Hunted: The Demon's Forge est le nouveau né de chez
inXile Entertainment.
InXile Entertainment, pour ceux qui ne savent pas, c'est
Brian Fargo.
Brian Fargo c'est des jeux de légende tels
The Bard's Tale,
Baldur's Gate et
Fallout. Un simple syllogisme nous donnerait "
Hunted: The Demon's Forge est un jeu de légende". Malheureusement loin de là, la production du studio occidental fait mentir Socrate mais n'en demeure pas moins un soft à essayer, explications dans ce test.
Tu prendras bien un petit verre de Sleg !
Le jeu s'ouvre sur un rêve prémonitoire dans lequel vous prenez les commandes de Caddoc, un fier guerrier mercenaire appâté par l'argent et arachnophobe. A ses côtés à son réveil soudain, son ami la chasseresse E'Lara, dont les formes proéminentes et la tenue succincte occulteraient presque la pauvreté technique des animations faciales. Ainsi en vadrouille, nos deux comparses vont bien vite rencontrer la dame des pensées cauchemardesques de notre ami Caddoc (et on comprend pourquoi il en rêvait, le coquin), laquelle les enverra enquêter sur l'apparition de forces obscures, avec de toute évidence une soi-disante récompense à la clé. Manque de chance, comme souvent, des rebondissements font leur apparition, on est dans la merde jusqu'au cou parce que la trainée du début de jeu nous a menti sur toute la ligne, et vous vous retrouvez à casser des crânes jusque dans les profondeurs ténébreuses des terres obscures de Kala Moor, afin de pourfendre le fléau qui planifie la destruction du monde grâce à son armée d'orcs : le grand Annuvin *frissons*.
Oui, Hunted: The Demon's Forge est effroyablement cliché, et je doute qu'on puisse faire pire (mieux ?) dans ce domaine. Du duo brute épaisse/archère elfe sexy à la mythologie fantasy vue, revue et sur-revue en passant par des dialogues convenus et sans substance, Hunted donne le ton. Mais qu'on se le dise, l'ambiance décalée du titre d'inXile pourrait plaire aux joueurs en quête d'une expérience légère, courte et sans prise de tête. Malgré les doublages français désastreux (préférez la version anglaise, moins chère et plus convaincante), certaines scènes faisant appel au caractère burlesque des personnages prêtent à sourire. L'intonation de certaines répliques laissent planer le doute sur les intentions des doubleurs, à mi-chemin entre l'invitation au sexe et la complainte langoureuse. A titre d'exemple, on notera cette réplique d'E'Lara lorsque, quand on contrôle Caddoc, on ose s'approcher d'elle de trop près : "J'espère que c'est ton épée que je sens là, Caddoc". Vous l'aurez compris, Hunted ne se prend pas au sérieux, c'est bourrin, y'a plein de sang (mal fait), des boobs (plutôt réussis), et c'est bien pour ça que c'est classifié 18+. Car ce n'est en effet certainement pas sur la complexité du système de combat qu'il faudra compter pour toucher un public adulte.
Alors, tu tires ou tu pointes garçon ?
Tel un sudiste qui se respecte, il vous faudra trouver solution à ce dilemme un bon nombre de fois dans cette aventure. Le soft propose effectivement d'incarner à tour de rôle Caddoc ou E'Lara, l'un privilégiant le corps à corps avec cependant une arbalète pour la distance, et l'autre préférant se tenir à l'écart avec son arc et quelques flèches aiguisées, mais demeure toutefois apte à se battre au corps à corps avec une épée. Néanmoins, si cela vous chante, vous pouvez très bien garder le même héros durant toute la durée de votre partie, le choix ne se fait que ponctuellement, lorsqu'une orbe violette est présente sur votre chemin, autrement dit à chaque checkpoint.
Tandis que le tutoriel de départ laisse présager un gameplay assez répétitif avec un coup faible, un coup fort et basta, la suite nous fait mentir, avec notamment un système de magie très bien pensé pour le jeu à deux. L'interaction est de mise donc. En utilisant tel ou tel sort sur l'ennemi, vous favorisez les conditions d'attaque de votre coéquipier. Par exemple, une magie permettant de soulever les ennemis en l'air en les immobilisant offre l'opportunité à E'Lara de dégommer ses cibles alors devenues statiques. Toute cette belle prestidigitation est imputée à la barre de magie qui morfle bien rapidement en début de partie, puis évolue au fil de votre quête, tout comme votre barre de vie. A ce titre, l'expérience acquise se manifestera sous forme de cristaux à collecter tout au long du jeu, et qu'il faudra dépenser dans un menu afin d'obtenir différentes compétences, physiques ou magiques. A noter qu'il s'agit là d'un jeu d'action-aventure et que le choix proposé n'est pas mirobolant mais reste toutefois assez varié pour tenir durant la dizaine d'heures de jeu que propose Hunted. Par ailleurs, lesdites compétences obtiendront des boosts permanents selon plusieurs facteurs comme le nombre d'ennemis anéantis au total ou bien la découverte d'un certain nombre de zones secrètes... Tout ceci étant listé en détail dans le menu du jeu. On ne saurait trop conseiller donc, d'être curieux et de bien inspecter chaque zone à la recherche du moindre indice.
Je pointe !
Outre les tétons d'E'Lara, je fais surtout ici référence à la relative linéarité du soft. Pour qui veut tracer la quête principale, les chemins sont clairement mis en évidence, à la limite de la ligne droite, et au cas où l'on se perdrait, à l'instar de
Fable III une ligne marquée au sol peut-être activée pour indiquer le chemin aux Caddoc du pad. En marge de cela, il faut tout de même mentionner la présence de puzzles très rafraichissants. Très loin de l'esprit "no-brain" du jeu ces énigmes parfois complexes, qu'elles soient annexes ou obligatoires, ont le mérite de nous changer du train-train quotidien consistant à maraver du moche constamment et nous permettent de nous poser tranquillement, histoire de tester les angles de vue offerts par la caméra sur E'Lara. En un mot comme en cent, ce sont des temps-morts agréables qui apportent un petit plus non négligeable à l'expérience de jeu et sont sources d'équipement de roxxor. Équipement qu'il vous faudra changer souvent, les enchantements présents sur les armes les plus puissantes n'étant que provisoires, tout comme la durée de vie de vos boucliers, plutôt courte il faut le dire. Car, proche du hit and run, le corps à corps implique une bonne gestion du contre et de la parade, cette dernière ayant vite fait de réduire en morceau votre protection. Les hordes de monstre étant généralement conséquentes, il faudra souvent compter sur ce que l'on trouve sur les restes des ennemis, bien qu'il ne s'agisse pas là du meilleur arsenal que l'on puisse espérer, celui-ci étant très souvent usé, abimé. Heureusement pour vous couvrir pendant vos déambulations, l'IA, qui fait preuve d'une grande... intelligence. Indépendante, elle s'adapte bien aux situations de combat et donne un très bon soutien, bien qu'elle ne soit pas exempte de bugs ponctuels (pathfinding, entre autres).
Mais comme on le sait tous, rien ne vaut une bonne coop en splitscreen, et cela
inXile l'a bien compris. C'est pourquoi on peut profiter d'un mode deux joueurs en local, ou en ligne. Parfaitement adapté à l'esprit du jeu, on se lance dans ce mode, on accroche facilement et on profite du fun qu'offre une soirée vidéo-ludique entre potes. La prise en main est rapide et le plaisir garanti, d'autant que l'aspect travail d'équipe qui fait la force de
Hunted s'en retrouve exacerbé.
Pour contraster, en solo on appréciera sans doute plus facilement l'ambiance terne des donjons qui est assez réussie, malgré une certaine redondance dans les décors d'intérieur. Ce qui n'est pas le cas des environnements d'extérieur qui proposent des plans intéressants, tout en grandiose, mais sont complétement gâchés par une technique très moyenne. Et ce ne sont pas les pistes extrêmement discrètes qui nous aideront à ressentir ce petit souffle épique.
Crucible
Dernier petit point pour signaler la présence d'un mode tout particulier, le mode Crucible. Il consiste en la création de ses propres niveaux pour pouvoir ensuite jouer dedans en solo, avec ses amis, sur le Live ou à les partager sur le net. Il offre un très bon panel de personnalisation, même si l'on se trouve évidemment bien loin d'un Minecraft ou d'un Little Big Planet. Il s'agit là de choisir les "salles" que l'on traversera, l'équipement et les vivres que l'on pourra y trouver, les vagues d'ennemis, leur nombre, leur type etc... Le seul hic étant que si dans l'aventure principale on ne récolte que très peu d'argent, très peu d'éléments du Crucible seront débloqués et il faudra persévérer pour pouvoir profiter pleinement de cet éditeur de niveau. Il demeure néanmoins un bon petit gadget et moyen d'amusement si l'on cherche à savoir qui de son rival ou de soi est capable de tuer le plus de monstres tout laids.
Hunted: The Demon's Forge est sans conteste un bon jeu. On prend du plaisir, on peut éventuellement se marrer ou se défouler à deux pendant une soirée, mais tout ceci reste bien éphémère. A des lieux d'être transcendant, le soft d'inXile date visuellement et manque de convaincre artistiquement. Restent une ambiance parfois accrocheuse, un ton décalé appréciable et un gameplay plutôt bien pensé sur la base de la coopération. Mais croyez moi, la seule chose que vous retiendrez réellement d'Hunted, ce seront deux bonnes grosses paires de seins.
12/06/2011
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- Du fun, du sang, des boobs
- L'humour
- L'ambiance en solo
- La coopération
- Gameplay bien pensé et simple
- L'éditeur de niveau
- Les énigmes
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- Technique un peu à la ramasse
- Bande-son trop discrète
- Doublages français catastrophiques
- Beugué
- Scénario certes rythmé mais peu consistant
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GRAPHICS 3/5
SOUND/MUSIC 2.5/5
STORY 3/5
LENGTH 3/5
GAMEPLAY 4/5
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