Séduit par l'appel du "cross-média",
Namco Bandai Games n'a pas perdu son temps pour acquérir les droits d'exploitation de
Sword Art Online. Si l'anime profite d'une certaine popularité, rien n'était gagné pour une adaptation jeu vidéo. En reprenant les bases même de la série, à savoir un MMO, "
SAO" a connu des ventes relativement correctes au Japon sur une PSP pourtant en fin de carrière. Est-ce vraiment justifié ou avons-nous un énième jeu à licence sans saveur ?
Online
Nous sommes en 2022, l'année qui voit le jour du premier MMORPG virtuel, "Sword Art Online", si réaliste qu'il mobilise une grande partie de la population. Le concept est simple et bien étudié : grâce à un casque virtuel stimulant un nerf à la base du cerveau, le joueur se retrouve dans un état "de rêve" où sa conscience et ses sens demeurent très réactifs. Nous suivons donc un adolescent du nom de Kirito, particulièrement à l'aise puisqu'il a eu l'occasion de tester la bêta du jeu pendant deux mois.
Le jour J, ce n'est pas moins que les 10.000 premiers acquéreurs qui parcourent les terres de SAO, tous émerveillés par un système aussi crédible en apparence. Tout va pour le mieux jusqu'au moment où les joueurs - dont Kirito - se rendent compte qu'ils ne peuvent pas se déconnecter ! C'est alors qu'un sort de téléportation réunit tous les participants sur la grande place de la ville où apparaît le créateur et Maître du jeu. Il apprend aux joueurs qu'ils ne pourront plus se déconnecter tant qu'ils n'auront pas fini le jeu, et au cas où un proche tenterait de retirer le casque, la décharge forcée provoquerait des dégâts mortels au cerveau. Pour appuyer ses déclarations, quelques images du monde réel permettent d'apercevoir plus de deux cents morts à peine le jeu débuté. Dans ce contexte difficile où la mort virtuelle est synonyme de mort réelle, Kirito est bien décidé à venir à bout du jeu quel qu'en soit le prix.
L'adaptation PSP de Sword Art Online reprend exactement le même contexte que le dessin animé, à la différence près que les développeurs considèrent pour acquis l'anime. En effet, si le jeu demeure parfaitement jouable, il est fortement conseillé de voir l'anime pour mieux comprendre la tournure des évènements, tout simplement car le jeu commence à l'étage 76 d'une tour qui en compte 100. Ce petit contre-temps vient du choix délibéré dans une variation des enjeux et objectifs. Sans trop spoiler la série à ceux qui désireraient la visionner, sachez que la direction à mi-chemin de l'anime change dans le jeu. Le combat principal est remporté par Kirito et son principal ennemi se retrouve téléporté ailleurs. Kirito et ses (rares) alliés devront donc continuer l'ascension, sachant que même des personnages de la deuxième partie de la série sont intégrés comme Leafa, plus de nouvelles têtes spécialement conçues pour cette version PSP.
Cela ressemble donc plus à une adaptation en parallèle, voire complémentaire. Dans les faits, il n'y aura pas de bouleversements majeurs puisque nous suivons notre groupe au gré d'évènements légèrement grivois en attendant de savoir ce qui se trame derrière les motivations du Maître du jeu. Mais ne nous emballons pas, SAO reste avant tout un jeu à gameplay, et la trame reste trop mineure pour vraiment prétendre à un statut plus consistant qu'un prétexte.
Art
Fort heureusement, nous pouvons jouir d'une PSP en fin de vie pour des développeurs qui mesurent toute la puissance - relative - de la PSP.
Construction MMO oblige, nous pouvions craindre le pire mais les astuces ne manquent pas : des étages ouvert mais aux zones restreintes pour masquer les temps de chargement (et sauvegarder au passage, puisqu'il s'agit d'un système automatique), des environnements relativement classiques (plaines, donjons, cavernes, ruines...) mais un level-design suffisamment varié pour amoindrir un éventuel sentiment de redondance. C'est le principal tour de force du jeu : parvenir à nous faire traverser des zones récurrentes sans jamais avoir - trop - l'impression de redite. A ce titre, les niveaux des ruines sont souvent la cible de téléporteur qui rendent la progression labyrinthique, une autre fois ce sera trois forteresses à vaincre, ou encore le passage dans une fourmilière...
Cet élément est une force également car les textures sont stables, la colorisation judicieuse et que le jeu n'est pas trop empoisonné par le framerate, même si il faut reconnaître un manque de rigueur à ce niveau, tout comme la caméra pas très confortable. Cela dit, force est de constater le grand nombre d'ennemis à l'écran, bien modélisés et animés avec une mention pour les boss, presque un sans-faute, même artistiquement malgré des clichés faciles (type cerbère ou dragon). D'ailleurs l'habillage du jeu, fidèle à l'anime, est relativement convaincant aussi bien lors des parties visual novel avec les artworks spéciaux que lors des cinématiques en cel-shading superbes, comme nous avons pu en profiter dans les récents Fire Emblem. Voir les héros se servir de l’inventaire holographique ou les jauges à l’écran en passant par l’écran « congratulation » en sont autant d’exemples.
Les choses perdurent dans la satisfaction avec les doublages dans la même veine que l'anime, notamment un Kirito déchaîné que rien n'arrête. Les musiques, bien que différentes, restent dans le ton du RPG heroic-fantasy traditionnel et on regrettera seulement une réutilisation trop récurrente des pistes. De bon augure avant d'aborder le système de jeu.
Sword
Sword Art Online est un RPG de type classical construit comme un MMORPG. Le jeu débute librement à partir de l'étage 76 et vous devrez franchir les obstacles jusqu'à l'ultime challenge au palier 100. Nous avons donc une structure assez classique avec une ville (petite) qui sera le lieu de rassemblement permanent. De là on dispose d'un accès via téléporteur jusqu'au niveau de son choix parmi ceux préalablement débloqués.
Chaque niveau propose un level-design spécifique et l'objectif consiste à réunir les trois conditions nécessaires pour valider le combat contre le boss de l'étage. Généralement, il faudra faire une ou deux quêtes plus le reste dans le secteur du labyrinthe, des mini-donjons de trois niveaux. Comme dans l'anime, Kirito est un joueur solo (vous êtes seul), à la différence qu'ici vous pourrez avoir le soutien d'un allié, enfin d'une allié puisque tous les personnages sont féminins : Asuna évidemment, mais aussi Lisbeth, Silica, Leafa plus une petite nouvelle du nom de Shinon. D'autres surprises vous attendent mais je vous laisse le loisir de la découverte. Une fois les conditions réunies, retour à la ville pour la réunion stratégique de la guilde et le partage des informations concernant le boss avant d'en découdre.
Mais avant cela, il faudra penser aux équipements. Kirito est concerné de la tête au pied (changement visuel à l'écran) plus deux accessoires. Les filles, c'est un peu différent, puisqu'il faudra attendre que les options soient disponibles pour leur offrir armes et armures. Lisbeth, forgeron de son état, permettra aussi via de nombreux matériaux d'améliorer vos armes. Avec ça vous êtes fin prêt pour l'ascension.
Combats
A la manière d'un MMO, ils sont en temps réel avec des temps de recharge par skills. Les ennemis sont visibles et libre à vous d'entamer le combat, attention cependant aux réactions adverses qui n'hésitent pas à venir en groupe. Enfin, disons qu'il faut juste un minimum d'attention car - et c'est le plus gros point noir du jeu - le challenge est peu présent. En démarrant aussi loin, vous avez un Kirito de niveau 97 avec une puissance démesurée et c'est bien simple, hormis un ou deux étages et des boss optionnels vous allez surclasser vos ennemis avec une telle aisance que cela en deviendra une promenade de santé. Cela dit, un minimum de concentration est requis, car si votre alliée tombe au combat, c'est le game over.
Rien de plus simple au niveau des commandes. Les boutons de tranche réunissent à la fois les skills actifs (à l'épée car la magie n'existe pas dans SAO) et les skills secondaires (tout ce qui est buff/debuff), tous dépendent d'une seule et unique jauge. La touche start permet de vous ré-équiper ou d'utiliser des objets mais le jeu n'a pas de pause, vous serez donc vulnérable en cas de combat. Ensuite à vous savoir quoi utiliser sachant que le temps de recharge est variable, cependant il y a une compétence particulière : le switch. Intégré sous la forme d'un contre, cette compétence placée au bon moment dans le patern ennemi permet d'augmenter son niveau de risque et par conséquent de l'affaiblir considérablement. C'est le moment idéal pour utiliser vos meilleures attaques qui, si vous sollicitez ou encouragez via un panel d'ordre votre alliée, pourra finir en chain skill avec des dégâts supplémentaires. Plus vos affinités sont fortes, plus le niveau de chain augmente. Cette fonction est un peu la voûte du gameplay car nous avons la chance d'avoir une IA particulièrement efficace et réactive.
Les skills sont donc au cœur de vos combats, à condition d'avoir au préalable ce qu'il faut en points et d'avoir choisi votre arme de prédilection. Hache, lance, katana ou encore l'incontournable double-épée vous offrent à la fois des compétences actives et passives, sachant qu'il faudra faire vos choix selon un nombre de points défini. D'ailleurs, il faut se spécialiser tout de suite dans SAO car vous ne pourrez devenir maître (très rapidement) que sur une seule arme, afin d'obtenir les skills ultimes à base de furie spectaculaire avec la mise en scène qui va bien.
Pour le reste, un système de quête régulièrement mis à jour ira de la cueillette à la collecte en passant par la chasse, dont quelques boss bien coriaces. Vous pourrez aussi venir en aide aux « rookies » dans les niveaux inférieurs, histoire de grossir la guilde et d'obtenir des bonus. En parallèle, certains évènements avec les personnages secondaires amèneront à des mini-scénarios avec des artworks spéciaux en récompenses, seule façon notamment d'obtenir la quête "mariage". Ces petits encas, tout comme les séquences animées seront disponible librement une fois le jeu terminé, sachant qu'un new game+ permet de repartir d'où vous voulez avec tous vos attributs.
Sword Art Online est un jeu très simple d'accès, un peu trop facile (hormis sur les derniers paliers) mais qui parvient avec une certaine réussite à remplir la tâche la plus essentielle : s'amuser. On s'éclate dans SAO, et l'intelligence de l'architecture des étages évite trop de monotonie en offrant une véritable envie de découverte. Plutôt long si vous voulez tout faire (dans les 50h à titre personnel, la majorité des quêtes comprises), c'est un jeu parfaitement adapté au support portable et une adaptation réussie du dessin animé, permettant de prolonger l'expérience de façon ludique.
Adapter un dessin animé japonais en jeu vidéo n'est jamais chose aisée, mais s'il s'agit en plus d'un RPG déguisé en MMO, cela tend vers le suicide virtuel. Au final il n'en sera rien, car SAO est à la fois bien réalisé et solide en gameplay tout en étant amusant. Un tour de force qui n'est terni que par un challenge trop absent et une structure qui peut être lassante malgré tous les généreux efforts de variété. Une chose est certaine, si tous les amateurs de l'anime ne peuvent passer à côté, les autres devraient aussi y jeter un œil car ils pourraient être agréablement surpris, à condition toutefois d'avoir vu la série pour en profiter pleinement.
19/05/2013
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- Fidèle à l'esprit de l'animé
- Bonne réalisation d'ensemble
- Gameplay accessible et amusant
- Durée de vie confortable
- De vrais efforts de variété...
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- ... mais tout de même un peu de redondance
- Beaucoup trop facile sur la trame
- La caméra pas très pratique
- Scénario en retrait
- Connaître la série est conseillé
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GRAPHICS 3.5/5
SOUND/MUSIC 3.5/5
STORY 2/5
LENGTH 4/5
GAMEPLAY 3.5/5
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