Longtemps dans l'ombre en occident, la série des
Atelier a réussi à se constituer une petite base de fans grâce aux sorties des
Atelier Iris et surtout des
Mana Khemia. Autant dire qu'
Atelier Rorona ~The Alchemist of Arland~, le premier de la série tout en 3D et sur la génération actuelle, était fortement attendu.
Restait à voir si le retour aux sources et la nouvelle orientation de l'ambiance permettraient au jeu d'être à la hauteur des deux précédents opus déjà cultes.
Workshop in danger!
La série n'a jamais été réputée pour ses scénarios particulièrement passionnants ou alambiqués, et ce n'est pas cet épisode qui relèvera le niveau.
Alors que la belle Astrid - l'alchimiste principale du royaume d'Arland - néglige complètement ses tâches d'aide à la population, le roi et son vil ministre songent à faire raser l'atelier afin de faire construire des usines bien plus rentables. L'atelier dispose alors de trois ans et douze tâches précises pour prouver sa valeur et son utilité. Et bien sur, cela retombe sur Rorona - la pauvre disciple d'Astrid aussi bête qu'inculte en alchimie - d'en redorer le blason pour ne pas se retrouver sans emploi et boutée hors de la ville...
Le scénario est simpliste, et les quelques intrigues sont plutôt prévisibles. En vérité, on n'attendait pas forcément grand chose de ce côté, la série ayant toujours plus brillé par l'humour et la qualité des délicieuses petites scènes venant régulièrement accompagner la progression. Et c'est là que le bas blesse, ou plutôt devrais-je plutôt dire déroute. L'humour déjanté typique des Atelier a laissé place à une orientation midinette et aux allusions bien grasses, presque pédophiles. Tout le monde semble s'éprendre de Rorona, et surtout les femmes bien plus âgées qu'elle... on se croirait presque devant Atelier Tonelica.
Chacun appréciera à sa manière, mais d'aucun pourra ressentir que l'on retrouve le parfum d'antan trop peu souvent. C'est mon cas.
Roromoche
Première incursion des
Atelier dans le monde merveilleux de la 3D totale, et forcément, premier bilan plus que mitigé. Les décors sont plutôt vides, les textures un peu grossières, la modélisation des protagonistes ne fait vraiment pas honneur au support ni au design de
Kishida Mel, et on note même quelques petits soucis dans les animations et les collisions. Pour être honnête, on dirait un jeu Playstation 2 sans panache upscalé en HD. On notera tout de même une certaine progression au cours du jeu, qui nous fait débuter par du très médiocre pour finir dans du plutôt correct au niveau des environnements.
La bande son suit la même courbe : plutôt convenue durant les premières heures, elle dévoile ses meilleurs atouts et ses plus beaux thèmes avec le temps. Pas le meilleur travail de
Ken Nakagawa, il faut bien le concéder, mais un résultat solide et toujours de circonstance. À noter que
NISA a comme toujours eu la bonne idée de proposer les doublages japonais pour qui le désire.
On se demandera tout de même comment un jeu techniquement aussi moyen se permet de laguer régulièrement, et on n'échappe pas - de surcroit - aux traditionnels bugs auxquels
NISA nous a habitués avec ses localisations. Si on en rencontre finalement peu, il arrivera souvent que le jeu bloque lors d'un chargement, ce qui peut porter à conséquence quand on n'a pas pu sauvegarder depuis de très longues minutes. On se prend encore à rêver d'une localisation nette set sans bavure, mais ne crachons pas trop dans la soupe ; sans
NISA, on passerait à côté de nombre de RPG de niche.
Un début soporifique
C'était annoncé,
Atelier Rorona se voulait un retour aux sources pour la série principale, ayant déserté ses fondements le temps de la trilogie
Iris et des deux
Mana Khemia.
On repart donc avec une petite ville unique, l'atelier central qui sert à synthétiser des objets pour remplir les douze objectifs étalés sur les trois ans du jeu, les lieux qui demandent plus ou moins de jours pour être accédés et visités afin de récolter les indispensables ingrédients, et enfin des combats - seul ou avec deux compagnons que l'on aura préalablement embauché pour nous aider - en classique tour par tour qui malheureusement manquent de dynamisme. Le level design des lieux est par ailleurs assez basique : quelques embranchements pour chaque zone qui compose un lieu, certaines nécessitant un objet précis pour être accédées, on se trouve entre l'écran unique de
Marie ou
Annie et les lieux tout de même plus recherché des
Iris ou
Mana Khemia.
Mais si les épisodes principaux d'antan ou les "récents" spin off sur DS arrivaient à immerger dès le début avec un bon rythme et de l'humour délirant, les premières heures de
Rorona sont plates, molles, et il faut bien avouer que pendant la première moitié du jeu, on s'ennuie quelque peu.
Les possibilités d'alchimie sont assez réduites, les personnages peu nombreux, les combats lents et sans défi et les scènes pas forcément très drôles, comme évoqué précédemment. On regrettera également un système de magies étrange qui consomme des HP en l'absence d'une barre de MP, et un panier qui est trop vite rempli pour bien profiter de chaque excursion...
Bref, on se dit que ce petit
Roronaze va vite nous rendre "
disGUSTed", et malgré la présence de Tantris le barde, on déchante.
Puni par un puni
Heureusement, la deuxième partie du jeu change la donne. Le casting complet est révélé, on a droit à quelques scènes aussi absurdes que drôles, et les ennemis posent enfin quelques problèmes, même les petits "puni" si chers à la série. On ne se demande plus que faire des journées ; à vrai dire on peut facilement occuper chacune d'entre elles si on le désire, ou ne rien faire, c'est selon. C'est d'ailleurs la force majeure du jeu : le joueur est libre. Libre de ne rien faire et de voir fermer l'atelier dès la première évaluation, libre de se cantonner aux seuls tâches du royaume, libre de tout remplir parfaitement et débloquer toutes les scènes du jeu, ou bien encore libre d'affronter les boss optionnels les plus tenaces pour obtenir les trophées associés. Et pour y parvenir, il faudra alors exploiter au mieux le système d'alchimie qui devient technique, complet, riche. Synthétiser un objet ne suffit plus, il faut lui associer les meilleures propriétés, et ainsi débloquer les meilleures capacités des personnages, et même ses dernières attaques, qui en mettent plein la vue. Il faudra aussi jouer intelligemment avec les possibilités d'assistance à Rorona, tant en défense qu'en attaque, permettant de la protéger ou de l'accompagner dans ses attaques.
Le jeu reprend aussi une idée géniale de Mana Khemia 2 : la possibilité de faire revendre ses objets. Les vendeurs permettent d'enregistrer 10 objets de leur type qu'ils revendent ensuite à un prix plus que généreux. Une aubaine quand on l'utilise bien, sachant que les propriétés sont aussi dupliquées. Génial pour avoir de bons objets de soin, ou pour satisfaire les demandes récurrentes des habitants, on évite de prendre des jours à synthétiser les mêmes objets en boucle. Mais pour cela, il faudra avoir réalisé quelques quêtes pour les vendeurs afin d'augmenter l'affinité avec eux.
Si le gameplay global n'atteint pas la qualité de celui d'un Mana Khemia, il devient plutôt solide sur la fin, et fait d'autant plus regretter un début tout de même bien trop léger, surtout que le contenu est bien présent, entre toutes les différentes fins, les scènes à débloquer et les trophées plutôt exigeants. Le fan pourra s'occuper plus de 50 heures, tandis que le nonchalant finira en ligne en une petite quinzaine d'heures.
À noter : un New Game+ totalement inutile qui ne conserve que l'argent.
Atelier Rorona déçoit un peu. En plus de proposer un début sans rythme et peu intéressant, il laisse de côté l'humour déjanté et décalé habituel pour faire la part belle aux relations assez douteuses entre les divers protagonistes. Le charme de la série est néanmoins toujours là, avec son système de jeu plutôt bien huilé, mais il lui manque clairement quelque chose pour rivaliser avec ses prédécesseurs. Un bon petit jeu, là où on pouvait en attendre un bon, voire très bon.
Ce sera pour Totori ?
21/10/2010
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- Système d'alchimie
- Liberté
- Doublages
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- Technique sommaire
- Bugs, freezes...
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GRAPHICS 2/5
SOUND/MUSIC 3.5/5
STORY 2.5/5
LENGTH 3.5/5
GAMEPLAY 3/5
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