Depuis son apogée au début des années 90, la série
Might and Magic a entamé une lente déchéance qui l'a conduite jusqu'à un peu glorieux
Might & Magic II, petit Action-RPG sans grande prétention sur mobile développé par
Gameloft. Mais le pire restait à venir, puisque suite à des problèmes de droits, le jeu se retrouve sur DSiWare privé de son atout principal : la licence.
Ainsi peut-on le redécouvrir sur console - lui qui ne le mérite pas forcément - sous le nom de
Legends of Exidia.
Héroïsme, amour, et poireaux
Gameloft ne cessera jamais de nous surprendre avec ses scénarios alambiqués et profonds. Voyez donc : on incarne un jeune paysan d'un petit village calme et tranquille qui occupe ses journées entre poules et poireaux, jusqu'à ce qu'une armée de démons appelée Morgorst vienne faire des misère dans le monde d'Exidia. La courageuse princesse Sofia ne leur oppose que peu de résistance, et les voilà en possession de la précieuse orbe magique, prêts à ressusciter le vil seigneur Daraka ; le monde est foutu ! Mais n'écoutant que son courage, notre héros décide d'aider Sofia et de partir vers les terres ennemies pour sauver le monde.
A new hero is born, from leeks to glory !Pas de surprise, le pitch de base est d'un cliché à faire pâlir de jalousie les pires
Tales of. La suite reste dans le même ton, entre révélations qui n'en sont pas, retournements de situation prévisibles et histoire d'amour sans mettre la langue. Rien de bien excitant, mais contrairement à bien des A-RPG issus du mobile, le scénario n'est pas totalement mis de côté.
AAA game
Le gameplay ne verse pas non plus dans l'originalité : on traverse les écrans pour arriver au lieu indiqué, on explose les ennemis en chemin avec des attaques plus ou moins basiques (on se contente souvent d'appuyer comme un fou sur le bouton A) et des magies rudimentaires, puis l'on finit par la traditionnelle confrontation contre un boss, parfois technique, souvent aisée. Heureusement, quelques petites séquences viennent briser la monotonie ambiante : petites phases de réflexion, de QTE, de shoot'em up, de rythme, défis dans une arène... Rien de bien fou, certes, mais cela donne des situations plutôt variées, et on ne s'en plaindra pas tant les combats peuvent vite lasser, d'autant que le jeu ne propose pas vraiment de difficulté. Et si le game-design préconise souvent d'atteindre un certain niveau avant de continuer à cause des hausses soudaines (relatives) de difficulté, la vraie progression se fait par les objets, étant donné que les ennemis progressent en même temps que le héros. Dommage, pour une fois que l'on gagne des niveaux aussi rapidement que l'on meurt dans
Dark Souls...
Les objets, on les trouve souvent chez le marchand du coin, dans les petites villes que le jeu abrite. On profite de ces incartades pour flâner et discuter avec la populace locale, qui n'a souvent pas grand chose à nous apprendre, mais nous refilent des quêtes bienvenues pour renflouer le porte-monnaie. Sympa, surtout que les ennemis sont plutôt radins et n'envisagent pas vraiment de nous laisser acheter autre chose qu'un bâton en bois pour les fesser. Il est vrai que le frottement de l'écorce...
En bref, c'est classique, un peu répétitif, mais pas vraiment chiant, puisqu'on en voit le bout en quelques heures, pas plus de cinq en en faisant l'intégralité. Même à petit prix, ça fait léger.
Multicolore
Pour un jeu issu d'une vieille génération de mobiles, on pouvait s'attendre au pire graphiquement. Mais comme la DS reste une console assez limitée, le jeu ne fait pas trop de peine avec ses décors variés et très colorés, ses sprites un peu détaillés et son animation rapide qui fleure parfois avec la saccade sans jamais vraiment l'atteindre. Le double écran est par ailleurs assez bien exploité, présentant la carte du monde ou les stats du héros, selon les situations.
Mais Gameloft ne se prive jamais d'un peu de facilité, et les mêmes sprites d'ennemis et de villageois seront réutilisés tout au long du jeu, en changeant juste de couleur. Après tout, si Andy Warhol peut se le permettre, pourquoi pas les stars du jeu mobile ?
La bande son reste dans la même veine, pas désagréable mais pas marquante pour un sou. On s'en doutait. Et les bruitages à l'ancienne qui n'évoquent pas toujours l'action effectuée ne contribuent pas à remonter le niveau général, que la mauvaise ergonomie globale des menus avait déjà entamé.
Avec Gameloft, on sait toujours à quoi s'attendre : des jeux peu ambitieux qui oscillent entre le médiocre et l'assez bon. Legends of Exidia est loin d'être mauvais, c'est un fait, mais il est surtout loin d'être bon, et n'occupera pas les joueurs bien longtemps. Un petit titre assez varié mais tellement cliché et plat qu'il ne pourra séduire que les amateurs peu exigeants à la recherche d'un titre modeste pour s'occuper lors d'un déjeuner en famille un peu rasoir ou d'une sortie en forêt avec son cheval.
19/01/2014
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- Terriblement classique et cliché
- Très court
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GRAPHICS 3/5
SOUND/MUSIC 2.5/5
STORY 2/5
LENGTH 1.5/5
GAMEPLAY 3/5
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