Dragon Quest demeure de ces noms dignes de vous faire frémir : l'effet n'en est que plus grand lorsqu'il est suivi du chiffre "VI", faisant signe à ce titre vers un épisode qui n'a pas eu les honneurs d'une exportation et sur lequel plane des rumeurs d'excellence.
Derrière la légende se cache un jeu auquel on aurait peut-être tort de croire qu'il ne faut pas toucher.
Dans ce monde et dans l'autre
Le héros aux cheveux bleus se réveille près du feu, prêt à partir à l'assaut du château d'un démon maléfique. Mais l'affrontement sera de courte durée et se soldera par un échec. C'est pourtant dans son lit que s'éveille (à nouveau), comme d'un mauvais rêve, un jeune garçon du village de Lifecod, dont l'unique mission est d'aller chercher dans la ville voisine une couronne sacrée destinée à accompagner quelque fête traditionnelle. Évidemment, cela ne manquera pas de s'emballer, et il faudra sauver des mondes en exterminant de belliqueux démons tout au long d'une aventure immense, quoique passablement linéaire.
Techniquement, Dragon Quest VI fait honneur à son support : si les combats ne sont pas l'occasion de déluges d'effets spéciaux, l'animation des monstres du designer bien connu de Dragon Ball (mais aussi de Chrono Trigger) - laquelle est pour la première fois de mise dans la série - est fluide (pour ne pas dire "liquide", tant les mouvements sont étonnamment bien décomposés). L'univers est coloré, bien servi par une bande-son honorable (qui peut toutefois manquer de variété). On se prend rapidement au jeu, on a froid dans les villages enneigés (pourvu qu'on ne soit pas soi-même habitué des climats les moins tempérés) et on se tait pour se laisser bercer par les silences sous-marins. L'ensemble, par conséquent, a dans un premier temps tout pour plaire.
La quête des Warriors
Les difficultés sont innombrables dans Dragon Quest VI (ce qui semble être une véritable marque de fabrique de la saga) : elles sont d'abord le fait d'une progression rendue ardue par l'immensité du monde, par la profondeur de la moindre grotte et par l'absence relative (lorsqu'elle n'est pas totale) d'indices quant à l'exploration. Par ailleurs, les ennemis sont rarement faciles, les boss ne sont pas des enfants de chœur et la progression (en termes d'expérience) est lente.
Dragon Quest VI est un RPG du bout-du-monde qui joue la carte du grand voyage : on peut toutefois s'interroger sur la suffisance d'un tel principe en l'absence de fil conducteur scénaristique. Les démons (et que dire du boss final) semblent surgir de nulle part. Si l'aventure dure 50 heures, elle aurait pu en remplir 100... ou 20 ! C'est d'autant plus regrettable que l'intrigue partait sur les chapeaux de roues et propose, néanmoins, quelques excellentes idées.
Le tout est soutenu par un système de combat classique mais riche cependant du fait du nombre de sorts et de classes disponibles, très tôt dans le jeu : les diverses spécialités (souvent indispensables pour se frayer un passage parmi les puissants adversaires) brisent la monotonie (que l'on pouvait craindre) liée au levelling. Si ce système (qui a fait ses preuves) n'est pas très original, s'il est un peu rigide, il n'en demeure pas moins efficace : nul ne devra reculer devant le rêve secrètement entretenu de devenir un Héros (et, pourquoi pas, de désirer une épée).
Plus qu'un Dragon Quest ?
Cet épisode, et la réputation presque sacrée dont il jouit, soulève la question de sa valeur intrinsèque : si le seul nom de Dragon Quest peut suffire à plonger quelques aventuriers avertis dans un état proche de l'hypnose, que reste-t-il de miraculeux en soi ? Nul doute que certains prendront un immense plaisir à participer à un concours de beauté (séculaire), à collecter des médailles (traditionnelles) ou à voyager en tapis volant parce que cela résonne pour eux comme des symboles éternels.
Malheureusement, il se pourrait bien que Dragon Quest VI ne subsiste, en lui-même, que comme un RPG très classique, au scénario bancal, très difficile et, finalement, très (pour ne pas dire trop) long.
Dragon Quest VI n'est pas un mauvais RPG : ses combats sont solides et l'aventure, très variée, assure quelques situations extraordinaires d'originalité et de comique. Cependant, les choses étant même replacées dans leur contexte, il rivalise bien mal avec les références atemporelles que la console a vu naître (Chrono Trigger ou Final Fantasy VI, pour ne citer que les plus consensuelles). S'il demeure sympathique, la longueur de l'intrigue et son manque général de rythme pourraient être à l'origine de quelques indigestions chez celui qui découvre la série.
31/01/2009
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- Un challenge à l'ancienne
- Un système de combats solide
- Une aventure longue...
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- ... voire trop longue
- Un scénario ridicule pour un titre de cette envergure en dépit de quelques bonnes idées
- Un manque de rythme chronique
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GRAPHICS 3.5/5
SOUND/MUSIC 3/5
STORY 1/5
LENGTH 5/5
GAMEPLAY 2.5/5
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