C’est un nouveau RPG tout mignon tout rond qui vient de sortir de l’esprit de sieur
Kôichi Ishii. Une oasis de fraîcheur venant lorgner du côté de la gestion. Entre un
Legend of Mana, un
Fantasy Life et un soupçon de
Zelda, Ever Oasis tire son épingle du jeu en proposant une toute nouvelle aventure haute en couleurs et en idées. L’occasion pour le studio Grezzo de retrouver sa gloire passée ?
C’est l’histoire d’un gentil petit garçon…
Il y a fort longtemps, dans le monde désertique et troublé de Vistrahda, le Chaos submergeait l’ensemble des terres, une force obscure qui menaçait toutes les civilisations. Des êtres pacifiques appelés Granéens luttent afin d'offrir à tous des terres plus hospitalières. En utilisant de minuscules graines enfouies au plus profond de leur cœur, les élus peuvent invoquer le pouvoir de l'eau pour créer des oasis verdoyantes et florissantes, et repousser ainsi la puissance corruptrice du Chaos.
Mais un jour, un puissant monstre descendu des cieux vient semer la destruction de l’oasis de votre frère, ne laissant derrière lui que des ruines.
C’est maintenant à vous de reprendre le flambeau en développant votre propre Oasis et en espérant, pourquoi pas, ramener la paix sur les terres de Vistrahda…
Après une introduction permettant de vous familiariser avec les commandes et les autochtones, la lourde tâche de bâtir votre propre havre de paix en plein milieu du désert vous incombe. La majeure partie du titre sera construite autour de ce principe et l’exploration qui vous est offerte par la suite n’est là que pour justifier une protection et une expansion toujours plus grande de votre oasis. Ainsi, ne vous attendez pas à vivre des rebondissements en pagaille, ceux-ci n’interviendront qu’à certains passages clés pour vous pousser à explorer toujours un peu plus loin au lieu de végéter dans vos terres et ainsi, coupe un peu la monotonie qui s'installe – un peu trop vite – dans votre petit coin de verdure. Heureusement, passé la moitié du jeu, d’autres éléments vont venir s’imbriquer et relancer quelque peu le background du jeu jusqu’à un final plutôt efficace (bien que très classique).
Dans son traitement en revanche, c’est à l’image des différentes images que vous pouvez voir : mignonnet, manichéen, simple et expédié. On évolue dans une aventure tout ce qu’il y a de plus gentillet et convenu, couvert de dialogues plan-plan dont on se passerait bien. Fort heureusement, l’intérêt du titre n’est pas dans son traitement, mais plutôt au travers de la bonne humeur qu’il arrive à distiller grâce à ses personnages et son univers chatoyant.
De la gestion…
La première étape dans Ever Oasis est bien évidemment de
recruter de nouveaux villageois.
Plus ceux-ci seront en nombre important, plus l’oasis grandira, plus il offrira d’activités, de boutiques, de lieux, etc. Exactement à l’image d’un quartier général dans un
Suikoden, mais simplifié à l’extrême. Tous les matins, de nouveaux voyageurs débarqueront naturellement dans votre oasis. Si la plupart seront simplement des
Manchouettes ne venant ici que pour dépenser leur argent, vous verrez souvent un voyageur intéressé par votre expansion. Il faudra ensuite répondre à ses attentes (soit une mini-quête, soit lui livrer quelques objets) pour que l’énergumène veuille bien déposer ses valises chez vous. Ceci fait, vous pourrez, dans la majorité des cas, lui confier une
boutifleur afin qu’il développe sa propre activité et puisse attirer d’autres habitants potentiels. Plus vous bâtissez, plus l’oasis attirera des voyageurs et passants, plus vous vous enrichirez, plus vous pourrez explorer.
Évidemment, tout le monde ne viendra pas de son propre chef chez vous, et vous devrez aller directement en trouver certains au détour d’un donjon, au fond du désert ou tout autre endroit malveillant de Vistrahda.
À partir de là, c’est tout le côté "gestion" du titre qui va s’ouvrir à vous. Il faudra gérer tambour battant les réserves de matériaux de base, le potager pour y récolter des denrées elles-aussi nécessaires à l’expansion de votre domaine, récupérer la monnaie du jeu – les
aquagemmes – auprès de chaque
boutifleur, construire de nouvelles boutiques, repartir farmer un peu de matériaux à l’extérieur, et ainsi de suite jusqu’à la fin du jeu.
Si cela peut paraître contraignant pour beaucoup de joueurs,
toutes les mécaniques de gestion sont fort heureusement très simplifiées, soit par des raccourcis dans le menu permettant d’accélérer les distributions et récoltes, soit par le simple principe que
jamais une mauvaise gestion ne peut vous pénaliser. Dans le pire des cas, vous serez simplement ralenti lors de votre expansion. Le jeu avance à votre vitesse et vous n’aurez jamais de stress lié à une quelconque urgence. Jamais.
Ce qui gâche un peu l’ensemble c’est que toutes ces mini-quêtes, ces matériaux à distribuer, l’évolution des
boutifleurs, la récolte de l’argent et des ressources… Tout s’apparente à une multitude de
quêtes Fedex incessantes que l’on répétera inlassablement jusqu’à la fin. Non pas qu’elles soient réellement ennuyantes (tant leur durée est minime) mais la somme de toutes ces activités pourra, dans certains cas, user certains joueurs moins patients.
Heureusement, vous serez constamment récompensés de vos efforts, bonus de HP, résurrection sur le terrain, gains accru d’aquagemmes, recettes de craft… Ce qui compense tout de même plutôt habilement la redondance des actions sus-citées.
… et de l’action !
De l’autre côté des murs de votre Oasis s’étend de nombreuses terres désertiques qu’il vous faudra explorer pour chercher de nouveaux alliés, explorer des donjons et récolter de nombreux matériaux.
En tant que Granéen, vous pourrez équiper tout type d’arme. Chacune ayant son intérêt selon la situation. Ainsi, à l’instar de
Zelda, l’arc vous sera utile pour actionner un interrupteur à distance, le marteau à casser un rocher obstruant le passage ou encore la lance pour faire fléchir certains leviers. Vos coéquipiers eux, seront limités au port d’une seule arme, définie par leur race (marteaux pour les
Serks, double-lame pour les
Lycos, lances pour les
Ouads, etc).
Les combats sont très basiques : vous contrôlez un de vos trois personnages (vous pouvez jongler entre eux à tout moment) et trois actions s’offrent à vous : coup faible, coup fort et roulade. Certaines mécaniques viendront étayer tout cela mais dans l’ensemble, cela reste et restera très sommaire. L’univers du jeu se prêtant – encore une fois – plutôt bien à cet exercice. Ajoutez tout de même quelques nuances comme des ennemis plus ou moins sensibles à telle ou telle arme (ce qui vous forcera à changer de personnages pour optimiser les dégâts) et une multitude de mini-énigmes à résoudre pour récupérer tous les objets et coffres des donjons.
Mais il y a un hic à cela : vous ne pouvez être accompagné que de 2 coéquipiers. Et les différents donjons vous demanderont trois, quatre voire cinq compétences différentes selon les situations. La solution est très simple : vous devez aller chercher le bon équipier, revenir et passer l’énigme, repartir changer de personnage, et ainsi de suite. Généralement, dans les jeux, c’est facile et pensé pour être fait en un clin d’œil. Ici, non : vous devez repartir à chaque fois à l’Oasis parler à un NPC précis pour pouvoir faire ces changements. Non pas que la démarche soit particulièrement longue (vous avez un raccourci sur l’écran inférieur permettant de revenir à tout moment à l’entrée de votre oasis), mais la redondance de cette mécanique est usante. Une simple rotation immédiate entre chaque coéquipier, ou au pire, la possibilité de mettre un ou deux autres équipiers en « stock » aurait été plus que bienvenue.
Autre point négatif : la gestion de l’équipement.
Dans la très grande majorité des titres, un simple passage dans le menu permet d’aller équiper directement tous vos combattants. Ici, même chose que pour le changement de coéquipier : vous devrez revenir à chaque fois à l’Oasis et parler au même NPC pour atteindre ce fameux menu. Laborieux…
Au sein des différents cavernes que vous traverserez se cachent quelques donjons de taille bien plus imposante qui s’apparentent sans se cacher à ce que l’on retrouve dans les différents
Zelda. Bien entendu, leur complexité est somme toute très relative et la plupart ne présenteront aucun véritable challenge. Mais il faut avouer que ces rares moments apportent un véritable plus à l’aventure et nous aurions même voulu en voir un peu plus… Même chose pour les boss, en très faible nombre, qui ne vous posent jamais de problème et ne sont là que pour illustrer la fin du donjon.
Ever Oasis est accessible, peut-être un peu trop. Le jeu ne comporte que très peu de challenge et l’ensemble se parcourt aisément du début à la fin en une trentaine d’heures. Une durée de vie occupée bien largement par l’aspect gestion de l’oasis. De ce fait, on regrette tout de même qu’il ne fasse que soulever quelques idées sans jamais véritablement les creuser. Le titre manque de profondeur sur à peu près tous les aspects et forcément, au final, ne procure qu’une sensation d’amuse-gueule entre deux autres titres plus audacieux. C’est d’autant plus dommage que ce titre est particulièrement attirant au premier coup d’œil… Notons tout de même qu'un post-game est présent et vous permettra de recruter encore plus de personnages ainsi que d'optimiser jusqu'au bout votre Oasis. Un plus toujours bienvenu.
Du son & des couleurs
Car oui, Ever Oasis est beau. Techniquement déjà, il affiche une 3D soignée et très haute en couleurs capable de vous émerveiller au détour de quelques panoramas bien pensés. La portable de Nintendo est particulièrement bien utilisée d’autant plus qu’une gestion jour / nuit vient enrichir tout cet aspect, déjà fort réussi. Animation fluide, peu de ralentissements, distance d’affichage très correcte, utilisation intelligente des boutons des versions
New de la console… Tout est irréprochable. D’autant plus qu’il se pare d’une direction artistique toute choupie et fortement avenante. Les personnages sont mignons, les différentes races moyennement originales mais visuellement réussies, et les différentes options cosmétiques apportent un plus non négligeables. Techniquement, si on lui reprochera au final un univers peut-être trop étriqué et donc, avec peu de renouvellement, il reste quand même dans ce qu’il se fait de mieux sur le support.
De son côté, la bande sonore est elle-aussi plutôt réussie, composée par un nouveau venu dans cet univers :
Sebastian Schwartz. Un monsieur que l'on a vu travailler sur quelques pistes de
Resident Evil 6. Les titres rappellent fortement l’ambiance des
Seiken, notamment
Legend of Mana, et se laissent écouter avec beaucoup de plaisir. On reprochera simplement quelques effets sonores trop crispants et redondants pouvant taper sur les nerfs.
Ever Oasis est une véritable curiosité aussi attractive que simpliste. Ses personnages, son univers et tout son aspect bon enfant ne cesse de faire mouche et il conviendra de l’aborder avec cet esprit. Une aventure légère, relativement courte, qui mixe avec une certaine facilité tout un pan gestion au sein d’un action-RPG des plus classiques. Malheureusement, sa trop grande simplicité, son manque d’audace mais surtout, de profondeur sur quasiment tous les aspects du jeu, ne lui permettent pas de gravir de plus gros échelons. Une aventure très permissive et haute en couleurs mais… C’est tout.
28/11/2017
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- Mignon tout plein
- De bonnes idées
- De bonnes musiques
- De bons graphismes
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- Trop facile
- manque de profondeur
- Quelques mécaniques trop lourdes
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GRAPHICS 4/5
SOUND/MUSIC 3.5/5
STORY 3/5
LENGTH 3.5/5
GAMEPLAY 3/5
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