NB : ce test ne se prononce pas sur l'ensemble de la série, ni même sur la qualité de Dragon Quest VII en tant que Dragon Quest. Les fans de la série devront passer leur chemin, car j'ai réalisé ce test en ignorant tout de la série, des épisodes précédents. Ce test ne peut avoir de valeur qu'à destination de joueurs partageant mon ignorance. Par ailleurs, il s'agit là d'une version remaniée, dans la mesure où quelques formules malheureuses ( ici corrigées ) ont pu induire certains lecteurs en erreur sur mes intentions de testeur dans la version précédente.
On ne présente plus à présent la série mythique des Dragon Quest, réputée jusqu'à nos contrées, même si elle reste tout à fait méconnue. Dragon Quest - DraQue pour les japonais - est une légende au pays du Soleil levant, Akira Toriyama, le célèbre créateur de la série des Dragon Ball - entre autres - étant pourtant l'unique ambassadeur de la série par-delà les frontières nipponnes, alors que les deux autres membres du " trio " à l'origine du projet nous sont bien inconnus. Le septième épisode est d'autant plus mythique qu'il aura sans cesse été repoussé. Ce test est l'occasion d'y voir un peu plus clair, et surtout de comprendre pourquoi nous ne pouvons comprendre la fureur japonaise vis-à-vis de cet ensemble.
Graphismes ratés + musiques convenables = ...
On a beaucoup attaqué Dragon Quest VII à propos de la pauvreté de ses graphismes : la remarque a bien quelque pertinence, mais encore faut-il formuler avec précision le reproche. On se passe très bien d'un exploit technique pour que la symphonie ludique fonctionne, encore faut-il que l'univers soit riche et suffisamment charmant pour qu'il nous donne envie d'y entrer. Le nom qui se cache derrière la réalisation graphique de Dragon Quest - et ce semble-t-il depuis les origines de la série - est Akira Toriyama. Ce nom raisonne par-delà les frontières japonaises tant l'homme est réputé.Je ne suis pas grand fan de Toriyama, mais reconnaissons-lui un style unique qui permet de développer à la fois le sérieux et l'humour à travers les décors ou les personnages. Ce serait une lapalissade de dire que le style colle à Dragon Quest, ce serait surtout prendre le problème à l'envers : Dragon Quest EST Toriyama, et çà se sent. Le sujet est maîtrisé, les monstres sont rigolos lorsqu'ils ne sont pas effrayants. Les personnages en revanche, s'ils ne sont pas ratés, manquent cruellement de charisme. Mais on ne pourra en faire le reproche à M. Toriyama, qui produit là à mon sens un travail tout à fait honorable.
Reste cependant que les graphismes, qu'il s'agisse de la modélisation des personnages ou des décors, sont mauvais. On en vient à se demander si la 2D n'aurait pas été beaucoup mieux adaptée au jeu. En effet, la 3D est proche de ce que propose un Xenogears, et les personnages sont petits, qui plus est proportionnés de façon ridicule. On restera toutefois mesuré, car certains lieux sont réussis. L'impression est d'autant plus forte que l'on nage pendant de longs moments parmi des décors communs, répétitifs, manquant de détails. Le tout est servi par une animation, elle aussi, faible, qui se révèle pourtant agréable lors des combats, lesquels ont bénéficié d'un soin particulier ( dans la modélisation des monstres et dans leur animation ). Quelques effets de lumière sympas viennent pimenter le tout, mais là encore, on est loin, très loin de ce qu'on peut trouver de mieux sur PS. On ne parlera pas des FMV, qui sont ridiculement laides, même si elles ont le mérite de ponctuer certains moments très importants.
Dragon Quest VII ne peut donc convaincre par ses graphismes. Qu'en est-il de son environnement sonore ? Tous les thèmes sont réussis, mais un seul est tout à fait exceptionnel. Le tout est très équilibré, on regrettera juste la relative répétition dans les thèmes. Les partisans du fait diront que cela renforce la cohérence du monde de Dragon Quest, on ne les contredira pas. Les musiques et les effets sonores sont tout à fait acceptables.
C'est long, c'est grand
On chasse avec de nouvelles catégories lorsqu'on s'attelle à Dragon Quest, c'est ce que révèle le déroulement du jeu. Oubliez Final Fantasy et ses personnages charismatiques, ses moments dramatiques, rien de tout cela ici. On part à l'aventure pour ne jamais en revenir. Le héros n'a pas de nom, car du début à la fin - croyez-moi - c'est bien vous le héros ( surtout si vous arrivez à en voir le bout ). Vous êtes un adolescent, habitant de Fishbel, fils de Borkano, le plus grand des pêcheurs. Votre village se situe sur une île, perdue au milieu de l'océan, sur laquelle l'existence est paisible. Accompagné du prince du pays, Kiefer, et de la taquine Maribel, vous ne rêvez que d'aventure, même si par-dessus tout, vous voulez devenir pêcheur, comme votre père. Un jour, par hasard - mais il fallait bien que celui-ci arrive, tant vous menez des recherches depuis des années - vous résolvez l'énigme d'une ruine perdue près de votre village. Vous résolvez un étrange puzzle et vous retrouvez dans un endroit inconnu. Or, en ce lieu, sombre et hostile, vous rencontrez - incroyable - des monstres, qui n'apparaissent habituellement que dans les légendes. Par ailleurs, vous semblez avoir échoué sur une île qui n'est pas la vôtre, fait d'autant plus étrange que personne n'a jamais découvert d'autres terres. On dévoilera le scénario dans sa trame principale : en fait, il s'agit à chaque fois de voyager dans le passé, et de libérer des continents mystérieusement scellés ( par le gros méchant, cela va de soi ). Dans Dragon Quest VII, vous n'aurez aucune surprise, ce n'est pas le but, mais le principe vous permettra de connaître des dizaines de lieux et d'accomplir des actions variés. Cela va, croyez-moi, vous tenir en haleine. En effet, Dragon Quest VII nécessitera au moins 80 heures de votre temps, et je ne plaisante pas. A vous de voir, mais c'est long, très long, voire trop long pour les joueurs qui ont passé les 18 ans ( entendez par là qui ont un peu moins de temps ). Les défis sont répétitifs, on voyage, on résout le problème, on complète les puzzles. C'est un long train-train, tantôt passionnant, tantôt ennuyeux.
L'univers est riche, étendu et varié. Mais les personnages en revanche, sont ratés. En plus des héros de l'aventure ( des garçons et des filles ), quelques PNJ se joindront de temps à autre à votre fine équipe. Ceux-ci sont à peu près aussi intéressants que les personnages qui vous accompagnent pendant toute la durée de l'aventure. On est d'ailleurs souvent triste de voir partir certains personnages qu'on aurait peut-être pu apprécier. Je reprendrai, une fois n'est pas coutume, la phrase énoncée par un testeur bien connu qui disait " je ne vois pas l'intérêt de jouer dans des décors en pâte à modeler avec des personnages dont le charisme ne dépasse pas celui d'un grille-pain ". C'est bien sûr tout à fait réducteur, mais cela révèle une part non négligeable de la vérité de Dragon Quest VII. Disons simplement que les développeurs n'auraient rien perdu à travailler ce point, sans lequel un jeu ne pourrait prétendre au titre de légende.
L'Antiquité du combat
Ne nous y trompons pas, l'Antiquité est une période tout à fait passionnante, même si le latin a pu donner des boutons à nombre de collégiens. Il me semble pourtant qu'on tient là la comparaison en ce qui concerne le système de gestion et de combats de Dragon Quest VII, un jeu de l'an 2000. Or, celui-ci possède les qualités et les défauts propres à l'Antiquité. Le tout est très noble, et rappelle une époque révolue, celle de l'héroïsme et des valeurs perdues, mais subsiste le fait que nous autres, joueurs du XXIè siècle, ne sommes plus adaptés à ce genre de périple. Les combats sont en vue subjective, ce qui en réduit considérablement le dynamisme, mais ils sont rapides et ne sont pas très contraignants, c'est simple et efficace. Les personnages gagnent de l'exp, progressent au fil des niveaux et gagnent parfois des " skills " ou des " spells " qui usent un certain nombre de Mp. Cependant, le tout prend son envol lorsque apparaît - et croyez moi, malgré l'impression qui sera la vôtre, vous serez très loin de la moitié du jeu - le système de classe. Les personnages peuvent adopter une classe qui modifie leurs statistiques et leur permet d'apprendre de nouvelles capacités en combattant un maximum de fois. Encore une fois, simple et efficace, il n'y a pas grand chose à redire. On se prend facilement au jeu. Contrairement aux graphismes, déplorables, on peut dire que sur ce point, la mayonnaise - qui est une sauce parmi d'autres finalement - prend !
Le gestion ne s'arrête pas au combat, et je vois vos sourires fondre devant l'idée du sac. En effet, le sac est le cauchemar du RPGiste, tant l'inventaire de Final Fantasy - nouvelle génération - est confortable. Attention, vos personnages ne sont pas des super héros et la place est limitée dans le sac de chacun. Pensez également que vous devrez y fourrer vos armes. En revanche, et c'est le bol d'air qui rend le tout stratégique et non chiant - au contraire de Grandia si vous vous rappelez bien - vous disposez, justement, d'un sac commun, que vous trimbalez avec vous et dont la contenance est proprement illimitée. Ouf !!!
Le reste est classique, mais finalement cela se comprend puisque se présente sous vos yeux les prémices de vos nuits blanches : vous achetez des armes - hors de prix comme dans les vieux jeux - et vous sauvegardez à l'église. Soit dit en passant, ce jeu me rappelle étrangement Landstalker, sur Megadrive, ou plutôt, devrais-je dire, Landstalker me rappelle - rétrospectivement - étrangement Dragon Quest, tant dans les effets sonores, que dans le rôle des différents habitants des villages... Pas de révolution, mais un système qui a fait ses preuves, bien exploité, mais malheureusement rendu lourd par les commandes pas toujours évidentes ( les sous-sous-menus sont nombreux ).
Un sérieux problème d'ergonomie
Il y'a dans Dragon Quest un élément auquel on ne prend habituellement pas garde, tant les développeurs de RPG y prêtent soin. Si l'ergonomie du jeu n'est pas soigné, le tout devient contraignant, rapidement lassant. Or Dragon Quest est tout à fait médiocre sur ce point, le fond est discutable - certes - mais tout à fait honorable quand on y réfléchit. C'est bien l'ergonomie du tout qui frise la catastrophe. En effet, Dragon Quest flanche tant à propos de la prise en main que du rythme général : Dragon Quest est peu ludique. Ses interfaces sont austères, les dégâts n'apparaissent pas au dessus des ennemis, mais dans une fenêtre de texte ; c'est certainement un détail, mais même la police de caractère est désagréable à la vue. Par ailleurs, le menu est vilain, peu pratique. Enfin, le jeu est long, trop long. On ne comprend pas où l'on nous emmène et on a franchement l'impression de perdre son temps, impression confortée par les séances incessantes - la moitié du temps de jeu - de level up, un exercice qui peut parfois se révéler ludique si le système de combat est riche. Reconnaissons toutefois que ces derniers sont relativement rapides. Face aux productions actuelles, soignées, Dragon Quest ne fait vraiment pas le poids, non pas qu'il faille juger un RPG ( ou un jeu vidéo quelconque ) sur ses seules qualités techniques, mais parce-qu'il est inférieur sur presque tous les points aux productions auxquelles nous pouvons consacrer notre temps. Le tout est lourd, dur : on n'avance pas d'un pouce durant des après-midi entières. Si les japonais aiment, je comprend le succès de Dragon Quest, en revanche, je n'y trouve pas grand intérêt.
On ne se méprendra pas sur les qualités intrinsèques de Dragon Quest VII qui reste un RPG très moyen : réalisation ratée, scénario limite et plaisir de jeu quasiment nul. En revanche, ne vous fiez pas entièrement à mon test, car il se pourrait bien que Dragon Quest soir autre chose qu'un simple jeu. En tant qu'européen, il semble difficile de percevoir toute l'étendue de cet univers et des clins d'oeil qui y sont fait. Il semblerait que le jeune japonais retrouve à chaque épisode de la série certains fondements de certaines de ses habitudes de vie. Ne rejetons pas les millions de japonais qui le dévorent avec plaisir, leurs raisons sont sans doute tout à fait valables. Pourtant, en toute objectivité, et malgré le fracas que provoque une attaque à l'encontre d'un tel monstre sacré, j'affirme m'être peu amusé en jouant à Dragon Quest. Dernière chose, paradoxalement, essayez-le quand même, histoire de vous faire une idée, et jouez une trentaine d'heures. Mais pas la peine d'aller plus loin si vous n'accrochez pas, car rien de nouveau ne se dévoilera à vous d'ici la fin. Si vous aimez... poursuivez l'aventure, vous en aurez pour votre argent!
05/07/2005
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- La série fondatrice du RPG - ce n'est pas rien
- Les monstres de Toriyama
- Un environnement musical mémorable
- Une aventure riche et longue
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- Réalisation déplorable
- Difficulté mal dosée
- Un scénario assez pauvre
- L'aventure manque de rythme
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GRAPHICS 1.5/5
SOUND/MUSIC 3.5/5
STORY 2/5
LENGTH 4.5/5
GAMEPLAY 2/5
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