Si la notoriété des Wild Arms n'a jamais été incroyable, la série a su au fil des épisodes se doter d'un public assez large pour que les développeurs continuent leur aventure. À ce jour quatre épisodes sont sortis dont un remake, celui du premier, sorti en novembre aux États-Unis sous le doux nom d'Alter Code F, et un cinquième épisode est d'ores et déjà en préparation. La série se caractérisait jusqu'ici par une ambiance western et des énigmes plus ou moins intéressantes. Mais avec cet épisode, les développeurs de Media Vision négocient un virage étonnant, synonyme à la fois de bonnes et de mauvaises choses...
Un scénario, comment dire... nul !
Une fois de plus l'histoire prend place dans le monde de Filgaia (même si on a du mal à retrouver des points communs avec l'univers construit dans les précédents épisodes). Vous incarnez Jude (les développeurs devaient aimer les Beatles), un jeune garçon qui coule une existence paisible et insouciante dans le village de Ciel. Après l'introduction en dessin animé comme à l'accoutumée dans la série (enfin sachez que je n'ai fait que Wild Arms 3... alors informations à prendre avec des pincettes !), vous prenez directement les commandes de Jude. On est catapulté dans l'aventure un peu brusquement. Les développeurs n'y vont pas par quatre chemins, et immédiatement, le pourquoi du comment va se mettre en place. Lors d'une ballade, notre jeune héros va voir des vaisseaux "sortir" littéralement du ciel. Poussé par la curiosité, il va bien sûr aller voir où tout ce beau monde a atterri. C'est là qu'il découvre un campement militaire. Poussé par on ne sait trop quoi (il ne faut pas trop chercher à comprendre les personnages, j'y reviendrais) il pénètre chez l'ennemi et voit dans une cellule une jolie jeune fille du nom de Yulie Athreide qui s'avérera être l'héroïne du jeu. Son pouvoir mystérieux semble important pour ceux qui la retiennent captive. Dans ce même campement militaire, un personnage du nom d'Arnaud vous rejoindra (car les développeurs aiment aussi les noms français, vous vous en rendrez également compte lorsqu'on vous apprendrez que l'avion qui vous servira de moyen de transport s'appelle "Le Bourget"). Quand les deux comparses reviennent à l'endroit où Yulie était détenue, elle n'y est plus. Après quelques rebondissements (on va abréger, car le scénario est vraiment nul), tout ce petit monde se retrouve dans le village de Ciel où Jude apprend que oui, il y a bien un monde autour de lui et que oui, les filles, ça existe (cherchez pas à comprendre, les personnages sont profondément idiots et incohérents). Les méchants commencent à foutre le bordel alors Jude s'énerve et révèle à tout le monde sa capacité à utiliser les "Arms", ces armes légendaires ayant servi dans une guerre qui dura près de 1000 ans. Jude se fâche tout rouge et perd le contrôle de ce pouvoir tout nouvellement acquis, heureusement Yulie est là pour le calmer, car elle a elle aussi un pouvoir (on s'en serait douté). Les méchants se font botter le cul mais le village de Ciel est endommagé et tout commence à péter de partout, alors nos 3 héros s'enfuient dans des escape pods (bah oui, quels villages tranquilles et paisibles ne disposent pas de moyens si sophistiqués pour fuir un danger apparemment inexistant !). Inutile d'aller plus loin. Désolé si j'ai été grossier pendant ce paragraphe, mais Wild Arms 4 dispose sans aucun doute du scénario le plus confus, idiot, et incohérent jamais vu dans un RPG. On essaye de se mettre dedans, mais finalement on finit par s'en foutre, et ce n'est pas les personnages eux aussi idiots et incohérents (de plus en plus au fil de l'aventure, côté gentil comme méchant) qui relèvent le niveau. C'est clairement là que se trouve le gros point noir de ce WA4.
Heureusement, il y a le gameplay !
Hé oui ! Si Wild Arms 4 n'avait pas disposé d'un gameplay addictif et dynamique, il aurait peut-être été le gros fiasco de 2005 côté RPG. Tout d'abord, il faut savoir que pour la première fois dans la série, on a le droit à des phases de plates formes. Mais ce n'est pas tout, la plupart du temps, ces phases se déroulent sur un scrolling horizontal ! Au détour de Filgaia, on se plaît à se souvenir de nos premiers pas dans le jeu vidéo aux commandes de Mario ! Ces phases sont dynamiques, très jouables et plaisantes à jouer, un bon point ! Cependant, il faut savoir que le jeu ne se cantonne pas exclusivement à un scrolling horizontal et que l'on revient très souvent à du très classique dans l'exploration. Des énigmes parsèment le jeu, et elles sont tout sauf retord, car WA4 ne s'adresse clairement pas aux gros mangeurs de RPG. Côté combat, malgré le classicisme des rencontres aléatoires, WA4 mise là aussi sur l'originalité. Le gameplay s'articule autour d'un damier de 7 hexagones appelés "HEX" (CQFD...). Au début du combat, les ennemis sont placés aléatoirement sur ces hexagones, ainsi que votre équipe. Un ennemi et un allié ne peuvent pas être sur la même HEX mais toute l'équipe, aussi bien adverse qu'ennemie peut se retrouver sur la même case. Bref, parmi les 7 cases, 4 sont neutres, et 3 sont "élémentaires", c'est-à-dire qu'un des 4 éléments leur ait attribué (Feu, eau, vent, terre). Comme dans tout bon RPG, les éléments s'opposent, ainsi une attaque lancée à partir d'une HEX vent sur une HEX terre sera bien plus efficace que d'une HEX neutre. Mais ce n'est pas tout, vous disposez également d'une barre de FP sur la gauche de l'écran qui monte au fur et à mesure que vous lancez et subissez des attaques. La barre est à hauteur de 100, sachant qu'à 25, vous pourrez déclencher l'attaque ou capacité spéciale "solo" d'un personnage, et qu'à partir de 50, des attaques à 2 voir 3 pourront être déclencher. Également, en bas de l'écran, un peu à la manière d'un Grandia, mais surtout d'un FFX, les tours de chaque intervenant du combat sont annoncés. Très pratique pour choisir que faire (on préféra attaquer un ennemi dont le tour est imminent pour le tuer et ainsi éviter son attaque). Côté évolution, on a un système très classique de niveaux. À chaque niveau supplémentaire acquis, vous pourrez répartir des points obtenus sur des capacités. Quand la totalité des points demandés par la capacité est atteinte, la technique est acquise. Évidemment, plus la technique est utile et efficace, plus le nombre de points demandés est important. À noter que les HP et MP n'augmentent pas "naturellement" au niveau supérieur, mais que vous devrez passer par la capacité "class level up" pour les augmenter. Globalement, votre nombre de HP et MP n'augmentera pas vraiment significativement au cours de l'aventure (on doit commencer vers 1500 HP et finir l'aventure à 3000). Le système est complet et plaisant... Mais le problème, c'est Raquel, the bourrine du groupe. Sa capacité FP à 25 est de doubler son tour d'attaque (elle peut ainsi attaquer deux fois dans son tour) et vous obtiendrez rapidement la capacité "move and attack" qui vous permet d'attaquer après un déplacement (un déplacement coûte un tour en temps normal). Résultat : Raquel peut accomplir en un seul tour l'équivalent de quatre tours d'un personnage standard. Avec une force d'attaque incroyable, autant dire que Raquel sera la principale intervenante des joutes. En gros, les 3 quarts des joutes se bouclent avec elle. C'est là le problème : WA4 est bien trop facile. Avec toutes les clés du système en main, si on surveille bien l'ennemi qui va attaquer, on ne rencontre quasiment aucun problème. Quand bien même vous rencontreriez une difficulté et que tout le monde meurt, le jeu vous propose immédiatement de recommencer le combat, avec HP et MP au max, ce qui nous pousse à prendre des risques (qui souvent payent vu la facilité du jeu), et les joutes sont ainsi très souvent bouclées en moins de deux. Ainsi, le gameplay est très agréable et complet, mais pâtit de la trop grande facilité du jeu.
C'est beau ? Et la musique ?
Côté graphismes, on oscille entre le pas mal et le très joli. Au détour d'un donjon ou de certains villages, on est surpris (la série n'avait jusque-là pas vraiment brillé par ses qualités graphiques) par la qualité des environnements. La 3D est agréable et tout est très bien animé (0 ralentissement détecté en cours de jeux). La caméra suit avec des mouvements forts sympathiques le héros dans les phases classiques et le tout hume bon le rétro quand elle vient se placer en mode "scrolling horizontal". Les musiques sans être inoubliables, sont elles aussi très sympa avec notamment un bon thème de combat. L'intro chantée en anglais est à l'image du character design qui y est montré : médiocre. Mais on n'oublie pas quelque chose dans tout ça ?
C'est quoi ce bordel ?
Ah c'est vrai ! À chaque fois que j'allume la console et que je vois le nom de l'éditeur puis du développeur, j'entends un air sifflé me rappelant que la série est censée arborer une ambiance western ! Mais plus j'ai progressé dans le jeu, et plus je l'ai cherché, cette ambiance western. En tout et pour tout, un village fait vraiment référence à l'univers western. En fait c'est là l'autre problème de WA4. Wild Arms 4 est un jeu qui se cherche. On ne sait pas trop si on est dans un univers western, un univers à la Star Ocean, à la Skies of Arcadia... En fait, l'univers est incohérent. On croise pelle-mêle, des voitures, du goudron, des saloons à la western, des trains qui fleurent le bon le XIXème, du goudron, des maisons hantés, des châteaux forts faisant office de prison ou encore de la technologie. En gros, l'univers de Wild Arms 4 est un beau bordel. On ne sait jamais vraiment où on est ni ce qui va nous attendre. Dans cet univers incohérent se déroule un scénario incohérent ou des personnages sans charisme aux choix et aux émotions incohérentes s'affrontent. C'est le gros défaut de WA4. Mais il y autre chose : la mise en scène. En fait, on a l'impression que les développeurs ont manqué d'argent. Une scène normale se déroule, le personnage en 3D parle, tout semble normal, mais hop, on a besoin de dire quelque chose, l'écran se floute et un dialogue non doublé (remarque, vu la qualité des doublages US, c'est plutôt pas plus mal) prend place avec un découpage style BD et des artworks plein écran. Et ce type de dialogue, c'est 85% de la mise en scène de Wild Arms 4. Le reste, c'est une vraie mise en scène en 3D avec dialogue doublés et envolées matrixiennes à base de ralentis mais surtout à base de ridicule. Le rendu est d'ailleurs assez étrange, on a l'impression d'être entre de la 3D et de la synthèse, mais on a du mal à définir exactement ce que c'est. Bref, ce n'est pas si important car de toute façon, le scénario est inintéressant et la plupart du temps c'est de la parlotte dégoulinante de bons sentiments. Un autre point que j'aimerais souligné est l'extrême linéarité du titre. Pour ceux qui trouvaient FFX linéaire, je leur conseillerais de s'essayer à WA4 pour comprendre le vrai sens de mot. Au fond, ça ne m'a pas vraiment gêné mais on a la désagréable impression d'être posé sur des rails, en fait c'est aspect est un peu à l'image du côté plates-formes du titre, on avance de gauche à droite sans se poser trop de questions... Sachez également que le titre se boucle en 30 heures, ce qui est assez en dessous de la moyenne (mais honnêtement, vous auriez aimé que cette histoire nulle dure plus longtemps ?).
Au final Wild Arms 4 est un titre joli et agréable à jouer grâce à l'originalité et l'efficacité de son gameplay. Cependant, il pâtit de l'incohérence de son univers, de ses personnages sans charismes et de son scénario. C'est dommage, avec un bon scénario, un vrai univers western, des personnages attachants et une mise en scène un poil plus audacieuse, on aurait eu entre les mains un très bon titre. Si Wild Arms 3 était moins bon côté gameplay, son univers et ses personnages était autrement plus intéressants.
26/02/2006
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- Gameplay complet et efficace
- Plutôt joli
- Musiques sympas
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- Scénario et personnages complètement incohérents
- Univers bâtard
- Beaucoup trop facile dès lors que l'on maîtrise le système
- Mise en scène minimaliste (manque d'argent ?)
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GRAPHICS 4/5
SOUND/MUSIC 4/5
STORY 2/5
LENGTH 3.5/5
GAMEPLAY 4.5/5
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