Darksiders est d'abord apparu discrètement au milieu de la masse de news quotidiennes. Il émanait des premiers screenshots un air de Beat Them All, déjà vu et opportuniste, afin de surfer sur la vague des jeux du moment. Mais Darksiders avait plus d'un tour dans son sac pour s'imposer en ce début d'année. Les développeurs de chez Vigil Games ont eu pour concept d'aller piocher les bonnes idées dans différents blockbusters du jeu vidéo. Il en ressort un véritable patchwork du paysage vidéoludique. Déroulons ensemble les pièces qui constituent Darksiders.
La Vengeance Divine
La grande Bataille entre les anges et les démons est prévue depuis des siècles à notre insu. Dieu et Diable ont établi une trêve afin d'attendre que le troisième monde, celui des humains, soit prêt à prendre part dans l'affrontement qui se prépare. Lorsque tout sera prêt, les sept sceaux renfermant les Chevaliers de l'Apocalypse seront brisés et la grande bataille pour le sort de l'univers prendra place.
Le chant des trompettes raisonne tirant War (Guerre dans la version française...), Chevalier de l'Apocalypse, de son sommeil. Le temps est venu d'entrer dans la bataille. Pourtant dès ses premiers pas sur Terra, War comprend que quelque chose ne va pas, les humains ne sont pas prêts mais dans ce cas, pour quelle raison la bataille a-t-elle débutée ? Pourquoi a-t-il été invoqué ? Qui a brisé le sceau ? Tant de questions auxquelles War va tenter de trouver une réponse.
On commence le jeu sur Terre, de nos jours, en plein milieu de l'apocalypse. Des humains vivants courent afin d'éviter d'être pris dans l'affrontement sanglant entre le ciel et les enfers. Les routes sont éventrées, les bâtiments sont dévastés et les trottoirs jonchés de cadavres, la mort est partout. War avance d'un pas ferme et décidé, se servant de chaque objet autour de lui comme d'une arme. Parcmètres, poubelles ou voitures, rien n'est de trop pour renvoyer les démons d'où ils viennent. Cette phase de jeu dans les rues d'une ville américaine est réellement jouissive. La vision de notre monde, plongé dans une bataille sanglante avec des humains criant et fuyant en toile de fond est on ne peut plus réussie. Malheureusement, cette partie n'est qu'une simple introduction. Lorsque War regagne finalement la Terre, ce n'est que plusieurs siècles plus tard et si les traces de notre civilisation sont encore visibles, l'ambiance n'est plus la même. Dommage, on aurait aimé que tout le jeu garde cette ambiance.
Une technique implacable
Plutôt que d'inventer un nouveau système de combat, les développeurs de
Vigil Games ont pris le parti de regarder autour d'eux et de récupérer tout ce qui a fait le succès de nombreux titres. Ainsi, au fil de l'aventure, War endossera divers costumes.
Dans son déroulement général,
Darksiders ressemble énormément à un
Zelda 3D. Le jeu emprunte la même succession d'évènements qui est devenue la marque de fabrique de la licence. Ainsi, tel un Link sorti de
World of Warcraft, War devra arpenter les donjons en quête d'un objet qui lui permettra de résoudre les énigmes lui barrant la route. Ce même objet sera la clef de l'affrontement qui l'opposera au boss du donjon. Cet affrontement sera d'ailleurs, comme dans
Zelda, sujet à une stratégie précise. War emprunte aussi à notre ami Link son système de points de vie. Ici, les cœurs sont remplacés par des barres de vie. Mais comme le lutin vert, War obtiendra une barre supplémentaire pour chaque boss vaincu. Le joueur aura également la possibilité de partir en quête des "lifestones", morceaux de barres de vie qui, une fois réunis, viendront augmenter les HP de notre héros. L'emprunt ne s'arrête pas là puisque War, en bon chevalier de l'Apocalypse, pourra chevaucher son fidèle destrier, Ruin. Une fois à cheval, on ne peut s'empêcher de se remémorer
Twilight Princess tant la ressemblance est frappante. D'autres petits éléments viennent agrémenter cet hommage ouvert à l'œuvre de
Miyamoto. Par exemple, lorsqu'on utilise la "Cross Blade", sorte de Shuriken géant se comportant comme un boomerang, on a la même vue de côté que dans
Zelda. On pourra également effectuer les mêmes actions pour résoudre les énigmes. Ainsi, il faudra parfois faire passer sa "Cross Blade" dans une flamme pour ensuite allumer une torche ou une bombe comme on l'a fait de nombreuses fois avec le boomerang de Link.
War n'aura non plus rien à envier à
Orta. Le griffon que l'on chevauche durant l'une des parties de l'aventure a autant d'allure que le dragon de
Panzer Dragoon. Comme dans son modèle, on pourra au choix cibler plusieurs ennemis ou concentrer son tir afin de déclencher une attaque puissante. Hormis les transformations de la monture, absentes de
Darksiders, on retrouve exactement le même gameplay que dans le titre de
Sega. On ne contrôle pas la créature, mais juste la visée afin d'abattre les ennemis qui surgissent sur le chemin tout tracé.
Darksiders ne s'arrête pas là, puisqu'il puise aussi son inspiration parmi les nombreux jeux à succès,
Devil May Cry et
God of War en tête. Si le jeu est sans conteste un Action/Adventure, les combats sont fortement orientés
Beat Them All. Tel un Dante nouvelle génération, War pourra alterner combos à l'épée, au pistolet et au poing armé d'un gant spécial. Mais ne voulant pas faire d'affront au dieu du genre, War empruntera aussi à Kratos ses finishs sanglants et prédéfinis par simple pression d'un bouton au moment adéquat.
Afin de compléter un peu plus les inspirations du jeu, War maniera également une sorte de fusil céleste afin de tirer à vue sur les anges et démons qui parsèment sa route. Cette phase spécifique transporte le joueur dans un
Third Person Shooter à la manière d'un
Dark Sector, on adopte une vue et un déplacement typique de ce genre de jeu.
Enfin, afin de ne froisser personne, on pourra aussi citer
Prince of Persia pour certaines attitudes et mouvements.
War of God
Comme évoqué plus haut, les combats de Darksiders sont un mélange de Devil May Cry et de God of War. Afin d'abattre ses ennemis, War dispose de plusieurs armes : épées, pistolets, faux, "lames boomerang" ou encore gantelets qui, utilisés à différents moments pourront déclencher des combos dévastateurs. Une fois les monstres suffisamment amochés, une simple pression sur le bouton B déclenchera un finish sanglant et jouissif. Les affrontements se révèlent d'ailleurs bien plus tactiques qu'il n'y parait au premier abord et foncer dans le tas mène souvent au fatidique Game Over. Il faudra donc faire preuve de patience et observer les comportements ennemis afin de trouver leur faille. Les boss en particulier demanderont une stratégie spécifique. Toutefois, un peu de bourrinage en règle n'a jamais fait de mal à personne. Afin de satisfaire ses instincts les plus bestiaux, War aura la possibilité (tout comme Dante de Devil May Cry) de lancer un mode furie baptisé "Chaos", transformant War en véritable Balrog indestructible. Si tout cela ne suffit pas, notre cavalier vengeur aura également la possibilité de faire appel à ses pouvoirs magiques. Ces skills baptisés "Wrath" auront pour but de donner un petit coup de pouce à War en réduisant par exemple les dommages subis ou en ajoutant l'élément du feu aux coups qu'il porte.
Malheureusement, tous ces skills et autres améliorations diverses ne tombent pas du ciel. Il faudra négocier avec Vulgrim, le marchand aux grandes cornes, pour débloquer et améliorer les différentes capacités de War. En échange de ses services, notre ami marchand demandera des âmes récolletées sur les ennemis vaincus. Un principe certes encore emprunté à de nombreux titres (Onimusha, Devil May Cry, God of War, etc...) mais qui a fait ses preuves.
Toutes ces possibilités sont plutôt engageantes sur le papier mais à vouloir trop en faire, Darksiders se perd un peu parfois dans les méandres de la personnalisation de son héros. En effet, à vouloir emprunter à droite et à gauche, on se retrouve avec plus qu'il n'est nécessaire. Ainsi, on ne se servira même pas de la moitié des combos disponibles et on ne ressentira ni la nécessité ni l'envie d'acheter tous les skills ou de débloquer toutes les options que propose Vulgrim. C'est bien connu, trop de choix tue le choix, et Darksiders tombe malheureusement dans ce petit travers.
Des graphismes qui font WoW
Si le design typé World of Warcraft ne plaira pas à tout le monde, il a le mérite d'être cohérent et réussi. Les créatures telles que Samael ou le Gardien sont très impressionnantes. Les différents protagonistes possèdent un charisme rare et une personnalité propre. Le jeu est graphiquement très réussi malgré un tearing omniprésent, mais qui vient juste d'être corrigé par un patch améliorant la fluidité de l'ensemble des phases de jeu. Les doublages sont assurément l'un des points forts du soft. Les voix sont très bien trouvées et le jeu des acteurs atteint un niveau de crédibilité rarement atteint pour un titre occidental. Les musiques, si elles ne sont pas transcendantes, nous accompagnent tranquillement tout au long de l'aventure. Comptez par ailleurs une bonne quinzaine d'heures pour voir la fin et facilement cinq à dix heures de plus si vous voulez remplir toutes les sidequests disponibles. Pour cela, vous devrez alors partir à la recherche de toutes les lifestones, de toutes les pièces de "Wrath", de tous les objets améliorant les armes et d'un bon paquet d'âmes afin de débloquer toutes les capacités de War.
Dommage toutefois que le jeu ne propose pas de "New Game +", un mode qui aurait d'ailleurs pris toute son ampleur lorsqu'on complète la quête de "l'Abyssal Armor". Ce New Game + aurait d'autant plus permis au joueur de débloquer sereinement tout le potentiel du jeu sans tourner en rond dans un monde qu'il a visité de fond en comble et où il n'y a plus grand chose à faire.
Darksiders est une belle surprise. Sous ses allures de faux Beat Them All, il cache un gameplay réussi qui rend hommage à de nombreux hits du paysage vidéoludique. L'introduction est si parfaite qu'on regrette que tout le jeu ne garde pas le même décor. Mais on oublie vite ce petit détail pour découvrir un jeu prenant, au gameplay riche et varié qui se paie en plus le luxe d'arborer des graphismes accrocheurs et un doublage excellent. Darksiders est assurément un bon jeu, et on espère que Vigil Games va vite développer une suite qui corrigera tous les petits défauts du jeu.
02/02/2010
|
- Un patchwork réussi
- L'histoire réussie pour un titre du genre
- Les doublages excellents
- Les boss impressionants
- Les énigmes ingénieuses
- Les personnages
|
- Dommage que tout le jeu ne soit pas comme l'introduction
- Trop d'options de customization et de skills
- Pas de New Game +
|
GRAPHICS 4/5
SOUND/MUSIC 4.5/5
STORY 3.5/5
LENGTH 3.5/5
GAMEPLAY 4/5
|