Comme toute bonne série d'animation japonaise à succès, Slayers a eu droit à son adaptation en jeu vidéo.
Slayers (tout court) sur PC98,
Slayers Royal 1 & 2 sur Saturn et Playstation ou encore
Slayers Wonderful sur Playstation, le RPG a souvent été à l'honneur. Quoi de plus normal pour une série dont le thème principal est la magie au sein d'un monde d'Heroic Fantasy ?
En 1994, quelques semaines après la sortie de l'opus PC98, c'est la Super Famicom qui eut les honneurs de voir débarquer un RPG de la franchise.
Et décidément,
Slayers et RPG riment bien souvent avec qualité.
Linamnésique
Même si Slayers a eu son petit moment de gloire et possède une bonne communauté de fans, un bref petit rappel de l'histoire de base n'est peut-être pas superflu pour une majorité des futurs lecteurs de cet article (trois et demi, environ).
Slayers conte les aventures de Lina Inverse, une jeune magicienne très puissante maîtrisant la magie noire, qui inspire plus la crainte que le respect. Ayant parfaitement réussi l'une des plus prestigieuses académies de magie, elle s'est vue assigner une couleur, un honneur rare. Mais si Lina est crainte, c'est aussi par les catastrophes qu'elle amène sur sa route et la nourriture qu'elle engloutit sans relâche.
L'histoire du jeu débute dans le village de Worren, qui subit depuis quelque temps des attaques de gobelins. Lina ne sait pas ce qu'elle fait là, mais un villageois pas farouche va lui forcer la main et l'envoyer dans la fameuse grotte en... lui bottant le derrière pour la faire tomber dans la cave des gobelins. A l'aide de sa grande fan Connie et son éternelle rivale Naga (réputée pour son rire insupportable et sa poitrine démesurément généreuse), Lina va vite expédier les pauvres petits monstres bien innocents, mais a des affaires plus pressantes en tête. Amnésique, elle a aussi perdu l'utilisation de la plupart de ses magies, selon Naga, qui s'empresse de vouloir l'aider, afin de découvrir quel étrange mal frappe son amie et rivale...
Ayant vu la plupart des séries et OAV de Slayers, le jeu ne semble pas suivre une trame connue, à moins que cela ne corresponde à l'un des nombreux films sortis. Pour autant, on retrouve quelques rouages essentiels de la série : les attaques récurrentes d'une troupe de brigands un peu paumés, la présence de clones ou encore le complexe de Lina vis à vis de la poitrine de Naga sont autant de thèmes que les fans retrouveront avec bonheur.
Slayers Classics
Il faut être clair, Slayers respire bon le classique 16 bits jusqu'au bout des doigts de pied. En se lançant dans le jeu, on ne s'attend évidemment pas à un jeu tranchant avec les codes ou réinventant les rouages du genre. N'est pas Final Fantasy 6 qui veut.
Pour autant, Slayers assume son classicisme, et le fait bien. Encore plus que la série, le jeu est entièrement centré autour du personnage et de la personnalité de Lina Inverse. Le scénario la place en son cœur et le déroulement du jeu nous amène à n'avoir qu'un perso constant, Lina, avec les autres personnages qui viennent et s'en vont. Enfin, une pirouette scénaristique sur la fin ajoutant une dernière aventure à la demande de Lina, qui trouve qu'elle n'a pas eu assez la vedette au cours du jeu (je ne peux cependant pas dévoiler la raison sans spoiler entièrement le scénario).
Le jeu propose donc une alternance de villages, de déplacements sur la carte (en mode 7, évidemment) et de donjons remplis de monstres. Les villes sont nombreuses, et permettent de dialoguer avec les villageois pour récupérer des indices permettant d'avancer, voire de faire des mini-quêtes, tel permettre à un jeune geek médiéval d'avouer sa flamme à la fille de la fontaine avec une petite lettre ridicule. Le jeu n'est pas non plus avare en boutiques permettant d'acheter armes, armures et objets. Mais attention, ici l'argent doit être utilisé avec parcimonie, on ne fait pas d'essai, et on n'équipe pas n'importe quoi. La raison ? Les affrontements ne rapportent rien, tout s'obtient au travers de quêtes ou d'objets ramassés puis revendus. Sachant que les alliés viennent et s'en vont régulièrement, il faut savoir économiser les achats. Comme on dit, "Qui veut voyager loin monte sa ménagère" (enfin, je crois...).
Les villes sont également l'occasion de visiter les guildes de magies, qui permettent de récupérer un à un tous les sorts perdus de notre pauvre héroïne. Mais n'espérez pas vous pointer à l'entrée et demander gentiment une magie au comptoir ! Non, ça ne se passe pas comme ça dans Slayers. Il faudra fouiller les moindres recoins de bibliothèque, discuter avec tous les érudits pour tirer des informations... Rendre sa puissance originelle à Lina n'est pas une promenade de santé, loin de là.
Enfin, il y a les auberges, et cela surprend, mais c'est sûrement le point le plus original du jeu ! Pour se reposer, on peut choisir le type de suite dans lequel on veut se reposer. Petite chambre, grosse suite, la récupération dépend du standing de la "chambre". De même, on peut manger, permettant à Lina de combler son incroyable appétit, mais il m'a semblé qu'elle était l'unique personnage régénéré dans ce cas. Autre différence notable, cela donne droit à de sympathiques petites scènes entre les personnages de l'équipe.
Dragon Slave !
Du côté des combats, un petit tour par tour des familles s'invite pour compléter le tableau du "déjà vu". A chaque tour de jeu de l'un de ses personnages (jusqu'à quatre en combat), on peut donc attaquer, lancer une magie, fuir ou utiliser un objet. Chaque personnage est plutôt magicien ou bourrin, il faut bien s'adapter aux spécificités de chacun, en tenant compte des points faibles des ennemis. Les magies sont fidèles à celles de la série, on retrouve avec plaisir le Dragon Slave, le Ra Tilt ou encore l'Astral Vine. Mais étonnamment, si le Dragon Slave et le Ra Tilt sont les magies les plus puissantes des voies de magies noires et blanches en dehors des magies interdites dans la série, le jeu privilégie clairement Ra Tilt, qui sera la magie à utiliser tout au long du jeu pour vaincre les boss, parfois assez violents mais finalement rapides à vaincre, pour une difficulté globalement modérée.
A noter que le passage de niveau remet à fond les HP et les MP, il faut savoir en jouer et en abuser intelligemment lors des donjons un peu longs.
Les donjons sont représentatifs de l'époque 16 bits. Au départ assez simples, ils deviennent de plus en plus labyrinthiques et complexes au fur et à mesure de l'avancement, proposant même quelques énigmes assez tordues. Il ne sera pas rare d'y passer de très très longues minutes à tourner un peu en rond, même si la majorité d'entre eux restent relativement modestes dans leur level design. Les endroits traversés sont somme toute assez variés, proposant des forêts, des ruines, des tours ou encore un lac en bateau, donnant lieu à une recherche d'objets des plus frustrantes pour les malchanceux.
La fréquence des combats rappellera également aux joueurs qui râlent sur Suikoden Tierkreis qu'à l'époque, c'était toujours la norme.
Le gameplay étant agréable mais diablement convenu, la barrière de la langue ne pose aucun souci pour sa compréhension, le jeu se laisse jouer sans problème.
A double face
Sorte de Dr Jekyll et de Mr Hyde des temps modernes (enfin, pas si moderne que ça), le jeu présente deux facettes distinctes.
D'un côté, les explorations avec de petits sprites pas bien beaux et des décors assez sommaires, qui pourraient faire passer FF4 pour une tuerie technique du support.
D'un autre côté, les combats, avec de grands ennemis stylés, des magies superbes et parfaitement animées, ainsi que des visages de personnages très réussis et évoluant selon les actions en cours. Les arts sur les feuilles de statuts sont également somptueux, et on ne se lasse pas de regarder Naga, surtout au niveau médian.
Le design est assez fidèle, on reconnait sans problème Naga, Amelia, Zelgadis ou encore Sylphiel, qui côtoient des personnages créés pour l'occasion (et très réussis, notamment Remi). Il est d'ailleurs surprenant de noter que les personnages majeurs de la série se joignent au niveau 99. Inutile de préciser que le leveling au final ne concernera que Lina, à moins de s'entêter à prendre des personnages laissés en cours de route et réobtenus bien en retard...
La bande-son est elle aussi mitigée, proposant des thèmes assez jolis que l'on oublie cependant assez vite, à l'exception du principal, récurrent, qui tape vite sur les nerfs. Globalement, on pouvait attendre mieux, mais le jeu s'en sort finalement honorablement sur ce point, sans faire d'éclat ni honneur aux superbes thèmes de la série TV.
Au final, le jeu réussit plutôt bien son pari, les fans apprécieront vraiment de le parcourir et de suivre les aventures bien absurdes de Lina et sa troupe sur la grosse trentaine d'heures qu'il durera, tandis que les autres pourront s'initier à l'univers Slayers sans trop se prendre la tête.
Slayers est un jeu pour les fans, assurément, qui se régaleront devant le scénario créé pour l'occasion, respectant parfaitement la tradition de la série. Drôle et très fun à jouer, le jeu pêche malheureusement quelque peu techniquement lors des déplacements et fait preuve d'un manque d'ambition et de challenge.
Ceux qui ne connaissent pas la série ne verront qu'un bon petit RPG bien classique de plus, hélas uniquement en japonais.
27/05/2009
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- Humour fidèle à la série
- Artworks
- Magies impressionnantes
- Des petites quêtes annexes bien marrantes
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- 2D en dehors des combats très légère
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TECHNIQUE 2.5/5
BANDE SON 3/5
SCENARIO 3.5/5
DUREE DE VIE 3.5/5
GAMEPLAY 3.5/5
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