Tales of Eternia ( Tales of Destiny II aux US ), troisième volet de la série des "Tales of" de Namco, est arrivé au Japon au début de l'année 2001, suivi assez rapidement par une sortie US. Après un Tales of Phantasia réussit et techniquement surprenant pour de la Snes, un bon Tales of Destiny qui aurait pu être meilleur sur certains points, ce second volet sur Playstation impressionne : Namco s'est véritablement transcendé pour nous offrir un des chefs-d'œuvres du RPG 32 bits.
Eternia est divisé en deux : Inferia, où prend place le début de l'histoire, est un monde limité technologiquement, de type Médiéval, alors que très haut dans le ciel se trouve Celestia, un monde totalement mystérieux pour les habitants d'Inferia qui considèrent les Celestians comme des monstres sanguinaires. Leur vraie nature est inconnue, personne n'ayant jamais pu s'élever jusqu'aux cieux. Entre ces mondes, le mystérieux "Seyfert's Ring", qui aurait été construit par le créateur du monde ... Reid et Farah sont deux jeunes amis d'enfance à forte personnalité habitant le paisible petit village de Rasheans. Alors que la journée se passait normalement, un étrange objet tombe violemment du ciel. A l'intérieur surgit une curieuse fille à la peau halée et aux vêtements inhabituels. Qui est-elle? D'où vient-elle? Son langage est en tout cas incompréhensible .. Ramenée à Rasheans et présentée au chef du village, elle suscite évidemment la méfiance. C'est alors qu'un autre étranger surgit dans la maison du chef et attaque la jeune fille. Vaincu par Reid et Farah, il disparait. Décidant d'accompagner la jeune inconnue, nos héros vont devoir quitter leur village, et vont vite s'apercevoir que Meredy, c'est son nom, est venue les prévenir : un désastre immense est a venir sur Eternia ! Réussiront il à avertir Inferia du danger qui se prépare?
Ainsi commence Tales of Eternia, d'une base assez classique, du moins en apparence. Si les premières heures de jeu ne sont guère surprenantes, le niveau général du scénario ne cessera de s'améliorer au fil de l'aventure, réservant un bon nombre de surprises et des originalités très bien venues. Un scénario passionnant et étonnamment bien mené, sur 3 CD, évitant les lourdeurs inutiles que l'on constate de plus en plus dans le monde du RPG, Tales of Eternia ne dénie pas ses prédécesseurs : on retrouve bien évidemment le système de combat unique à la série. Pour informer ceux qui ne sont pas au courant, les combats sont aléatoires comme dans un RPG classique mais la comparaison s'arrête là : le jeu se transforme ensuite en un véritable Action RPG, ou plus précisément un Beat'em Up pur et dur : sur les 4 personnages que composent une équipe on en dirige un ( en général le héros ), les autres sont gérés par la console ( on peut programmer leur attitude ), et tout cela en temps réel, avec combos, courses, parades, sauts, esquives... les combats ont une pêche énorme, et si vers le départ il y a peu de possibilités, la présence grandissante de coups spéciaux ( plus d'une vingtaine pour le héros ), de nombreux sorts de plus en plus spectaculaires et même d'invocations font des joutes de véritables petits dessins animés, rehaussés par une atmosphère sonore excitante et une rapidité à toute épreuve ( à peu prés 20 secondes en moyenne par combat ). Terrible ! Le système de magies est lui aussi très bien pensé : chaque élément est représenté par des esprits ( Ondine, Efreet ... ) qui chacun, proposent une liste de sorts s'étoffant au fil du jeu. Les magiciens possèdent eux une "cage" dans laquelle ils peuvent placer les éléments de leur choix, en sachant que les sorts disponibles seront différents selon le fait qu'ils mettent tel ou tel élément dans leur cage en même temps. Une très très bonne idée.
Outre cela, on a le droit en plus des items "normaux" à un système de nourriture simple d'utilisation. Un "wonder chief" bien débile, caché à divers endroits du jeu, vous apprendra à chaque fois des plats ( une trentaine en tout ), pouvant être utilisés à une certaine fréquence et qui pourront régénérer vos HP, TP, états particuliers, à condition toutefois d'avoir les bons ingrédients qu'on peut acheter un peu partout dans le jeu!
Mais ce qui fait aussi la grande qualité du soft, c'est la fraîcheur de son déroulement : mêlant très habilement passages dramatiques et scènes d'humour nombreuses et vraiment drôles dans le plus pur style Jap', on ne constate aucune lassitude à évoluer dans le jeu, c'est de l'amusement à l'état pur! La difficulté est bien dosée ( plusieurs niveaux possibles ) et si le jeu n'est pas le plus difficile du genre, il le reste beaucoup plus que de nombreux RPG récents : sans être bien préparé, on se fait laminer, que ce soit contre un boss ou des ennemis classiques, et certains combats importants sont vraiment gagnés à la limite, obligeant le jouer a rester en permanence concentré sur sa manette. Jouissif ! Le tout évoquera aux vrais fans du genre les bons moments passés sur des jeux à l'ancienne, très difficiles, ou le joueur terminait les combats contres les boss en sueur.
Les personnages ( on notera leur design plein de charme ) sont vraiment attachants et ont tous une personnalité propre bien distincte et bien plus complexe qu'il n'y parait au premier abord. De nombreuses situations drôles ou touchantes mettent parfaitement en scène les héros, les petites créatures mignonnes ( Kweekee est un must dans le style ) ou tout simplement les habitants des villes et villages. Néanmoins, et heureusement, le tout reste mature et certains passages surprennent et portent à réfléchir, Tales of Eternia évitant le manichéisme à outrance et laissant venir petit à petit un sentiment d'oppression.
Et techniquement alors? Et bien là aussi c'est très réussi ! Graphiquement, le jeu est en 2D avec des décors pré-calculés extrêmement soignés, rivalisant quasiment avec un Legend of Mana. Les personnages sont bien animés, tout est très coloré et durant les combats c'est encore mieux, notamment au niveau du design général, des backgrounds et des monstres ( les boss sont terribles! ). Le seul petit reproche vient de la carte, point faible récurrent de la série, ici en 3D pas vraiment très fine, bien que cela reste très acceptable dans l'ensemble. Au niveau des musiques ( signées Sakuraba ), on passe du moyen-bon à l'excellent, certaines thèmes ne sont pas vraiment mémorables, alors que d'autres sont réellement magnifiques ou vraiment entraînants comme les thèmes des combats et surtout des boss. La qualité de celles-ci va d'ailleurs en s'améliorant au cours du jeu. L'ambiance sonore est renforcée par la présence de voix durant les combats et, plus original, dans certaines phases importantes de dialogue. J'en vois trembler de peur au sujet de leur qualité en US. Je n'ai jamais entendu celles de la version originale mais celles de la version américaine qui sont réellement convaincantes. Si, si! Durant les combats elles sont pêchues et ne traumatisent jamais ( un exploit ) même après plusieurs heures de jeu, durant les dialogues elles manquent parfois d'intonation mais cela reste très correct. Quoiqu'il en soit on est loin des frissons de honte suscités par l'écoute des voix d'un Castlevania: Symphony of the Night ...
Alors Tales of Eternia, jeu quasi-parfait? Et bien je serai tenté de dire oui! Bien sûr il y a de légers points noirs, comme les cinématiques 3D, qui, contrairement à l'intro ( véritable dessin animé ) font un peu pâle figure. De plus les premières heures de jeu manquent de rythme et sont vraiment trop classiques. Heureusement, l'aventure ne va cesser de devenir de plus en plus passionnante et vaste en possibilités, et le jeu de plus en plus accrocheur, pour terminer sur un final vraiment mémorable! Il ne faudrait pas oublier la présence de "plus" non négligeables comme la possibilité de jouer à 4 durant les combats avec multitap, le superbe dessin animé d'intro, les dizaines de mini-jeux marrants et très bien pensés, ainsi qu'une finition générale exemplaire qui montre la considération des développeurs pour les "hardcore gamers" (la présence de nombreux secrets, le fait que chaque objet a droit à sa petite image et sa petite description, les petites quêtes annexes, les livres de "collection" sur les monstres et les objets, le mini-cycle jour/nuit sur la carte du monde, les clins d'oeil aux autres jeux Namco .. je continue ?).
On peut sans hésiter dire que Tales of Eternia/ Destiny II est un vrai chef d'œuvre du genre que tout amateur qui se respecte se doit de posséder, et une vraie leçon pour tous les développeurs de RPG. Pour information, à l'heure où j'écris (novembre 2003) on peut le trouver quasi-neuf à un prix variant de 40 à 60 euros environs. Un prix que vaut amplement une aventure bourrée de charme et comme on aimerait en voir plus souvent. Un des indispensables du RPG 32 bits, qui vous apportera un plaisir de jeu immense.
PS: A noter que ce jeu n'est PAS le Tales of Destiny II de la Playstation 2 qui est la vraie suite de Tales of Destiny. On se demande quand enfin certains jeux garderont leur nom et/ou packaging originel dans leur sortie US...
07/10/2003
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- Les combats génialissimes
- Un nombre incalculable de bonnes idées
- Personnages attachants
- Un scénario à surprises
- L'humour omniprésent
- Réalisation d'ensemble réussie
- Une aventure de très longue haleine et non linéaire
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- Une carte 3D de qualité moyenne compte tenu des capacités de la console
- Les premières d'heures de jeu manquent de rythme
- On aurait préféré des cinématiques 2D comme l'intro plutôt que des cinématiques 3D assez moyennes dans l'ensemble
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GRAPHICS 4/5
SOUND/MUSIC 4/5
STORY 4/5
LENGTH 4.5/5
GAMEPLAY 4/5
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