en retient principalement les bons souvenirs, et ce malgré une fin expédiée et presque révoltante.
29/11/2010
|
- Paysages vastes, divers et beaux
- Riche en possibilités
- Une superbe ambiance
- Dialogues bien écrits
- Plutôt réussi au niveau sonore
- Bon dosage de la difficulté
|
- Annexes globalement peu passionnantes
- Prise en main catastrophique
- Interface peu fonctionnelle et disgracieuse
- Scénario guère motivant
- Encore et toujours des bugs (IA,collision...)
- Localisation française complètement ratée
|
GRAPHICS 3.5/5
SOUND/MUSIC 3.5/5
STORY 2.5/5
LENGTH 2.5/5
GAMEPLAY 3.5/5
|