Le 8-bits est à la mode. Un peu comme une réponse à la course et à la surenchère technologique qui sévit depuis le début de ce millénaire, il défend son lard à l'aide de pixels et de musiques rétros, et se permet même un retour en force sur tous les plans (d'ailleurs, vous n'avez pas entendu parler de la
Post-it War ?). Déclaration d'amour d'une génération élevée aux gros carrés
pour certains, volonté de surfer sur la vague de la nostalgie à moindre coûts
pour d'autres, le monde du jeu vidéo voit de plus en plus de softs arborer la robe du old school. Un hommage et une passion que les gars de chez
Zeboyd Games font perdurer, avec "
un jeu comme dans l'temps, mais un peu beaucoup parodique", qui fleure bon les années 80.
Bienvenue à Zombieland
Ce qui devait arriver arriva : une énième guerre plus tard et l'utilisation d'une mystérieuse arme de destruction massive, l'homme a enfin condamné son existence, et par la même occasion celle de toute trace de vie sur terre. Un bonheur pour un malheur, faute de vie ce sont les morts et autres créatures fantastiques qui sont dans la place. Zombies, fantômes, squelettes, orcs j'en-passe-et-des-meilleurs investissent donc la planète bleue - qui plus est débarrassée de tous soucis potentiels (adieu problèmes de démographie, de répartition des richesses, de DSK et du CAC 40 !) - et sont bien contents de désormais avoir la paix. Une paix dont Dem, chevalier squelette aphone et caricature de héros ne peut profiter, car il reçoit l'ordre du narrateur tout puissant de se démerder pour "percer les secrets du passé et savater les forces du mal" ; en effet, un peu benêts d'avoir été devancé par les humains pour déclencher l'Apocalypse, les démons décident de raser ce qui reste de morts-vivants et de vivants-morts, au moins pour la forme. Voilà donc notre sac d'os lancé à l'aventure malgré lui, rejoint de force par Sara, fantôme historienne qui aime se faire des films, Lita la vampire geek et Erik le prince zombie au fort accent français.
Inutile de chercher un scénario où il n'y en a pas dans
Breath of Death VII, d'ailleurs même une feuille de PQ paraitrait encore bien vide après y avoir écrit l'histoire en intégralité. Plus qu'à un RPG, on a ici affaire à une parodie de RPG qui fait très vite comprendre dès les premières minutes qu'il n'y a rien à prendre sérieux. Le jeu est truffé de répliques et de références toutes aussi idiotes les unes que les autres, s'amusant même à régulièrement tacler ou exagérer des éléments du RPG devenu banaux et surtout
clichés depuis le temps : ainsi on forcera le joueur à se taper un passage dans les égouts sous prétexte que c'est un passage aussi énervant qu'obligatoire, ou on se foutra de lui lorsqu'il obtiendra l'arme ultime, étant donné que battre ce boss-caché-ultime la possédant prouve que l'on avait déjà un groupe de demi-dieux. On rigolera également beaucoup de Dem, notre héros aphone, qui verra toujours ses pensées ou ses idées interprétées aux antipodes de leur sens initial. Le titre du jeu n'échappe pas non plus à la règle, référence à la fois à la série
Breath of Fire et à
Final Fantasy 7, l'auteur s'étant dit que s'inspirer de jeux aussi populaires pouvait être sympa ; inutile de chercher les 6 précédents, donc.
BoD VII se fend d'un humour caustique et plaisant, pour peu d'accrocher à une comédie masquant un scénario fait de vide, et qui parlera plus aux vieux briscards du JRPG qu'aux jeunots.
Classique, linéaire, moche
L'un des maitres mots de Breath of Death VII, c'est "rapidité" ; et pour cause, il ne faudra pas plus de 6 heures pour en venir à bout. Tout dans le jeu a été conçu pour freiner un minimum le joueur, aussi bien en combat qu'en exploration. L'exploration, parlons-en justement : on baladera donc Dem et ses acolytes sur une worldmap tout aussi 8-bitienne que le reste du jeu, en enchainant villes et donjons sans que de réels soucis se posent. Tout est très basique et linéaire. Une exploration néanmoins conçue de manière à elle aussi troller et faire bisquer le joueur, en le faisant chercher moults passages secrets pour accéder à des coffres bien visibles, qui contiendront alors une symbolique pièce d'or ou de l'équipement surpuissant. Sans parler de tous les butins que Dem, homme squelette de principe, ne prendra pas : après tout c'est déjà très malpoli de rentrer chez les gens sans frapper, alors piquer leurs biens et se tirer comme un voleur est hors de question. Petite particularité avec toutes les cartes que visitera la joyeuse troupe, puisque chacune d'entre elle (world map incluse) disposera d'un nombre limité de combats ; une fois la limite atteinte, plus de combats aléatoires à craindre, et l'exploration peut se faire sans sourciller. Et si néanmoins on réclame quand même bastonnades, on peut lancer des affrontements depuis le menu, limite atteinte ou non ! Idéal pour faire une pause farming entre deux tannées de boss, souvent très costauds et qui cassent le rythme, les combats étant très généreux en piécettes et expérience. Et comme si ça ne suffisait pas, de nombreux points de régénération sont également présents (et sont souvent synonymes de *tada*... boss fight), sans parler du fait que l'on peut sauvegarder à tout moment.
Les combats quant à eux sont à l'image de l'exploration et des graphismes : basiques. Ils prennent la forme d'un tour à tour classique sur un simple fond noir, où seuls les ennemis apparaissent à l'écran, Dragon Quest stylez, ennemis qui n'échappent pas à la règle de la re-coloration générale pour en créer de nouveaux. On choisit donc les actions de nos personnages entre attaque / défense / magie / technique / potion (seul objet consommable du jeu !), et parfois en utilisant la commande "Union", demandant deux personnages ou plus pour effectuer une action, gourmande en MP mais aux effets plus efficaces que la normale. Quelques subilités sont néanmoins présentes, avec notamment un système de combo, dont le compteur est variablement incrémenté après chaque attaque d'un personnage, et qui va déterminer la puissance de certaines techniques, vital contre les boss car représentant une force de frappe non négligeable; ou un système de level-up qui fait choisir à chaque fois entre deux capacités ou statistiques, idéal pour créer son équipe bien à soi, cette customisation prenant fin autour du niveau 30. Il est toujours possible de leveler après, mais les gains seront alors les mêmes quel que soit le choix.
Je parlais de rapidité un peu plus haut, et bien les combats eux mêmes encouragent également à faire vite et bien, et à déployer tout son sens tactique. Et pour cause : à chaque fin de tour, la puissance des ennemis augmentent de 10 %. Et les tours défilent rapidement. On a très vite fait de se retrouver face à un monstre capable de détruire en un coup ses personnages, voire tous ses personnages lors de combats de boss. Rapidité qui sera également prise en compte dans le regain de MP à la fin du combat, ces derniers étant une denrée précieuse (à l'inverse des HP qui sont toujours régénérés).
Des pitits carrés partout
Comme vous l'aurez sans doute remarqué au fil de la review, ce n'est pas par ses performances techniques que le soft brille, préférant se draper d'une robe toute pixelisée et riche en couleurs tout droit sortie des années 80. La réalisation est très austère dans son ensemble, les environnements visités sont plus que classiques, le jeu est vraiment radin en effets et artifices, et pourtant cette sauce où le pixel est roi prend agréablement même après plus de deux décennies d'existence ; grande prudence pour les afficionados des polygones et autres textures dernier cri, le choc pourrait être sévère (mais quel bon joueur de RPG jugerait majoritairement sur les graphismes, hmm ?)
Même constat pour la bande-son du jeu, dont les pistes se comptent littéralement sur les doigts des deux mains. Elle fait son travail d'ambiance correctement sans jamais être trop envahissante, et
les musiques la musique de combat est particulièrement réussie, son remake pour les combats de boss également. Le jeu offre également un minimum de replay value par la présence de plusieurs modes de difficulté, et un mode Score Attack, consistant à boucler le jeu avec le niveau le plus petit possible pour maximiser son score.
Une bonne petite surprise que ce
Breath of Death VII. Parodie de RPG classique dans le fond et la forme, ce soft pas piqué des vers surprend par son humour bien trempé, ses mécaniques sympathiques et sa réalisation aussi arriérée que charmante. Un soft idéal pour s'éclater entre deux gros RPG ou le temps d'un week-end, ses 5-6 heures de durée de vie pour cause. Pour à peine 2€ le jeu, il serait idiot de passer à côté, d'autant plus que pour le même prix, un bundle avec son grand frère
Cthulhu Saves The World est disponible.
03/10/2011
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- Le charme 8-bits
- L'humour
- Des mécaniques bien pensées
- Juste 2 € !
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- C'est quand même très court
- Rythme du jeu en dents de scie
- Attention, c'est quand même très old-school
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GRAPHICS 2.5/5
SOUND/MUSIC 2.5/5
STORY 4.5/5
LENGTH 1/5
GAMEPLAY 3/5
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