Inutile de revenir sans cesse sur la dramatique tournure prise par la série
Shining depuis quelques années maintenant, le temps où elle était synonyme de grand RPG étant bel et bien derrière nous. Cela étant dit, force est de reconnaître que
Sega se donne du mal pour pondre des jeux a chaque fois très différents les uns des autres, au risque de perdre définitivement les fans.
Shining Hearts n'échappe donc pas a la règle en proposant une expérience à mille lieues des habitudes de la saga.
Nul Pain sans Peine
Vous incarnez Rick, un épéiste amnésique échoué sur une île et recueilli par l'une des trois héroïnes que vous aurez sélectionné au préalable. Celle-ci vous hébergera dans sa demeure, un petit bateau aménagé en maison de fortune, et vous incitera rapidement à aller bosser comme tout le monde pour mériter votre pitance. C'est ainsi que vous ferez la connaissance de Madera, la vieille boulangère du coin, qui vous engagera dans son petit commerce local en vous faisant faire des petits boulots de coursier dans un premier temps, pour ensuite vous attaquer aux fourneaux et faire du pain. Et pas n'importe lequel, puisqu'il s'agit d'un pain magique capable de satisfaire chaque client selon son humeur, représentée par des cœurs de différentes couleurs. Et c'est alors que vous commencez tout doucement à vous habituer à cette nouvelle vie bien tranquille qu'une jeune fille s'échoue elle aussi sur la plage quelques jours plus tard, après qu'une étrange tempête se soit abattue sur l'île. Et contrairement à vous, l'énigmatique demoiselle n'a pas seulement perdu la mémoire, mais également ses émotions.
Le concept de Shining Hearts est de proposer au joueur d'incarner un boulanger capable de répondre aux besoins exacts des habitants de l'île en confectionnant un pain extraordinairement bon, en accord avec leur humeur. Chaque sentiment est représenté par des cœurs de différentes couleurs que vous amasserez pour ensuite les utiliser de différentes manières, et pas seulement pour faire la cuisine. En effet, ceux-ci vous permettront non seulement d'améliorer votre bateau pour partir explorer les îles voisines (ne me demandez pas comment, c'est magique), mais également d'avoir accès à toute une panoplie d'attaques spéciales propres à chaque personnage. Car oui heureusement on ne fait pas que livrer du pain dans le RPG de Sega, on doit aussi combattre pour sa vie... De temps en temps. Le déroulement du jeu est alors tout ce qu'il y a de plus banal, avec des quêtes annexes a effectuer en masse jusqu'à ce que le scénario daigne avancer, pour ensuite recommencer vos livraisons et vos parties de chasse, et ainsi de suite.
Du Pain sur la Planche
Le système de combat est très simple et archi classique, à savoir un bon vieux tour par tour avec deux lignes de formation pour placer vos attaquants. Les rencontres avec les ennemis sont aléatoires mais votre lanterne (magique) située en bas à droite de l'écran changera de couleur lorsqu'une confrontation sera sur le point d'éclater. Il n'y a rien de particulier à retenir sur le gameplay en lui-même, car mis à part une panoplie relativement décente d'attaques spéciales et la possibilité d'assauts groupés avec vos partenaires, le soft fait dans le très conventionnel. Vous composerez votre équipe de quatre personnages maximum avec les protagonistes principaux de l'île à votre convenance parmi une dizaine, sans jamais avoir de choix imposés excepté lors de quêtes annexes individuelles.
En réalité, on a plus l'impression de se retrouver face à un
Harvest Moon version boulangerie plutôt qu'à un RPG pur et dur, comme si cette partie avait été rajoutée histoire de pouvoir y coller le nom
Shining dans le titre. Le rythme du jeu est vraiment très tranquille, les allers et retours entre les différents clients et la boutique seront très nombreux, et la répétitivité de l'action se fera vite sentir. Le scénario n'arrange pas les choses avec une intrigue qui peine à décoller, où rien ne bouge durant de nombreuses heures de jeu et qui finalement se révèle bien décevante. Et ne comptez pas sur les combats pour rehausser l'intérêt tant la facilité déconcertante de l'ensemble nous conforte dans l'idée que le jeu a été d'abord été pensé comme une sorte de simulation de vie plutôt qu'un jeu de rôle.
Au Four et au Moulin
C'est plutôt dommage car le soft est graphiquement très agréable et assez soigné, les personnages relativement attachants avec un design de
Tony Taka toujours très réussi, et l'ambiance sympathique quoique trop mignonne à mon goût. A côté de ça, les musiques se laissent écouter mais ne resteront pas dans les mémoires. Les temps de chargement sont longuets malgré la possibilité d'installer le jeu sur la carte mémoire, et les combats, d'une mollesse rare, nous ennuient plus qu'autre chose. Heureusement un mode automatique est présent pour ces derniers, à croire que les développeurs eux-mêmes étaient conscients du caractère particulièrement chiant de leur système. Et puis après tout, on pourrait aussi lui reprocher le manque de profondeur de son concept des cœurs, qui finalement se révèle bien plat et sans réel impact. Il est ainsi tout à fait possible de répéter les mêmes actions encore et encore afin de progresser dans l'histoire sans s'en préoccuper une seule seconde.
Si la chasse aux ingrédients et la cuisine ne sont pas votre truc dans les RPG, il y a fort à parier que
Shining Hearts vous endorme à coup sûr. L'aspect
Animal Crossing ne plaira certainement pas à tout le monde, le déroulement du jeu basé sur les quêtes annexes non plus, et la faible dimension épique de l'aventure achèvera le RPGiste aguerri. Reste une durée de vie plutôt correcte dans l'ensemble si l'on accroche à l'univers, car même si la quête principale se bouclera en un peu plus de vingt heures, il y aura toujours mille choses à faire avec la boulangerie y compris en post game.
Seuls les accros de Harvest Moon ou Animal Crossing pourront trouver leur compte dans ce titre vraiment très particulier. L'absence totale de challenge, le rythme catastrophique du jeu et l'aspect RPG en retrait ne le destine clairement pas à tout le monde. Ni vraiment bon, ni complètement mauvais, Shining Hearts ennuie plus qu'il ne passionne, enfonçant toujours plus loin la série dans les abysses de l'indifférence.
31/01/2014
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- Jolis graphismes
- Le chara design signé Tony Taka
- L'univers agréable
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- Une histoire qui ne décolle jamais
- Le concept des cœurs finalement peu exploité
- Très répétitif
- Combats inintéressants
- Aspect RPG en retrait
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GRAPHICS 3.5/5
SOUND/MUSIC 3/5
STORY 2/5
LENGTH 3.5/5
GAMEPLAY 2.5/5
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