" La lune "
Lucian - " Ça te fait mal ? "
" Oui un peu, mais ça ira car ce n'est pas la pleine lune. Hey, penses-tu que ce chevalier viendra me secourir ? "
Lucian - " Je serai ton chevalier. C'est une promesse. "
Lucian - " J'ai entendu que les hallucinations marquent souvent le stade final de la maladie. J'aurais voulu emmener ma soeur là où les ailes d'oiseaux géants couvrent le ciel entier, mais... Je ne pouvais pas... je n'aurais jamais pu... Qui dois-je haïr maintenant ? "
Wachenröder est un Tactical-RPG de grande envergure. Sorti à la fin de l'ère Saturn, il parvient à avoir l'un des staff roll le plus impressionnant de l'histoire du RPG, tous réunis pour fournir au jeu une ambiance hors du commun. Vous évoluerez dans un univers Steam Punk, très ancré sur la technologie et le combat contre la pollution. Chaque ville visitée par le joueur a un contexte particulier et une histoire assez consistante, en plus de personnages clés. De plus, le design apporté à ces décors est fabuleux et souvent accompagné d'art de Yasuo " Daddy " Fujita ou d'Abe Yoshitoshi. Les personnages du jeu se combattent à l'aide de Sledge (S.R.G. = Steam Refine Gear) qui est une arme qui agit à l'aide d'une cartouche d'hydrogène. En tant qu'arme mécanique, elle peut se retrouver bloquée si vous surexploitez ses capacités.
Le character-design est réparti entre plusieurs designers de talent. Range Murata s'occupe des deux personnages principaux, Lucian et Caroll, alors que les autres sont créés par Yasushi Yamaguchi et Tomokazu Nakano. Ils ont en plus un voice acting parfait et fait par des seiyu de renom. La plupart des autres petits détails comme les Face Drawings ou Item Graphics sont à la charge de particuliers loin d'être méconnus chez nos amis japonais. Le ton général du travail artistique est clairement mélancolique et pessimiste, complétant parfaitement le scénario maussade et noir de Koichi Suzuki et ses deux copains. Le début du jeu est très très fort et réellement différent de ce dont on a l'habitude dans les RPG, alors que la suite s'inscrit plus dans des complots politiques avec un propos moins égoïste. Néanmoins, le tout reste extrêmement détaillé et la progression toujours logique et réaliste. Pas de syndrome de " Deux Ex Machina " ici, rien n'est laissé au hasard. Le ton général plutôt pessimiste laissera pourtant cours à des moments d'émotions remarquables, notamment grâce à la sagesse de Bellebete et le mystère entourant Caroll.
Musicalement nous avons droit à Ian McDonald pour le savoureux Main Theme, et des compositions parfois orchestrales, souvent progressives de Takayuki Negishi et du studio PJ. Le soundchip Saturn est remarquablement exploité. Je fais remarquer mes thèmes préférés en la personne d'Inside Train Cannon et son clavier survolté, la plupart des musiques rock mélodique et surtout l'ending thème qui transcende clairement tout le jeu en 4 minutes.
Autant le contexte atmosphérique est intouchable, autant le reste est bien moins parfait. Autant tout ce qui est artwork est remarquable, autant les graphismes ne sont pas très agréables. Wachenröder étant un Tactical-RPG, nous avons droit à une vue isométrique plutôt banale. Les cartes sont parfois grandes avec un décor assez travaillé, mais le tout tombe trop souvent dans des couloirs réduits et sombres où faire mouvoir nos personnages est un calvaire. De plus, les vues sont souvent mal choisies, et même s'il nous est possible de zoomer et diriger plus ou moins la caméra, on se retrouve souvent avec une vision bancale et inadaptée au combat. Les personnages qui combattent ont une représentation vraiment simpliste mais pas désagréable non plus. On les reconnaît parfaitement et c'est tout ce qu'on demande. On pardonne le peu d'effets spéciaux et les attaques souvent navrantes de banalités car l'interface est réussie et le design général des combats est sympa. Le clou du spectacle est certainement les attaques spéciales de type 1 et 2 qui profitent d'un changement d'écran et d'une animation en 3D assez... minable... Comprenez que c'est moins propre que les mêmes phases dans Shining Force 3, mais encore une fois celles-ci sont sauvées par le design (assez mal retranscrit quand même) et les musiques qui les accompagnent.
Mon constat paraît affligeant mais ce n'est pas aussi mauvais, disons que c'est très décevant pour un jeu de 1998 et que beaucoup de jeux Saturn plus âgés font bien mieux. Mais ça n'en devient jamais insupportable, donc le blâme est un peu inutile.
Le gameplay est par contre quelque chose à réussir impérativement pour qu'un jeu puisse être apprécié à sa juste valeur. Wachenröder a misé sur la simplicité, et du coup les joueurs risquent d'être partagés. Le jeu est un Tactical-RPG en 3D isométrique comme je l'ai dit précédemment, et se joue donc comme les autres jeux de cette famille. Au début du combat, vous choisissez vos combattants, puis commencez votre premier tour en prenant en compte les conditions de victoire, la géographie du terrain et la météo. Lors de chaque tour, vous déplacez chacun de vos personnages puis l'ennemi fera de même, ce n'est pas un système basé sur la rapidité d'exécution des persos.
La suite est simple : Il y a deux types d'attaquants, les " sword type " qui attaquent au corps à corps et les " bow type " qui attaquent de loin. Il n'y a aucune magie exceptée la possibilité de soigner, particularité qui s'accorde logiquement avec le scénario et l'ambiance Steam Punk du jeu.
Vous possédez un taux de mouvement possible, partant de 99 et allant jusqu'à 0. Vous n'êtes pas limité à un déplacement et une attaque car chaque action fera descendre cette jauge petit à petit. Se déplacer loin vous permettra d'attaquer une fois, voire deux, alors que limiter le déplacement conservera la jauge et vous permettra plus d'attaques. Nous avons parlé plus haut des S.R.G., les armes qui fonctionnent mécaniquement. Ces armes sont la seule chose à savoir maîtriser dans Wachenröder. Elles possèdent cinq types de pression qui sont cinq forces de frappes différentes. La première videra peu la jauge de déplacement mais ne donnera qu'un coup faible, alors que la cinquième fera un coup critique mais empêchera quasiment toute action suivante. De plus, les armes passent des vitesses qui bloqueront certains types de pression. Un coup de type 5 passera une ou deux vitesses, et chaque vitesse atteinte bloquera un type d'attaque. Par exemple, une fois la vitesse 1 enclenchée, il vous sera impossible d'utiliser une attaque de type 5. La particularité d'un tel système est qu'il limite les attaques bourrines puisqu'il faudra laisser refroidir sa mécanique quelques tours pour pouvoir refrapper à pleine force. Ajoutez à ça deux types de coups spéciaux qui tuent généralement l'ennemi en un coup si les conditions géographiques sont favorables (attaque dans le dos de l'ennemi, attaque en hauteur,...). Du reste, le temps et la température influencent légèrement la mécanique, mais c'est un détail un peu anecdotique. Sachez que les ennemis profitent aussi de ce système, et qu'il est parfois amusant de se faire frapper par un gars ayant bloqué son arme à la cinquième vitesse (et par la même occasion être entré en mode " heat " - vitesse maximum - ) pour ne se prendre que 5 de damages pendant 5 coups ^^.
C'est malheureusement tout ce qu'il faut savoir sur le système de combats original mais qui propose peu de possibilités.
L'autre paramètre simpliste est le déroulement du jeu. C'est le schéma basique mais apprécié des Tactics en général, à savoir dialogue scénaristique, mise en bouche du combat, combat, regroupement dans une autre ville où un simple menu vous permettra de faire vos emplettes. Là encore, on remarque que les magasins n'ont que peu de consistance, et il est très bien possible de ne jamais rien acheter pour finir le jeu (ce fut mon cas). Mais l'élément le plus frustrant pour moi fut le manque de challenge, le jeu étant d'une facilité déconcertante. Même mon chat pourrait le finir en jouant avec son nez. C'est bien simple, aucun des mes personnages n'est mort avant la bataille finale. A partir du premier quart du jeu, vous serez constamment accompagné par des Sword Emperors, vous verrez qu'ils n'ont pas d'HP indiqués malgré qu'ils peuvent mourir, on les croit souvent immortels sauf lors de la dernière bataille. Ces Sword Emperors sont d'une force assez phénoménale les premières fois, puis se font rattrapés par le héros grâce au level up (les Sword Emperors ne peuvent pas level-upper). Malgré tout, ces Sword Emperors suivis d'un guérisseur ont été mes seuls atouts lors de chaque mission, les autres personnages étaient complètement inutiles et se contentaient de suivre de loin les forts. Bref le jeu n'est pas dur, loin de là, certaines missions se finissent en 3 minutes en amenant juste les Sword Emperors sur le boss, alors que d'autres ont des conditions plus chiantes.
Pour conclure, j'émets des réserves quant à la possibilité de conseiller ce jeu. Si vous cherchez du challenge et avant tout un gameplay fleurissant et varié, partez très loin de Wachenröder. Si au contraire tout ce qui vous importe est une trame scénaristique hors du commun, une ambiance Steam Punk réussie et un univers vraiment logique et détaillé, Wachenröder est fait pour vous.
Entre nous, j'ai adoré l'ambiance et le scénario du soft mais je me suis ennuyé à chaque fois que je devais prendre la manette, le syndrome Xenosaga sans doute...
Si vous débutez sur Saturn, je ne saurais vous conseiller Wachenröder, prenez plutôt votre pied sur Tactics Ogre, Black Matrix, Shining Force 3 et RONDE (non je rigole, RONDE, c'est de la daube) avant de vous lancer dans l'aventure de ce jeu au titre allemand.
Je met un bon 4 parce que le scénario génial n'est pas négligeable, et parce que la simplicité du jeu peu plaire à certains (mauvais) joueurs. La fin du jeu vous permettra de débloquer une gallery, voice & BGM et movie mode. Je regrette que le transcendantal thème de fin ne soit pas dans le jukebox débloquable... (quoique je doute finalement... piste 50 peut-être ?).
07/10/2004
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- Le scénario
- Les personnages
- L'ambiance Steampunk
- Le système de S.R.G
- Les villes qui ont un vécu
- Les musiques
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- La simplicité générale (systèmes, challenge...)
- Peu attirant graphiquement
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GRAPHICS 3/5
SOUND/MUSIC 4.5/5
STORY 5/5
LENGTH 3.5/5
GAMEPLAY 3/5
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