Après un
Final Fantasy VII acclamé de toutes parts, il n'aura fallu à
Squaresoft que deux maigres années afin de développer l'opus suivant de cette saga devenue dès lors une référence à travers le monde entier. L'attente est énorme, les fans sont fébriles.
Final Fantasy huitième du nom débarque et inonde les côtes européennes un fameux 29 septembre 1999.
Plus de dix ans ont passé. Retour sur un jeu de légende.
All you need is love
Oublier, ne plus penser. Se laisser porter tout simplement. Final Fantasy VIII n'est pas de ceux qui vous feront vivre une aventure épique digne des romans de Tolkien. Non, c'est un tout autre registre, plus profond et personnel peut-être, voire intime. La huitième fantaisie finale se voit placée sous le signe de l'amour, sujet à polémique s'il en est, mais ô combien magnifiquement traité.
Chroniques d'un soldat blessé...
Squall, d'aussi loin qu'il se souvienne, fait partie de la Balamb Garden University, une école de la vie destinée à former une élite militaire censée accomplir diverses missions de par le monde. Notre jeune héros réussit brillamment son examen d'entrée pour devenir Seed (ledit groupe qui rassemble les soldats de l'université). À ses côtés durant le test, Seifer, son rival de toujours qui, quant à lui, échoua et ne fut accepté, en partie pour un comportement trop impulsif.
Ainsi expédié en mission, Squall alors chef de son unité et ses comparses (Selphie, la jeune fille enjouée, Quistis, l'institutrice amoureuse de son élève en secret, Irvine, le bourreau des cœurs, ou encore Zell, le hérisson surexcité) s'embarquent dans une affaire qui les dépassera.
Tout d'abord engagé pour aider quelques résistants au gouvernement, le groupe se verra contraint de protéger et d'accueillir en son sein le leader de ces rebelles, Linoa, après avoir lamentablement échoué dans une futile tentative de kidnapping du président au pouvoir. Mais bien vite les choses se compliquent. Une sorcière du nom d'Edea fait son apparition en tant qu'assistante du chef d'état. Nouvel objectif : assassiner la menace que représente la nécromancienne. Cependant, des évènements tout aussi étranges qu'imprévus surviennent, notamment vis-à-vis de Linoa, personnage pilier de cet épisode ou encore, à ne pas oublier : le passage des protagonistes dans un univers parallèle les mettant aux manettes de Laguna, Kiros et Ward, trois soldats loufoques.
Fidèle à lui même, Kazushige Nojima fournit un scénario plutôt mature, intriguant, aux revirements de situation bien sentis dans un univers futuriste à souhait, le tout basé sur les relations entre des personnages auxquels on n'aura aucun mal à s'attacher. Divisée en deux parties clairement distinctes, l'histoire connait un développement intéressant, en même temps que celui des personnages principaux.
Le jeu s'ouvre donc sur un cadre volontairement militaire, strict, afin de rappeler les objectifs de la BGU, une institution guerrière avant tout. Ainsi, on assiste à des briefings de mission mettant en place des plans parfaitement échafaudés, chronométrés, où le sang froid est de rigueur, donnant lieu au final à des scènes mouvementées très crédibles, parfois présentées sous forme de mini jeu où la tension est belle et bien présente. L'immersion est de mise donc.
Toutefois, les thèmes centraux du soft commencent à faire leur apparition petit à petit et donnent une autre tournure au jeu. Au cœur de ce revirement, on retrouvera le dilemme du passage à l'âge adulte et ce que cela implique. Faut-il tirer définitivement un trait sur son enfance ? Comment avoir le sens des responsabilités ? Pour quels choix faut-il opter ? Et finalement lorsque l'amour s'en mêle, Squall se retrouve désemparé.
Ubuntu
Parce qu'un être est avant tout humain, Final Fantasy VIII se charge de nous le rappeler, et ce en partie par l'intermédiaire du personnage de Squall, lequel a subi un véritable travail d'approfondissement psychologique. Notre jeune leader se voit confier au fil de l'aventure énormément de responsabilités, certaines l'impliquant personnellement ainsi que des personnes qu'il chérit. Introverti, il est constamment tiraillé entre le choix rationnel de par son statut de soldat ou sentimental. Le joueur peut alors voir ses pensées, ses émotions, son ressenti vis-à-vis de la situation présente. S'en dégage en conséquence une dimension beaucoup plus réaliste du monde qui entoure Squall et des déboires qu'il subit.
Dans la même optique, Final Fantasy VIII met aussi l'accent sur le relationnel, en particulier en ce qui concerne le couple principal. Sans vouloir en révéler plus qu'il ne faudrait, Linoa, jeune fille au caractère bien trempé, entreprenante et franche va s'imposer comme l'élément incontournable du soft. Constituant le véritable nombril du jeu, elle chamboulera l'ordre des choses, qu'il s'agisse de la personnalité d'un Squall alors très réservé ou du scénario en lui même. L'aventure pure et dure voit ainsi sa place troquée quelque peu au profit d'une histoire d'amour poétique mais non moins intéressante et touchante qui émerveillera ceux qu'elle touchera.
Quant aux personnages secondaires, très en retraits par rapport au couple il faut le dire, sans être exceptionnels et alambiqués, mais bien au contraire totalement stéréotypés, ils remplissent à merveille leur second rôle de compagnon, de soutien, même d'ami proche du héros. Parfois drôles ou bien attendrissants, leur simplicité participe grandement au ressentiment des émotions les plus élémentaires.
Une expérience unique
Final Fantasy VIII ne serait pas ce qu'il est sans son lot de séquences marquantes. Pour cela, il fallait s'en donner la peine et c'est chose faite. L'outil : la bande-son. L'artisan : maître
Nobuo Uematsu. Le compositeur de génie signe ici une OST des plus magistrales. La puissance des scènes se voit ainsi décuplée par des mélodies tristes et mélancoliques, si bien que si ce n'est déjà fait, l'harmonie qui en découle n'aura aucun mal à faire rouler quelques perles salées sur le rouge de vos pommettes. Les passages avec Laguna (le héros du monde parallèle), véritables concentrés d'émotions fortes faisant part de quelques belles leçons de vie, font pour la plupart partie de celles-là. Cependant, l'artiste n'oublie pas de doter son œuvre de quelques morceaux entrainants typés rock, comme à son habitude, ainsi que de thèmes de ville très plaisants à l'oreille jusqu'à en devenir parfois planant. À noter également la première chanson interprétée dans un
Final Fantasy : Eyes On Me par Faye Wong. Instant magique en perspective.
D'ores et déjà plus qu'un simple jeu,
Final Fantasy VIII nous emmène quelque part, loin de tout, et réussit à nous faire oublier notre quotidien pour nous faire plonger dans ce conte étonnamment humain tout en restant agréablement simple. Une expérience inédite sur l'amour et un moyen efficace de voir les travers du jeune adulte en somme.
C'est bien beau tout ça mais...
Parce qu'arrivé à un certain moment il faut bien rationaliser, qu'advient-il du gameplay de ce huitième opus ? Explications sur un système à la pointe de la spécification.
Première innovation apportée par Final Fantasy VIII : les G-Forces, les invocations de cet épisode, sont non seulement aptes à être utilisées en combat, mais sont aussi considérées comme des entités à part entière capables d'évoluer et d'apprendre via la récolte de points de compétence en fin de combat. Ainsi c'est uniquement en les associant à vos personnages que vous pourrez acquérir les capacités les plus basiques telles que : invoquer une chimère, utiliser des objets ou lancer une magie. Devenues donc indispensables afin de pouvoir mener décemment un combat, les aptitudes de ces créatures ne se limitent pas à cela, bien au contraire. En dehors de toutes sortes de commandes actives pré-citées, on retrouvera des bonus passifs qui pourront être accordés aux combattants. Ils seront bien souvent des augmentations de statistiques telles qu'augmenter une caractéristique de 20, 40 ou 60 % ou bien rempliront des fonctions très particulières comme attribuer des altérations d'états bénéfiques au début de l'affrontement. Toutes ces capacités contribuent à rendre le gameplay d'une richesse certaine et d'une malléabilité plaisante. Force est de constater qu'un énorme travail a été fourni sur les G-Forces. Inutile de dire également qu'il vous faudra en récolter le plus possible afin de gagner en puissance. Mais malgré tout cela, leur principal intérêt est ailleurs.
En effet, ces êtres, une fois liés avec un héros, peuvent permettre d'attribuer une magie à une caractéristique comme les points de vie ou la vigueur. Plutôt incongrue comme idée lorsque l'on sait comment fonctionne habituellement la magie dans les RPG, en d'autres mots, via une jauge de points de magie. Mais décidément, Final Fantasy VIII se démarque des autres productions et nous propose de voler nos magies aux adversaires puis de les stocker, ayant ainsi un nombre défini de sorts à utiliser pour chaque type de magie. Allant de cette façon jusqu'à pouvoir ramasser au maximum 100 magies du même nom, il faudra donc savoir les dispatcher de la meilleure des façons sur vos personnages afin de booster leur stats et de leur donner l'orientation qui vous convienne. Mais comme il serait mal vu de s'arrêter en si bon chemin, Final Fantasy VIII permet également d'attribuer des magies afin de contrer ou d'infliger des altérations d'état, et également afin de contrer ou d'infliger une attaque élémentale. S'exprimant ainsi en pourcentage, ces composants cruciaux du gameplay permettront de parer et de s'adapter à nombres de situations délicates. Bémol cependant en ce qui concerne la récupération de magies que certains pourront juger comme étant une tâche répétitive afin d'avoir le maximum possible, bien qu'il ne soit pas chose indispensable d'être blindé de sorts au vu de la relative facilité du soft. On assistera donc au fur et à mesure que l'on dépossède les ennemis de leurs pouvoirs à une montée en puissance plus que jouissive qui nous pousse à perfectionner son équipe pour la rendre au final la plus ultime qui soit.
Par ailleurs, comme son ainé à la modélisation digne des playmobils, Final Fantasy VIII conserve le système de limit break. Une fois votre vie bien entamée et que vous vous retrouvez en difficulté, un choix alternatif vous est proposé dans le menu de combat afin d'enclencher votre coup le plus dévastateur. Sans entrer dans les détails, il est de rigueur de préciser que ces attaques qui sont d'une puissance extraordinaire se manifestent sous la forme d'un déluge de coup et d'effets graphiques ahurissants pour quelques personnages, en particulier Squall. Ce dernier se verra en effet doté (une fois l'arsenal nécessaire acquis) de l'offensive la plus dingue à laquelle il m'ait été donné d'assister. Les dégâts augmentent de façon exponentielle et le tout est divinement amené par des animations de folie. Totalement craqué mais tellement jubilatoire, le Renzokuken de Squall restera dans les mémoires.
A l'évidence, le système de jeu décrit ici tranche totalement avec les précédents opus et peut clairement dérouter le joueur.
But there is more than that
Finalement, le bébé de Squaresoft fait un carton plein en ajoutant cette fois-ci à l'équation un travail démentiel sur une technique irréprochable pour le support. À mentionner pour commencer les séquences dédiées aux G-Forces, véritables cut-scenes encore impressionnantes aujourd'hui de par une mise en scène totalement maitrisée et un design appréciable. Seules les longues attentes que suscitent ces intermèdes pourraient venir entacher leur qualité pour les moins patients d'entre nous. Puis, au détour d'une ville, le charme de certains lieux empreints de poésie vient tout à coup nous subjuguer, la "faute" à une 3D pré-calculée de toute beauté avec un sens du détail prononcé. Et lorsqu'enfin une cinématique daigne se lancer, celle-ci réussit encore à nous en mettre plein la vue, la maestria des développeurs de chez Square n'étant pas à prouver. Ni d'ailleurs leur talent pour les animations des protagonistes plus poussées que sur la majeure partie des jeux de la console et pour l'incrustation des personnages dans les décors. Mention spéciale à une fin resplendissante tant par son attrait artistique que par les émotions éprouvées.
Mais que serait un Final Fantasy sans tout ces petits à côtés qui font les grands jeux ? C'est pour cette même raison que le huitième opus de la saga met à la disposition du joueur la dose habituelle de quêtes annexes toutes aussi variées que prenantes. Chocobo et pampa seront bien évidemment de la partie pour le plus grand bonheur des fans. Attardons nous plutôt sur un mini jeu du soft... Que dis-je, LE mini-jeu. Le Triple Triad est un jeu de carte au concept relativement simple au départ mais qui sera en partie responsable des nombreuses heures passées sur Final Fantasy VIII. Outre le fait que ce jeu qui tient ses origines du tarot soit une perle d'amusement et de distraction tant il sait se renouveler, il permettra de ravir les cartes de vos opposants. Lesquelles cartes pourront, par l'intermédiaire d'une capacité acquise par une G-Force, vous procurer d'intéressants objets. Habile moyen utilisé ici par Squaresoft pour mettre au cœur de la création des armes et autres customisation, une activité ludique des plus ingénieuses.
Il est des jeux qui transcendent le temps, l'univers et l'espace pour nous faire vivre des moments vidéo-ludiques inoubliables. Final Fantasy VIII est de ceux-là et se charge de vous emmener faire un tour du côté de la perfection. Émouvant, drôle et passionnant, c'est une expérience au-delà du commun des mortels qui est à votre portée. S'imposant par la même en tant que vitrine technique de la Playstation, Final Fantasy VIII a tout pour convaincre et ce, même après tant d'années.
25/07/2010
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- Un arc-en-ciel d'émotions
- Une psychologie poussée
- Un couple principal touchant
- Une histoire intéressante
- Des musiques qui subliment le jeu
- Une technique irréprochable
- Des scènes mythiques
- Un gameplay aux nombreuses possibilités
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GRAPHICS 5/5
SOUND/MUSIC 4.5/5
STORY 4.5/5
LENGTH 4.5/5
GAMEPLAY 5/5
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