[Review] Fire Emblem Echoes, par Intelligent Systems
Par Shadow, le 05/06/2017 à 12h50 (7030 vues)
Catégories : Preview & Review, RPG
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La malédiction du billet du nouvel an a encore frappé ! Pas un seul billet en 5 mois, alors qu'en plus j'avais une review à publier sous le coude... Heureusement les beaux jours et les bons jeux arrivent en même temps, et redonnent de la motivation à votre fidèle serviteur. Voici donc sans plus attendre, une modeste critique du tout dernier Fire Emblem paru sur 3DS.


Introduction :
Depuis le succès de Fire Emblem Awakening en 2013, Nintendo a poussé la série développée par Intelligent Systems (IS). Après Fire Emblem Fates et ses 3 scénarios, les développeurs ont décidé de faire du neuf avec du vieux. Fire Emblem Echoes est en effet un remake de Fire Emblem Gaiden, le second Fire Emblem sorti sur NES. Plutôt que de l'appeler FEE, je le nommerai donc assez justement FE2 au cours de ce test. L'histoire de Gaiden se déroule en parallèle des évènements du premier opus (d'où son petit nom, « histoire parallèle »). En lieu et place de Marth, nous retrouvons deux jeunes gens du nom d'Alm et de Celica. Étant le troisième opus sorti en 4 ans, FE2 est-il le Fire Emblem de trop sur 3DS ?

Pour l'anecdote, si Fire Emblem Gaiden n'a jamais connu les joies d'une localisation, les joueurs d'Awakening ont pu découvrir Alm et Celica, qui étaient recrutables en tant que personnages bonus via un DLC. Je vous propose maintenant de découvrir l'opening du remake.



La succession d'images fixes nous montre les héros pendant leur courte période d'innocence. Cette séquence revêt un aspect enchanteur rappelant un conte pour enfants, par opposition aux décors gris et animés qui prennent vie par la suite. Et en effet, la réalité de FE2 est assez chaotique... Dans un petit village du royaume de Zofia, un garçon nommé Alm vit avec son grand-père Mycen et ses amis, dont une jeune fille récemment amenée : Celica. Un jour qu'il se promène avec elle dans les bois, ils sont attaqués par une troupe de chevaliers peu scrupuleux. Mycen assurera la victoire sans difficulté, mais la scène est assez violente. Celica, recherchée par les attaquants en déroute, doit quitter le village avec le grand-père d'Alm. C'est un déchirement pour le garçon, qui en pinçait pour la jeune fille ; il lui fait la promesse de la retrouver un jour, même s'il ne sait pas où elle part...

Plusieurs années ont passé. Depuis le départ de Celica, Alm s'entraîne à l'épée avec Mycen dans son village. Cependant Mycen lui interdit de quitter le village... Lorsqu'un chevalier du nom de Lukas pénètre dans le village pour annoncer l'assassinat du roi par son conseiller, Alm décide de saisir sa chance et rejoint la Délivrance, un mouvement de résistance. Commence alors pour le jeune homme une épopée qui lui fera traverser tout le royaume de Zofia, et au-delà...


En parallèle, le joueur retrouve Celica sur une petite île à l'est de Zofia. En apprenant la mort du roi, la jeune fille se montre aussi déterminée que son ami à changer les choses, mais elle n'est pas d'accord sur les méthodes à employer. Il est intéressant de noter que ce FE2 propose de mener deux campagnes bien distinctes en parallèles. Comme avec FE10 (Radiant Dawn) sur Wii, il sera possible de vivre l'histoire de plusieurs points de vue. Contrairement à FE8 (Sacred Stones) où le joueur devait choisir la route d'Ephrem ou d'Eirika, ici les chemins d'Alm et de Celica vont se croiser, et s'influencer en permanence. Les personnages secondaires ne sont pas en reste, puisqu'IS a fait l'effort pour ce remake de développer leur personnalité, via des discussions de soutien par exemple. Et pas de marriage idiot dans ce remake, qui fait apparaître comme par magie un enfant de l'âge de ses parents ! Certains personnages ne sont pas toujours d'accord avec les décisions d'Alm/Celica, et n'hésiteront pas à le faire savoir. Cela crée un univers riche et cohérent, avec, en particulier, deux personnages principaux vraiment attachants.

Ce remake remet à plat certaines évolutions de la série depuis Awakening. Tout d'abord le joueur a le choix entre deux difficultés : normal ou difficile, il ne peut en changer en cours de jeu. Cela permet d'y voir clair : on joue en normal si on est un nouveau joueur, sinon il faut viser la difficulté au-dessus. En plus, il est possible de désactiver la mort permanente, mais fort heureusement, juste entre deux batailles ! Exit le mode phénix incompréhensible de Fire Emblem Fates (résurrection automatique des morts en début de tour), qui mettait pour ainsi dire fin à la notion de game over. Enfin, une fonctionnalité particulière est présente dans le jeu : avec une horloge spéciale, il est possible de revenir en arrière au cours d'une bataille, afin d'éviter une action aux conséquences mal appréciées. Cette mécanique rappelle beaucoup Tears to Tiara II, excepté que les batailles peuvent se remporter sans (là où T3I2 était plus un poil plus punitif, poussant à utiliser la fonctionnalité). De plus, l'utilisation est limitée pour un combat donné, donc il faut bien réfléchir avant d'en faire usage. En parcourant le monde du jeu (Valentia), il sera possible de trouver des rouages de l'horloge, ce qui permet de réparer l'objet pour l'utiliser un plus grand nombre de fois. Espérons que ces options de paramétrages, lisibles et pertinentes en 2017, seront reprises dans de prochains opus.


FE2 est à part dans la série. Comme il s'intercale entre deux aventures de Marth (sur Famicom et Super Famicom), c'est une bonne chose qu'il possède sa propre identité. Pour commencer, le continent de Valentia est entièrement visitable, il ne se résume pas à une intrigue avançant de façon linéaire. Petite exclusivité de cet épisode, il est possible d'explorer des villages ou des donjons.

Pour les villages, l'exploration se fait à la manière d'un point'n click. Il est possible d'examiner chaque tableau pour y trouver des objets bien utiles, ou de parler aux personnes présentes. C'est l'occasion d'en apprendre plus sur l'univers, ou carrément de commencer une mission annexe (tuer certains ennemis, rassembler des ingrédients pour obtenir un objet rare...). Ceci remplace donc les villages offrant des récompenses qu'on peut trouver dans d'autres opus. Le contenu est purement optionnel (on peut terminer l'histoire sans), et on ne croulera jamais sous les quêtes, c'est plutôt appréciable quand on sait les dérives des jeux actuels avec leurs quêtes Fedex à n'en plus finir.

Pour les donjons, l'exploration se fait en trois dimensions. Au programme, essentiellement des caves abritant des sanctuaires. Il y fait donc sombre et des ennemis peuvent surprendre le joueur qui ne prend pas garde. En plus certains ennemis surpuissants traînent parmi les « faibles », ce qui demande donc de rester sur ses gardes lorsqu'on s'aventure dans un donjon. En effet chaque unité perdue dans une cave l'est définitivement (en mode Classique). Très bon point. Les combats menés peuvent également fatiguer les troupes, réduisant le capital PV d'un personnage. Il faudra alors manger pour récupérer, ou bien trouver une statue de la déesse du coin, Mila, pour lui déposer une offrande. Il reste toujours possible de sortir, les donjons étant de toute manière assez petits. Seuls les derniers donjons, avant le combat final, seront un peu plus intéressants, en étant plus longs et (légèrement) labyrinthiques. IS aurait sans doute pu faire davantage d'efforts avec ce remake, pour mettre quelques énigmes ralentissant la progression notamment.


Fire Emblem Gaiden a simplifié la gestion de l'équipement, mais simplification ne rime ici pas avec l'absence de stratégie. Chaque personnage se retrouve par défaut doté d'une arme du type qu'il maîtrise. Il est possible de s'équiper d'un seul objet, au choix entre un item de soin, une arme supplémentaire (bonus d'attaque) ou un bouclier (bonus de défense/résistance). Il est important de noter qu'une arme ayant un poids, elle peut ralentir le porteur : un bonus d'attaque peut donc entraîner un léger malus de vitesse, ce qui limite les double attaques. Des compétences s'apprennent en montant de niveau, ainsi qu'en portant certains des équipements mentionnés précédemment. Cela crée un système de jeu à la difficulté bien calibrée, n'avantageant pas trop le joueur, mais lui donnant des outils pour assurer sa survie.

Il est à noter que si on rencontre des brigands et des pirates, aucun manieur de haches ne rejoint les rangs de nos armées dans cet épisode ! Enfin, les évolutions de classe se font sans recourir à un objet mais en priant à la déesse Mila, devant une de ses statues bien gardées. Ces évolutions permettent entre autre le maniement de nouvelles armes. Chaque classe a une évolution unique, en passant par deux ou trois stades. Par exemple, un soldat peut devenir un chevalier et enfin un baron, tandis que le mage n'évoluera qu'une fois, pour devenir un sage (homme) ou une prêtresse (femme). Les villageois peuvent choisir leur spécialisation entre plusieurs classes de base, ce qui permet de customiser une partie de son armée.


Les combats sont plus fréquents dans FE2, quitte à ce que certains durent moins longtemps. En tous les cas il vaut mieux s'entraîner de temps en temps si on s'attaque au mode Difficile/Classique, car les ennemis évoluent assez vite. Je l'ai mentionné, la hache a disparu des « armes jouables » de cet opus, et ce n'est pas tout puisque le triangle « épée – hache – lance » aussi ! Dans FE2, l'épée n'est pas désavantagée par rapport à la lance, et n'a pas non plus d'avantages sur la hache. Certaines classes conservent cependant des spécificités : les pégases peuvent se déplacer sur tout type de terrain, et les archers peuvent les abattre en deux temps trois mouvements. Cependant les archers peuvent viser bien plus loin, et ont aussi la possibilité de riposter à une attaque au corps à corps dorénavant... Quant aux mages, qui apprennent de nouveaux sorts régulièrement, ils dépensent pour les utiliser... leur propre énergie vitale. C'est inédit dans la série, et quelque part plutôt logique ; du coup impossible de lancer un sort si on n'a pas le nombre de PV nécessaires à son utilisation. Il faudra s'en souvenir face à certains ennemis...

Un point très appréciable pour les fans de la série : plus besoin de choisir ses unités (un vrai crève-cœur le plus souvent), puisqu'Alm et Celica mènent deux petites armées où chaque recrue est jouable pour tous les combats de la trame principale ! Il faudra juste se restreindre à 10 unités lorsqu'on explore un donjon, ou pendant le postgame...


On peut donc noter que le jeu a le mérite d'offrir, tant dans sa difficulté que dans l'exploration, une certaine liberté. C'est aussi le cas dans la gestion des armées (on peut passer d'Alm à Celica quand on veut, le plus souvent). Enfin les musiques, réorchestrées pour ce remake, sont dignes d'éloges. Elles ne manquent pas de se renouveler à chaque acte de l'histoire, pour atteindre de très belles notes dans les dernières batailles (What lies at the End, Final map theme). Comme ses prédécesseurs, FE2 ne brille en revanche pas du tout pour ses graphismes, avec une 3D sommaire (en donjon et pour les cinématiques). Pendant les combats, c'est simple mais chaque unité est clairement identifiable, c'est là l'essentiel pour ce type de jeu. Et s'il y a bien une chose que FE2 a de plus que ses prédécesseurs sur 3DS, c'est un character designer digne de ce nom : Hidari (Atelier Ayesha, Escha & Logy, Shallie, Toukiden 1 et 2...). Finis les personnages qui ne ressemblent à rien (Awakening) ou avec une certaine part de mauvais goût (Fates). Ici, les portraits sont élégants, classieux, intrépides ou juste malicieux. Les quelques cinématiques animées voient les dessins d'Hidari se mettre en mouvement, et c'est un régal pour les yeux. Le trait de l'artiste correspond parfaitement à cet univers d'heroïc fantasy. En fait, en jouant à ce remake, on se dit qu'Hidari est l'artiste que la série attendait. Ce ne serait pas un mal que le monsieur reste à bord pour un autre opus...

Tant qu'on est parle de ce qui émerveille les yeux, on peut parler de l'édition collector, assez riche. Le coffret propose trois pin's de personnages pixellisés (Alm, Celica et Marth), une sélection musicale (chaque thème est proposé en version 8 bits/3DS !), une jaquette réversible pour le jeu (on peut afficher la jaquette originale japonaise de l'édition Famicom de Fire Emblem Gaiden), un artbook à couverture rigide, et les amiibos d'Alm et de Celica. Ces amiibos débloquent des missions supplémentaires, mais ça c'est pour ceux qui ont l'adaptateur NFC ou la New Nintendo 3DS. Cela donne à FE2 un certain côté « jeu en kit » dont il n'avait pas besoin (voir paragraphe suivant).


Pour conclure, FE2 marque-t-il une rupture totale avec les autres épisodes 3DS ? Même si je voudrais affirmer que oui, ce n'est pas tout à fait le cas. Il en conserve les bons côtés (gameplay travaillé, paramétrage de la difficulté complet), tout en restant fidèle à ses origines (pas de triangle d'armes, liberté d'exploration). Et c'est tout à son honneur, car on sent que si les développeurs avaient touché à un aspect du gameplay, le jeu aurait été totalement différent de ce qu'il est. Malheureusement on peut regretter que certains points n'aient pas été davantage retravaillés (les graphismes, les donjons). Et surtout, on ne peut que s'insurger de voir la quantité de contenu supplémentaire prévu par les développeurs... pour ceux qui sont prêts à payer davantage que pour le jeu cartouche ! Un ensemble de missions scénaristiques, de classes exclusives (une composante du gameplay !), ne sont en effet accessibles qu'aux personnes qui ressortiront le porte-monnaie. C'est choquant (on ne le dira jamais assez), et ça l'est d'autant plus avec la nature même de ce jeu : un remake. Et pour finir dans l'aberration, Nintendo a limité le stock d'éditions collectors disponibles en pré-commande. Et quand je parle de limiter, il faut bien comprendre qu'il était parfois trop tard pour faire son achat, quelques heures après la mise en ligne du coffret sur un site. L'offre crée la demande, et Nintendo l'a bien compris, quitte à mépriser ses fans pour cela.


Conclusion : FE2 offre à la série un retour aux sources salvateur. C'était nécessaire après certaines évolutions prises lors du développement d'Awakening et de Fates ; IS est encore capable de pondre un conte épique, avec des personnages forts, et sans s'encombrer de fan service inutile et dégradant pour la licence. Le gameplay de ce dernier Fire Emblem est aux petits oignons, lui conférant une identité propre. On pourra seulement regretter que les développeurs aient poursuivi dans la voie du jeu en kit, avec un contenu payant dépassant le prix du jeu de base. FE2 n'a fort heureusement pas besoin de cela pour s'apprécier, soit comme un bon jeu rétro, soit comme un jeu moderne, adapté aux standards de son époque.

+ Les compositions sonores variées, qui se renouvellent avec l'avancement de l'histoire
+ Le contenu de l'édition collector (jaquette réversible, CD, goodies)
+ Hidari au character design donne vie à un univers enchanteur
+ Deux personnages principaux, à la relation attendrissante
+ Une difficulté entièrement paramétrable et bien dosée
+ Toutes les unités sont jouables en combat
+ La liberté offerte dans l'exploration

- L'exploration des donjons aurait pu être retravaillée
- Peu d'évolutions graphiques par rapport à Awakening/Fates
- Beaucoup trop de contenu payant, inadmissible pour un remake ; collector introuvable

Note indicative : 8,5/10.




L'artwork présent sur la jaquette, particulièrement représentatif du caractère de nos deux protagonistes

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