En même temps que le 1er action-RPG, je faisais tourner un jeu dont le héros porte et portait un prénom identique au mien (tout du moins dans la version française du jeu). Un beat them all mythique, qui, je l'ai appris plus tard, est une libre adaptation d'un film de Jackie Chan. Un concept simple: L'amour de votre vie, capturé, vous attends en haut d'une tour de 5 étages que vous devez traverser à coups de lattes bien sentis, avant d'affronter à chaque étage un boss bien souvent retors. Un scénario extraordinaire en quelque sorte! KUNG FU, ou mon premier coup de pied vidéo-ludique!

1987 marque également l'arrivée de la première console de salon de Sega: La Master System, qui remporte un succès d'estime. Le jeu de l'année sur la machine est incontestablement ALEX KIDD IN MIRACLE WORLD. Cependant, sous la déferlante Nintendo, difficile de se faire une place au soleil. Ainsi dès les premiers mois d'existence les jeux d'une jouabilité exemplaire et d'un fun indéniable se trouvent chez le géant de Kyoto! Parmi les plus remarquables, et ceux qui me laissent le meilleur souvenir, on peut noter EXCITEBIKE, jeu de moto aux parcours customisables, déjà! Le grand-père de la série METAL GEAR, de Monsieur Kojima. Ou encore DUCK HUNT, qui comme son nom l'indique était une simulation de chasse aux canards! Canards que vous deviez atteindre sur votre écran grâce à un pistolet infrarouge en plastique que vous teniez à distance (ou à 5 centimètres du poste, c'est selon...).

Souvent excessivement difficiles pour le petit garçon de 6ans que je suis alors, nombre de jeux sur NES m'auront vraiment fait vivre de grands moments de frustration. Un jeu caractérise on ne peut mieux ce ressenti, et mes souvenirs de crise de nerfs entre amis sont très nombreux sur le fameux IKARI WARRIORS. Le premier jeu d'un studio de développement alors inconnu: SNK. Un jeu sans concession dont le seul moment de répit, et de fait d'extase manette à la main, consistait à circuler non pas à pied avec sa mitraillette en bandoulière, mais à l'intérieur d'un tank! Un jeu d'une grande finesse, que beaucoup trouveront sans intérêt aujourd'hui à n'en point douter!

Comme vous l'avez compris en introduction de cette page, le jeu dont tout le monde parlait dans la cours d'école est le premier d'une série qui marquera à jamais l'Histoire du jeu vidéo. Une création qui fera et fait encore référence et qui porte en quelques années seulement, le nom de Nintendo et de son créateur au rang de personnalités majeures de leur industrie. Car si le jeu vidéo est aujourd'hui un loisir qui rapporte plus d'argent à ses créateur que le média cinéma, il ne faut pas se leurrer, il le doit en très grande partie à ce jeu, SUPER MARIO BROS. Et à l'écho sans précédent qu'il remportera à travers le monde. Le personnage de Mario est aujourd'hui, ni plus ni moins, et sans contestation possible, la figure de fiction la plus célèbre de la planète.

Je ne m'étendrais pas (comme c'est mon vilain défaut avec nombre de RPG) sur les aspects du scénario qui se résument à sauver une princesse des griffes de Bowser, un croisement entre une tortue géante amoureuse et un dinosaure mal luné, même si certains trouveront surement à redire sur ce point. L'intérêt du jeu n'est pas la. Cependant, une question plus en rapport avec esthétique de ce jeu ne cesse de m'interpeller depuis des années. Comment arriver à faire du personnage de Mario (contrairement à l'univers qui l'entoure, j'y reviendrais): un plombier que l'on suppose d'origine italienne, en salopette rouge, gros et moustachu, une héros des temps modernes? Je n'ai à ce jour qu'une seule explication (rationnelle?) à ce phénomène. Les fondamentaux de Super Mario Bros (et des jeux qui suivront) sont si excellents et en avance sur leur temps, que ce même personnage, s'étant appelé Marcel et ayant porté une chemise à fleur verte aurait eu tout autant de succès. Shigeru Miyamoto est LE génie sur lequel s'est appuyé le jeu vidéo japonais pendant vingt ans, le meilleur, tout simplement...

L'hommage vaut également pour d'autres jeux de la série, et d'autre licences créées par cet être hors du commun, mais Super Mario Bros reste à mes yeux sa plus grande création. Mon expérience de jeu de l'époque en témoigne, j'ai de nombreux souvenirs de parties interminables, installé sur le canapé du salon en face du petit poste de télévision. Séances passées à chercher dans les moindre recoins, les bonus cachés, vies, passages secrets, haricots magiques, innombrables (pour l'époque) et toujours dissimulés aux endroits idoines. Un jeu conçu avec un souci du détail qui dépasse l'entendement. Inutile d'ajouter que les déplacements de notre héros sont gérés avec une précision diabolique. Et que la gestion des collisions dont nombreux jeux des années 90 n'auraient pas à rougir, est également exemplaire. Des années d'avance je vous dis!

J'évoque plus haut l'univers de Mario, qui contrairement au personnage est lui d'une richesse étonnante, à la vue des capacités techniques disponibles à l'époque. Chaque ennemi, objet et niveau, est construit autour d'un compromis: Celui de rogner le moins possible sur l'originalité et l'inventivité de ceux-ci, tout en s'adaptant aux limites qu'impose la création d'un tel jeu en cette ère préhistorique du jeu vidéo.

Impossible également de passer sous silence le travail de Kôji Kondo sur les pistes musicales de Super Mario Bros. Les thèmes, en apparence simples, collent parfaitement à l'ambiance que les équipes de Nintendo ont crées autour du jeu. La première piste qui correspond au premier niveau de notre périple à travers le royaume des champignons est tout bonnement inoubliable. Pour preuve, je suis en ce moment même en train de le siffloter avec bonheur et nostalgie!