À l'origine,
Kūsô Kagaku Sekai Gulliver Boy (Imagination Science World Gulliver Boy) est une série de 50 épisodes créée par Hiroi Oji et Toyoo Ashida. Diffusée en 1995 par la TOEI, la série eut droit à une très bonne première adaptation déjantée sur PC Engine et Saturn grâce aux compagnies derrière les
Tengai Makyō,
Red et
Hudson Soft. Quelques mois plus tard, une nouvelle adaptation voit le jour, cette fois sur Super Nintendo. Avec une orientation plus action et
Bandai à la place de
Red au développement, le jeu voulait clairement afficher sa différence. Pas forcément pour le meilleur...
Les voyages de Gulliver
Bien loin du conte satirique de Jonathan Swift, Gulliver Boy propose tout de même un grand voyage à travers le monde. La nouvelle Espagne, menée par le vil Judo, commence une grande conquête du vieux monde pour assoir un peu plus sa domination. À Venise, le jeune Gulliver pleure la mort de son père, papa Toscani, des mains même de Judo. Il décide alors de se mettre à la recherche de gemmes avec ses amis Misty et Edison afin de mettre fin au joug du terrible tyran et de venger celui qui lui a tout appris. Il ne se doute bien évidemment de la portée de sa quête et des évènements qui l'attendent...
Le scénario, assez fidèle à celui de la série animée, n'est pas des plus excitants et reste plutôt convenu. En dehors d'un rebondissement qui passe un peu inaperçu, l'avancée ne propose rien qui permette de s'immerger ou qui donne envie de connaître la suite de l'histoire. La mise en scène assez minimaliste n'arrange rien. Heureusement, le support historique et la traversée de places mondiales emblématiques telles que l'Himalaya ou Rome épice un peu le tout, et permet d'arracher un petit sourire au joueur qui aura l'impression d'être un peu cultivé.
Trio
Le jeu se présente sous la forme d'un Action-RPG des plus basiques, avec la présence de quelques villes qui permettent de se reposer entre deux donjons, toujours courts. On avance dans les lieux sans énigme et peu de chemins différents pour atteindre le bout et affronter le maître des lieux, sans grande folie. On notera tout de même la présence d'un mini-jeu à la Punch Out assez marrant, hélas sans suite.
Le seul intérêt du système de jeu réside dans l'obligation d'utiliser intelligemment les trois protagonistes. Gulliver est puissant et peut vite invoquer des magies dévastatrices quand la barre dédiée est chargée, Edison se sert de bombe qui permettent de débloquer certains passages et de toucher certains types d'ennemis, tendis que Misty se spécialise dans les magies de support et les attaques à distance. ll faut donc switcher habilement selon les situations, tant pour avancer que pour donner du répit aux blessés, les inactifs récupérant peu à peu leur vie. Compte tenu de la difficulté du jeu, notamment contre les boss vite très techniques et intéressants ainsi que par le peu de soins disponibles, l'alternance devient comme une seconde nature. Le choix des magies de Gulliver également, mais il faudra souvent s'y reprendre à deux fois pour trouver le point faible des ennemis à l'écran.
Mais pas trop
Heureusement, les développeurs n'ont pas poussé le principe trop loin. Certes, chaque personnage ramasse ses propres capsules d'expérience au sol et monte indépendamment des autres, mais la couleur laissée par les ennemis - correspondant à un personnage précis - sort aléatoirement, et non en rapport avec le personnage utilisé. Bien vu, tant Misty ne sert à rien pendant la première moitié du jeu...
Au final, si le système de jeu reste assez rudimentaire, on est vite pris par la gestion du trio bien maniable, qui fait un peu oublier le manque d'imagination de l'histoire, des donjons et surtout la faible durée de vie... Six heures pour en voir le bout, c'est court, il faut bien le concéder.
Sale Gueulliver
Sans surprise, le jeu reprend le design de l'anime. Mais là où le précédent jeu arrondissait les angles pour proposer quelque chose d'agréable, celui-ci semble réutiliser les plus affreux artworks que la série a pu produire. Le reste s'en tire correctement, avec un ensemble coloré, des magies plutôt bien rendues et une animation honorable mais sans étincelle. On peut tout de même regretter le manque de classe des héros, dont les sprites font un peu peine. Un jeu étonnamment moyen techniquement alors que la Super Nintendo vivait ses dernières heures et proposait un festival visuel au niveau des RPG en 2D, en dehors des scènes de vols (non libres) dans un mode 7 charmant.
La bande son est du même acabit, c'est à dire plutôt correcte mais sans jamais vraiment briller. Les thèmes collent à peu près aux régions traversées, et c'est déjà pas mal, alors que les bruitages tapent vite sur le système. Au final, la variété est de mise, on n'entend pas cent fois le même thème, mais est ce vraiment un exploit pour un jeu aussi court et qui ne propose aucun contenu optionnel ?
Bien moins fou et déjanté que son homologue sur PC Engine/Saturn, cette version Super Nintendo de Gulliver Boy est surtout largement moins intelligente et maitrisée. En ressort un petit Action-RPG sans prétention qui pourra occuper l'espace d'un après-midi maussade, mais ne laissera pas une marque impérissable, surtout sur un tel support. Dommage.
03/09/2010
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- Lieux et histoires sans relief
- Trop court
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GRAPHICS 2.5/5
SOUND/MUSIC 3/5
STORY 2.5/5
LENGTH 1.5/5
GAMEPLAY 3/5
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