[Review] Persona 4, d'Atlus
Par Shadow, le 19/06/2011 à 13h37 (1759 vues)
Le temps libre se faisant de plus en plus rare avec les années, on apprécie d'autant plus une période "à vide", durant laquelle on peut geeker sans retenue. Ceci nous permet entre autres de s'investir à fond dans certains jeux, comme Persona 4 qui nous intéresse ici. Bonne lecture !
Introduction : Si Persona 4 est sorti il y a maintenant 3 ans, il se déroule bel et bien en 2011. C'est par pur hasard que j'ai relancé une partie de ce titre, que je n'avais pas spécialement bien aimé « back in the days ». Et le hasard fait parfois bien les choses...
Persona 4 commence par l'arrivée du héros dans la petite ville d'Inaba. Celui-ci est accueilli par son oncle et sa fille, chez qui il doit loger pour l'année scolaire à venir. Malheureusement pour lui (et heureusement pour nous), deux meurtres vont se produire à quelques jours d'intervalle, plongeant ainsi la ville dans le chaos le plus total. Des personnes qui apparaissent à la télévision se mettent à disparaître mystérieusement, et tout semble lié à un programme spécial, le Midnight Channel... Chaque jour de pluie, à minuit, une personne apparaît, avant d'être portée disparue le lendemain. Pour on ne sait quelle raison, notre héros parvient à pénétrer la télévision en approchant sa main... Il raconte alors son expérience étrange à ses amis, et leur prouve après les cours qu'il ne ment pas. 3 adolescents se retrouvent alors embarqués dans un tout autre monde que le leur, celui-ci se trouvant à l'intérieur de la télévision !
Le ton est donné, Persona 4 propose une ambiance à mi-chemin entre le très sérieux (les enlèvements, les meurtres) et le très déconnant. Chaque fois qu'une personne est portée disparue, nos héros se servent de leur pouvoir pour se rendre dans « l'autre monde » et lui porter secours. Car c'est bien à l'intérieur de la télévision que se trouvent les personnes qui passent sur le MC. Seulement cet autre monde est très dangereux car il est rempli de créatures hostiles à la présence humaine, appelées Shadows. Pour se défendre chaque héros dispose de son Persona, son « other self », et le héros a même la possibilité d'en changer en cours de combat !
Le problème de l'intrigue est le même que pour Persona 3, la fraîcheur du soft en moins : c'est un problème de rythme. En s'intronisant « polar pour ado », l'histoire peine à convaincre de prime abord. Le jeu conserve par ailleurs le déroulement du calendrier avec diverses activités de lycéen japonais normal, si bien qu'on a l'impression que le tout piétine un peu. Le jeu a du mal à trouver son identité. Et avant l'arrivée de Naoto dans l'équipe, les personnages qui veulent jouer aux apprentis détectives laissent à désirer. Ils sont souvent longs à la détente et cela en devient affligeant. Ils ne sont pas forcément plus niais que d'autres adolescents de leur âge, c'est juste que pendant une partie du jeu on peut se demander si l'intrigue va décoller un jour ou l'autre.
C'est l'impression qui m'est restée à ma première partie. Et puis pour y avoir rejoué récemment, j'ai eu un sentiment complètement différent. Il y a une ambiance chaleureuse qui se dégage du groupe, on sent que l'on peut avoir en confiance en Yosuke, Kanji est là pour recadrer ses « senpai » (bravo les aînés), on peut compter sur Teddie pour rire un bon coup... Les filles sont, je trouve, un peu trop victimes d'un certain machisme et d'un goût pour le cliché en comparaison : Chie et Yukiko sont nulles en cuisine, Rise est la pop idol exubérante qui s'éprend tout de suite du héros... Néanmoins, l'alchimie fonctionne bien et on peut se prendre au jeu si on s'implique à 100%. On a alors l'impression d'appartenir au groupe, tout simplement. Sans spoiler,, je dirai simplement que je me suis pris à éclater de rire avec eux, à pleurer dans les moments tristes... Et c'est vraiment venu tout seul. Tout cela est en grande partie dû au jeu d'acteur vraiment réussi, et à la bande son qui colle à merveille à chaque situation.
Pour conclure sur le scénario, sachez tout de même que, sans aller au bout de ses délires, il se révèle de plus en plus passionnant à mesure que le temps passe. Arrivé au mois de décembre, on se retrouve avec deux embranchements possible, menant à une bonne ou une mauvaise fin. La mauvaise est absolument magistrale, tant dans les évènements qui se déroulent, que dans le choix qui vous est laissé. En effet, une série de questions est posée, et selon les réponses fournies, le dénouement peut légèrement changer. Il n'y a aucun tabou, et cela amène chez le joueur un véritable questionnement sur lui-même : qu'aurait-il fait dans « cette » situation ? C'est cela qu'il y a d'intéressant dans les Persona d'Atlus, c'est que l'on peut agir un peu comme on le veut, à nous ensuite d'en assumer les conséquences. La bonne et la vraie fin en deviennent presque du bonus, servant à faire la lumière sur toutes les zones d'ombres laissées par le scénario jusqu'à présent. En tant que joueur ça nous intéresse, mais en tant qu'être humain, la mauvaise fin nous parle peut-être un peu plus. Je ne vous en dis pas plus sur le sujet.
Concernant les mécanismes du gameplay, je vous renvois à des tests détaillés sur P3/P3FES/P4, ce n'est pas mon but de vous les présenter. Je donnerai juste mon opinion là-dessus. Comme je l'ai dit on retrouve le découpage du calendrier en journées de temps scolaire et congés. Ceci est très intéressant d'un point de vue culturel, puisqu'il s'agit bien évidemment du calendrier japonais. Les évènements du jeu s'organisent donc en conséquence. La météo rentre aussi en ligne de compte, puisqu'elle fixe une date de limite au joueur pour sauver une personne disparue. De l'aveu même des développeurs, cela a foiré, on ne ressent à aucun moment une pression de ce côté-là. Ce n'est pas une source de stress, et pour cause, le jeu est vraiment très facile. Les groupes de Shadow sont rarement organisés de façon à avoir des faiblesses et forces bien distinctes. De plus dès qu'on vise un groupe d'ennemi et que la faiblesse d'un d'entre eux a été exploitée, on bénéficie d'un tour supplémentaire. On se retrouve donc très vite à préférer utiliser des sorts « Ma- », qui nettoient vite fait bien fait le terrain. Les seuls Shadows qui peuvent poser un peu problème sont les boss de fin de niveau, et encore. Tout ceci reste surtout vrai si on a connu P3 avant de lancer une partie, mais même pour les autres, le système de jeu se prend assez vite en main.
Le fait que l'on enchaîne plusieurs petits donjons au lieu du seul Tartarus de P3 ne change absolument pas la donne en terme de gameplay : c'est la même chose, à savoir une succession de combats et d'ouvertures de coffres, sans aucune interaction possible avec le décor. Pas d'énigme, aucun piège, on ne peut même plus donner d'ordre à ses alliés (hors-combat), qui ne forment finalement plus qu'une entité avec le héros. On n'a plus vraiment l'impression d'être le leader de quoi que ce soit, juste un groupe de justiciers.
Bon il ne faut pas tout voir en négatif non plus, l'ergonomie du jeu a fait un prodigieux bon en avant, avec la possibilité de gérer toute l'équipe (membres actifs comme ceux en réserve) par un seul et même menu : équipements, soins... Cela change considérablement les choses. Mais le manque d'originalité ou la maladresse de celle-ci quand il y en a, fait que l'on est en droit d'être déçu par le gameplay. Car s'il n'y avait pas les Social Links ou une histoire, Persona 4 ne serait rien de plus qu'un bête Dungeon RPG... L'étape suivante, presque logique finalement, on la connaît tous : c'est le-tout visual novel avec P3P...
Conclusion : En définitive je dirais que Persona 4 peut nous apparaître bon mais perfectible, ou complètement décevant. C'est à voir selon votre actif dans le domaine du RPG, votre humeur du moment peut-être. Les qualités sont là, mais presque chacune d'entre elle se voit entachée d'un petit quelque chose qui fâche. Si l'histoire se révèle très intéressante au final, elle ne décolle vraiment que dans la dernière ligne droite. Si les musiques sont excellentes, certains thèmes de J-pop peuvent devenir franchement lassants. Et plus que tout, c'est ce manque d'originalité qui contrarie, qui frustre, qui agace. Si l'on est dans l'optique de passer outre ses défauts, Persona 4 se révèle dans toute sa grandeur. Un RPG de qualité pour conclure l'odyssée de la série sur PS2.
+ Partie sonore (OST et doublages) très convaincante
+ L'intrigue finit par nous révéler tous ses secrets
+ Le système de Social Link, toujours aussi efficace
+ Une mauvaise fin qui laisse vraiment le choix au joueur
+ Une durée de vie plus que conséquente
- L'intrigue est beaucoup trop lente dans la première partie du jeu
- Absence de réelle difficulté, pas d'interaction avec l'environnement en donjon
- Un zéro pointé en originalité !
- Doublage partiel des Social Link (quel intérêt ?)
- Il y a beaucoup de chargements (même si on comprend aisément pourquoi)
Note Indicative : 15/20