Après un accueil modeste mais chaleureux des joueurs pour
Valkyria Chronicles 2,
Sega décide d'allouer un budget pour un troisième opus qui cette fois ne sera pas développé en interne. Fort d'avoir changé le jeu de rôle tactique, la licence avait cependant migré sur portable, un support qui sied bien au genre. Mais à l'heure où les incertitudes demeurent sur une éventuelle localisation en occident, hâtons-nous de voir ce que vaut réellement ce
Unrecorded Chronicles.
(Note : les changements de cette Ex Edition sont consultables dans le paragraphe N°Ex Edition)
Nameless
Nous sommes au cours de la Seconde Guerre Européenne, la même qui eut lieu lors des évènements de
Valkyria Chronicles premier du nom. Alors que l'Empire continue sa marche en avant sur Gallia, nous allons suivre le destin d'une mystérieuse unité 422. Cette escouade possède une particularité que les rumeurs alimentent, les membres seraient composés d'anciens déserteurs ou autres criminels et on les enverrait droit dans le mur pour des missions suicides. Mais ce n'est pas tout, puisque les soldats de cette unité n'ont pas de noms, juste des numéros, comme si leurs pertes n'avaient pas la moindre valeur et que l'oubli semble la meilleure destinée.
C'est dans ce contexte que nous suivons l'officier Kurt Irving, brillant stratège qui va être piégé sournoisement et recalé au sein de l'unité 422 pour le remplacement du commandant fraîchement et anonymement tombé au combat. Kurt n'a plus de nom, désormais il s'appellera N°7 et il devra faire avec les pires criminels, tout en attendant l'occasion de régler des comptes avec les agissements de la hiérarchie, ceux-là même qui l'ont conduit dans l'ombre. Parmi les membres, il aura fort à faire avec notamment deux d'entre eux, Imca la N°1 d'origine darscen et très peu sociable, ainsi que Riela la N°13 dont les apparences amicales cachent un lourd fardeau.
Valkyria Chronicles 3 se déroule en parallèle des évènements du premier opus et le jeu propose d'entrée un environnement beaucoup plus sombre et hostile. Ça, c'est au début, avant que la relative banalité du récit ne rattrape la majorité des joueurs. En effet, l'histoire tente un mixage plus ou moins heureux avec les situations des deux premiers épisodes. Nous ne serons donc pas surpris de prendre part à des missions en compagnie des héros du premier jeu, mais également avec ceux du deuxième jeu alors que l'académie n'est encore qu'un champ de ruines.
Sympathique pour les fans, anecdotique pour les néophytes, ces phases cachent en réalité un manque flagrant d'originalité. Ainsi deux lignes directrices émaillent le scénario en marge de la trame principale, et ces moments extrêmement importants sont à la fois trop prévisibles et trop vite expédiés, se contentant finalement d'accompagner le joueur jusqu'à la fin. D'un côté la richesse du background et le charisme global de cette unité 422 marchent plutôt bien, de l'autre il y a de quoi être déçu que le traitement soit si caricatural.
Mais bon, dans l'ensemble l'histoire reste agréable à suivre à défaut de vraiment nous impliquer.
N°27
Les plus avertis d'entre vous connaissent certainement le moteur maison de Sega baptisé "Canvas". Et bien vous ne serez pas dépaysés car ce troisième opus en reprend la technique.
Premier constat et première déception, les scènes animées assez généreuses d'habitude ne sont ici pas plus nombreuses que le nombre de doigts sur une main. Frustrant sans aucun doute lorsque l'on peut admirer la qualité d'animation de celles-ci, consternant lorsqu'en plus elles témoignent du manque de passages véritablement marquants à mettre en avant. Reste que leur présence reste appréciable pour les yeux d'autant plus que l'interface garde l'esprit initié dans le deuxième épisode. Le chara-design, beaucoup plus inspiré apporte aussi son vent de fraîcheur, notamment grâce à quelques artworks biens sentis dont certains plein écran.
Jeu de rôle tactique en 3D, on retrouve donc une partie graphique très sensiblement améliorée du précédent. Tout au plus l'aspect crayonné est plus prononcé et les personnages un peu plus détaillés. Cela dit le résultat répond globalement aux attentes puisque la réalisation demeure une jolie performance sur PSP, les décors notamment sont toujours aussi astucieux avec un level-design travaillé avec sa découpe en zones (idéal pour masquer les problèmes d'affichage), des effets graphiques pertinents et une animation dans l'ensemble particulièrement fluide.
Pas de soucis à ce niveau, mais plutôt sur un défaut déjà présent dans Valkyria Chronicles 2 : le recyclage. Rendons les choses simples, la grande majorité des cartes sont reprises dans ce troisième opus et les nouvelles sont si peu nombreuses qu’elles se savourent plus que de coutume. Bien sûr les développeurs s'amusent avec nous, mais ajouter de la neige ou des flaques d'acide est une supercherie qui ne marche qu'un temps. Il y a un manque cruel d'investissement de la part du studio et il est difficile de pardonner tel laxisme.
Le constat est identique au niveau de la bande-son. Pas tant la qualité des doublages, de bon niveau, que les musiques elles-mêmes mais plutôt du recyclage sans scrupules. Hormis deux ou trois musiques vraiment nouvelles, les habitués de la licence connaissent toutes les pistes. Ok elles posent toujours une ambiance du tonnerre, mais du nouveau n'aurait pas fait de mal.
N°14
Valkyria Chronicles 3 est un jeu de rôle tactique en 3D. La licence a initié un système baptisé "Blitz" qui permet de déplacer ses personnages en temps réel dans des zones où de multiples interactions sont possibles, le but étant généralement de prendre les camps adverses ou de défaire une unité spécifique. Depuis son arrivée sur console portable, les vastes zones ont laissé place à de plus petites sections reliées entre elles, un moyen efficace avant tout pour faciliter la bonne stabilité technique du jeu sur un hardware moins puissant.
Sega avait prévenu, ce troisième opus renouera avec un jeu beaucoup plus scénaristique et le mode en ligne sera absent. Dans les deux cas ils n'ont pas menti, déjà car il n'y a plus d'options en ligne et d'autre part car le jeu est très dirigiste. Normal me direz-vous puisqu'il s'agit d'un tactical, mais sachez avant tout qu'ici vous progresserez sur une carte de "région" avec quelques points qui font office soit de séquence visual novel (discussion entre autre ou séquence animée), soit de missions. Comme le jeu est découpé en chapitres, vous devrez systématiquement faire toutes les cartes avant de passer à la région suivante. Quelques exceptions demeurent cependant, puisque vous devrez choisir une route parmi des prétendantes pour la fin du jeu, Imca et Riela pour tout dire, via quelques petites séquences.
Avant d'engager la partie bataille, il est plus que recommander de faire un tour au campement où plusieurs options s'offrent à vous. La première consiste aux entraînements, puisque l'expérience accumulée permet de faire monter chaque job de niveau. Cette interface permet aussi de jeter un œil rapide à la "Master Table" pour voir quelles conditions seront nécessaires pour monter les jobs et en débloquer de nouveaux. D'ailleurs on regrettera que le système de jobs du deuxième opus soit troqué contre un système bateau qui ne présente que peu d'intérêt puisque vos soldats sont globalement meilleurs dans leurs classes d'origine. Pour finir, vous aurez l'opportunité de choisir à terme plusieurs leaders, et sous certains aspects de gagner des compétences spéciales (des skills aléatoires ou sous la forme d'ordres).
A côté, l'armurerie pourra également évoluée. Outre les traditionnelles armes et armures, on retrouve une ribambelle d'accessoires plus ou moins intéressants pour booster des statistiques. L'armement du tank est également de la partie avec tout ce qu'il faut pour palier aux difficultés, sachant que dorénavant il y a beaucoup plus de pièces pour le véhicule blindé léger. En marge, les traditionnelles coupures de journaux et médailles sont toujours disponibles, histoire de voir le regard du monde sur vos combats.
Combats
La découpe en zones dont je parlais plus haut possède un inconvénient : vous ne pouvez avoir que maximum 5 unités sur la même zone et 9 au total tank inclus. Malgré les apparences c'est amplement suffisant puisque vous aurez déjà du mal à choisir vos soldats parmi la vingtaine que vous recruterez (automatiquement).
Le système blitz consiste donc à gérer une jauge de déplacement variable selon le job. Pendant ce temps vous êtes libre de vous déplacez en temps réel mais vous êtes aussi une cible mouvante parfaite pour les tirs ennemis. Il ne faut donc pas hésiter un seul instant : sacs de sable, des herbes hautes, construire un pont sont autant d'exemples qui permettent à la fois de progresser à l'abri mais aussi de riposter efficacement, le but, on le rappelle, étant généralement de prendre les camps adverses, même si quelques variantes comme la récupération de marchandises ou l'escorte sont de la partie (et par conséquent de la redite connue des habitués).
Rien n'empêche de choisir plusieurs fois de suite un personnage mais il y a deux paramètres essentiels : le premier concerne la jauge moins importante à chaque fois, le deuxième est régi par les CP. Ces points d'action visibles en haut de l'écran indiquent le nombre de fois que vous pouvez jouer vos unités, sachant que le tank compte maintenant pour 1 CP et que les ordres ont vu leur consommation considérablement réduite. A cela il faut ajouter un système de SP (variable par mission), qui permet des actions uniques, comme la possibilité plaisante de manier Riela en Valkyria, l'invincibilité qui va avec.
Malheureusement, ce système si brillant et dans l'ensemble toujours aussi amusant comporte quelques défauts. D'abord il n'a pas évolué, il a même régressé sous certains aspects comme le paramétrage plus simple. Ensuite, la redite des cartes est si importante que vous allez jouer trois, quatre, cinq voire six fois les mêmes. Ce recyclage intempestif est le plus gros problème du jeu, puisqu'il ne réserve aucunes surprises aux initiés et qu'il lassera les nouveaux venus. D'autant plus dommage que le niveau de challenge fut revu à la hausse pour de bonnes sessions tactiques, même si elles sont un poil sabotées par la stupidité des ennemis.
N°Ex Edition
Le jeu peut se finir entre 40 et 50h avec les missions optionnelles.
Maps libres/routes : quelques missions (recyclées) sont disponibles à chaque début de chapitres, et quelques choix s'offriront de temps à autre pour permettre de savoir quelle fille a votre préférence (ce qui altère quelques scènes sur la fin).
New Game+ : de nouvelles missions libres, de nouveaux personnages à recruter et vos acquis préservés pour refaire la trame principale.
EX édition : la version Ex offre une poignée de missions supplémentaires et quelques menues sessions sur certains personnages. A noter qu'ils sont disponibles pour la plupart en DLC pour le jeu original.
Valkyria Chronicles est un peu au bout du rouleau avec cet opus narratif qui ressemble plus à une unité de recyclage qu'un vrai épisode. La redite des cartes issues du deuxième jeu est grossière et la simplification du paramétrage des unités en décevra beaucoup. Maintenant, le système de jeu - même s'il n'a pas évolué - reste particulièrement efficace et amusant. Au final si les joueurs habitués de la licence peuvent sûrement passés leur chemin, les nouveaux venus devraient y trouver leur compte (ces derniers pourront ajouter une demi-étoile à la note).
03/10/2012
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- Jolie réalisation
- Un casting sympa
- Retour d'un challenge convenable
- Système toujours aussi efficace et amusant...
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- ...mais qui n'évolue pas
- Le paramétrage simplifié
- Le recyclage des cartes
- Le recyclage des musiques
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GRAPHICS 4/5
SOUND/MUSIC 3.5/5
STORY 3/5
LENGTH 4/5
GAMEPLAY 3.5/5
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