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Mass Effect: Andromeda
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Mass Effect: Andromeda
Bienvenue dans Andromède
Critique réalisée sur la version 1.04 du jeu.L'attente aura été longue et l'angoisse pesante. Habituellement enclin à des reviews légères au verbe taquin, me voilà aujourd'hui tout sérieux car on touche à mon dada. On ne rigole plus. Mass Effect est pour moi ce que le tiercé est à Omar Sharif : une grande passion. Après avoir imaginé le pire comme le meilleur, j'ai enfin pu poser les mains sur mon pad, direction une nouvelle galaxie et un tout nouveau scénario dans lequel j'allais retrouver mes Asari préférées. Alors qu'en est-il de ce nouveau voyage ? Le Normandy va-t-il me manquer ? Qui vais-je pouvoir mettre dans mon lit alors que je suis sensé sauver le monde ?
C'est pas comme dans la brochure
Vous êtes Ryder, le pionnier (ou la pionnière). Un rôle que les caprices du destin ont décidé de vous attribuer, faisant de vous le représentant de l'humanité dans cet ambitieux projet qu'est la conquête de la galaxie d'Andromède. Aux côtés des races Turiennes, Galariennes, Asari et Krogan, votre peuple a quitté la voix lactée pour un voyage de plusieurs siècles, emmenant quelques 20 000 âmes en sommeil artificiel pour une nouvelle vie dans l'inconnu. Mais ce rêve de colon va très vite tourner au cauchemar dès votre entrée dans ce nouveau territoire. Rien n'aurait pu préparer les quatre arches du projet de l'Initiative au Fléau, sorte d'énergie d'origine inconnu modifiant l'écosystème des planètes, désormais inhabitables. Comme si cela ne suffisait pas, il a fallu que la première forme de vie intelligente que vous croisiez soit celle que personne ne souhaite avoir comme voisin, une race sanguinaire appelée Kert. Tout est à refaire, il faut à présent partir à la recherche de nouvelles terres d'accueil, découvrir les secrets d'Andromède et faire face à de nouveau ennemis.
Un univers sous-exploité
Ce nouveau chapitre de la saga Mass Effect reprend avec respect l'univers créé initialement. Il conserve les fondamentaux mais, nouvelle galaxie oblige, il apporte son lot d'exotisme. De nouvelles civilisations et des technologies encore inconnues seront de la partie mais également de nouveaux repères. Adieu chère Citadelle donc, désormais le berceau des races conciliennes est le Nexus, une base stellaire faisant office de centre de commandement dans votre quête de colonisation. On retrouve avec plaisir l'identité visuelle de la série – que ce soit dans les décors, le design des vaisseaux ou l'aspect des personnages – mais ce que l'on retrouve également, ce sont les défauts… Le rendu graphique, particulièrement celui des humains, fait peine à voir pour un titre sensé faire parti des AAA de l'année. Textures plutôt crades, copier/coller des visages, animations ratées et souvent buggées, glitchs dans les décors et même du clipping… autant d'imperfections qui prouve l'absence totale de finition technique. Le jeu se rattrape tout de même sur la qualité de ses paysages, certains panoramas étant tout simplement bluffants, ainsi que sur ses effets d'éclairage. Cela ne suffit malheureusement pas à rattraper le coup et on conclura rapidement que cet épisode brille davantage pour sa toile de fond que pour sa vitrine.
Passée cette déception, on se décide à plonger malgré tout dans Andromède, prêt à s'immerger autant que faire se peut et là encore, la satisfaction est en demi-teinte. Certes, le monde qui nous entoure propose une bonne effervescence, la vie grouille dans les villes, les bars sont remplis et chacun vaque à ses occupations. Au delà de ça, on ne parvient pas vraiment à se mettre dans la peau de l'un des jumeaux Ryder, et ce, malgré toute la sympathie qu'ils peuvent dégager. Même constat pour vos compagnons de voyages qui ne parviendront pas à égaler la personnalité des membres du Normandy. On a cette désagréable sensation de survoler un univers dense et d'entrevoir un fort potentiel d'immersion, mais sans jamais pouvoir y entrer de plein pied. Quelques détails gentils viendront tout de même éclaircir le tableau, notamment les différentes interactions de l'équipage votre vaisseau ou encore quelques échanges de mots durant vos exploration qui feront sourire.
L'exploration avant tout
En tant que pionnier, votre tache consiste principalement à trouver de nouveaux mondes afin d'y implanter des colonies humaines. Cette mission se déroule sur trois axes : l'exploration, la viabilisation des planètes et la gestion de votre colonie.
Lors de votre arrivée sur une terre d'accueil potentielle, il vous faudra tout d'abord régler les problèmes locaux qu'ils soient liés aux autochtones ou à un quelconque envahisseur. Un arc scénaristique propre à chaque lieu servira de noyau autour duquel viendront se greffer une multitude de missions secondaires qui amélioreront la situation et les statistiques de votre futur colonie, le tout agrémenté de petites taches annexes. Le concept s'avère très proche de Dragon Age: Inquisition, à savoir de larges zones libres d'exploration, jonchées de sites à visiter, de points de campement à activer et de groupes d’ennemis en promenade. L'effet négatif est d’ailleurs le même car, sur le long terme, cela peut devenir assez répétitif et au final on se retrouve plus à faire de la complétion de map que de l'exploration réelle. Néanmoins, cela n'enlève rien à la qualité du gameplay tant la prise en main est rapide. Paré de votre jetpack et d'une condition physique à tout épreuve, vous pourrez accéder quasiment au moindre recoin d'une zone, ces dernières ne souffrant d'aucune barrière invisible. Seule le climat pourra calmer vos ardeurs dans un premier temps, sa rudesse ne vous permettant pas de papillonner bien longtemps sans dégrader votre système de survie. Mais pas d'inquiétude, vous disposez également d'un moyen de transport, le Nomade, qui en plus d'être un vrai plaisir à conduire sera en mesure de vous emmener là ou votre frêle corps d'humain ne peut s'aventurer. Mais surtout, vous n'êtes pas le pionnier pour rien et vous aurez la possibilité de dompter le climat afin de rendre habitable chaque candidat potentiel à votre installation. C'est là votre deuxième tâche, la viabilisation des mondes. Celle-ci se fait par le biais des « Caveaux », vestiges d'une civilisation disparue renfermant un système aussi puissant que mystérieux permettant de terraformer les planètes. Ils constituent la partie « donjon » du titre, de par leur aspect labyrinthique, leurs puzzles et leurs nuées d’ennemis. En cas de réussite, la viabilité de la planète augmentera considérablement et permettra alors la mise en place d'un avant-poste. La terraformation représente la quête de fond du jeu et s'avère à la fois passionnante par son concept et barbante par sa répétitivité. En effet, quel que soit le caveau que vous visiterez, rien ne changera hormis la disposition des lieux. Une fois qu'on a pris le pli, il devient plutôt enfantin de boucler l'affaire, ce qui enlève une certaine part de plaisir. Le dernier aspect de votre travail de pionnier consistera à gérer les colonies, ou du moins à donner les directives relatives à leur expansion. La plupart des actions que vous mènerez au profit de l'Initiative feront gagner des points de viabilité au Nexus, augmentant ainsi sont stade de développement. À chaque niveau gagné, vous obtiendrez des points à répartir dans le secteur de votre choix, parmi la science, le commerce ou la force militaire. Bien que l'on vous dise le contraire, cette répartition n'aura pas de réel impact sur la vie des colons et existe davantage pour débloquer des bonus permanents tels que l'extension d'inventaire, l’approvisionnement régulier de ressources ou encore l’amélioration du système de crafting.
La mission de colonisation occupe une très grande place dans Mass Effect: Andromeda, indiquant ici une nouvelle direction prise par les développeurs. On a donc affaire à un titre misant davantage sur l'exploration et le multi-segment que sur une histoire classique et entière.
Recherche & Développement
L'exploration de mondes inconnus amène forcément son lot de dangers et de rencontres hostiles. Ainsi, pour faire face à vos ennemis, il vous faudra développer votre équipe et votre armement. On retrouve un système similaire à la première série avec son gain de niveau et ses points de compétences à distribuer. À noter que ceux souhaitant éluder la partie RPG du jeu pourront opter pour l'évolution automatisée des personnages. Le répartition peut se faire sur trois archétypes, à savoir Combat, Biotique et Technique, chacun proposant des pouvoirs actif et passifs. Selon la configuration choisie, vous débloquerez des spécialisation appelées « Profils », ces derniers vous feront bénéficier de bonus supplémentaires renforçant vos capacités de combat et évolueront au fil de votre expérience. Vos acolytes pourront également être gérés mais de manière bien plus limitée. En effet, si le pionnier dispose d'un panel d'aptitudes fourni permettant un développement sur mesure, les classes de vos alliés sont malheureusement déjà définies, ne vous laissant qu'un maigre choix de compétences pour le dispatch des points gagnés, et aucun profil de spécialisation bien entendu. Une simplification qui fera sans doute grincer des dents les rôlistes qui regretteront (encore une fois) le système du tout premier Mass Effect, bien plus généreux.
Paré de vos meilleurs atouts militaires, vous allez pouvoir faire face aux menaces qui vous empêchent de mener à bien votre mission et dieu que ce sera agréable ! Si le système de combat en TPS avait réussi à gagner progressivement en intensité durant la première trilogie, il atteint son paroxysme lors de ce quatrième opus. On retrouve tout d'abord ce bon vieux (mais efficace) cover system, qui, bien que responsable d'un certain statisme sur les épisodes précédents, avait le mérite d'être bien géré. Aucun changement de ce côté là et même de l’amélioration car vous n'aurez pas forcément besoin de vous plaquer contre une surface bien régulière et géométrique pour vous protéger. Mais la véritable révolution s'opère dans le rythme des joutes. Que ce soit votre jetpack, sa capacité à bondir et à passer en vol stationnaire pour mitrailler depuis les air ou bien votre booster permettant des esquives à la limite de la téléportation, tout a été pensé pour inciter le joueur à prendre des risques donnant ainsi du mouvement et de la vitesse à l'action. De nombreuses capacité utilisables en combat viendront s'ajouter à votre arsenal et on atteint la jouissance lors de la prise d'un poste avancé ennemi, oscillant entre des tirs à couvert, des saut suivis d'esquives rapides avant de finir par retomber massivement sur un groupe de Kert en frappant le sol d'une décharge d'énergie biotique. Etant sans hésitation LA vraie carte maîtresse du jeu, ces affrontements n'auront de cesse de vous galvaniser. Seul petit regret, celui de ne pas pouvoir armer votre véhicule à la façon du Mako de Mass Effect, ce qui, à la longue, donnera envie de zapper la plupart des rencontres aléatoires durant vos balades motorisées. Au fil du jeu vous pourrez faire gonfler votre puissance de feu et pour cela vous aurez le choix entre vous rendre chez votre marchant le plus proche, ou bien opter pour la méthode économique en confectionnant vous même votre équipement grâce à l'étude des technologie. On retrouve l'Omnitool, sorte de brassard holographique possédant moult options dont celle du scanner. Observer et analyser les alentours devra devenir une habitude afin de découvrir toute sorte d'informations utiles sur ce que la galaxie a à vous offrir. En scannant des appareils ou des formes de vie, vous gagnerez des points de recherches qui pourront ensuite être utilisés dans les différentes stations de développement présentes dans le jeu. Trois secteurs d'études sont disponibles, celui de la voie lactée, des Kert ou des caveaux, chacun offrant différent plans de confection. Après déblocage d'un modèle, vous n'aurez plus qu'à réunir les matériaux nécessaires, que ce soit en fouinant durant vos pérégrinations ou en vous adonnant aux joies de l'excavation minière grâce au Nomade. Vous serez alors en mesure de fabriquer armes, armures et améliorations… mais… UNIQUEMENT pour votre pionnier. Encore une fois, vous n'aurez pas le plaisir de faire profiter vos compagnons de vos dernières inventions, un détail qui ne fait qu'accentuer l'aspect superflu de ces derniers. Le système de crafting étant très complet et fort bien pensé, on aurait souhaité pouvoir en disposer pour tout le monde afin de construire son équipe pièce par pièce.
Et pour le contenu ? Vous reprendrez bien un peu de « demi-teinte »
L'autre gros point fort de cette nouvelle mouture reste le contenu. Jamais un Mass Effect n'aura proposé autant d'activités. Le titre dispose d'une durée de vie plus que conséquente en comparaison avec ses pères, allant d'une grosse vingtaine d'heures en ligne droite (plus quelques « à côtés » nécessaires) au triple pour ceux qui souhaite sonder les profondeurs de cet univers. Viabiliser les planètes en intégralité, venir en aide à toutes les communautés et développer au mieux vos colonies nécessitera du temps et de la patience, sans pour autant s'avérer décourageant. Bien entendu, quelques quêtes FeDex viendront se greffer à tout ça. Ces dernières seront d'autant plus pénibles car les aller-retour dans l'espace demeurent très poussifs sous le prétexte de beaux effets de camera. En revanche, le choix d'un pseudo monde ouvert couplé à des quêtes aussi nombreuses que désordonnées a un fort impact sur la narration. Trop d'histoires s'entremêlent, au détriment d'un fil conducteur solide et accrocheur, ce qui ne joue pas en la faveur du scénario principal de base moins profond que celui de la première trilogie. Cette agaçante légèreté donne parfois l'impression que même les héros ne se sentent pas concernés par l'avenir de leur galaxie et ce manque d'implication finira pas déteindre sur le joueur, ce qui sera sans grande conséquence tant la portée de vos choix influe peu sur le déroulement de l'intrigue. Certes, cela ne constitue pas un réel défaut mais cette absence de ramification scénaristique ampute la série d'un de ses atouts majeurs, responsable de son succès passé. Parmi les grands absents, on notera également la suppression des points d'alignement et des choix conciliation/pragmatisme. Encore une fois, cela ne constitue pas un faux pas mais pourra en fâcher plus d'un. Bioware semble donc vouloir reprendre uniquement les fondations de sa série originelle pour y injecter un nouveau type de jeu, ce qui pourra s'avérer rafraîchissant pour certain ou dramatique pour d'autres. Ceux qui passeront outres ces différences et prendront le jeu pour ce qu'il est découvriront un univers riche et un nouveau gameplay auquel s'essayer.
En parallèle, si votre aventure ne vous a pas rassasié, vous pourrez vous essayer au mode multijoueur. Ce dernier se rapproche de celui de Mass Effect 3, avec ses mission de survie et intègre un nouveau concept, celui de l'APEX. Il s'agit d'un commando d'élite que vous pourrez contrôler à tout moment en mode solo, via votre vaisseau ou les bureaux du Nexus. Des missions classées par ordre de difficulté sont disponibles et vous aurez le choix entre y participer vous-même à travers le mode multi ou bien envoyer vos escadrons faire le travail. La réussite de ces missions, en plus de faire évoluer vos brigades, vous rapportera des récompenses utilisables in-game. Petit bonus inutile donc totalement indispensable, une application smartphone officielle est disponible afin de gérer votre commando.
Space Ambient
Le travail effectué autour de la bande son n'est pas ce qu'il y a de plus déconcertant. La musique, composée par John Paesano, est certes discrète mais à le mérite de coller à l'univers et de renforcer un minimum l'ambiance. Les deux thèmes principaux récurrents sont quant à eux une grande réussite, à mi-chemin entre la relaxation et l'intensité. Le seul véritable reproche que l'on puisse faire étant le petit nombre de pistes. Concernant le sound design, aucun risque de saignement d'oreille non plus, si ce n'est à cause de sa puissance et de sa limpidité. La portée des effets est réglable dans les options du jeu et le mode cinéma donnera aux utilisateurs de casque la sensation d'être véritablement au cœur de l'action. Cette qualité se ressent particulièrement durant les combats ou la moindre explosion vous fera aller vérifier si tout va bien dans votre jardin. Enfin, une éternelle zone d'ombre demeure dans la localisation française. Si cette dernière n'est pas catastrophique, elle n'est malheureusement pas à la hauteur de la version originale. Que ce soit à cause d'une intonation ne collant pas au contexte ou tout simplement d'un mauvais jeu d'acteur, elle contribue au manque de profondeur des nombreuses scènes de dialogue. Dans l'ensemble, le travail n'est pas bâclé, mais aurait mérité sans doute un peu plus d'attention.
Le fan absolu que je suis est à la fois conquis et blasé. Conquis car je retrouve mon univers favori tel que je l'ai laissé il y a quelques années, car les gunfights sont à la hauteur et l'exploration réellement présente, une multitude planètes nous étant accessibles en vaisseau. Blasé car le scénario se révèle bien moins profond que lors des aventures du commandant Shepard, que PeeBee ne fait pas autant frissonner que Liara et que l'avenir de l'univers et de nos compagnons ne semblent qu'un lointain objectif… En conclusion, Mass Effect : Andromeda est un bon jeu d'action/aventure sauvé par un background riche mais possédant des lacunes techniques impardonnables pour un titre de sa trempe. Il représente néanmoins une pierre solide dans ce petit édifice qu'est le RPG de Science-fiction.
Une conclusion intéressante avec un voyage intergalactique !!!!!
Une conclusion intéressante avec un voyage intergalactique :banana::pompom::bounce:!!!!!