Majin Tensei II arrive sur Super Famicom en 1995, alors que la console de Nintendo est légèrement effacée par l'impact des 32 bits. C'est aussi ces dernières années de vie qui offriront aux joueurs les plus grands RPGs de la console, comme Star Ocean ou le Fire Emblem V : Thracia 776. Quand aux Megaten, le dernier jeu sur Super Famicom était Last Bible 3, qu'on aimerait oublier. Majin Tensei premier du nom avait su séduire grâce notamment à ses sublimes graphismes en combat et sa bande son sautillante. Majin Tensei II se devait de garder cet esprit et ne pas bafouer la saga naissante.
On débute le jeu par une introduction d'une rare efficacité, construite telle un début de film, avec le staff roll directement annoncé et une bande son progressive d'une performance rare dans un RPG. Cela m'a rappelé l'intro de Snatcher, forcément du grand art, donc. On apprend ici que le jeune héros, Naoki Takeuchi, a perdu son père dans une explosion et qu'il rêve d'une certaine jeune femme plutôt perturbante. En 1996, à Tokyo, Naoki rejoint le groupe de résistance appelé les Partisans et essaie de lutter contre l'invasion des démons sur son sol natal. Très vite, le groupe est disloqué et Naoki se retrouve en compagnie d'une fameuse fille, s'équipera du Devil Summoning Program et commencera à partir à la recherche de ses anciens compagnons. Le jeu est bien plus scénarisé que Majin Tensei 1 et c'était la moindre des choses à faire. Ainsi le scénario plutôt original vous entrainera dans diverses failles temporelles créés par le System Dio et vous enverra à différentes époques plus ou moins éloignées dans le temps. Vous visiterez les années 2024 et la nouvelle Tokyo, reverrez votre défunt père dans les années 1995 et combattrez l'envahisseur digital dans le futur total en 2052 et sa nouvelle Megalopolis. Naoki sombrera alors dans la folie et la suite du jeu se déroulera dans son amnésie et sa paranoia. Prometteur dis-donc, d'autant plus que le jeu retrouve enfin le système d'alignements si cher à Megaten, ainsi vous devrez choisir entre plusieures voies et réponses qui influenceront votre vision des choses pour finir par obtenir l'une des 5 fins différentes (Neutral, Law Light, Law Dark, Chaos Light, Chaos Dark).
Naoki croisera de nombreux personnages tout au long du jeu, de la traditionnelle jeune fille énigmatique aux démons les plus luxueux, tous plutôt réussis et suffisamment profonds pour tenir en haleine.
Avec un tel scénario bien précis et très structuré chronologiquement, le fan apprendra de nombreuses choses sur l'axe principal des Megami Tensei et pourra faire le lien avec différents évènements d'autres jeux de la franchise Megaten. C'est en tout cas l'élément majeur qui différencie le trop éxpéditif Majin Tensei I et le plus raisonné Majin Tensei II.
Graphiquement, on change un peu le staff précédent pour offrir au jeu une originalité certaine et ne pas réutiliser les anciens sprites. Le jeu gagne en maturité au niveau du design, avec des démons moins mignons mais plus détaillés. Certains sont archi esthétiques et extrêmement fouillés, comme les habituels Lucifer, Satan, Mikael et compagnie, d'autres paraissent assez médiocres face aux sprites immenses de Majin Tensei 1. Mais en général, c'est du très bon boulot. Ce qu'il ne fallait absolument pas changer, c'est évidemment l'équipe musicale, avec Mr. Aoki en tête de ligne. On garde les mêmes et on recommence, et comme ceux-ci ont encore progressé au niveau mélodique et en logique musicale, on se retrouve avec des compositions qui flirtent avec la perfection. Surtout que Majin Tensei II fait partie de ces rares titres qui exploitent d'une façon incroyable mais vraie le processeur sonore de la Super Famicom, profitant de percussions sidérantes et de samples de haute qualité. En bref, la bande son de Majin Tensei II, c'est des thèmes pour dancefloors. Ultra sautillante et électronique, elle exploite des possibilités presque inédites dans le monde du RPG. Ensuite c'est une affaire de goût, parce que les thèmes ne sont que rarement épiques ou batailleux, c'est plutôt de l'électronika et de la transe synthétique surréaliste. La piste Desolate City fait même sacrément penser à du Wachenröder, ça frôle le génie.
Majin Tensei II brille une nouvelle fois quand on parle de son gameplay. Tactical RPG dorénavant en 3d isométrique, on a enfin l'occasion d'utiliser toutes les subtilités du terrain pour défaire les démons. Fidèles à la saga, ces cartes en 3d isométrique sont très sobres mais précises, et les personnages sont représentés par des petits sprites aux allures de pions de couleurs, vaguement identifiables. On a évidemment la possibilité d'utiliser le COMPuter afin de capturer puis invoquer les démons et du coup se créer une armée surpuissante. Le jeu conserve les ponts entre le Makai (monde des démons) et le monde réel qui amènent presque infiniment des démons sur la map, et qu'il faut éventuellement bloquer. Les menus sont tout en anglais ce qui simplifiera grandement la jouabilité pour la plupart des personnes, et le informations relatives au combat sont très facilement compréhensibles. Lorsqu'on frappe un ennemis, l'interface change et amène un écran splitté dans lequel on voit les deux combattants. Dans Majin Tensei 1, ces phases étaient d'une rare résolution et surprenaient presque à chaque fois. Ici, l'écran splitté et les multiples indications gâchent un peu la définition des sprites qui sont du coup plus petits, mais les décors sont souvent somptueux et les démons deviennent de plus en plus impressionants au fil du jeu. A chaque Level Up vous pouvez attribuer un point afin d'augmenter une compétence spécifique.
Le jeu étant devenu assez scénarisé, le nombre de personnages disponibles est grand et la capture de démons se veut moins automatique que dans Majin Tensei 1 et pas franchement nécessaire. Aussi, le jeu est plus court (mais propose 5 fins) et plus agréable que le premier épisode. On y joue avec plaisir et chaque map est suffisamment intéressante pour ne pas lacher sa partie.
Ce Majin Tensei II - Spiral Nemesis est véritablement un grand jeu, probablement l'un des meilleurs Tacticals RPG de la Super Famicom. On retient à coup sûr sa géniale bande son et son design de qualité. Et son gameplay complet (mais pas complexe) finit de le rendre quasiment indémodable.
22/07/2005
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- L'introduction qui met dans une ambiance de folie
- La musique qui est selon moi la meilleure bande son Super Famicom
- Le gameplay fabuleux
- Le scénario intéressant
- Les graphismes et sprites très détaillés
- Les 5 fins
- Je me répète mais, les musiques ! mon dieu !
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- Un tactical RPG plutôt difficile
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GRAPHICS 4/5
SOUND/MUSIC 5/5
STORY 4/5
LENGTH 4/5
GAMEPLAY 4.5/5
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