Il est dorénavant de notoriété publique que la scène indie réserve aux joueurs beaucoup de surprises, bonnes comme mauvaises.
DeathSpank: Orphans of Justice des studios
HotHead pourrait malgré un classicisme assumé, se ranger dans la catégorie des softs qui percent sur cette scène un peu particulière. Chroniques d’un héros en slip pas comme
les autres.
Savoureusement débile
Deathspank est un héros, un true, un dur, en vrai bois. Seulement, lorsqu’il se lance à la quête de l’artefact de pouvoir tant convoité sur les ordres d’une belle rousse, il se fait vite roustir par quelques trolls à la sortie du... premier donjon ! L’homme repart donc bredouille affronter la colère de son employeur, qui lui explique qu’il faudra terrasser le terrible Lord Von Prog pour récupérer la relique. Mais manque de pot, Von Prog a également enlevé des orphelins en détresse qu’il a dispersé de par le monde. Deathspank et son sens de l’héroïsme à toute épreuve ne pouvant résister à l’appel de l’aventure, l’homme se mettra en quête des enfants, et ce ne sera pas qu'une mince affaire croyez moi.
Un synopsis totalement barré pour un jeu qui l’est tout autant. D’une discussion philosophique profonde avec une vache au ramassage de crottes de licornes pour une quête, le titre accumule en effet les calembours et autres boutades, dans la plus pure tradition « british ». Entre deux scènes incongrues, on peut toutefois parfois retrouver un humour un peu plus léger et subtil, mais n’y comptez pas trop, l’essence de Deathspank: Orphans of Justice réside dans le burlesque pur et dur. Le tout est brillamment appuyé par un doublage particulièrement seyant, tout en caricature et en exagération. On ne se le cachera donc pas, l’omniprésence du surfait, du trop-plein peut éventuellement gêner, voire littéralement gaver le joueur, auquel on conseillera dès lors de jouer par à-coups, ce qui n’est en soi pas gênant tant le jeu est court.
I am DeathSpank, Dispenser of Justice…
Court et maniable qui plus est ! S’il est bien une qualité peu discutable qu’il faut reconnaître à DeathSpank: Orphans of Justice, c’est sa prise en main immédiate, simple, qui permet d’offrir du plaisir de jeu aussitôt que l’on pénètre dans son univers. Le soft arbore des commandes simples : quatre touches pour assigner à chacune l’arme de son choix, quatre autres pour mettre les consommables, une furie à l’aide de la gâchette et le tour est joué. Un atout en somme pour développer un gameplay jouissif et rentre dedans. Car si DeathSpank: Orphans of Justice se veut hack’n’slash de par tout un attirail propre au genre (drop aléatoire, inventaire restreint, coffre de stockage, menu des quêtes et j’en passe), il demeure bien moins fin dans son approche du combat que ses prétendus homologues ou modèles. On se rendra effectivement compte qu’au bout d’une ou deux heures, les affrontements se résumeront à matraquer deux boutons où se trouvent nos meilleures armes, ainsi faire monter notre multiplicateur de dégâts, déclencher une furie de temps à autres et fin de l’histoire. Trop minimaliste ou volontairement élémentaire, chacun se fera son opinion. Toujours est-il qu’en utilisant ce schéma, on obtient du fun très vite et en quantité, surtout à deux ! Le mode coopération vient en effet rajouter une dose d’amusement et permet de rosser tous les ennemis sans trop de souci. Pour la simple et bonne raison qu’il ajoute une ou deux subtilités dans le gameplay. Par exemple votre partenaire pourra bloquer un ennemi en le retenant avec un souffle de feu tandis que depuis l’arrière DeathSpank en bon couard qu’il est l’achève à petit feu grâce à l’arbalète. On préconisera par conséquent de s’atteler au titre de HotHead avec un ami.
Vanquisher of Evil…
Techniquement, DeathSpank: Orphans of Justice est très limité, c’est à peu près une évidence. Seulement, il arrive à ne pas être repoussant visuellement. Les environnements ont malgré tout bénéficié d’un certain soin et on appréciera la profusion des couleurs de même que la bonne diversité des décors tout au long du jeu. On passera par un cimetière, des plaines traditionnelles, des mines démoniaques… Jamais rien de très original, mais la polyvalence y est, c’est au fond l’important : se diversifier et ne pas être redondant et rébarbatif. La direction artistique sauve donc un peu le tout, et le même constat est à faire du côté du character-design. Les traits sont très marqués pour faire ressortir la personnalité stéréotypée des différents PNJ et leur donner un petit cachet humoristique, mais on reste dans des dessins typés cartoon qui sont en général agréables à l’œil.
Quant au monster design, force est de constater que le staff s’est fait plaisir. Autant il est facile de rencontrer des ennemis très conventionnels comme les orcs par exemple, autant certains choix douteux donnent des résultats abracadabrants bien que toujours savoureux. Dans tous les cas, personnages comme monstres, les animations sont réussies et souvent loufoques avec moult petits effets que l’on pourrait considérer comme anecdotiques mais qui en fin de compte font notre quotidien dans le soft et occasionnent quelques rictus. De même que la bande-son, plus présente par ses bruitages sonores fréquents que par sa musique, nous accompagne tout du long sans jamais trop faillir, mais sans jamais briller non plus.
& Hero to the Downtrodden
Parce qu’il fallait vraiment leur dédier un paragraphe, aux quêtes. A ces quêtes, qui vous en feront voir des vertes et des pas mûres. On les doit à l’imaginaire de
Ron Gilbert (
The Secret of Monkey Island ou bien
Penny Arcade Adventures) que l’on sait déjà quelque peu atteint. Et cela ne semble pas aller en s’arrangeant avec
DeathSpank: Orphans of Justice. Ne serait-ce que l’idée de mettre les orphelins que l’on retrouve dans un sac où les enfants s’entassent et que l’on garde sur soi perpétuellement est un bon indicateur de la teneur du reste du jeu. Plus sérieusement (si tant est que l’on puisse être sérieux à propos de ce jeu), le schéma est bien souvent le même : vous abordez un passant qui, les trois quarts du temps, vous explique son problème totalement barré, vous sélectionnez ensuite une ligne de dialogue au choix parmi plusieurs tout aussi débiles les unes que les autres et vous voilà lancé dans un engrenage infernal sans queue ni tête. Le fait est que, les quêtes n’ayant par conséquent presque aucun sens logique, les énigmes seront parfois très tordues, au risque de tourner en rond. Les développeurs ont bien évidemment pensé à cela, et proposent un système d’indice à débloquer pour chaque quête à l’aide d’un cookie, un objet relativement rare cela dit.
DeathSpank: Orphans of Justice est assez brillant. Parce que sur une scène indie où le maitre mot pour s’en sortir est l’originalité (Limbo, Flower), il tire son épingle du jeu en restant résolument classique. Sa réussite réside dans le fait d’avoir grossi au maximum les traits du Hack’n’Slash pour en extraire l’essence même du fun et d’avoir ensuite enrobé ce plaisir instantané d’un délicieux humour et d’un univers haut en couleurs. DeathSpank a joué la carte de la caricature sur tous les plans, et malgré quelques imperfections, c’est une affaire rondement menée.
04/11/2011
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- Très fun très vite
- Drôle, barré, loufoque
- Bons doublages
- Univers travaillé
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- Techniquement faible
- Peut se révèler lourd par moments
- Musiques oubliables
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GRAPHICS 2.5/5
SOUND/MUSIC 3.5/5
STORY 3/5
LENGTH 3/5
GAMEPLAY 3.5/5
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