Non, sous le nom de
Fighting Fantasy ne se cache pas le portage de
Dissidia: Final Fantasy sur DS, mais belle et bien l'adaptation du premier tome de la série de "livres dont vous êtes le héros" éponyme. Cette saga a eu un succès fou dans le monde : les soixante livres la composant se sont vendus à plus de 15 millions d'exemplaires.
Et c'est l'année dernière, en 2009, que le studio
Big Blue Buble, développant essentiellement sur mobile, a sorti une adaptation improbable de "The Warlock of Firetop Mountain".
C'est donc un "équivalent" vidéo-ludique dont la stratégie marketing se base sur la nostalgie par rapport à la série, mais qu'y a-t-il derrière ? Un jeu agréable, peut-être?
Etranger, toi qui oses pénétrer dans ce domaine...
Le joueur incarnera un étranger total, un aventurier solitaire arrivant aux abords d'une petite ville, au pied de l'impressionnante Montagne de Feu. Lieu où, selon certains dires, se trouverait un fantastique trésor gardé par le puissant sorcier qui y a élu domicile. Bien évidemment, en amateur de trésors et de combats épiques, on se retrouvera très rapidement en quête de ces sublimes récompenses : gloire et fortune.
Autant le dire tout de suite, le scénario et le background du titre n'iront pas plus loin, ou presque, et ceux-ci brillent finalement par leur absence totale.
Malgré tout, comme dans de nombreux W-RPG qui se respectent, on crée son propre personnage, pas physiquement mais statistiquement. Là dessus, le jeu présente un système proche d'un
Elder Scrolls : on vous proposera une série de questions vous mettant en scène dans telle ou telle situation et vous demandant comment vous réagiriez parmi trois propositions. Malheureusement, ces questions sont peu nombreuses et beaucoup moins complexes que dans un
Morrowind, pour ne citer que lui. On pourra donc aisément trouver à quelle voie (voleur, mage, guerrier) se rapporte une des réponses. Mais passons, car le soft propose également de créer une classe personnalisée avec le choix d'une ou deux compétences. La création du personnage reste donc assez sommaire.
Passés ces deux aspects un peu décevants, on s'attendait tout de même à retrouver ce qui faisait tout le concept du livre-jeu : les choix. En effet, dans de tels livres, chaque paragraphe lu donnait lieu à un choix parmi plusieurs qui faisaient chacun la liaison avec un autre paragraphe qui, lui aussi, donnait lieu à des choix etc... Ici, on se demande si les développeurs avaient déjà touché à l'un de ces ouvrages, car la partie "choix" a été réduite à son plus simple aspect : les dialogues. Si la plupart des dialogues avec des PNJ ne proposeront qu'une seule réponse, parfois on aura droit à deux ou trois propositions. Ainsi, il sera quelquefois possible d'éviter un combat difficile contre un ennemi imposant en choisissant la bonne option. Mais ces moments sont tellement rares qu'au final, le jeu se résumera à un bête dungeon-crawler.
Combats et déambulations
Fighting Fantasy: The Warlock of Firetop Mountain est un Action-RPG en vue subjective à la manière d'un
Elder Scrolls ou d'un
Orcs & Elves, pour prendre un nom moins illustre et sur le même support.
Les déplacements peuvent s'effectuer de plusieurs façons différentes : on avance et on recule avec la croix directionnelle et on fait tourner la caméra, soit en faisant glisser le stylet sur l'écran tactile, soit en utilisant les boutons A,B,X,Y (beaucoup moins pratique). Si ces déplacements semblent laborieux au début, on prend vite ses marques et la maniabilité au stylet devient plutôt correcte voire intéressante, même si bien évidemment, elle n'apporte pas grand-chose au final.
Vous aurez droit à une action principale (attaque d'une arme, sort, utilisation d'un objet) qui sera affectée aux gâchettes R et L de la console. Toutes vos autres actions seront affiliées à des raccourcis sur l'écran tactile qu'il sera très dur d'utiliser au combat puisque votre stylet est normalement occupé à faire tourner la caméra. Un système très mal pensé, qui montre le peu de temps qui a dû être accordé à la maniabilité, qui, pendant les combats, devient vite désastreuse.
En effet comme les ennemis sont en 2D, il n'y a aucune gestion des volumes et il faudra donc être littéralement collé au personnage pour voir son coup porter. C'est quelque chose de vraiment peu intuitif, sachant que l'on se prendra souvent, tout au long du jeu, à taper dans le vide ; cela empêche de même toutes les petites tactiques d'esquive, de recul (etc...) qu'on peut d'habitude utiliser dans les jeux d'action en vue subjective. Heureusement, les arcs et les sorts sont un peu mieux paramétrés. Vous l'aurez compris, j'ai trouvé les combats fades et sans saveurs et se résumant, au final, à une nécessité de leveling à la moindre difficulté ; d'autant plus que le jeu est d'une difficulté parfois complètement abusée, et celle-ci obligera le joueur à retourner dans des zones précédentes pour affronter des monstres faibles et gagner en puissance. Heureusement, le soft sauvegarde automatiquement à chaque porte passée, ce qui permettra de ne pas perdre un avancement considérable à chaque mort.
Le système d'évolution du personnage est simpliste : un point de caractéristiques par niveau à répartir, un point de skill qui permet d'améliorer un technique de combat passive ou active, et parfois, vous gagnerez un nouvel emplacement de skill qui vous permettra de choisir un nouveau talent dans une liste qui reste assez importante.
Ajouté à cela, le titre possède cependant une liste plutôt coquette d'équipements en tout genre (trouvés sur des monstres ou différents PNJ vendeurs) et affiliées aux différentes caractéristiques. C'est quelque chose que j'ai bien apprécié et c'est sans doute le seul véritable point fort dans le gameplay. Car au final, le système de combat est basique ; simplet, il contrastera avec la difficulté du jeu, trop relevée par moments, nous obligeant à nous attarder, une nouvelle fois, sur des combats mous et inintéressants, un raté à mon sens.
Une belle enveloppe mal mise en valeur
Fighting Fantsy: The Warlock of Firetop Mountain se présente sous la forme d'un jeu en vue subjective avec des décors en 3D et des personnages sous formes de modèles en 2D, à la manière d'un Orcs & Elves sur le même support, et le moins que l'on puisse dire c'est que c'est réussi.
Le soft arbore des graphismes 3D vraiment jolis et bien modélisés pour de la DS. On peut remarquer également le gros travail fait sur les textures que j'ai trouvées tout bonnement renversantes (tant qu'on ne s'amuse pas à les scruter de trop près, évidemment) compte tenu des limitations techniques du support. Les modèles 2D des PNJ amicaux ou agressifs sont également une réussite. Fins et agréables, malgré une pixelisation parfois gênante, je me suis surpris à contempler certains d'entre eux. Bien sûr il faudra adhérer au design très typique du médiéval-fantastique, et au bestiaire reprenant évidemment les classiques orcs, nains et autres feux-follets.
Cependant, la taille de la DS et le level-design rendront le jeu assez oppressant : les couloirs étriqués du donjon, qui finalement se transformera en labyrinthe sans queue ni tête, ne sont pas agréables à parcourir.
La bande-son, par contre, est proprement et simplement désastreuse. En effet, outre l'absence totale de thème musical (à part des petits sons de trois secondes lors d'un passage de niveau), les bruitages du soft se permettent d'être peu immersifs voir totalement affreux pour la plupart, on remarque même parfois un décalage entre les bruitages de combats et les actions que l'on effectue durant ce même affrontement.
Heureusement, la quête principale ne vous prendra qu'un peu plus de dix heures, mais c'est déjà trop, étant donné que vous en passerez deux ou trois à monter en niveaux pour pouvoir passer des zones d'une difficulté totalement absurde. Si vous êtes vraiment attaché à la quête du 100%, vous pourrez prendre le temps d'explorer chaque pièce du donjon et de réaliser toutes les quêtes annexes se limitant à "va tuer quatre orcs bleus".
Fighting Fantasy: The Warlock of Firetop Mountain n'est en rien une adaptation d'un livre-jeu mais un bête Dungeon-Crawler à l'occidental qui mise tout sur la nostalgie des joueurs au risque de les décevoir. Alliant un gameplay sans saveur et parfois mal réglé, un scénario inexistant et une effroyable bande sonore, le titre ne se rattrapera que par ses graphismes assez impressionnants pour de la DS, mais gâchés par un level-design qui entraine une certaine claustrophobie.
Bref, pour les amoureux des livres-jeu ou pour d'autres joueurs, je ne peux que conseiller de rester à l'écart du titre, et si vous désirez vraiment trouver un Dungeon-Crawler sur DS, tournez vous plutôt vers Orcs & Elves qui a déjà un peu plus à offrir.
15/02/2010
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- Graphismes assez impresionnants
- Design typé médiéval-fantastique pas déplaisant
- La quantité sympatique d'équipements
- Court, heureusement...
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- Toute la partie choix des livres-jeu amputée
- Combats mous et sans saveur
- Maniabilité en combat désastreuse
- Evolution du personnage basique
- Bande son presque inexistante, et ratée lorsqu'elle est présente
- Level-design peu engageant
- Aucun scénario et aucun background, ou presque
- Difficulté grotesque par moment
- Quêtes secondaires embêtantes
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GRAPHICS 3.5/5
SOUND/MUSIC 1/5
STORY 0.5/5
LENGTH 2.5/5
GAMEPLAY 1.5/5
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