Gust ne perd pas de temps avec la saga des
Atelier. En effet, difficile pour les amateurs de RPG de ne pas remarquer la présence de cette série sur PS3 avec quatre opus tous disponibles en Europe. Fraîchement débarqué au mois de mars,
Atelier Ayesha démarre un nouvel arc après la trilogie
Arland et après un
Atelier Meruru convaincant, nous allons voir si le studio a bel et bien trouvé sa ligne directrice.
Nio
Dans une région perdue mais relativement paisible, une population vit tranquillement sans pression gouvernementale et sans dirigeant. Parmi les vastes plaines où la nature est reine, on y trouve un petit atelier isolé. Cet endroit atypique est la résidence d'une jeune fille : Ayesha Altugle. Cette demoiselle vivait avec son grand père, décédé depuis quelques années, et sa soeur cadette Nio qui est portée disparue dans des circonstances inexpliquées. Seule, elle ne doit son courage qu'à Ernie, un marchand itinérant proche de la famille, et qui vient régulièrement rendre visite à Ayesha pour les médicaments qu'elle confectionne grâce à l'héritage des techniques de son grand père.
Tout semble peu à peu reprendre son cours lorsqu'Ayesha, en quête d'ingrédients dans les ruines voisines de l'atelier, aperçoit sa sœur Nio près de la tombe érigée pour elle. Ayesha ne comprend pas, était-ce une vision ? Elle apprendra très vite que ce n'est pas un rêve, car un homme visiblement érudit qui étudiait les ruines fut témoin de l'évènement. Il dit à Ayesha que la voie de l'alchimie pourrait lui apporter des réponses, et peut être ramener sa sœur dans son monde, puisqu'elle serait apparemment prisonnière quelque part et donc toujours vivante. C'est ainsi que notre héroïne débuta sa quête pour retrouver Nio.
Un synopsis assez banal ouvre le scénario d'Atelier Ayesha. Nous allons donc suivre notre jeune fille entre ses études d'alchimie et ses enquêtes, le tout animé par les rencontres qui l'aideront dans sa quête. La ligne directrice n'est pas fondamentalement très claire, mais les auteurs ont usé d'astuces pour qu'on ne perde jamais de vue notre objectif : sauver Nio. C'est donc sur la durée, avec des évènements plus ou moins attractifs, que le joueur assemblera suffisamment d'éléments pour obtenir les réponses sur l'envers du décor. Rien de grandiloquent au final mais l'histoire se laisse suivre sans problèmes pour peu que l'on s'attache un minimum aux protagonistes secondaires hauts en couleurs.
Un monde merveilleux
Car les couleurs sont ce qui symbolise le mieux ce nouveau jeu, grâce à une patte artistique proprement étonnante, que les introductions en animé reflètent parfaitement. On sent une véritable envie de faire voyager le joueur dans un environnement serein favorisant l'émerveillement. Difficile de rester de marbre à la vue de ruines majestueuses à l'architecture d'une autre époque. Comment être insensible à la bibliothèque en équilibre au milieu d'un précipice ou aux reflets du désert salé. Les lieux bénéficient d'un soin particulier et permanent au point que même un quartier de forêt avec une végétation luxuriante regorge de détails. A ce propos, chaque endroit important est introduit visuellement et oralement lors d'une séquence en images de synthèse, histoire de poser le background immédiatement tout en happant le joueur. Et ça marche !
Ces artifices très réussis ne sont pas que des cache-misères puisque le moteur en 3D est celui - déjà en nette progression - d'
Atelier Meruru. En fait,
Atelier Ayesha ne fait que peaufiner le résultat en soignant davantage les textures, en augmentant le nombre d'éléments affichés en simultané et en réduisant considérablement les effets disgracieux comme l'aliasing, même si le retour de boomerang viendra à nouveau du framerate capricieux. Les combats jouissent des mêmes qualités et du même défaut, tout en arborant un dynamisme accru grâce entre autres à la fonction poursuite, sur laquelle nous reviendrons.
Bien sûr, comment parler d'un
Atelier sans évoquer les nombreux artworks qui émaillent le jeu, et la qualité globale du chara-design, presque irréprochable dans son genre. Ce serait tout aussi injurieux que d'omettre une nouvelle fois la qualité de la bande-sonore, proposant beaucoup de thèmes en adéquation avec l'univers et quelques chansons dont les sonorités ne seront pas sans rappeler la saga d'
Ar Tonelico du même studio. En revanche, si les bruitages s'améliorent ici, les doublages sont en demi-teinte. Ceux-ci sont uniquement en anglais ce coup-ci (tout comme les textes) et prêchent le bon et le moins bon.
En plein apprentissage
Atelier Ayesha est un RPG classique avec une très grosse part du gameplay affublée à l'alchimie, en d'autres termes la concoction d'objets en échange de matériaux divers. Ici on retourne à une formule plus classique laissant le joueur libre de ses actions. Cependant quelques éléments furent modifiés.
Tout d'abord l'exploration sur la carte du monde (en point'n click) voit le temps de déplacement considérablement réduit (plus encore avec les chaussures spéciales vite disponibles en alchimie). Ensuite, comme je le disais dans la partie scénario, les auteurs font en sorte que vous ne perdiez jamais de vue votre objectif principal grâce à la présence d'un journal "des mémoires". Cet ouvrage répertorie tous les évènements majeurs dans l'avancée de la trame, qu'Ayesha s'empressera de résumer afin d'obtenir des bonus comme une meilleure compétence en alchimie ou encore des augmentations de statistiques. D'une pierre deux coups en somme, qui plus est lorsque vos alliés sont aussi concernés par ces mémoires. Mais comment obtenir les points nécessaires pour écrire ces textes ? Tout simplement en jouant. Lorsque vous parlez aux PNJ vous pouvez obtenir des informations utiles. Certains objets et bien sûr les quêtes, qu'elles soient liées à l'histoire ou facultatives rapportent également des points.
Soucieux des restrictions souvent pointées du doigt dans les précédents jeux, le studio a revu légèrement l'alchimie. Tout d'abord via l'inventaire sous forme d'onglet où les objets réalisables sont tous visibles sous l'aspect de dessins avec des indications sur les possibilités ou non de faire une création selon votre stock de matériaux. Tous les matériaux possèdent dorénavant un système de jauge pertinent pour leur influence sur le résultat final, et même les compétences bonus apparaissent segmentées ce qui vous permettra de toujours gérer au mieux la qualité que vous souhaitez. En somme tout est très accessible, même pour les néophytes, alors qu'il y a toujours la possibilité pour les amoureux de l'alchimie de faire des créations complexes, c'est juste que vous maîtriserez mieux les paramètres.
La collecte fut elle aussi améliorée, déjà car elle est moins pénalisante en terme de temps, mais aussi car vos alliés vous aideront. Elle est loin d'être anecdotique, car chaque allié pourra ramasser des objets propres à lui, ce qui incite à la variation pour obtenir des matériaux rares. Sinon quant à l'exploration, on reste sur les mêmes sentiers que Meruru, avec des zones un peu plus ouvertes où de nombreux ennemis rôdent. Mettez un coup de bâton pour prendre l'avantage (les ennemis faibles sont directement convertis en matériaux).
Les combats
Du tour par tour à trois personnages. Comme de coutume, les affinités avec vos alliés influent sur les combats, mais un peu moins qu'avant car le système incorpore quelques subtilités faciles à maîtriser. Ensuite, on regrettera de ne pas retrouver des "vrais" boss bien costauds (hormis le boss final) qui pourraient faire exploser les possibilités d'un système qui, et c'est bien la première fois que je m'y engage sur un
Atelier, est une réussite !
Pas de grands bouleversements concernant les commandes : attaque, skills, déplacement et fuite. Les joueurs avertis auront constaté la présence d'un déplacement, et ils voient juste car vous pouvez déplacer vos personnages sur l'arène. Cette commande est primordiale car elle concorde avec le fameux système de poursuite. Dans les faits, vos personnages possèdent tous une jauge qui monte rapidement à mesure du combat (coups reçus, coups donnés, ...) et chaque niveau offre une commande bonus. Par exemple si un personnage attaque, vous verrez vos alliés proposer une commande bonus en échange d'un niveau de leur jauge. Au départ le premier niveau permet de faire une attaque dans le sillage, mais également de faire une attaque dans le dos, avec la mise en scène dynamique. C'est surtout un moyen idéal de se mettre derrière l'adversaire puisque les dégâts sont tous critiques dans cette position. Au niveau suivant, d'autres options plus personnelles sont viables : Linca stoppe l'adversaire sur un tour, Ayesha trouve des objets sur l'arène, etc. Ce seul élément donne un dynamisme effarant aux combats et on s'y amuse vraiment beaucoup. Évidemment, vos personnages sont variables. Si Ayesha utilise beaucoup de bombes issues de l'alchimie (les soins aussi), Wilbell est une magicienne redoutable, Linca (une classe folle en combat) est une guerrière avec une épée à deux mains, Keithgriff est spécialiste des altérations et des éléments, ... Tous sont efficaces, et nul doute que vous trouverez une équipe à votre goût. Bien sûr, vous aurez à un stade avancé le moyen de faire parler la poudre avec des furies grand spectacle.
Une direction artistique superbe, une ambiance au diapason, des combats enfin très funs et toujours ce système d'alchimie addictif tout en étant simple d'accès :
Atelier Ayesha se pose dans la lignée de son prédécesseur en offrant un niveau de qualité tout à fait respectable. Malgré ces éloges, on regrette un peu que l'histoire ne soit pas plus enlevée et l'absence de vrais affrontements contre des créatures puissantes reste dommageable. Une expérience certainement moins captivante qu'
Atelier Meruru mais qui demeure tout de même satisfaisante. En fait
Ayesha est ce que
Rorona et
Totori réunis auraient pu être.
AnnexesUne vingtaine d'heures pour les pressés, bien plus si vous voulez tout faire.
Quêtes optionnelles : le système de quêtes d'
Ayesha est dynamique car vous avez juste à consulter les PNJ avec un colis au dessus de la tête. Ce système en combinaison avec la facilité de faire de l'alchimie vous permettra de récupérer facilement de l'argent pour acheter des nouveaux équipements et des matériaux. A ce titre, il y a tous les mois dans une des villes un marché où vous pourrez obtenir des pièces rares. Enfin, deux fois par an (le jeu s'étale ce coup-ci sur trois ans), il y a aura un concours sous forme d'enchères pour obtenir des lots.
Artworks/fins : de nombreux artworks relatifs aux différentes histoires avec les protagonistes secondaires mais également de multiples fins à découvrir.
Mémoires/Journal de bord : les différents mémoires mais également les quêtes comme la chasse aux monstres permettront d'augmenter votre temps de jeu, surtout que rien n'empêche d'atteindre l'objectif principal avant la date butoire, ce qui laisse du temps pour des annexes supplémentaires.
Après deux opus oubliables et un autre surprenant, Gust semble avoir trouvé son chemin sur PS3 et il le confirme avec Atelier Ayesha. Un RPG simple à prendre en main, très intuitif dans ses mécaniques tout en offrant un cachet visuel indéniable et des combats enfin intéressants. Si l'absence de véritable challenge et une histoire trop convenue gâchent un peu la fête, rien n'empêchera une partie d'entre vous d'y trouver du plaisir. N'hésitez pas !
01/05/2013
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- C'est beau, surtout artistiquement
- Bonne bande-son
- Alchimie plus accessible
- Les combats sont funs...
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- ... mais où sont les boss ?
- Les simplifications facilitent un peu trop le challenge
- Histoire qui manque de relief
- Textes et voix en anglais uniquement
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GRAPHICS 3.5/5
SOUND/MUSIC 3.5/5
STORY 2/5
LENGTH 3.5/5
GAMEPLAY 3.5/5
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