Editeur : Square Enix Disponible uniquement en dématérialisé
07/12/2021
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Legend of Mana Remastered
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Legend of Mana Remastered
Écrire les bases d'un mythe
Appartenant à la catégorie tout à la fois maudite et légendaire des RPG n'ayant jamais réussi leur débarquement en Europe, Legend of Mana nous est arrivé via un remaster, précédé d'une réputation pleine de louanges. Alors même que la saga Seiken Densetsu a retrouvé ces dernières années des couleurs, grâce à l'engageant remake de Trials of Mana, mais aussi grâce au remarquable Visions of Mana, cette réédition surgit à point nommé. Partons donc à la découverte d'un univers sans égal par sa richesse et d'une narration pour le moins surprenante.
Le Temps des remakes
La version qui nous est proposée bénéficie essentiellement d'une adaptation aux nouveaux formats d'écran : le jeu n'a pas été retouché. C'est tant mieux puisque la direction artistique sonnait comme le point fort de cette aventure pas comme les autres. On retrouve, bien lissés, bien polis, des arbres qui rappellent les contes, des couleurs variées et des personnages tout à la fois rondouillards et détaillés dans leur meilleure version. Il est à noter que la divine Shimomura voit ici ses compositions légèrement retravaillées, le tout dans un esprit, dans des tonalités qui ne trahissent en rien la bande sonore originale. Et que dire de la version française, enfin disponible, si ce n'est qu'elle trahit autant de délicatesse et de soin que le reste de l'écrin ?
Reconstruire et comprendre Fa'Diel
Après une introduction chantée en... suédois, laquelle nous montre le déclin de l'arbre Mana et du monde, le héros (fille ou garçon) se réveille dans sa maison et reçoit pour première consigne de placer un artefact. Première originalité en effet : c'est au joueur de reconstruire, petit-à-petit, la carte du monde et de lui donner la forme de son choix. Cette dernière sera sans grande influence sur le jeu, il est vrai, bien qu'une quête ou deux nécessitent d'avoir correctement placé tel ou tel lieu. On peut alors quitter ce qui deviendra rapidement un hub pour se diriger vers la nouvellement sortie de terre Domina. Et là interviennent les premiers embranchements : au fil de ses rencontres, de ses discussions, le joueur va déclencher le début d'une quête. La suivant et la terminant, il pourra ensuite créer d'autres lieux et commencer d'autres quêtes. Le principe est assez simple et le joueur progresse assez vite.
On notera toutefois quelques singularités de ce système : les chemins sont multiples (trois grandes voies finiront pas se dégager afin de déverrouiller les deux ultimes quêtes), et on ne sait jamais bien si la quête qui débute est centrale ou annexe. Par ailleurs, si ce que nous appellerons l'arc des Dragons est facile à suivre, il peut devenir rapidement difficile de continuer l'histoire de tel ou tel personnage sans soluce. L'exploration, les allers et retours, la fine compréhension des historiettes seront nécessaires pour pouvoir creuser tel ou tel fil. Enfin (mais c'est essentiellement une impression), Legend of Mana, très organique dans son univers pourtant morcellé en début de partie, semble très délié : suivre le jeu est plaisant, mais, finalement, que cherche-t-on à faire dans ce monde ? C'est peut-être bien sur ce point que ce système novateur pèche un peu.
En effet, et cela d'autant plus que le New Game+ fait apparaître dans la bibliothèque de riches encyclopédies, il serait erroné de crier à l'absence de scénario. En effet, l'intrigue de la ressurection de l'Arbre Mana est largement structurée autour des Dragons, des Jumis et des Fées. Par ailleurs, il serait encore plus malvenu d'hurler à l'absence de lore ou de contexte. Simplement, le choix d'avoir consigné la plupart des contenus dans des dialogues épars ou dans des livres disponibles... après la première partie peut surprendre. Mais oui, le monde est riche ! Les personnages sont divers et développés ! Oui ! Il y a une intrigue, voire des intrigues sans doute bien plus détaillées et fines que dans les Seiken Densetu habituels ! Seulement, le joueur devra aller chercher cela en farfouillant.
Il serait injuste de dire que Legend of Mana n'a pas de scénario mais pas forcément honteux d'affirmer qu'il ne propose pas de narration en bonne et due forme.
La Cité des Joyaux
Les itérations de Seiken Densetsu, au moins depuis le deuxième épisode, se sont toujours distinguées par leur direction artistique, au sens large du terme. S'il est bien un point sur lequel la série n'a jamais déçu (y compris pendant sa décennie noire), c'est bien sur celui-ci. Il y a bien longtemps, Secret of Mana ou Seiken Densetsu III faisaient frémir les sens des joueurs de Super Nintendo; chronologiquement très proche, Legend of Mana magnifia encore la légende de l'épée sacrée par une 2D d'une variété et d'une beauté hors normes, à une époque où la 3D commençait sérieusement à jouer des coudes. Les épisodes 16 bits étaient beaux, Legend of Mana est superbe. Peut-être pourra-t-on voir aujourd'hui avec encore plus d'acuité les petites faiblesses de l'animation ? Dans l'ensemble, on découvrira (ou redécouvrira) un des plus fins joyaux de la fin des années 1990, porté par une entreprise alors très ambitieuse, et que l'on peut ranger aux côtés du superbe SaGa Frontier II (lui aussi réédité, d'ailleurs).
Le graphisme tout en couleurs vives, tout en inspirations orientales et tropicales, trouve sa parfaite correspondance (et il faut ici entendre le mot quasiment au sens baudelairien) dans la bande originale. On se perdrait bien sûr en détours à disputer de la meilleure bande son de tous les temps. Il se trouverait assurément quelqu'un pour défendre l'intemporel travail de Mme Yoko Shimomura. Que l'on mesure le talent de la dame : responsable des musiques de Street Fighter II, elle a explosé aux yeux du grand public finalement assez tard, avec le fleuve Kingdom Hearts, mais aussi avec le ténébreux Final Fantasy XV. Ce que Yoko touche accède au divin. D'une variété folle, depuis des thèmes de boss qui vous fâcheront avec vos voisins jusqu'aux mélancoliques notes de la Cité des Joyaux que... vous n'entendrez pas si vous n'activez pas les bonnes quêtes, vos oreilles seront ébahies. Et le parcours au long de l'arbre Mana, théâtre évident de vos dernières pérégrinations, sera accompagné d'une symphonie épique inoubliable.
La beauté et la variété de Legend of Mana se dit aussi par son texte et par les sentiments (souvent assez lourds) que portent des personnages auxquels la critique ne rend généralement pas hommage : de Pokhiel, celui qui conte les légendes, à Escad et Daena déchirés, on rencontre au fil de pays variés des caractères tourmentés dont la destinée va s'arrimer à celle du monde. C'est en aidant tous ces êtres que finit par se reconstituer le monde. Bien plus fouillé et profond que n'importe quel autre épisode de la série, Legend of Mana mérite d'être creusé afin que des louanges méritées pour son écriture et son sens de l'histoire soient enfin à sa juste mesure formulées.
Différences et répétitions
Autre point qui rattache glorieusement Legend of Mana - pourtant "Gaiden" - au reste de la série : le gameplay réel du jeu ne fait pas vraiment dans l'originalité ni dans la variété. En apparence, la restauration de Fa'Diel propose de multiples activités : achats, ventes, forges, construction de golems, élevage de "pets" ou fabrique de magie. Il existe même un mode deux joueurs (moins costaud que dans un Secret of Mana, calibré pour le multi, lui) et il est vrai que les possibilités de craft sont nombreuses et très pertinentes lorsqu'il s'agit d'affronter les modes les plus difficiles. Cependant, en réalité, en tout cas lors d'un premier run, tout ceci se révèle assez accessoire : le jeu est particulièrement facile et les armes et autres équipements disponibles sont largement suffisants pour en venir à bout. De même, l'apprentissage des compétences peut faire appel à la subtilité pour qui veut absolument le maîtriser mais les boss mourront tout aussi bien des coups les plus simples. En pratique, on se promène et on affronte des groupes d'adversaires en fonçant dans le tas. La maniaibilité du personnage en combat se révèle un peu raide et la gestion des stats est rendue minimale par la régénération des personnages entre les affrontements. Legend of Mana est un jeu assez simple... comme l'étaient ses frères. Quand on voit l'accueil très mitigé que reçut le plus expérimental Dawn of Mana, sans doute n'était-ce pas un mal.
Father of Mana
Legend of Mana se présente comme un véritable paradoxe dans la série - puisqu'il est hors série, justement (statut d'ailleurs assez peu clair lors de sa sortie... et quelque chose me dit qu'il remplacerait élégamment le véritable quatrième épisode). Malgré sa narration un peu bizarre, Legend of Mana coche toutes les cases familiales : combats assez bourrins, direction artistique... Par ailleurs, c'est le premier à poser réellement les bases d'un univers et des éléments communs à tous les épisodes, à tel point que les rééditions des grands frères iront piocher dans cet héritage.
Je m'explique : Secret of Mana et Seiken Densetsu III présentaient des points communs qui tenaient essentiellement au support hardware. Legend of Mana creuse cette identité artistique... puis la transmettra. C'est dans cet épisode qu'apparaît une figure désormais incontournable comme Niccolo ! C'est là aussi que l'arbre Trent fait son apparition. Le cas le plus emblématique est sans doute Sword of Mana, réédition postérieure, qui digère toute l'esthétique de Seiken Densetsu, et en particulier de ce Legend of Mana. Portant merveilleusement son nom, ce fils caché aux antécédents glorieux se constitue au fil des épisodes suivant comme un creuset dans lequel on va puiser des références : l'encyclopédie du monde, bien cachée dans la bibliothèque en New Game +, raconte des événements qui semblent importants mais lointains. C'est toutefois dans ces légendes que se terre un adversaire (Anise) qui se posera comme l'adversaire principal de Dawn of Mana (censé ouvrir la chronologie), et comme boss optionnel dans le remake de Trials of Mana. Tel un mythe, Legend of Mana ne cessera d'inspirer les épisodes qui suivront.
Legend of Mana présente quelques faiblesses au niveau du gameplay, assez répétitif, qui a cependant le mérite de briser enfin cette abominable logique de charge qui perturbait un peu les épisodes 16 bits. Cependant, son univers, ses personnages, sa beauté, ses musiques en font un jeu tout à fait hors du temps que les nouveaux venus auraient tort de bouder. Pour les anciens, quel plaisir de le voir brillant de mille feux, et accompagné d'une fort belle traduction ! Et puis, s'il fallait trouver un épisode réellement fondateur, quant à la mythologie de la série, c'est peut-être bien de ce côté-ci qu'il faudrait se pencher.
Que dire ? Si ce n'est que j'ai pris une grosse claque dans la gueule au niveau poésie et onirisme. Car ces deux termes à eux-seuls, définissent l'expérience atypique qu'est Legend of Mana. Un Seiken Densetsu qui se démarque largement de ses frères dans son concept, du fait de l'absence de scénario et d'une certaine liberté octroyée au joueur quant à la construction de l'aventure, consistant en une multitude de quêtes permettant d'exploiter pleinement son univers féérique si particulier. Encore une fois, je découvre un volet de la série des Mana que je n'avais pas pu découvrir à l'époque de sa sortie sur PS1, le jeu n'étant jamais sorti dans nos contrées verdoyantes... Jusqu'en 2021, en version remastérisée. Et ça fait grandement plaisir !
Ceci étant dit, le jeu accuse le poids des années, surtout au niveau d'un gameplay relativement basique, et de l'ergonomie des menus vieillote et manquant de raccourcis ou de fluidité. Et ce n'est pas le lifting graphique ou les musiques réorchestrées qui vont changer cela. Qu'à cela ne tienne, c'est un jeu à faire au moins une fois dans sa vie pour tout amateur de RPG qui se respecte. Je ne pouvais décemment pas passer à côté de ce petit bijou. Malgré un gameplay et un système de combat classique au possible, j'ai apprécié à côté les innombrables subtilités venant l'enrichir. Le battle system m'a fait un peu penser à du _Tales of_ à première vue, dans le sens où l'on configure préalablement ses commandes (compétences, techniques et magies) dans le menu, même si on peut attaquer de base avec une attaque physique rapide pour les combos et une autre lente mais puissante. Le système d'apprentissage des techniques dérivées des combinaisons de compétences est d'ailleurs intéressant. Simple mais efficace. Les combats sont majoritairement bourrins, même si certaines compétences et techniques peuvent jouer un minimum sur l'aspect tactique restant malgré tout effleuré. Mais ça ne m'a pas dérangé le moins du monde. Peut-être un peu déçu par contre du manque évident de challenge, mais ça, ça semble être une récurrence dans la série. J'ai juste trouvé que c'était plus flagrant dans cet opus. J'ai donc roulé sur l'ensemble du jeu et n'ai guère subi la moindre défaite durant toute ma partie, contrairement aux autres volets de la série où j'essuyais a minima un ou deux échecs, ou trois plus rarement durant un run complet. Il suffit de se mettre à jour dans l'équipement et de pas avoir peur d'y aller franco. Même si quelques levels d'avance pour notre perso aident toujours, notamment contre certains boss. Mais encore une fois, cela reste généralement simple et accessible à ce niveau-là.
À côté de ça, il y a pas mal d'activités secondaires pouvant se considérer comme des loisirs. Comme la forge, la fabrication de golems, l'élevage de monstres façon Pokémon, l'agriculture dans le verger de sa maison et j'en passe. Il est tout à fait possible de terminer le jeu en faisant fi de ces activités sans coup férir, bien que certains familiers que l'on recrute en tant que monstres peuvent apporter des bonus sympas dans les combats. Il y a aussi une multitude de personnages avec qui intéragir, PNJs comme alliés que l'on peut recruter dans l'équipe durant certaines quêtes. Une des subtilités que j'ai bien aimée, c'est la synchronisation qui permet d'activer un effet positif ou un bonus en combat, en restant très proche de l'allié. Les effets générés par la synchronisation varient en fonction des combattants alliés, et c'est pas plus mal car ça ajoute un petit côté tactique déjà que le bourrinage prédomine dans les joutes.
Le jeu ne nous prend pas par la main. On est clairement largué depuis le début, à "construire et façonner" le monde via les reliques que l'on obtient en accomplissant les différentes quêtes. Ces dernières oscillent entre l'humour et la mélancolie ou le drame, mais bien souvent en se rapprochant du thème de l'amour. Parfois même une leçon de vie, avec toujours cette touche de niaiserie et de naïveté inhérente à la saga et faisant dûment toute sa magie. Encore une fois, poésie et onirisme sont les maîtres-mots définissant cette expérience pas comme les autres. Mais encore faut-il accepter ce principe de ne pas être aiguillé et de trouver son chemin par soi-même "en construisant son aventure". De plus, les donjons s'avèrent être de véritables dédales, et on peut facilement s'égarer et tourner en rond un moment. Il existe plusieurs façons de résoudre une quête, selon qu'on la réussisse ou qu'on échoue. Mais il faut savoir que le placement des reliques, et donc des villes et des donjons sur la portion de la mappemonde, peut avoir une incidence sur le déroulement des quêtes. Cela affecte le flux de mana et les niveaux des esprits élémentaires, qui peuvent avoir des influences sur certains aspects du gameplay. Pour le coup, finir le jeu à 100% en accomplissant les 67 quêtes sans FAQ ou soluce, relève tout bonnement du miracle. Forcément, j'ai dû avoir recours à un guide car je voulais éviter de faire un second run. Et même ainsi, il faut être particulièrement attentif et méticuleux dans le cheminement car il y a énormément de choses qu'on peut rater très facilement si l'on ne fait pas gaffe.
C'est un jeu à l'ancienne et, si ce remaster se concentre principalement sur l'aspect visuel et sonore, il y a des choses qui ont beaucoup vieilli aujourd'hui dont le gameplay essentiellement. Les menus, comme cités plus haut, mais également le fait que les descriptions des objets ou des équipements soient vagues, rendant ces éléments pour le moins cryptiques. Ça manque parfois de tutos ou d'informations claires, et le peu qu'on a ne sont pas toujours bien expliqués. Autre reproche, le défilement automatique des dialogues dans les fenêtres de conversations avec les différents personnages. Parfois il arrive que l'on loupe une ligne d'un dialogue ou quelques mots si l'on ne se prépare pas à lire vite en fixant le haut de la fenêtre conversation pour anticiper. Et j'ai trouvé ça frustrant par moments même si on peut valider après chaque dialogue complet. J'aurais préféré un système de validation de lignes par dialogue à l'ancienne rentrant dans la fenêtre de conversation, en appuyant sur la touche d'action au fur et à mesure. Je m'y suis vite habitué, tant bien que mal.
Musicalement et graphiquement, c'est en parfaite harmonie avec l'ambiance que distille le soft du début à la fin. Un véritable plaisir des sens pour les yeux et les oreilles. J'aurais bien aimé avoir une option pour permuter entre graphismes d'époque et graphismes modernes, mais là je chipote. J'aime beaucoup le fait que les personnages soient réalisés en "purée de pixels", pas forcément de manière grossière mais avec un certain charme old school, et ça m'a d'ailleurs beaucoup rappelé _Grandia_ sur PS1 (et j'ai adoré Grandia). Surtout quand les personnages courent dans tous les sens en file indienne. Mais quel charme fou ! Et puis, c'est tellement mignon. Quant aux décors 2D de ce remaster, ils s'accordent majestueusement à l'univers de LOM du fait qu'ils ressemblent à des dessins faits à la main. C'est à la fois vintage et moderne, un bon compromis pour le plaisir des mirettes du vieux loup de mer que je suis, écumant l'océan de la nostalgie des J-RPG d'antan. L'ambiance musicale n'est pas en reste. Yoko Shimomura signe là une de ses plus belles compositions. Les thèmes sont drôlement variés et peu redondants. On ressent une flopée d'émotions en se plongeant dans l'ambiance poétique ou dans le feu de l'action. Combien de fois me suis-je surpris à écouter un thème, en restant planté sans rien faire quelques instants, juste pour me laisser bercer ? Je ne saurais dire. À noter que j'ai également écouté les musiques d'origine de la version de 1999, et je suis également sous le charme. Mais je trouve, à titre personnel, que les réarrangements sonnent mieux. Probablement parce que je n'avais pas connu le jeu original à l'époque. Dans le contraire, la nostalgie aurait peut-être eu le dessus sur moi. Allez savoir... Mais dans tous les cas, l'OST reste grandiose. Du grand art !
En conclusion, ce remaster de Legend of Mana m'aura fait découvrir ce merveilleux Action-RPG. Malgré ses défauts, et Dieu sait qu'il en a, j'ai été charmé tout le long par cette ambiance poétique et onirique. Je sais, je me répète, mais c'est tellement ce qui s'en dégage ! Le jeu regorge aussi de beaucoup de qualités. Legend of Mana reste à mes yeux un grand jeu, qui ne me laissera pas de marbre.
Que dire ? Si ce n'est que j'ai pris une grosse claque dans la gueule au niveau poésie et onirisme. Car ces deux termes à eux-seuls, définissent l'expérience atypique qu'est Legend of Mana. Un Seiken Densetsu qui se démarque largement de ses frères dans son concept, du fait de l'absence de scénario et d'une certaine liberté octroyée au joueur quant à la construction de l'aventure, consistant en une multitude de quêtes permettant d'exploiter pleinement son univers féérique si particulier. Encore une fois, je découvre un volet de la série des Mana que je n'avais pas pu découvrir à l'époque de sa sortie sur PS1, le jeu n'étant jamais sorti dans nos contrées verdoyantes... Jusqu'en 2021, en version remastérisée. Et ça fait grandement plaisir !
Ceci étant dit, le jeu accuse le poids des années, surtout au niveau d'un gameplay relativement basique, et de l'ergonomie des menus vieillote et manquant de raccourcis ou de fluidité. Et ce n'est pas le lifting graphique ou les musiques réorchestrées qui vont changer cela. Qu'à cela ne tienne, c'est un jeu à faire au moins une fois dans sa vie pour tout amateur de RPG qui se respecte. Je ne pouvais décemment pas passer à côté de ce petit bijou. Malgré un gameplay et un système de combat classique au possible, j'ai apprécié à côté les innombrables subtilités venant l'enrichir. Le battle system m'a fait un peu penser à du _Tales of_ à première vue, dans le sens où l'on configure préalablement ses commandes (compétences, techniques et magies) dans le menu, même si on peut attaquer de base avec une attaque physique rapide pour les combos et une autre lente mais puissante. Le système d'apprentissage des techniques dérivées des combinaisons de compétences est d'ailleurs intéressant. Simple mais efficace. Les combats sont majoritairement bourrins, même si certaines compétences et techniques peuvent jouer un minimum sur l'aspect tactique restant malgré tout effleuré. Mais ça ne m'a pas dérangé le moins du monde. Peut-être un peu déçu par contre du manque évident de challenge, mais ça, ça semble être une récurrence dans la série. J'ai juste trouvé que c'était plus flagrant dans cet opus. J'ai donc roulé sur l'ensemble du jeu et n'ai guère subi la moindre défaite durant toute ma partie, contrairement aux autres volets de la série où j'essuyais a minima un ou deux échecs, ou trois plus rarement durant un run complet. Il suffit de se mettre à jour dans l'équipement et de pas avoir peur d'y aller franco. Même si quelques levels d'avance pour notre perso aident toujours, notamment contre certains boss. Mais encore une fois, cela reste généralement simple et accessible à ce niveau-là.
À côté de ça, il y a pas mal d'activités secondaires pouvant se considérer comme des loisirs. Comme la forge, la fabrication de golems, l'élevage de monstres façon Pokémon, l'agriculture dans le verger de sa maison et j'en passe. Il est tout à fait possible de terminer le jeu en faisant fi de ces activités sans coup férir, bien que certains familiers que l'on recrute en tant que monstres peuvent apporter des bonus sympas dans les combats. Il y a aussi une multitude de personnages avec qui intéragir, PNJs comme alliés que l'on peut recruter dans l'équipe durant certaines quêtes. Une des subtilités que j'ai bien aimée, c'est la synchronisation qui permet d'activer un effet positif ou un bonus en combat, en restant très proche de l'allié. Les effets générés par la synchronisation varient en fonction des combattants alliés, et c'est pas plus mal car ça ajoute un petit côté tactique déjà que le bourrinage prédomine dans les joutes.
Le jeu ne nous prend pas par la main. On est clairement largué depuis le début, à "construire et façonner" le monde via les reliques que l'on obtient en accomplissant les différentes quêtes. Ces dernières oscillent entre l'humour et la mélancolie ou le drame, mais bien souvent en se rapprochant du thème de l'amour. Parfois même une leçon de vie, avec toujours cette touche de niaiserie et de naïveté inhérente à la saga et faisant dûment toute sa magie. Encore une fois, poésie et onirisme sont les maîtres-mots définissant cette expérience pas comme les autres. Mais encore faut-il accepter ce principe de ne pas être aiguillé et de trouver son chemin par soi-même "en construisant son aventure". De plus, les donjons s'avèrent être de véritables dédales, et on peut facilement s'égarer et tourner en rond un moment. Il existe plusieurs façons de résoudre une quête, selon qu'on la réussisse ou qu'on échoue. Mais il faut savoir que le placement des reliques, et donc des villes et des donjons sur la portion de la mappemonde, peut avoir une incidence sur le déroulement des quêtes. Cela affecte le flux de mana et les niveaux des esprits élémentaires, qui peuvent avoir des influences sur certains aspects du gameplay. Pour le coup, finir le jeu à 100% en accomplissant les 67 quêtes sans FAQ ou soluce, relève tout bonnement du miracle. Forcément, j'ai dû avoir recours à un guide car je voulais éviter de faire un second run. Et même ainsi, il faut être particulièrement attentif et méticuleux dans le cheminement car il y a énormément de choses qu'on peut rater très facilement si l'on ne fait pas gaffe.
C'est un jeu à l'ancienne et, si ce remaster se concentre principalement sur l'aspect visuel et sonore, il y a des choses qui ont beaucoup vieilli aujourd'hui dont le gameplay essentiellement. Les menus, comme cités plus haut, mais également le fait que les descriptions des objets ou des équipements soient vagues, rendant ces éléments pour le moins cryptiques. Ça manque parfois de tutos ou d'informations claires, et le peu qu'on a ne sont pas toujours bien expliqués. Autre reproche, le défilement automatique des dialogues dans les fenêtres de conversations avec les différents personnages. Parfois il arrive que l'on loupe une ligne d'un dialogue ou quelques mots si l'on ne se prépare pas à lire vite en fixant le haut de la fenêtre conversation pour anticiper. Et j'ai trouvé ça frustrant par moments même si on peut valider après chaque dialogue complet. J'aurais préféré un système de validation de lignes par dialogue à l'ancienne rentrant dans la fenêtre de conversation, en appuyant sur la touche d'action au fur et à mesure. Je m'y suis vite habitué, tant bien que mal.
Musicalement et graphiquement, c'est en parfaite harmonie avec l'ambiance que distille le soft du début à la fin. Un véritable plaisir des sens pour les yeux et les oreilles. J'aurais bien aimé avoir une option pour permuter entre graphismes d'époque et graphismes modernes, mais là je chipote. J'aime beaucoup le fait que les personnages soient réalisés en "purée de pixels", pas forcément de manière grossière mais avec un certain charme old school, et ça m'a d'ailleurs beaucoup rappelé _Grandia_ sur PS1 (et j'ai adoré Grandia). Surtout quand les personnages courent dans tous les sens en file indienne. Mais quel charme fou ! Et puis, c'est tellement mignon. Quant aux décors 2D de ce remaster, ils s'accordent majestueusement à l'univers de LOM du fait qu'ils ressemblent à des dessins faits à la main. C'est à la fois vintage et moderne, un bon compromis pour le plaisir des mirettes du vieux loup de mer que je suis, écumant l'océan de la nostalgie des J-RPG d'antan. L'ambiance musicale n'est pas en reste. Yoko Shimomura signe là une de ses plus belles compositions. Les thèmes sont drôlement variés et peu redondants. On ressent une flopée d'émotions en se plongeant dans l'ambiance poétique ou dans le feu de l'action. Combien de fois me suis-je surpris à écouter un thème, en restant planté sans rien faire quelques instants, juste pour me laisser bercer ? Je ne saurais dire. À noter que j'ai également écouté les musiques d'origine de la version de 1999, et je suis également sous le charme. Mais je trouve, à titre personnel, que les réarrangements sonnent mieux. Probablement parce que je n'avais pas connu le jeu original à l'époque. Dans le contraire, la nostalgie aurait peut-être eu le dessus sur moi. Allez savoir... Mais dans tous les cas, l'OST reste grandiose. Du grand art !
En conclusion, ce remaster de Legend of Mana m'aura fait découvrir ce merveilleux Action-RPG. Malgré ses défauts, et Dieu sait qu'il en a, j'ai été charmé tout le long par cette ambiance poétique et onirique. Je sais, je me répète, mais c'est tellement ce qui s'en dégage ! Le jeu regorge aussi de beaucoup de qualités. Legend of Mana reste à mes yeux un grand jeu, qui ne me laissera pas de marbre.
A l'instar d'autres RPG PSX, Legend of Mana était l'un de mes RPG préférés quand j'étais plus jeune.
Ses graphismes et sa musique sont indémodables (et amplifiés dans ce remaster), mais le gameplay a très mal vieilli. Le jeu comporte un nombre important de systèmes complexes (tout en dehors de la phase de combat) très mal expliqués mais très puissants pour peu qu'on les comprenne. Sauf que tout ces systèmes ont pour finalité de supporter les combats qui sont bien trop basiques et surtout faciles. Il en résulte une grande monotonie et un faible intérêt pour l'exploration : quel est l'intérêt d'obtenir des récompenses (quêtes, trésors, compagnons) si la grande majorité ne sont pas utilisables et surtout que l'équipement de base est presque suffisant pour faire 100% du jeu ?
L'histoire est découpée en 67 quêtes qui permettent de faire connaissance avec l'ensemble des personnages plutôt unique qui composent l'univers. Seule 1 parmi 3 grandes séries de quêtes sont nécessaires pour finir le jeu. Parmi ces dernières la quête des Jumi m'a paru la plus intéressante.
En conclusion Legend of Mana est un très bon RPG à recommander à un novice du jeu vidéo qui voudrait s'intéresser aux RPG.
A l'instar d'autres RPG PSX, Legend of Mana était l'un de mes RPG préférés quand j'étais plus jeune.
Ses graphismes et sa musique sont indémodables (et amplifiés dans ce remaster), mais le gameplay a très mal vieilli. Le jeu comporte un nombre important de systèmes complexes (tout en dehors de la phase de combat) très mal expliqués mais très puissants pour peu qu'on les comprenne. Sauf que tout ces systèmes ont pour finalité de supporter les combats qui sont bien trop basiques et surtout faciles. Il en résulte une grande monotonie et un faible intérêt pour l'exploration : quel est l'intérêt d'obtenir des récompenses (quêtes, trésors, compagnons) si la grande majorité ne sont pas utilisables et surtout que l'équipement de base est presque suffisant pour faire 100% du jeu ?
L'histoire est découpée en 67 quêtes qui permettent de faire connaissance avec l'ensemble des personnages plutôt unique qui composent l'univers. Seule 1 parmi 3 grandes séries de quêtes sont nécessaires pour finir le jeu. Parmi ces dernières la quête des Jumi m'a paru la plus intéressante.
En conclusion Legend of Mana est un très bon RPG à recommander à un novice du jeu vidéo qui voudrait s'intéresser aux RPG.