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System Shock 2

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System Shock 2
The Master System
Le mois de février 2013 aura été décisif pour beaucoup de joueurs nostalgiques. En effet un célèbre distributeur en ligne, dont nous tairons le nom pour des raisons d’indépendance éditoriale, ajoutait à son catalogue le titre historiquement le plus demandé par ses utilisateurs : System Shock 2. Le rejeton de Looking Glass Studios sorti originellement en 1999 semble en effet bénéficier d’une aura bien particulière, considéré par toute une population de joueurs comme un titre fondateur du FPS-RPG, qui aurait donc servi de base à des noms illustres comme Deus Ex.

Alors, relique poussiéreuse à ranger dans son grenier ou objet de culte justifié ?

Un S.O.S en provenance de Zeta Reticuli

L’introduction se lance et le contexte est posé. En 2072 Shodan, l’intelligence artificielle autoproclamée déesse, décide de se retourner contre l’humanité. Mais ses élans mégalomanes sont stoppés par le hacker, qui l’empêche d’utiliser le laser d'exploitation minière d’une station contre la Terre et la met hors d’état de nuire. C’est tout nous direz-vous ? Et bien non, car ceci n’est en fait qu’un court résumé pour tous ceux qui n’ont jamais joué à System Shock premier du nom sorti en 1994. Notre véritable périple prend place quarante-deux ans plus tard. L’homme maitrise désormais le voyage à une vitesse supérieure à la lumière et le premier vaisseau équipé de cette technologie, le Von Braun, s’apprête à partir découvrir les mystères de l’univers. Cependant ce grand pas pour l’humanité ne va pas se réaliser sans nous. On incarne donc le soldat G65434-2 (nous le renommerons affectueusement l’insecte) fraichement affecté sur le Rickenbacker, vaisseau militaire d’escorte du Von Braun. Notre héros, en plein sommeil cryogénique, va malheureusement manquer l’évènement majeur de ce System Shock 2 : plusieurs mois après le départ du Von Braun et du Rickenbacker, un appel de détresse provenant d'une planète inhabitée est capté. Nous nous réveillons une semaine après cet évènement, amnésique, et muni d’augmentations cybernétiques non désirées. L’aventure commence.

Autant le dire tout de suite, si vous avez déjà lu, vu ou joué à une œuvre traitant du thème de la science-fiction horrifique, vous ne serez pas surpris. L'histoire de System Shock 2 est convenue et les clichés habituels, comme par exemple l'infection par une entité alien, sont de la partie. Vous l'aurez compris, la principale originalité du scénario n'est pas l'histoire en elle-même, mais plus la façon dont elle est dévoilée au joueur. Le héros ne parle pas et ne rencontre quasiment pas de membre d'équipage susceptible d'échanger quelques mots avec lui. Ainsi tout ce qui a pu se produire pendant cette semaine clef et tout ce qui va se produire pendant nos pérégrinations nous est expliqué à travers des enregistrements audios. Concrètement, l'explication de nos objectifs prend la forme de courriels transmis par une personne qui suit notre progression d'un centre opérationnel. De plus, nous trouvons disséminés çà et là des e-mails de l'équipage, en quelque sorte des brefs témoignages de ce qui s'est produit. Et c'est à partir de toutes ces pièces d'un puzzle géant que l'on va devoir reconstituer la chronologie des événements qui ont frappé le Von Braun et le Rickenbacker. Les habitués de Ken Levine ne seront pas dépaysés puisque ce système a grosso modo été repris dans la série Bioshock. Et enfin pour pleinement nous combler, tous les courriels sont doublés en anglais, un doublage extrêmement soigné comme en témoignent les jeux d'intonations ou les accents clairement identifiables. Même les créatures synthétiques ont bénéficié d'un travail remarquable.

Autant être clair, un système aussi extrémiste apporte forcément son lot de points forts comme il peut se révéler rédhibitoire. D'un côté l'exploration est récompensée par du contenu à forte valeur ajoutée et le sentiment ressenti une fois le background bien reconstitué est particulièrement gratifiant. D'un autre côté la quasi-absence de cutscenes au profit des enregistrements rend l'expérience particulièrement monolithique, voire redondante.
System Shock 2
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Aussi accueillant que Klendathu

Tout cela c'est bien joli, mais ça n'explique pas comment System Shock 2 se joue. Et bien c'est un mélange de trois genres majeurs: le First Person Shooter, le Survival Horror et le RPG.

Au tout début de l'aventure, le choix vous est laissé entre trois carrières : l'OSA, la Navy ou les Marines. Comprenez par là « soldat psychique », « soldat technologique » ou « soldat soldat ». Cette intégration d'un corps est complétée par une formation de trois ans qui, dans les faits, vous donne la possibilité d'augmenter certaines caractéristiques parmi trois spécialisations par année, spécialisations évidemment liées à la carrière choisie précédemment. L'augmentation des caractéristiques et le déblocage des compétences se feront par la suite via des bornes présentes à des endroits spécifiques du vaisseau, grâce à des points gagnés en réalisant les objectifs ou autres. Ces bornes sont au nombre de quatre : une dédiée à l'armement, une aux statistiques, une aux compétences technologiques et une aux pouvoirs psyoniques. Il faut savoir qu'en cours de partie le jeu ne restreint pas le joueur aux compétences de sa carrière et le laisse libre de dépenser ses points où bon lui semble. Pour autant les personnages trop généralistes sont fortement déconseillés, particulièrement en début de partie ou dans les niveaux de difficulté avancée. Quoi qu'il en soit ces chiffres théoriques vont grandement conditionner votre progression et vous offrir une multitude d'alternatives : des compétences en hack vous permettront de désactiver les tourelles de sécurité, des compétences en armement lourd vous permettront de découvrir les joies du lance-grenade, la redirection photonique vous rendra invisible un temps donné, etc. Nous n'illustrons ici qu'une infime partie des possibilités offertes par le système de construction du personnage de System Shock 2. Retenez simplement qu'il est riche, ouvert et offre une forte rejouabilité.

Une fois en jeu, la vue à la première personne est de mise. Le tir, le saut, la visée à la souris, inutile de vous présenter ce qu'est un FPS. Point intéressant en revanche, en appuyant sur la touche tabulation (configuration par défaut), le menu s'ouvre. Le jeu ne se met pas en pause pour autant, on peut toujours se déplacer, se faire attaquer, mais pas contrer puisque les déplacements à la souris servent désormais à naviguer dans ce menu. Là, en plus de pouvoir consulter la fiche de personnage où les enregistrements audios, l'inventaire s'affiche. Sur la droite, l'armure équipée, l'arme équipée et les implants équipés (implants qui apportent différents bonus, de statistiques ou autres, tant que leur chargeur le permet). Sur la gauche on retrouve le reste de l'inventaire présenté en forme de grille où les objets prennent plus ou moins de cases selon leur taille, inventaire typique d'un Diablo 2 par exemple. Et cet écran, vous allez le voir très souvent. Cela pourrait paraître anodin mais la gestion de ses ressources est primordiale dans System Shock 2. D'un côté l'inventaire ne permet pas de stocker tout ce que l'on trouve, de l'autre les consommables telles que les munitions spécifiques ou les medikits sont des denrées rares. Chaque affrontement nécessite donc un minimum de réflexion vis-à-vis de l'utilisation de nos ressources et l'ouverture de crâne à coup de clé à molette est parfois l'option la plus sûre pour éviter de se retrouver à court de balle dans les instants les plus critiques. Vos assaillants sont rarement en surnombre, mais assez solides et violents. À vous alors de progresser prudemment, en prenant bien soin d'analyser chaque face à face ; réfléchir quant à l'utilisation des objets à usage unique comme nous l'avons vu, mais aussi réfléchir quant aux faiblesses de chacun face à vos munitions. Ici rien de bien compliqué, on retrouve des munitions standard, des munitions efficaces contre la robotique et des munitions efficaces contre les organiques.
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Oui System Shock 2 est un titre exigeant où tout se gagne à la force des clics. Le vaisseau principal est divisé en ponts (pont médical, pont des loisirs, etc.) la plupart du temps reliés entre eux par un ascenseur. Chacun de ces ponts propose une carte plus ou moins labyrinthique qui pourra rappeler les FPS du milieu des années 90. Une fois l'objectif assimilé, à vous d'explorer le pont du Von Braun concerné. On y trouve généralement des éléments récurrents :

  • Un Regenerator qui, une fois activé, vous permet de revivre moyennant finance, au cas où la rencontre avec des autochtones ne vous aurait pas été favorable.
  • Des distributeurs automatiques, sorte de magasins qui proposent toujours quatre items différents, pas toujours ce dont on a le plus besoin malheureusement.
  • Des lits médicaux qui régénèrent intégralement votre santé, s'ils ont été au préalable activé avec un objet spécifique.
  • Une réserve contenant des matériaux chimiques nécessaires à la recherche. Quelques mots sur ce système lié aux compétences technologiques. En tuant des ennemis vous pouvez régulièrement récupérer des restes de leurs corps sans vie. Il est alors possible d'effectuer des recherches sur ces bouts de chair grâce à ces composants chimiques, ce qui permet généralement de maximiser les dégâts face à cette espèce.
  • Des casiers, coffres et autres cadavres à fouiller afin d'y trouver munitions, implants et armes.

Et quand on vous dit que rien n'est donné, on a ici l'exemple parfait. Une progression sans encombre est clairement le fruit d'une exploration méticuleuse. Mais nuançons tout de même un peu ces propos. Le jeu propose quatre niveaux de difficulté, de facile à impossible. Et les niveaux de difficulté les moins avancés sont tout à fait adaptés aux joueurs les moins patients, même s'ils se priveront d'une part de la tension délectable offerte par ce titre.

Espérons que ces quelques mots vous auront donné un bref aperçu de la richesse proposée par le gameplay de ce second System Shock. Chaque mécanique prise indépendamment ne nécessite pas des heures de réflexion intense pour en comprendre toutes les subtilités, finalement assez superficielles. Mais le tout mis bout à bout nous montre une réelle maitrise de ce mix des genres. Bon, puisqu'il le faut bien, quelques mots sur le système mal fichu. Vous le connaissez, ce détail lourd, cette mécanique parasite, cette subtilité ratée, il se glisse dans tous les titres ou presque : ici, il s'agit de la dégradation des armes. Plus vous utilisez une arme de tir, plus elle se détériore jusqu'au moment fatidique où elle se casse. Or cette usure est beaucoup trop rapide, un chargeur vidé équivaut presque à un niveau de qualité perdu. L'équipement nécessite donc une maintenance très régulière, particulièrement exaspérante sur le long terme.
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Il ne serait pas un peu trop cubique ce monolithe ?

Sorti en 1999, le jeu utilise le moteur Dark Engine, également à l’œuvre sur les deux premiers épisodes de la série Thief. Autant le dire tout de suite, le poids des années se ressent dans System Shock 2. Les couloirs exigus du Von Braun affichent une architecture particulièrement géométrique et les symptômes sont les mêmes pour les modèles des créatures qui sont assez simplistes. Les textures quant à elles sont résolument floues et vieillottes. Ainsi l'atmosphère horrifique dégagée par les décors comme les ennemis n'effrayera plus grand monde aujourd'hui. Pour autant, cracher ouvertement sur la technique de ce vestige en reniant l'intelligence des choix de Looking Glass Studios ne serait pas juste. En effet la peur que veut nous insuffler System Shock 2 est extrêmement suggestive. On croise ainsi les membres d'équipage qui ont préféré la pendaison à la souffrance, des messages écris en lettres de sang qui habillent les murs, les hommes parasités qui nous supplient de mettre fin à leurs jours, etc. Plutôt que de nous montrer les atrocités, les développeurs ont fait le choix de nous laisser les imaginer. Et grâce à cela, ils évitent d'alourdir encore le bilan technique avec une surenchère de scripts de mise en scène qui aurait forcément tourné au ridicule aujourd'hui. Pour les plus bidouilleurs d'entre nous, précisons quand même qu'une poignée de mods qui ont vocation à embellir le jeu sont disponibles. Nouveaux modèles 3D, pack de textures, tout ce qui est nécessaire pour dépoussiérer un peu le visuel, sans apporter une once de modification au cœur du titre : le gameplay.

En revanche, la bande-son n'a quant à elle pas pris une ride. Composée par Eric Brosius, elle est très ancrée dans le genre musical du Drum and Bass. On y retrouve donc des mélodies minimalistes et une utilisation intensive des percussions, le tout couplé à des sonorités « électroniques clichées » pour bien rappeler le rattachement de la série System Shock au mouvement Cyberpunk. L'original soundtrack se divise en deux catégories de pistes, d'un côté les musiques très vives et intenses qui mettent le joueur dans une situation de stress et de l'autre les musiques beaucoup plus ambiantes et discrètes rendant le joueur beaucoup plus sensible aux bruits des créatures hostiles. Ce changement radical de ton peut surprendre, mais est finalement plutôt bienvenu puisqu'il permet à l'ambiance de proposer des tensions différentes, parfois au sein d'un même pont.

Enfin puisque l'heure n'est pas aux réjouissances, terminons sur une note négative. Le jeu se boucle en une petite quinzaine d'heures, pas de soucis de ce côté-là puisque ce laps de temps suffit largement au jeu pour raconter ce qu'il a à nous dire. En revanche le plus problématique est que cette courte aventure subit quelques baisses d'intensité. Vers la moitié du jeu, nous aurons donc droit à quelques allers-retours, certes le scénario les justifie mais ça ne les rend pas pour autant intéressants à jouer. La structure des niveaux est déjà parfaitement imprimée dans notre mémoire, on réalise donc ces objectifs le pilotage automatique activé, sans passion. De même, vu que le dernier quart du jeu annonce la fin imminente de notre périple, le level design se veut beaucoup plus direct, moins tortueux, et donc pas au niveau des autres corridors de ce vaisseau à la dérive.
System Shock 2
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Atypique, voilà un mot qui décrit à merveille ce System Shock 2, un FPS-RPG teinté par l'hémoglobine du Survival Horror qui va au bout de ses idées. On le cite régulièrement comme une inspiration majeure de Deus Ex ou Bioshock. Moins orienté social que le premier, plus orienté jeu de rôle que le second, il propose une expérience encore aujourd'hui assez unique : une synthèse équilibrée des mécaniques de plusieurs genres, qui a su apporter sa propre touche à travers sa narration inventive. System Shock 2 c'est aussi un titre où tout gravite autour du gameplay : peu de cinématiques, peu de scripts narratifs, il faut aimer les jeux qui le proposent dans sa forme brute.

Quoi qu'il en soit, si vous êtes friand de ce type d'expériences ludiques ou si vous avez simplement certaines affinités avec la science-fiction, le jeu de Looking Glass Studios vous est certainement destiné. Et seul ses faiblesses de rythme et de construction pourront vous en détourner.

Shodan, on se contentera de la nommer, vous attend.

21/11/2013
  • Un level design inspiré...
  • Un système de construction du personnage riche
  • Une narration inventive
  • Un scénario étoffé
  • Une ambiance sonore proche de la perfection
  • Shodan
  • ...qui perd de sa superbe dans le dernier quart
  • Quelques allers-retours pas passionnants
  • Une détérioration des armes à feu irritante
8.5

TECHNIQUE 3/5
BANDE SON 4.5/5
SCENARIO 4/5
DUREE DE VIE 3.5/5
GAMEPLAY 4.5/5
System Shock 2 > Commentaires :

System Shock 2

8.5
9.5

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2 commentaires
Morm

le 06/09/2016
8_5
System Shock 2, c'est avant tout un mélange des genres parfaitement réussi, les différents systèmes s'imbriquent parfaitement entre eux afin de former un ensemble cohérent à tous les niveaux.

Le jeu est un bijou d'immersion, la vue FPS et le gameplay entièrement "systémique" y sont pour beaucoup. J'ai rarement eu autant la sensation d'explorer un lieu crédible, et j'ai l’impression de connaitre le Von Braun comme ma poche maintenant. Le coté RPG du titre est très prenant et renforce encore l'immersion. Le gameplay est plutôt efficace dans son ensemble, mais c'est surtout la partie exploration qui m'a accroché grâce à un level design excellent (sauf peut-être dans la dernière partie du jeu, beaucoup plus linéaire). Ensuite, le jeu a un coté survival très prononcé : tout d'abord du point de vue du gameplay (ressources limitées, ...) mais surtout grâce à une ambiance horrifique exceptionnelle (surtout au niveau sonore).

J'ai également bien accroché à tout l'aspect narratif. La narration à base de témoignages audios (plutôt convaincants d'ailleurs) que l'on découvre au fur et à mesure colle parfaitement au jeu et renforce encore son ambiance. J'ai également adoré l'histoire qui part finalement beaucoup plus loin que ce que je pensais au début, et j'en retiendrais surtout son antagoniste que je classe parmi les meilleurs que j'ai pu voir dans un JV.

Au final, c'est un jeu particulier auquel je n'étais vraiment pas sûr d'accrocher au début (les FPS et moi...) et qui ne conviendra clairement pas à tout le monde, mais je n'ai finalement pas vu le temps passer !
mancubus
le 05/08/2009
10
la série system shock est le précurseur en matière de FPS/RPG et encore aujourd'hui, il reste inégalé (sauf peut être par deus ex).

Son ambiance époustouflante, son scénario captivant et son gameplay aux petits oignons l'on élevé au rang de jeu culte parmi les gamers.

Ce jeu est encore trop peu connu et c'est bien dommage quand ont vois comment il transcende le concept du mélange entre FPS et RPG.
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