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Granblue Fantasy: Relink
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Granblue Fantasy: Relink
Skies of Zegagrande
"Granblue" désigne le ciel immense au milieu duquel flotte de véritables archipels. Rêvant d'imiter son père et de rejoindre la mythique Estalucia, Gran rêve de l'infini sur son île de Zinkenstill. Tandis qu'il s'entraîne à l'épée, il est pris dans un violent affrontement impliquant l'empire Erste : ainsi commence son aventure d'île en île...
Épisode 2,5
En 2014, un jeu mobile intégrant un système de gacha fait fureur au Japon : Granblue Fantasy, alignant dans ses crédits Hideo Minaba et Nobuo Uematsu, aguiche le chaland par une suite de péripéties dont la première – et pas des moindres – est la fusion vitale entre Gran et Lyria, une jeune fille qu'il vient de rencontrer et qui n'a pas hésité à mêler la vie à la sienne pour le sauver d'un coup fatal. Au fil de ce premier épisode (que l'on retrouvera en manga ou en anime), Gran et Lyria combattent l'Empire (mais aussi le Chevalier Noir) et cueillent divers alliés qui vont constituer peu à peu une solide équipe que nous retrouverons dans notre épisode. Par ailleurs, les aventuriers se dotent du Grancypher, un navire des cieux. Si la connaissance des événements de cette préquelle est d'autant plus dispensable que Relink offre tout à la fois une encyclopédie et des "épisodes de destin", où la lecture est récompensée par divers bonus, rien n'empêchera le joueur tombant éperdument amoureux de ce monde céleste d'opérer une petite mise à jour. Que l'on se rassure toutefois, aucun prérequis n'est nécessaire pour apprécier notre aventure.
On signalera également l'existence d'un jeu de baston, édité et réalisé par Arc System Work, GranBlue Fantasy Versus (Rising, dans sa seconde version), lequel se situe entre l'épisode original et Relink. En bref, il s'agit là d'un projet cross-media et il se trouve que le monde et le lore sont suffisamment intéressants pour donner envie de poursuivre un peu plus avant son exploration.
Dynasty Granblue Warrior
Bien que Relink fasse un temps miroiter l'exploration de grands espaces au-dessus desquels rayonneraient les cieux, on s'aperçoit rapidement qu'il n'en ira pas ainsi. Le jeu compte deux villes (fort belles, fort vivantes, et fort bien dotées en commerçants) laissant le joueur relativement libre, mais le scénario progresse par sections dans lesquelles on court jusqu'au boss en affrontant diverses bestioles. Sans aller jusqu'à parler de déception, la direction artistique dans son ensemble est si belle qu'on n'aurait pas craché sur une plus grande liberté de mouvement et sur une véritable carte à la Skies of Arcadia.
En vérité, dans Relink, surtout, on bastonne. On bastonne fort, souvent, vite et bien. À ce titre, comment ne pas commencer par tirer un grand coup de chapeau au dynamisme sans faille des affrontements où se succèdent à un rythme effréné les effets de lumière chatoyants et les combos hyper sauvages ? Ce déluge de couleurs et de violence sympathiquement chorégraphié ne ralentit que... lorsque le joueur arrête le temps pendant une attaque liée afin de prendre encore davantage l'adversaire de vitesse. En somme, nous nous situerons perpétuellement aux frontières du Musô puisque, par-delà les boss fights endiablés, ce sont souvent des dizaines de méchants qu'il faut poutrer à grands coups d'épées (ou autres armes). Tout ceci se révèle propre et méticuleusement poli.
Capitaine ! Sur le Pont !
Si le départ in medias res à de quoi surprendre, on comprend vite que l'intrigue n'aura pas d'implication suffisamment subtile et complexe pour que le joueur arrivé en cours de série ne soit dépaysé. Relink ne brille pas par une originalité folle dans son déroulement : on sauve quelques villageois, on sauve une demoiselle enlevée ayant de mystérieux pouvoirs et on affronte des guerriers très très puissants dont la meneuse n'a d'autre volonté que de détruire le monde. Concernant l'originalité, on repassera. Quant à la réussite de l'ensemble, on se satisfera. L'aventure principale est relativement courte mais a le mérite immense de varier sans cesse les décors et d'apporter à chaque chapitre son lot de péripéties. La construction narrative est maîtrisée : il fallait jongler entre l'enrichissement d'une intrigue déjà existante et proposer un objet ludique se suffisant à lui-même et le pari est gagné. On sent d'ailleurs, lorsque l'ultime avatar des ténèbres retourne au cimetière que la suite est déjà dans les cartons. On en voudrait encore et il y a fort à parier que l'équipe veut encore donner.
Toutefois – et c'est là le grand point aveugle de Relink (tout à la fois sa force et son défaut) – l'aventure principale ne semble constituer... qu'une sorte de mise en bouche. Ou plutôt une belle entrée. Ou plutôt l'entrée et le premier plat. En effet, une fois que le jeu se referme, les affaires vraiment sérieuses commencent et, chose rare, dans des proportions qui laisseront à tout type de joueur le loisir de s'aventurer un peu plus loin.
Granblue Fantasy : Refight
Il apparait dès le premier run que les combats sont le cœur du jeu. Qu'il s'agisse du gobelin local ou plus encore des boss. Ces derniers sont tous gros, féroces et proposent des combats longs se décomposant en plusieurs phases puisque, bien sûr, ces formidables adversaires ne peuvent s'empêcher, ni de passer en mode Overdrive quand ils ont bien ramassé, ni de s'écrouler sous le coup du Break une fois qu'ils ont... encore plus dérouillé !
Nous avons affaire à du Action-RPG en équipe (l'IA se montrant satisfaisante) dans lequel, en plus de la garde et des esquives, les compétences se rechargent via des cool downs. Quant à la progression des (nombreux, très nombreux) personnages, en plus des niveaux, on dépensera des points pour gagner des tas de compétences (bonus de stats, skills...) tandis que le forgeron et ses améliorations d'armes deviendra bientôt votre plus fidèle allié. À ce titre, bien que chaque personnage ne possède que 5 armes, chacune peut être poussée... jusqu'au niveau 150. Ajoutez à cela des "sceaux" qui font office de pièces d'équipement aux effets variés et vous vous retrouverez avec une gestion tout à fait complète où les diverses récompenses viennent sans cesse vous titiller afin de tenter le défi suivant. On ne pourra que saluer cette diversité dans le levelling, couplée à une diversité de gameplay proposée par les différents personnages. Clairement, on n'a pas lésiné sur le contenu.
Après votre première partie, quelques épisodes supplémentaires se découvrent, mais on a surtout accès à un nombre presque honteux de quêtes en tout genre (boss fights, mobs fights, défense) qui permettent d'accumuler points, matériaux et monnaies. Or, le génie de Relink, c'est d'encastrer tout cela dans une durée de vie raisonnable : après la quinzaine d'heures consacrée à la quête principale, il semble en effet possible de faire le tour de la plupart des défis en une soixantaine d'heures (si la manette résiste). Cet équilibrage subtil permettra à chacun d'y trouver son compte... mais passe par un système de récompenses qui confine au harcèlement et qui donne tout de même à l'ensemble une dimension addictive dont on interrogera légitimement la pertinence.
Cependant, comme cela pète dans tous les sens, que la bande-son s'avère de toute beauté, il paraît hors de question de ne pas se laisser, au moins un peu, happer par ce post-game qui n'enlève rien à la pertinence de l'intrigue centrale. En vérité, cet A-RPG donne l'impression de ne jamais vouloir se terminer : après les épisodes de la quête principale, il y en a encore, après les missions annexes, il y en a encore, après le niveau 100 (rapidement atteint), le farm ne fait que commencer. Pour reprendre le mot d'un célèbre zinzin de l'espace, dans le sillage du Grancypher, c'est "vers l'infini et au-delà" !
Finalement, Relink ne souffre d'aucun véritable défaut. Même les allergiques aux petites missions peuvent prendre plaisir à poursuivre l'aventure puisque le jeu ne s'avère pas franchement chronophage. Et il y a fort à parier que de nombreux joueurs garderont une si belle impression de leur voyage à travers les îles flottantes qu'ils se procureront de quoi explorer le début de l'intrigue. Coloré, sympa, pêchu, bien fini, Granblue Fantasy : Relink tient toutes les promesses de sa belle plastique, pour peu que l'on ne s'attende pas à gambader dans des plaines infinies.